20 Juin

Occitanie : un nom et des valeurs que certains voudraient évincer de LRMP

Occitanie largement en tête de la consultation en LRMP et dans tous les sondages, une évidence que certains s’évertuent à vouloir cacher.

L’Occitanie n’a jamais figuré sur une carte du monde mais sa langue est parlée dans 3 pays : le 1/3 sud de la France, les 12 vallées alpines d’Italie et le Val d’Aran en Espagne.

Sa culture a rayonné sur toute l’Europe à la période des troubadours, de la fin du Xe siècle jusqu’au XVIe.

La civilisation occitane porteuse d’amor, de convivéncia, d’ouverture et de partage, ne bénéficie pas toujours des mêmes vertus à son encontre. Tour d’horizon des différentes embûches pour qu’Occitanie soit le futur nom de la nouvelle région LRMP.

Avant la consultation

Ce ne sont pas les occitanistes qui ont fait émerger le terme d’Occitanie pour nommer la région. Un peu à la surprise générale, ce nom est apparu dans plusieurs sondages d’une Presse Quotidienne Régionale pas franchement occitaniste non plus. Une fois que le nom s’est glissé au sommet des réponses, il a rencontré plusieurs hostilités.

  1. D’un certain milieu économique, d’affaires incarné par le CESER en la personne de son président Jean-Louis Chauzy. L’organisme économique et social devait remettre un avis à l’Etat et si l’Occitanie est bien citée dans son rapport -notamment sur la diffusion d’un film sur l’occitan qui a fait un carton au Japon- le bureau du CESER (40 membres) a choisi Languedoc-Pyrénées ou Pyrénées-Languedoc. Mais son président n’a jamais baissé les armes contre Occitanie, y compris depuis le résultat. Il menace même de demander un second vote si Occitanie l’emporte. Rappelons tout de même que Occitanie est souvent arrivée en tête ou second lors des consultations du milieu touristique et économique organisées dans plusieurs départements.
  2. De l’Institut d’Etudes Occitanes partagé sur la question mais qui a dans un premier temps vivement protesté contre l’utilisation de ce terme, en rappelant à juste titre que l’Occitanie est bien plus grande. Il est vrai que la nouvelle région représente 40% seulement du territoire occitan. La position s’est un peu assouplie en permettant l’emploi du terme, à condition qu’il soit accompagné d’un autre nom. La principale association occitane née à la fin de la deuxième guerre mondiale n’a donc rien fait pour soutenir le nom d’Occitanie et s’en est expliquée. Une division dont s’est servi le CESER dans son argumentation rendue à l’Etat. Aujourd’hui, c’est le président Aquitain Alain Rousset qui va dans le même sens en faisant part de son « interrogation » concernant le nom Occitanie « car il pourrait laisser penser que l’Occitanie se limite à votre seul territoire régional ».
  3. Evidemment un certain milieu culturel et politique bien pensant, au motif qu’Occitanie c’est ringard, c’est has been, c’est n’importe quoi, etc… Tout en dépassant les frontières politiques car on trouve des hostilités à l’extrême gauche (Front de Gauche, Mélenchonistes…), à l’extrême droite (même si le candidat Alliot ne l’a jamais exprimé), au PS évidemment et chez Les Républicains, 2 formations assez partagées sur la question.

regionoccitanie

Pendant la consultation

Elle se voulait ambitieuse, innovante, crédible… Une vraie consultation contrôlée, pas un vulgaire sondage. Le résultat ne souffre pas la moindre contestation. Mais il y a eu plusieurs grains de sable dans les rouages.

  1. Tout d’abord d’ordre technique. Le premier jour, le site est resté inaccessible car victime de son succès. Tout avait été soit disant testé pour ingérer le plus de votes possible. D’autre part, par manque de clarté, certaines personnes ont cru voter mais ne l’ont pas fait : page d’accueil pas claire, oubli de confirmer l’e-mail, où faut-il mettre le code? les noms qu’il faut faire glisser… A plusieurs reprises, Gérard Onesta a demandé au prestataire d’effectuer des modifications pour éviter ces erreurs. Rien n’a été changé.
  2. D’autre part, la consultation était ouverte aux jeunes à partir de 15 ans. La Région voulait mobiliser dans les lycées en demandant aux proviseurs de relayer cette consultation. Seulement voilà : (négligence ou acte volontaire?) le courrier n’est arrivé que le 24 mai dans les lycées alors que la consultation était ouverte depuis le 10… Et si consultation il y a bien eu dans les établissements, c’était souvent un vote par classe et non individuel. Le chiffre de participation qui devait être boosté par les lycéens est donc resté collé au sol.
  3. L’hostilité franche,l’opposition permanente menée par le cabinet de la présidente personnifié. Plusieurs responsables et élus PS ont tout fait pour ne pas avoir Occitanie. Sans doute pensaient que le résultat de la consultation serait bien différent de celui des sondages… Le cabinet a multiplié les interventions, organisé des fuites dans la presse pour éviter Occitanie. Sans parler de la validation des résultats et de leur communication restée un moment dans le flou. La consultation était claire au début mais nébuleuse pour le final.
  4. Les Catalans. Pas vraiment satisfaits de la seule dénomination Occitanie-Pays Catalan, les Catalans ont fait savoir -notamment avec le collectif SEM- qu’ils ne se satisferaient pas du nom Occitanie. On se rappelle la conférence de presse du collectif à Toulouse. La Catalogne a pourtant octroyé un statut particulier au Val d’Aran et fait de l’occitan sa première langue officielle…Aujourd’hui les Catalans semblent mobilisés sur autre chose que le nom de la région. Plutôt celui du département.

Au moment des résultats

Visiblement très embêtée par un résultat défavorable, la Région a tardé à communiquer. L’huissier finalement admis a fait son travail… dans l’ombre : pas d’élus le vendredi 10 juin à minuit au moment de la clôture des votes électroniques, pas de membres du Comité du Nom qui devait être la vigie de la consultation, pas de presse….

  1. Le premier communiqué de la Région parle de résultats communiqués aux élus le 24 juin au moment du vote en plénière. Pour la transparence, on attendra. Pour l’exemplarité aussi. Face à la montée de l’impatience dans la presse, à une fronde menaçante (EELV) et aussi face au droit qui exige que les élus soient informés avec un certain délai pour pouvoir voter une délibération, la Région a changé son fusil d’épaule.
  2. Dans un deuxième temps, il a été convenu que les élus devaient être informés avant le 24. Mais pas encore les citoyens. Mais certains élus comme Gérard Onesta ont fait savoir qu’ils communiqueraient ces résultats…
  3. Dans un troisième temps, c’est finalement Carole Delga elle même qui a fait une conférence de presse jeudi dernier pour donner ces résultats et la très large victoire pour Occitanie. Ce qui n’a pas empêché certains membres influents (politiques et économiques) de communiquer sur le fait que Languedoc-Pyrénées était second et…..susceptible d’emporter la mise ! Ben voyons !

Depuis les résultats

Plusieurs personnes n’ont pas digéré cette victoire et ont tenté de l’occulter : la participation est faible (204 000 personnes tout de même, vu les difficultés pour voter ce n’est pas si mal), Occitanie c’est encore et toujours ringard, passé, pas fédérateur... Aujourd’hui, il faut encore rester prudent mais il semblerait que Carole Delga ait tranché : contre certains membres de son cabinet et contre certains membres influents du PS qui ne voulaient pas d’Occitanie.

C’est un beau nom de baptême, un nom qui porte les valeurs de l’Occitanie, le partage, la tolérance, la convivialité, la fraternité, l’égalité entre les hommes et les femmes» Carole Delga.

Vendredi, les 158 conseillers régionaux voteront. On n’est pas à l’abri d’une surprise mais sur un plan comptable, la majorité PS Nouveau-Monde dispose d’une avance de 16 voix. ON pourrait compter ici ou là quelques frondeurs au PS mais aussi à Nouveau-Monde avec la frange Mélenchoniste… Mais une discipline de groupe a été demandée. Il ne faut pas oublier que le vote portera sur une résolution unique avec 6 éléments dont le nom. Ne pas la voter à cause du nom peut conduire à une absence de majorité qui laisserait la voie libre à l’Etat vu que la délibération doit être votée avant le 1er juillet.

Et l’Etat ?

C’est bien le gouvernement qui tranchera, après l’avis du Conseil d’Etat d’ici le premier octobre. Si le nom Occitanie est adopté par la Région, peut-il être rejeté par l’Etat? Bien sûr mais le gouvernement aura sans doute d’autres préoccupations plus fondamentales à l’automne. Le Conseil d’Etat jugera sur le Droit.  On ne peut pas penser que le sujet n’ait pas déjà été évoqué par Carole Delga avec le chef du gouvernement quand elle déclare :

La procédure prévue par la loi ayant été respectée, je ne vois pas quels arguments on pourrait nous opposer » Carole Delga.

Lo Benaset