Elle a dénoncé à la justice française 19 eurodéputés, parmi lesquels l’actuelle ministre des affaires européennes Marielle de Sarnez, désormais visés par une enquête du Parquet de Paris pour abus de confiance. Qui est Sophie Montel? Inconnue du grand public, cette élue de 47 ans est aujourd’hui une figure du Front national. Proche de Florian Philippot, elle siège au Parlement européen et au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. Itinéraire d’un symbole de la dédiabolisation du Front national.
- Une carrière d’apparatchik
Sophie Montel a le Front dans la peau. Fille de militants frontistes, elle prend sa carte à sa majorité, en 1987, « pour le charisme de Jean-Marie Le Pen » et pour ses « valeurs comme l’amour du pays et de la famille ».
Diplômée en histoire médiévale, elle passe directement de l’université au conseil régional de Franche-Comté, où elle est assistante des élus FN. Elle y est elle-même élue en 1998. Trois ans plus tôt, elle obtenait son premier mandat aux municipales à Besançon, aux côtés de Robert Sennerich, qui est aujourd’hui son mari.
- 1995-2014: deux décennies de mandats et de candidatures
Elue depuis 1995, Sophie Montel est de tous les scrutins ou presque. Elle multiplie les candidatures, aux législatives (1997), aux cantonales (1998, 2001), à nouveau aux municipales à Besançon (battue en 2001)…
En 2002, changement de stratégie, elle quitte la capitale comtoise pour le Nord Franche-Comté. Aux législatives, elle se présente dans la 4e circonscription du Doubs, celle de Montbéliard-est, une terre ouvrière qui abrite la plus grande usine automobile de France, Sochaux. Elle est battue, mais frôle les 20%, déjà.
Réélue au conseil régional de Franche-Comté en 2004 et 2010, elle s’ancre politiquement dans le Pays de Montbéliard. 18% aux cantonales de 2004 (canton de Montbéliard-est), 12,4% aux cantonales de 2008 (canton d’Hérimoncourt), 24% en 2011 (canton de Pont-de-Roide). Bien qu’elle vive à l’autre bout du département, elle accède au second tour des législatives dans la 4e circonscription en 2012 (24,5% face à Pierre Moscovici).
- 2014-2015: un emblème de la percée du FN
En 2014, elle est élue au conseil municipal de Montbéliard, mais en démissionnera quelques semaines plus tard pour cause de cumul des mandats. En juin 2014, elle est en effet élue députée européenne. Elle était 2e sur la liste menée par Florian Philippot.
En février 2015, elle se présente à nouveau dans la 4e circonscription du Doubs. Pierre Moscovici étant nommé commissaire européen à Bruxelles, une législative partielle est organisée pour lui succéder. Sophie Montel échoue de 863 voix seulement, battue par le socialiste Frédéric Barbier au second tour.
En décembre 2015, la liste qu’elle mène aux régionales est tout proche de remporter la mise en Bourgogne-Franche-Comté, une petite région dans l’angle mort des médias parisiens. Alors que la presse se focalise sur les Hauts-de-France et le Grand-Est, c’est bien en BFC que le Front national a de meilleures chances. Avec 31,5% des suffrages, Sophie Montel est largement en tête du 1er tour. Au second, elle échoue de peu en triangulaire: 32,4% contre 34,7% pour la liste PS de Marie-Guite Dufay et 32,9% à la liste LR-UDI de François Sauvadet.
- Les affaires, quelles affaires ?
Sophie Montel cultive son image lisse, à l’image du Front version Marine. Elle indique ne plus vouloir recevoir Minute, l’hebdomadaire d’extrême-droite, défend la contraception et l’avortement, soutient l’exclusion de Jean-Marie Le Pen.
Elle est aujourd’hui vice-présidente de l’association Les Patriotes, lancée par Florian Philippot, et présidente du collectif Belaud-Argos, spécialisé dans la défense des animaux.
Pourtant, elle n’échappe pas aux travers du parti frontiste.
Lors de la campagne de la législative partielle de 2015 ressortent des propos tenus en 1996, au cours d’un conseil municipal à Besançon. Sophie Montel justifiait l’ « évidente inégalité des races » chère à son président d’alors. « Par discipline, j’ai défendu mon président, c’était Jean-Marie. Maintenant, c’est Marine… », justifie a posteriori la candidate frontiste.
En septembre 2016, son mari Robert Sennerich est condamné avec une autre militante FN pour « abus de faiblesse ». La justice les a reconnu coupables d’avoir abusé de la vulnérabilité d’une dame de 90 ans, dont ils avaient obtenu la candidature sur la liste frontiste aux municipales de 2014 à Montbéliard. Une liste menée par Sophie Montel…
Et puis il y a bien sûr les emplois présumés fictifs au Parlement européen. La justice française et le Parlement européen soupçonnent le Front national d’avoir déclaré comme assistants parlementaires des collaborateurs du Front national qui n’auraient pas ou peu travaillé au Parlement. Or ces assistants parlementaires sont rémunérés sur des fonds européens. Le Parlement européen a commencé en fin d’année dernière à ponctionner les indemnités mensuelles de Sophie Montel pour récupérer ce qu’il revendique être son dû, soit 77.000 euros environ. Depuis le début de cette affaire, le FN dénonce un acharnement politique. Un argument que la dénonciation de pratiques supposées similaires dans les autres partis politiques est censée étayer.
Son portrait sur France 3 Franche-Comté en décembre 2015
Sophie Montel invitée de Dimanche en Politique le 26 février 2017
Dimanche en politique en régions
Notre reportage sur la dénonciation de 19 eurodéputés:
Notre reportage sur l’affaire des assistants fantômes du FN le 12 janvier
Le Parlement européen réclame plus 77.000 euros à Sophie Montel (FN)
A lire aussi:
L’eurodéputée FN Sophie Montel dans le tourbillon de l’affaire des « assistants fantômes »
La mari de l’eurodéputée FN Sophie Montel condamné pour abus de faiblesse
Au Front National, Sophie Montel se paie Marion Maréchal Le Pen sur la question de l’avortement
Protection des animaux: Sophie Montel (FN) reçoit le soutien de Brigitte Bardot
Au Front National, Sophie Montel se paie Marion Maréchal Le Pen sur la question de l’avortement
Sophie Montel, FN, et l’inégalité des races : «Non, je ne suis pas un monstre !»