29 Mai

Fusion des régions: « L’objectif, c’est pas uniquement des économies, c’est l’efficacité »

Marylise Lebranchu entourée des présidents des deux régions, Marie-Guite Dufay et François Patriat (©f3fc)

Marylise Lebranchu entourée des présidents des deux régions, Marie-Guite Dufay et François Patriat (©f3fc)

Conformément à la volonté présidentielle de « réécrire l’histoire des territoires de France en redessinant les régions », Marylise Lebranchu, la ministre de la Décentralisation, était à Besançon ce mercredi. Elle tenait à « saluer deux régions pionnières et leur apporter le soutien de l’Etat ». La Bourgogne et la Franche-Comté, en effet, ont affiché leur volonté de s’unir. Une « préfiguration de ce que peut être la réforme », s’est réjouie la ministre, qui attend de Marie-Guite Dufay et François Patriat, les deux présidents, « un guide des bonnes pratiques pour les autres régions de France ».

« Nous sommes en marche ».

Marie-Guite Dufay, la présidente du conseil régional de Franche-Comté, est fière de présenter le projet de fusion avec la Bourgogne voisine. Depuis le début de l’année, elle est, avec son collègue François Patriat, PS lui aussi, LA bonne élève de la classe, celle qui tente de résoudre plus vite que tous ses camarades l’exercice de « rapprochement des régions », dicté par le professeur Hollande.

Et la démonstration du duo Dufay-Patriat a semble-t-il déjà convaincu la ministre Lebranchu, « impressionnée par la liste » des projets communs: aéroport, agence de transports, agence touristique, etc…

Il faut dire que Bourgogne et Franche-Comté ont déjà quelques acquis de l’expérience. Elles coopèrent déjà, dans le domaine universitaire ou la recherche médicale par exemple.

Des économies? Quelles économies?

Reste donc à généraliser les collaborations. Pour quelles économies? « C’est pas le premier objectif », lance Marie-Guite Dufay aux journalistes. « Pourquoi vous êtes accroché aux économies? » s’étonne même Marylise Lebranchu.

C’est oublier que les mots du président Hollande qui, mi-janvier, a décidé d’inciter les collectivités « à se rapprocher », précisément pour « réduire la dépense publique »  (son discours complet). Le hic, c’est que pour le citoyen, réduction de la dépense publique = baisse du niveau des services publics.

Alors Marylise Lebranchu entend parler de « projet politique » plutôt que de chiffres: « L’objectif, c’est pas uniquement des économies, c’est l’efficacité. Si on faisait un projet que pour les économies, cela n’aurait pas de sens. » Bien sûr, des économies, il y en aura. Mais aucun chiffrage précis pour l’instant: « Quand on mutualise des services, on fait forcément des économies. Quand on met les chercheurs ensemble, au lieu d’acheter deux spectromètres on n’en achète qu’un ». Soit.

D’ailleurs, les économies ne se feront pas sur les agents des collectivités, protégés par la loi: « Aucun personnel titulaire de la fonction publique ne peut perdre ni en rémunération, ni en régime indemnitaire, ni en acquis », promet la ministre, qui annonce en parallèle une « réforme de l’Etat », dont les moyens seront « déconcentrés » pour s’adapter « à la réalité des territoires ».

Une priorité: le développement économique

Réunir Bourgogne et Franche-Comté, c’est assurer la pérennité de « deux régions tampons », « entre les deux plus grandes régions de France », rappelle François Patriat.

Deux petites régions qui veulent exister en marge des grands pôles urbains que sont Paris, Lyon et même Strasbourg.

« On voit bien qu’en nous unissant on se donne davantage de force, on attire davantage de capitaux privés et donc on est plus efficace, assure Marie-Guite Dufay. La première priorité pour nous deux, c’est le développement économique ».

Une métropole entre Dijon et Besançon

Désormais, il faut convaincre. D’abord les Francs-Comtois, par nature complexés par le voisin bourguignon. « Il ne s’agit pas d’une fusion-absorption. Il s’agit d’une collaboration intelligente que nous commandent l’économie, la société et l’histoire », rassure François Patriat.

Ensuite les territoires périphériques et leurs habitants, nivernais, icaunais ou belfortains, qui vivent dans des sphères d’influence extérieures et pour qui l’union bourguignon-comtoise ne coule pas de source.

Quant l’anecdotique mais épineuse question de la future capitale régionale, les élus bottent en touche, imaginant « une métropole entre Dijon et Besançon » dont on ne voit pas bien aujourd’hui, on l’avoue, la réalité.

Une conférence des élus et des débats citoyens, à l’automne, sont prévus par Marie-Guite Dufay pour expliquer ce projet de fusion. Ensuite, chaque assemblée régionale se réunira pour déterminer les orientations budgétaires et adresser une délibération commune au gouvernement.

Car au début de l’année, François Hollande avait promis des « incitations puissantes » de l’Etat, autrement dit des dotations importantes, aux régions qui joueront le jeu. Ce mercredi, Marylise Lebranchu a d’ailleurs confirmé que cette « expérimentation en taille réelle » serait « accompagnée par l’Etat ». Des bons points, et quelques images, pour récompenser les bons élèves.

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