13 Juil

Comme des bleus de Alex Laloue et Marie Talvat

Présentation de l’éditeur:

Un meurtre sordide à Paris. Un jeune flic et une jeune journaliste. Tous deux ont moins de trente ans et doivent faire face à une enquête compliquée. Nos deux bleus partent à la chasse au tueur et se font avoir. Des erreurs de jeunesse qui pourraient avoir des conséquences fâcheuses. Mais ils sont têtus. Ils ne lâchent pas l’affaire…

Paris, novembre 2016. Le sordide assassinat d’une femme enceinte secoue l’opinion publique. La brigade criminelle est sous pression. Il faut dire que tous les ingrédients du scandale sont réunis : une victime, fille d’un ténor du barreau, des élections qui approchent et une presse qui se déchaîne.
Dernière recrue du groupe chargé de l’enquête, Arsène Galien est tout de suite plongé dans le grand bain. Il compte bien profiter de cette affaire pour gagner la confiance de ses supérieurs. Quant à Pauline Raumann, jeune journaliste voisine de la victime, elle se serait bien passée d’être mêlée à cette enquête, qui fait ressurgir des démons oubliés.
Les deux novices ont des idéaux et des incertitudes plein la tête, tandis qu’une irrésistible attraction les pousse toujours plus près l’un de l’autre. Ils vont finir par se laisser emporter dans une affaire hors du commun, à la poursuite du pire des tueurs.

Notre avis:

« Comme des bleus » de Alex Laloue et Marie Talvat: Itinéraire d’un futur succès littéraire.

Voilà une lecture qui me tenait particulièrement à cœur… Quand j’ai vu Alex au détour des allées de St Maur en Poche, je me suis demandée ce qu’il faisait là! Je l’avais perdu de vue depuis deux ans environ. Et pourtant… Nous nous sommes connus en 2012 lorsqu’il a fait sa formation de réserviste.Je l’ai ensuite aidé pour l’oral du concours de gardien de la paix (il avait le potentiel et juste quelques détails à travailler pour l’oral)… Je garde d’Alex l’image d’un touche à tout, capable de beaucoup de choses. Mais de là à l’imaginer auteur!
Pourtant il signe ici son premier roman avec sa chère et tendre Marie, et quel roman.

« Comme des bleus » est le premier polar d’une nouvelle génération d’auteurs, bercés par les maîtres du genre. Pour autant, aucun copier-coller, une véritable identité, un air de fraîcheur mais avec une certaine gravité et une grande maturité.

A la suite d’un assassinat sordide, Alex et Marie nous entrainent à la suite d’ Arsène alias Lupin, jeune flicard au 36 et Pauline, jeune journaliste d’investigation. Les deux se remettent d’histoires sentimentales difficiles et se noient dans les bras des premiers venus pour oublier une solitude que ni les réseaux sociaux, ni le travail ne peuvent combler.
En cherchant à faire la lumière sur ce crime odieux, ils nous offrent leurs points de vue d’une enquête mais aussi des relations humaines et nous achèvent avec un final surprenant.
L’intrigue est bien construite, pas de temps mort, une narration rythmée par des chapitres qui alternent la vision de « Lupin » et la vision de Pauline, chacun nous apportant, outre l’avancée des investigations, leur vision d’une société « mac do »: une société de consommation rapide, le regard sur leur génération, le développement des relations virtuelles qui a entraîné l’incapacité chronique à échanger avec ces semblables IRL, le poids des générations précédentes.

« On est une belle brochette de jeunes cons qui débarquent dans la vie avec l’ambition de tout bouffer et le manque d’expérience de ceux qui n’ont jamais eu une seule assiette devant eux. […] On fait partie de cette génération qui n’arrive pas à se gérer elle-même sans un tag facebook, mais en qui les « adultes » mettent tant d’espoirs qu’il va bientôt nous être demandé, chacun dans notre domaine, de rendre le monde meilleur. Et ça nous terrifie […]
On fait parti de la génération Y, parait-il. Je pense surtout qu’on fait partie d’une génération pour qui tout est plus facile. On chope sur internet, on fait du shopping sur son smartphone, mais le moindre contact humain nous effraie […] »

L’écriture est jeune mais pas dans le sens péjoratif du terme, elle est fraîche, percutante, différente de ce que l’on a l’habitude de lire avec des auteurs plus âgés (attention on ne se vexe pas!). Elle est de grande qualité et en cohérence totale tant avec l’histoire qu’avec le contexte temporel. Elle colle à l’âge des personnages, à leur état d’esprit, à ceux qu’ils sont.
L’alternance de narrateur sur les chapitres permet de s’imprégner des personnalités de chacun des personnages et d’avoir une double vision de l’enquête et de leurs sentiments. Et si je connais moins Marie, en revanche je peux vous garantir qu’il y a beaucoup d’Alex en Arsène « Lupin ».
D’ailleurs ce jeune « bleu » et sa douce Pauline sont des personnages qui vous marqueront, car le reflet fidèle de leur génération. Alex et Marie leur ont donné vie comme Gepetto a pu le faire avec Pinocchio: ils sont palpables, visibles, touchants, et il est difficile de les quitter une fois le roman refermé.

« De cigarette en cigarette, Arsène me raconte tout ça sans filtre. Pris dans son histoire, je crois qu’il ne remarque même pas qu’il vient, en passant, d’avouer qu’il m’a déjà déshabillée plusieurs fois en pensée. Sa candeur a quelque chose de rafraîchissant. Après tout, qui sont-ils ces chorégraphes des sentiments qui ont décidé que la danse de l’amour devait répondre à la loi du secret? … »

Cette lecture m’a fait rire, sourire, pleurer... Je ne peux que féliciter Alex pour sa description du monde « police », tellement fidèle à la réalité.
Merci Alex et Marie pour ce beau roman qui fait son entrée dans mon top 10 des lectures 2018, pas par amitié non, mais par sa grande qualité.
Ecrire à quatre mains n’est pas un exercice facile. la manière dont vous avez choisi de le faire donne force et originalité à votre roman. Il me tarde de lire la suite maintenant!

Ce premier roman de la nouvelle génération est à découvrir!!!

Paru le 12 avril 2018 chez Plon, collection sang neuf. 324 pages.

@Ophélie Cohen