15 Avr

Fusion de la Bourgogne et de la Franche-Comté : la carotte et les bâtons

Marie-Guite Dufay et François PAatriat, présidents de Franche-Comté et de Bourgogne

Marie-Guite Dufay et François Patriat, présidents de Franche-Comté et de Bourgogne

Les deux animateurs de la conférence de presse ont mis beaucoup de conviction hier : Marie-Guite Dufay et François Patriat ont utilisé toute leur force de conviction pour nous faire comprendre que cette fusion, c’était la meilleure chose qui soit arrivée à nos régions depuis l’invention du Kir et de la saucisse de Morteau réunis !

L’ambiance était assez solennelle hier après-midi. Avait été choisi comme lieu de la conférence de presse, le grand salon, dénommé Raymond Forni, en hommage au président décédé. Davantage de journalistes que d’habitude, même quelques médias nationaux étaient présents… Beaucoup de collaborateurs des présidents restés debout, pour écouter leur patron respectif. Et la retransmission sur notre site, en direct… bref, pas de l’habituel…

C’est Marie-Guite Dufay qui a pris la parole la première. Honneur aux dames. 15 minutes. Pas plus.

Ensuite, François Patriat, plus de 25 minutes. Non, on ne va pas comptabiliser et en tirer des conclusions hâtives…

Marie-Guite Dufay est enthousiaste, alors qu’en janvier elle était encore prudente sur cette idée émise par François Hollande lors de son discours de Tulle.

François Patriat est là, lui aussi, pour convaincre.  Il est prudent, le président de Bourgogne : « Je viens en alter ego, je ne suis pas hégémonique.» Oui, mais il parle davantage que Marie-Guite Dufay et même il lui coupe la parole. En s’excusant d’un mot gentil. Mais quand même…

Ils nous annoncent tous les deux un « débat le plus large possible » dit la présidente de Franche-Comté mais pas forcément sous la forme d’un référendum. L’exemple, raté d’un rapprochement entre les deux départements d’Alsace, n’incite pas à la démocratie directe !

Peur de perte d’identité ? Balivernes. Le Jura ne s’est pas fondu dans la Franche-Comté, le Nivernais dans la Bourgogne…

Des économies ? oui, bien sûr, c’est le but. Eviter les doublons, comme les deux aéroports, faire des achats communs de matériel, regrouper les deux FRAC (Fonds Régionaux d’Art Contemporain)… des économies impossibles à chiffrer. Le tout sans supprimer des emplois car « le statut de fonctionnaires territoriaux les protège ». (Il y a actuellement en France 1,9 million de salariés dans les collectivités territoriales.)

La méthode

 « Non, tout n’est pas ficelé pas Paris. » insiste Marie-Guite Dufay. Excepté qu’au 1er janvier 2017, le couperet tombera.

C’est le même fonctionnement que pour l’intercommunalité. Dans un premier temps, on incite fortement et ensuite le Préfet détermine les limites géographiques…

Le bâton : si on ne le fait pas de bon cœur, on nous impose un mariage de raison entre les régions. Et pire : on peut même nous imposer le démantèlement de la région… Et si le Territoire de Belfort partait avec l’Alsace ? L’horreur !

La carotte : les sous !

François Patriat espère en tirer quelques avantages. Il souhaite négocier avec Paris pour que les dotations données par l’Etat restent… en l’état. Qu’elles ne baissent pas comme prévu. Cette année, la Bourgogne reçoit 173 millions d’euros. Cette somme doit être baissée à 140 millions en 2017…

Cette exemplarité mérite bien un petit encouragement de la part de Manuel Valls, non ?

 

C’est bizarre, cette union, présentée comme « un mariage d’amour » par François Patriat, donne l’impression d’un mariage arrangé.

Arrangé par Paris et Manuel Valls. On fixe le calendrier, on sollicite votre bonne volonté et sinon, on tranche !

Arrangé pour éviter le démantèlement : c’est exister avec la Bourgogne ou ne plus exister du tout…

Arrangé pour une histoire de gros sous donnés par Paris, toujours Paris…

 

Mais bon, les mariages arrangés peuvent donner naissance à de beaux enfants… Alors attendons que les projets en gestation voient le jour !