Marine Le Pen et Emmanuel Macron se partagent la tête dans 11 des 12 circonscriptions de Franche-Comté (©f3fc pascal sulocha)
Le premier tour de l’élection présidentielle, le 23 avril, a considérablement rebattu les cartes en Franche-Comté. En vue des élections législatives des 11 et 18 juin, certains ont du souci à se faire, en particulier les députés sortants. Leurs partis, PS et LR en tête, sont largement distancés par le Front national de Marine Le Pen et En Marche d’Emmanuel Macron. Si les Francs-Comtois votent aux législatives comme à la présidentielle, il y aura un large renouvellement à l’Assemblée.
Au niveau régional, Marine Le Pen est arrivée en tête dans 9 des 12 circonscriptions. A une exception près (la 3e circonscription du Doubs), Emmanuel Macron la suit. Cela fait donc 8 circonscriptions où les législatives pourraient proposer des duels totalement inédits EM / FN. Pour le reste, Emmanuel Macron remporte les deux premières circonscriptions du Doubs, celles de Besançon, devant Jean-Luc Mélenchon pour la 1re et François Fillon pour la seconde. Enfin, la droite reste majoritaire dans le Haut-Doubs: François Fillon est 1er dans la 5e circonscription, celle d’Annie Genevard. L’unique circonscription où le député sortant ne semble pas menacée. Car partout ailleurs, le scrutin des 11 et 18 juin pourrait apparaître comme un chamboule-tout géant. Le point département par département.
Dans le Doubs, la guerre des trois
On l’a déjà dit et écrit ici, le Doubs est électoralement divisé en trois territoires: Besançon, la capitale comtoise, est une municipalité de gauche depuis 1953, Emmanuel Macron est en tête dans les deux circonscriptions bisontines; le Haut-Doubs est ancré à droite, est resté fidèle à François Fillon; le pays de Montbéliard, terre ouvrière, est séduit par le Front national de Marine Le Pen.
Résultats du 1er tour de la présidentielle dans les circonscriptions du Doubs (©f3fc – pascal sulocha)
- 1re circonscription du Doubs (Besançon-ouest)
C’est la circonscription détenue aujourd’hui par Barbara Romagnan (PS), qui l’a arrachée en 2012 à la sortante Françoise Branget (LR). Les deux femmes sont à nouveau candidates. Un duel qui aura sûrement pour arbitres Laurent Croizier du MoDem et Habiba Delacour, représentante de la France Insoumise. Notons que c’est la circonscription franc-comtoise où Jean-Luc Mélenchon réalise la meilleure performance avec la 2e place (21,2%).
Pour l’instant, on ne connaît ni le candidat En Marche, ni le candidat Front national.
La circo penche à gauche en tout cas. Peut-être un bon coup à jouer pour la députée PS « frondeuse » sortante, d’autant plus qu’à droite c’est la division: en plus de Françoise Branget (LR), la 1re vice-présidente du Département Annick Jacquemet pourrait être candidate sous l’étiquette UDI, de même que le maire de Saint-Vit Pascal Routhier en divers droite.
Le conseiller municipal MoDem Laurent Croizier est également candidat, mais on sait toujours pas s’il bénéficiera de l’étiquette En Marche. Rappelons qu’il siège au conseil municipal dans l’opposition au maire PS Jean-Louis Fousseret, lui aussi partisan d’Emmanuel Macron (lire ici).
- 2e circonscription du Doubs (Besançon-est)
Une circonscription de poids-lourds. Eric Alauzet, le sortant, repart avec la double étiquette PS-EELV, mais il a voté Emmanuel Macron au 1er tour de la présidentielle. Il aura pour adversaires Ludovic Fagaut, vice-président LR du Doubs, Julien Acard, conseiller municipal FN, Christophe Lime, adjoint PCF à la ville de Besançon et Claire Arnoux pour la France Insoumise.
La gauche semble condamnée par ses divisions, mais tout dépendra de la candidature d’En Marche… si EM adoube le sortant, il y aura match, sinon…
A noter que c’est la seule circonscription où Marine Le Pen ne figure pas sur le podium au premier tour.
L’UDI a annoncé qu’elle présenterait la candidature de Nathalie Bertin, mais celle-ci a démenti vouloir se présenter (lire ici).
- 3e circonscription du Doubs (Montbéliard-ouest)
Une succession, c’est toujours difficile. Mais Frédéric Cartier, le maire LR de Sancey, peut raisonnablement espérer remplacer Marcel Bonnot, le sortant ne se représentant pas.
Le candidat de droite devra néanmoins franchir l’obstacle FN, dont on ne connaît pas encore le candidat. Marine Le Pen (28,3%) devance ici François Fillon de plus de 8 points, mais disons que le candidat LR, 2e, est moins distancé qu’ailleurs.
La gauche, elle, semble loin du compte, à l’image de Benoît Hamon, sous les 5%. Christophe Espolio sera candidat pour la France Insoumise, Sidonie Marchal pour le PS, Odile Joannes pour EELV, Christian Driano pour LO.
Rappelons que c’est dans cette circonscription que Christine Bouquin, présidente LR du Département, devait se présenter avant de renoncer « pour raisons d’éthique ».
- 4e circonscription du Doubs (Montbéliard-est)
Marine Le Pen à plus de 31%: c’est la circonscription du Doubs où le FN cartonne.
Sans surprise, Sophie Montel, chef de file du Front national à la Région, sera à nouveau candidate. En février 2015, elle n’avait laissé échapper la circonscription que de 863 voix lors de la partielle visant à remplacer Pierre Moscovici.
Frédéric Barbier, le député PS sortant, se représente. De sa capacité à obtenir l’investiture EM peut découler l’issue du scrutin, mais une chose est sûre: Sophie Montel sera favorite.
A droite, Valère Nedey (LR) et Christine Besançon (DLF) sont candidats. L’UDI sera représentée par Claudine Gaillard. Il y aura aussi une candidate FI Nadia Barznica, une candidate PCF, Corinne Riquet, une candidate EELV, Anna Maillard, et un candidat LO, Michel Treppo.
- 5e circonscription du Doubs (Pontarlier)
Au moins, ici c’est clair, et attendu. François Fillon remporte sans surprise la 5e circonscription, celle du Haut-Doubs, fidèle à la droite républicaine. Du coup, la sortante Annie Genevard, porte-parole nationale du candidat à la présidentielle et secrétaire générale adjointe de Les Républicains, n’a pas trop de souci à se faire.
A gauche, l’écologiste Anthony Poulin et l’insoumise Martine Ludi seront candidats, tandis que le Front national sera représenté par Jérémy Navion.
Dans le Jura, la droite menacée par la poussée du FN
La droite a tout dans le Jura: le Département, les principales villes, les trois députés et les deux sénateurs. Et pourtant, François Fillon est distancé partout: 4e dans les 1ère et 3e circonscriptions, 3e dans la 2e circonscription. De quoi faire trembler les sortants ? A voir, car comme partout, les candidats FN aux législatives risquent d’avoir du mal à atteindre le niveau de Marine Le Pen à la présidentielle.
Marine Le Pen arrive devant Emmanuel Macron dans les trois circonscriptions du Jura (©f3fc – pascal sulocha)
- 1ère circonscription du Jura (Lons)
Qui succédera à Jacques Pélissard, en place depuis un quart de siècle? C’est loin d’être gagné pour le dauphin déclaré, Cyrille Brero, adjoint LR à la mairie de Lons-le-Saunier. Dans cette circonscription, François Fillon est 4e, loin derrière le trio Le Pen–Macron–Mélenchon.
On ne connaît pas le candidat d’En Marche. En revanche, on sait que le Front national sera représenté par Jean-Paul Ecard.
La France Insoumise jouera la carte Gabriel Amard, proche de Jean-Luc Mélenchon, mais il lui faudra composer avec la communiste Nelly Faton.
Le PS misera sur son patron départemental, Marc-Henri Duvernet. EELV présente l’ancienne conseillère régionale Brigitte Monnet, maire de Val-Sonnette.
Debout la France présentera Gilles Moriconi.
- 2e circonscription du Jura (Saint-Claude)
La droite peut-elle perdre l’imperdable 2e circonscription du Jura?
Marie-Christine Dalloz, la sortante, est élue depuis deux mandats, elle avait pris la suite de Jean Charropin. Elle a pour elle son bilan, car c’est à l’Assemblée une bosseuse reconnue. Mais François Fillon est ici à une inhabituelle 3e place, devancé par Le Pen et Macron.
Le Front national compte sur la conseillère régionale Nathalie Desseigne. Les partisans de Jean-Luc Mélenchon sont divisés, avec les candidatures France Insoumise de Julie Lançon et du communiste Sébastien Mignottet. A gauche, il faudra aussi compter sur Christophe Masson (EELV) et Isabelle Marchal (LO). L’ex-PRG Francisque Bailly-Cochet est aussi candidat.
- 3e circonscription du Jura (Dole)
Encore plus que dans la 1ère circonscription, François Fillon est ici distancé par le trio Le Pen–Macron–Mélenchon. De quoi menacer le député LR sortant Jean-Marie Sermier, également maire de Dole, et qui sera touché par la loi sur le non-cumul?
Là encore, l’équation a plusieurs inconnues, à commencer par l’identité du candidat En Marche.
Le FN sera représenté par le maire de Rans et conseiller régional Stéphane Montrelay.
Embouteillage à gauche: la France Insoumise présente Jean-Bernard Marcuzzi, le PCF Laurence Bernier, le Parti socialiste Françoise Barthoulot, EELV Ako Hamdaoui et LO Dominique Revoy.
En Haute-Saône, le Front national en position de force
29,8% et 9,5 points d’avance dans la 1ère circonscription, 32,9% et 14 points d’avance dans la 2e… On comprend pourquoi la Haute-Sâone est dans le top 10 des départements de France pour le Front national. Même si les candidats FN ne sont pas encore désignés, ils auront toutes leurs chances, d’autant plus que les deux sortants, Alain Chrétien (LR) et Jean-Michel Villaumé (PS) ne se représentent pas.
La Haute-Sâone est dans le top10 des départements de France pour le Front national (©f3fc – pascal sulocha)
- 1ère circonscription de Haute-Saône (Vesoul-Gray)
Avec un Front national à près de 30%, la division de la droite peut se révéler suicidaire dans cette circonscription qui a pourtant envoyé à Paris, avant Alain Chrétien, Pierre Chantelat, Christian Bergelin et Alain Joyandet.
La candidature de Marie Breton, actuelle suppléante d’Alain Chrétien, qui préfère rester maire de Vesoul, a été contestée par le maire de Vauconcourt, Dimitri Doussot, lequel a reçu l’investiture officielle ! Il y aura donc une primaire à droite au premier tour.
Le Front national pourrait être représenté par la jeune Léonie Cugnot. On ne connaît en revanche pas le candidat EM.
La gauche est divisée: la France Insoumise présente François Froidurot, le PCF Cyril Morlot, le PS Laurent Ricard, EELV Corinne Guyonnet, LO Thérèse Garret.
- 2e circonscription de Haute-Saône (Lure-Luxeuil-Héricourt)
Qui pourra empêcher le Front national de prendre cette circonscription ? On ne connaît pas encore avec certitude le nom du candidat du Front national (Maurice Monnier, le secrétaire départemental, candidat déclaré, est contesté en interne), mais une chose est certaine: il sera forcément favori.
La droite mise sur Isabelle Géhin (LR), le PS sur Jérôme Laroche. L’UDI Jean Luc Habermacher est aussi candidat
Les partisans de Jean-Luc Mélenchon partent divisés, avec Isabelle Haismann-Febvay et le PCF Quentin Hafekost. Il faudra aussi compter sur une candidate EELV, Marie-Claire Thomas et sur Daniel Rouillon (LO). Le divers gauche Benoît Cornu est aussi candidat.
Christophe Devillers se présente sous les couleurs du Parti de la France.
Dans le Territoire, la droite en position délicate face à la double pression du FN et d’En Marche
La droite aura fort à faire pour garder les deux circonscriptions où Marine Le Pen arrive en tête (©f3fc – pascal sulocha)
Comme dans le Jura, la droite a tous les pouvoirs dans le Territoire de Belfort. Comme dans le Jura, elle sera menacée aux législatives par la poussée du Front national, en tête dans les deux circonscriptions, détenue aujourd’hui par Damien Meslot (LR, qui ne se représente pas) et de Michel Zumkeller (UDI, candidat pour un 4e mandat).
- 1ère circonscription du Territoire de Belfort (sud)
Là aussi, la succession pleine de potentielles surprises.
Marine Le Pen devance François Fillon de dix points, rien n’est assuré pour Ian Boucard, le jeune élu municipal de Belfort chargé de garder la circonscription de Damien Meslot dans le giron LR. D’autant qu’En Marche pourrait investir le MoDem Christophe Grudler, bien implanté, et accessoirement meilleur ennemi du clan Meslot depuis une décennie.
La France Insoumise présente Anaïs Beltran, le PCF Sabine Verdant, Debout la France Jean-Claude Muringer, LO Christiane Petitot.
Après avoir investi Arthur Courty, le PS a finalement réservé la circonscription au MRC de Bastien Faudot.
- 2e circonscription du Territoire de Belfort (nord)
Député depuis 15 ans, l’UDI Michel Zumkeller va-t-il rempiler 5 ans de plus à l’Assemblée nationale? Le maire de Valdoie est en tout cas candidat à sa succession. Il n’aura pas de concurrent LR, et fort heureusement pour lui puisque François Fillon n’est que 4e dans cette circonscription.
On ne connaît ni le candidat du FN ni celui d’EM, même si le référent départemental Bruno Kern (ex-PS) semble bien placé.
La France Insoumise a investi Laurent Soler, le PCF Jean Parenty, le PS la conseillère régionale Maude Clavequin, EELV Vincent Jeudy, LO Jean-Marie Pheulpin.
Là encore, le sortant, implanté, pourrait profiter de la moindre renommée des candidats représentant les finalistes de la présidentielle.
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