Le parquet de Paris a confié à des juges d’instruction du pôle financier l’enquête sur les soupçons de salaires indûment versés à des assistants parlementaires d’élus du Front national au Parlement européen. D’après une information de l’AFP, de Mediapart, et du Monde, une information judiciaire a été ouverte le 15 décembre pour abus de confiance et recel, escroqueries en bande organisée, faux et usage de faux et travail dissimulé. Une affaire dont laquelle on retrouve Sophie Montel, députée européenne et présidente du groupe Front national au conseil régional de Bourgogne Franche-Comté.
La justice et le Parlement européen soupçonnent le Front national d’avoir déclaré comme assistants parlementaires des collaborateurs du Front national qui n’auraient pas ou peu travaillé au Parlement. Or ces assistants parlementaires sont rémunérés sur des fonds européens.
D’après Mediapart, le Parlement européen réclame ainsi près de 300.000 euros à Marine Le Pen. Cette somme correspond aux salaires de Catherine Griset, officiellement assistante parlementaire de la présidente du Front national, un emploi fictif selon l’institution européenne, qui veut donc récupérer son dû. Marine Le Pen aurait jusqu’à la fin du mois de janvier pour rembourser le Parlement. Dans le cas contraire, la somme sera retenue sur ses indemnités.
D’après Marcel Ceccaldi, avocat de Marine Le Pen, six députés européens sont visés dans cette affaire: Marine et Jean-Marie Le Pen, Bruno Gollnisch, Dominique Bilde, Mylène Troszczynski et Sophie Montel.
« On ne peut pas être payé par le Parlement européen et travailler pour un parti »
Les soupçons remontent à février 2015, quand le Parlement européen s’aperçoit que plusieurs personnes déclarées comme assistants parlementaires européens et rémunérées comme tels apparaissent dans l’organigramme du Front national.
L’Office européen anti-fraude, l’Olaf, est alors saisi par le Parlement, de même que la justice française.
« On ne peut pas être payé par le Parlement européen et travailler pour un parti », déclare alors le président du Parlement, le socialiste Martin Schulz, tandis que Marine Le Pen dénonce une « vaste manipulation politique ».
« Cette enquête me semble complètement aberrante »
Dans l’organigramme du Front national de février 2015, on retrouve par exemple les noms de deux actuels assistants parlementaires de Sophie Montel: Aloïs Navarro, également chargé de mission au sein du cabinet de Florian Philippot, vice-président du FN, et Kevin Pfeffer, lui aussi chargé de mission au Front national.
Bruno Bilde, lui, n’est plus assistant parlementaire de Sophie Montel, mais dans Le Monde, en mars 2015, il certifie assurer sa mission: « Je rédige les interventions orales et écrites de Mme Montel. Je vais systématiquement au Parlement! Cette enquête me semble complètement aberrante! » dénonce à l’époque celui qui est aussi adjoint au maire d’Hénin-Beaumont et conseiller spécial au cabinet de Marine Le Pen au Front national.
« Je n’ai jamais mis les pieds à Strasbourg ou à Bruxelles »
Pourtant, ce vendredi dans l’Express, l’un des vingt assistants parlementaires visés par l’enquête accrédite les soupçons de la justice: « Certains assistants ont un salaire justifié mais pas tous… Moi, par exemple, j’ai été payé à moitié par le Parlement européen alors que je n’ai jamais mis les pieds à Strasbourg ou à Bruxelles », reconnaît-il, sous couvert d’anonymat.
Jeudi, la présidente du FN Marine Le Pen avait estimé à l’AFP que « les vieilles méthodes politiciennes de persécution des opposants ont la peau dure ». Quant au vice-président Florian Philippot, il estime ce matin sur RMC qu’il n’y a là « rien d’extraordinaire ». Sollicité par nos soins, Sophie Montel n’a pas répondu à nos questions.
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