Pour une consultation qui se voulait exemplaire -et elle le fut- les résultats se font attendre. Le vote électronique est clos depuis vendredi minuit et toujours pas la moindre indication sur l’issue de la consultation. La Région LRMP a été prompte et tenace à communiquer durant toute l’opération, y compris les dernières heures pour inciter les gens à voter. Mais depuis vendredi c’est le mutisme total. Même Gérard Onesta (l’initiateur de ce processus) a été informé de rien. Aujourd’hui, certains commencent à trouver le temps long et n’hésitent pas à faire part de leurs suspicions. Dans les hautes sphères régionales, on ne veut pas de la dénomination « Occitanie ». C’est désormais sur la place publique, énoncé çà et là par certains élus PS.
Le Partit Occitan (POC) demande la publication des résultats d’ici jeudi
« une première grande consultation populaire pour désigner le nom de notre future région… inédite, innovante et transparente pour permettre à un maximum de nos concitoyens de choisir le nom de notre future région ».
Les mots sont de Carole Delga et le Partit Occitan aimeraient qu’ils soient suivis d’effets. Car depuis la fin du scrutin, la transparence n’est pas de mise, c’est même l’opacité la plus noire. Il y a d’abord eu l’affaire de la validation des résultats où rien n’était prévu, pas d’huissiers, pas de membres du Comité du Nom censé être la vigie de l’opération… La région a un peu rectifié le tir depuis. Il y a désormais la communication des résultats qui devrait attendre le 24 juin et le vote en plénière des conseillers régionaux… Une consultation qui finalement ne serait là que pour nourrir « la réflexion et le vote des élu-e-s régionaux réunis en Assemblée plénière » selon le communiqué, au même titre que l’avis du bureau du CESER… C’est un peu fort quand on a affirmé auparavant que cette « première grande consultation populaire » était faite « pour désigner le nom de notre future région ».
Demain, un huissier sera là pour constater les votes papiers et donc valider le résultat global. Le Partit Occitan demande alors qu’il soit tout simplement rendu public : « Quand on prétend vouloir faire de la politique autrement, avec des consultations populaires, il n’est pas normal que ces résultats ne soient pas publiés dès qu’ils sont connus », clame Guilhèm Latrubesse ancien élu régional du POC. Jeudi, l’exécutif régional (les 15 vice-présidents-es) et le Bureau de l’Assemblée régionale présidé par Gérard Onesta seront réunis pas Carole Delga. On peut imaginer que les élus soient informés à cette occasion. L’élu EELV a d’ores et déjà affirmé que si c’était le cas, il demanderait que les résultats soient communiqués aussi aux citoyens. Nouveau Monde en Commun (dont fait partie le POC avec 1 élu) compte 26 élus et sans eux, le Parti Socialiste n’est pas majoritaire. « Si nous avons pas communication de ces chiffres, nous verrons comment agir, notamment le 24 juin… Nous demanderons aussi qu’une commission paritaire soit constituée pour se saisir de cette affaire comme cela se pratiquait lors de la précédente mandature. Avec des élus de la majorité, de l’opposition, des membres du Comité du Nom… » Guilhèm Latrubesse et le POC vont donc tout faire pour que l’exemplarité de la consultation ne s’arrête pas avant les résultats.
Le POC ne sera pas le seul à se mobiliser
Même si certains s’acharnent à voir des lobbies occitans partout, le vote dépasse complètement le cadre occitaniste. Et si jamais un vent de colère souffle pour demander que le choix des citoyens soit respecté, il ne se fera pas seulement avec des bandières sang et or. Mais il est vrai que plusieurs initiatives occitanes se sont fait connaître.
- Le mouvement régionaliste Païs Nòstre prévoit de se réunir demain à Narbonne et envisage d’aller manifester le 24 juin…Ou avant…
- Le collectif « Je choisis Occitanie » lui aussi appelle à la mobilisation. Fort de son succès (6620 j’aime sur Facebook à l’heure actuelle), il déclare être en train de « s’organiser pour prévoir diverses actions et revendications au cas où la présidence de la région persisterait à vouloir taire les résultats… »
- Jean-François Laffont, le président de Convergéncia Occitana et membre du Comité du Nom n’exclut pas de réunir les différentes associations membres
- Pour d’autres raisons (absence de référence à la Catalogne), les Catalans manifesteront samedi à Perpignan…
Ce soir c’est le groupe EELV des 2 anciennes régions qui sort du bois. « Un incompréhensible et dangereux silence » c’est le titre du communiqué. Il demande lui aussi que le classement soit rendu public au plus vite. Pour les citoyens qui ont voté et pour les élus qui en ont besoin : « car on ne peut accepter que la délibération soit soumise au vote de l’Assemblée régionale en masquant jusqu’à la dernière minute le choix des citoyen/nes. Cela constituerait, en effet, une atteinte grave au droit fondamental de chaque élu “dans le cadre de sa fonction, d’être informé des affaires de la Région qui font l’objet d’une délibération » (article L.4132-17 du Code Général des Collectivités Publiques).
Ce black-out total sur les résultats du vote ne peut qu’alimenter les attentes et les suspicions sur le fait que certains dirigeants de la majorité veulent imposer LEUR choix, à savoir « Languedoc-Pyrénées ». Certains élus PS l’ont clamé un peu trop fort pour que le camouflet reste discret.
L’assemblée régionale
Photo : Sirine Tijani
Une résolution unique le 24 juin
En application de la loi du 16 janvier 2015, le conseil régional devra adopter, avant le 1er juillet 2016, une résolution unique comportant :
- l’avis au gouvernement relatif à la fixation du nom définitif de la région ;
- l’avis au gouvernement relatif à la fixation du chef-lieu définitif de la région ;
- l’emplacement de l’hôtel de la région ;
- les règles de détermination des lieux de réunion du conseil régional et de ses commissions ;
- les règles de détermination des lieux de réunion du conseil économique, social et environnemental régional et de ses sections ;
- le programme de gestion des implantations immobilières du conseil régional.
Cette résolution sera présentée le 24 juin lors de la plénière à Montpellier, éventuellement amendée. C’est bien un texte unique qui sera voté par les 158 conseillers régionaux. Donc soit la résolution est adopté en entier (le nom, le chef-lieu, l’emplacement de l’hôtel de région, etc…) soit, si un point bloque, elle peut-être rejetée et risque de provoquer une crise politique. Et il n’y aura pas beaucoup de temps pour l’éteindre car la résolution doit être adoptée avant le 1er juillet. Et il y a un délai pour convoquer une assemblée plénière. Notre région sera t-elle la seule à ne pas être en mesure de proposer un nom dans les délais?
Nous n’en sommes pas là. Mais alors qu’une nouvelle consultation est en cours jusqu’au 9 juillet, avec des réunions publiques, pour les Etats Généraux du Rail, les signaux seraient au rouge.
Lo Benaset