Sophie Montel s’est imposée depuis quelques années comme une femme incontournable du paysage politique franc-comtois. En se présentant à toutes les élections, en dirigeant le groupe FN au conseil régional, et en prenant des responsabilités nationales au sein de son parti. Elle est élue députée européenne depuis hier.
Maintenant, après plus de 20 ans de militantisme, son nom et son visage ne sont plus inconnus du grand public. Ses adversaires politiques, eux, qu’ils soient de droite ou de gauche, la craignent. Notamment lors des débats télévisés.
Son interview, réalisée ce matin, avant qu’elle ne parte à Paris pour un bureau politique du FN. Elle parle de sa satisfaction et son rôle au parlement européen.
C’est « pour le charisme de Jean-Marie Le Pen » et pour ses « valeurs comme l’amour du pays et de la famille » que Sophie Montel adhère au Front National. On est en 1987 et elle n’a pas 18 ans. Cette fille d’un chirurgien d’Audincourt, ville du Pays de Montbéliard, suit des études d’histoire médiévale à Besançon. Elle y obtient une maîtrise et un doctorat . Elle n’enseignera jamais. Sa voie, c’est la politique.
Son admiration pour Jean-Marie Le Pen ne se démentira jamais. Lors de la scission entre FN et le MNR de Bruno Mégret, elle reste au Front National. Pourtant, Bruno Mégret a emmené avec lui de nombreux jeunes, des cadres et des militants. Elle, elle reste, même si l’avenir ne semble pas être du côté du vieux dirigeant. Jean-Marie Le Pen est, pour elle, le « chef » : on ne discute pas ses prises de position, ses ordres ou sa stratégie…
Même fidélité affichée avec Marine Le Pen. Avec, en plus, une ressemblance physique qu’elle semble entretenir. Femme, jeune, universitaire… Elle dit « Marine » quand elle parle de la présidente du FN.
Au sein du parti, elle prend du galon. En 2003, elle intègre le bureau politique qui compte 35 membres. Elle est secrétaire nationale chargé des élus. Petit à petit, elle s’est fait une place dans l’appareil politique. Il faut dire que le FN a réalisé de très bons scores en Franche-Comté.
En 2002, Jean-Marie Le Pen est arrivé en tête dans les 4 départements de la région au premier tour de la présidentielle. Depuis l’instauration du scrutin à la proportionnelle pour les élections régionales, en 1986, le Front National a toujours eu des élus au conseil régional.
Sophie Montel, responsable régionale, peut être considérée, à tort ou à raison, comme en partie responsable de ses bons résultats.
25 années de militantisme
En effet, elle a labouré ses terres en se présentant à tous les scrutins depuis 1994 : les élections cantonales, les municipales, les législatives et les régionales. Ce travail de 25 années a porté ses fruits.
Concernant ses élections gagnées, elle a été une conseillère municipale FN éphémère et discrète durant un mandat, de 1995 à 2001. Elle était en compagnie d’un autre élu FN, Robert Sennerich qui est devenu son mari et le père de ses deux filles.
Dans le paysage politique franc-comtois, aussi, elle existe. Elle tient sa place au conseil régional dans l’opposition. Et elle tient tête aux responsables politiques lors des débats télévisés. Elle est souvent invitée à France 3 Franche-Comté : elle est présente sur toutes les élections, ce qui explique sa présence sur notre antenne et, de plus, jusqu’à ces dernières élections, les municipales, personne ou presque ne s’exprimait en dehors d’elle-même. Après une quinzaine d’années de militantisme, elle est devenue une véritable routière des plateaux télé, même si elle use des mêmes arguments. Son appartenance au Pays de Montbéliard lui donne de la facilité pour parler des ouvriers et des employés.
Son dernier échec ? Justement, les municipales à Montbéliard. Elle espérait faire beaucoup mieux que la 3ème place…
Sophie Montel habite Saint-Vit, près de Besançon. Elle se présente régulièrement dans le Pays de Montbéliard, notamment contre Pierre Moscovici, socialiste et député de la 4ème circonscription.
Le parlement européen : un tournant ?
Maintenant, elle doit se fixer un nouvel objectif : le parlement européen. Tantôt à Strasbourg, tantôt à Bruxelles… Certains commencent leur vie politique par un mandat européen. Pour cette professionnelle de la politique (elle n’a jamais exercé une autre activité), il s’agit plutôt d’une consécration, comme une récompense pour 15 années de bons et loyaux services…
Jusqu’à maintenant, elle était plutôt modérée dans ses propos. Elle a la dent dure contre ses adversaires politiques, surtout ceux de l’UMP, « qui piquent le programme du Front et qui n’agissent pas », plus mordante que contre les socialistes « avec qui on sait exactement à quoi s’attendre ». Mais même si elle défend âprement les thèses du Front National, elle n’a jamais été suspectée de dérapage.
Faire partie d’un groupe étiqueté « Extrême droite » va-t-il durcir ses positions politiques ?
A noter : Sophie Montel abandonne son mandat de conseillère municipale d’opposition à Montbéliard. C’est la troisième de la liste qui lui succède : Annick Liaudat.
A écouter : son interview enregistrée ce matin.
A voir : son portrait en images.
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