15 Jan

Pyrénées : le réchauffement climatique, un véritable casse-tête pour les stations de ski

Saint-Lary, le 25 décembre 2019
©MaxPPP / Aurelien Morissard

Le réchauffement climatique est désormais indéniable. Les saisons sont bouleversées. Conséquences : les stations de ski sont touchées de plein fouet. Elles tentent par différents moyens de survivre. Dans les Pyrénées, plusieurs pistes sont explorées.

Dans les Pyrénées comme dans les autres massifs en Europe le réchauffement climatique pose question aux gestionnaires de stations de sport d’hiver. Certaines sont en difficulté à cause d’une gestion hasardeuse aggravée par les hivers faiblement enneigés.

Des stations à l’abandon

Le domaine du Puigmal dans les Pyrénées Orientales n’a jamais atteint sa taille critique. Des investissements au mauvais moment et l’enchaînement de plusieurs saisons compliquées en matière d’enneigement ont eu raison de la station de ski. Puyvalador à quelques kilomètres a subi le même sort. Un investisseur privé tente de lui redonner vie et tente de développer un autre modèle de vacances à la montagne.

Le regroupement de stations

Toutes les stations en difficultés sont de petite ou moyenne taille. Plusieurs projets de liaison sont en cours notamment entre Cauterets et Luz Ardiden, Font-Romeu, les Angles et Formiguères. L’objectif faire des économies d’échelle, aujourd’hui c’est la clé du développement.

Une offre de service plus large

Dans un marché qui ne progresse plus en Europe les stations réfléchissent à un nouveau modèle basé sur une activité d’été mais aussi sur une offre d’hiver plus globale.
L’offre globale c’est garantir plus de recettes dans un domaine skiable en intégrant au delà des remontées mécaniques toute l’offre de restauration et même des hôtels comme c’est déjà le cas dans certaines stations.

La neige de culture indispensable

Aujourd’hui tous les domaines sont équipés de réseau de canons à neige. Le phénomène n’est pas comme on le croit propre aux Pyrénées. Les plus grands réseaux de neige de culture se trouvent dans les Alpes du Sud en France et en Italie. Désormais toute l’économie des vallées pour qui le tourisme d’hiver est vital , dépend de leur capacité à produire cette matière première dès les premiers jours de froid.

06 Août

Une mission scientifique étudie les effets du réchauffement climatique sur la flore des Pyrénées

Vue sur le Vignemale depuis le pic de Labas
©Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées

Une équipe du conservatoire botanique national des Pyrénées a passé 3 jours en juillet à presque 3000m d’altitude dans les Pyrénées. Objectif de la mission : évaluer les effets du réchauffement climatique sur la flore des sommets pyrénéens. Une autre exploration sera conduite dans 7 ans pour faire la comparaison.

La température a augmenté de 1,2°C en moyenne dans les Pyrénées en 60 ans

Entre 1949 et 2010, la température moyenne enregistrée dans le massif a progressé de 1,2 °C tandis que les précipitations ont diminué de 2,5% en moyenne. A cette constatation générale, il faut toutefois préciser que des variantes non négligeables interviennent en fonction des versants, des vallées et de leur exposition. Mais dans tous les cas, les scientifiques pensent que la chaîne des Pyrénées présente un haut degrés de vulnérabilité face au changement de climat.

Un programme transfrontalier pour étudier l’impact sur la flore

Le nom du programme de recherche mené par le conservatoire botanique est FLORAPYR. L’opération consiste à faire des inventaires floristiques et à les comparer au fil des années. Plusieurs sites ont déjà été étudiés, notamment dans les Pyrénées espagnoles aragonaises et dans la partie française orientale. Dans les Pyrénées centrales, l’étude porte sur 4 sommets situés non loin les uns des autres et peu fréquentés par les randonneurs, afin que la nature étudiée soit la plus intacte possible.

Deux premiers sommets, le petit pic Cardal (2312m) et le pic du Cardal (2563m) ont été étudiés en 2018.

Fin juillet 2019, ce sont le pic du lac des Gentianes (2729m) et le pic de Labas (2947m) qui ont été faits l’objet des explorations floristiques.

Installation d’un quadrat pour effectuer un relevé de végétation
©Conservatoire botanique des Pyrénées

L’objectif pour le conservatoire est de revenir tous les 7 ans pour réaliser un nouvel inventaire, en suivant rigoureusement le même protocole, afin que les résultats puissent être comparés et faire l’objet à moyen terme d’une analyse sur les conséquences du réchauffement climatique.

Déploiement du protocle GLORIA au sommet du pic de Labas à 2947m
©Conservatoire de botanique national des PYrénées

Les prochains relevés sont prévus pour 202, 2033, 2040….

 

04 Juil

Pyrénées : le glacier d’Ossoue victime collatérale du réchauffement climatique comme les autres glaciers

©Régis Cothias / France Télévisions

Le glacier d’Ossoue, au pied du Vignemale fond. Comme d’autres, sa fonte est inexorable et sa disparition est prévue vers 2050. Effet du réchauffement climatique, il a déjà perdu les 2/3 de sa surface. Explications avec le glaciologue Pierre René.

La chaleur surprend les randonneurs en altitude. Didier Lacaze, ancien gardien du refuge de Baysselance évoque de rares mois de juin où la neige avait disparue autour du refuge. C’est le cas cette année en 2019, où une période précoce de canicule vient de se produire.

Les souvenirs, les anecdotes des anciens sont un des indicateurs du changement climatique. Mais pas seulement, Pierre René, glaciologue, étudie de façon plus scientifique le recul des glaciers, dont la fonte est inexorable. En 2050, il ne devrait plus subsister aucun glacier dans les Pyrénées.

A l’aide de balises fixées dans la neige, le glaciologue évalue le recul année après année. Il est formel.

La tendance va vers une diminution du glacier

Depuis le milieu du 19ème siècle, le glacier d’Ossoue, l’un des plus hauts de la chaîne des Pyrénées a perdu 2/3 de sa surface.

Les explications recueillies par Régis Cothias :

09 Oct

Températures en hausse, fonte des glaciers, les Pyrénées n’échappent pas aux effets du réchauffement climatique

Vue du Pic du Midi
© France 3 Occitanie

108 jours consécutifs sans gel à 2877m, un été chaud qui joue les prolongations jusqu’en octobre. Le réchauffement climatique est devenu une réalité visible dans les Pyrénées. Le rapport du GIEC est sans appel, il y a urgence à limiter l’augmentation des températures. En altitude, les conséquences sautent désormais aux yeux.

Le réchauffement climatique est planétaire. Les zones d’altitude sont impactées. Au Pic du Midi où il y a des mesures depuis 1882, les études montrent des évolutions de températures sur de longues durées où on voit une augmentation significative des températures minimales à l’échelle d’un siècle.
La température moyenne de l’air a augmenté de 1,1°C depuis 1900 dans les Pyrénées. Les années après l’an 2.000 concentrent les 8 étés les plus chauds depuis 1950.

Conséquences, la saison chaude dure, la neige se fait plus rare et tombe de plus en plus haut, les glaciers fondent, la flore et la faune s’adaptent. Désormais, l’évolution du climat se voit aussi dans les Pyrénées.
Au pied Portillon (31), le glacier se réduit :

Régis Cothias et Sarah Karama ont recueilli le témoignage des scientifiques du centre de recherches atmosphériques de Lannemezan (65) :

21 Sep

Pyrénées : les climatologues prévoient une hausse des températures jusqu’à 7 degrés d’ici la fin du siècle

MaxPPP© PATRICE HAUSER
Parc national des Pyrénées

Les météorologues français et espagnols étaient en colloque à Météo France pour présenter leurs travaux sur l’évolution du réchauffement climatique dans les Pyrénées. Le réchauffement climatique se confirme et à l’horizon de la fin du siècle le thermomètre pourrait augmenter de 1 à 7 degrés. 

Les températures maximales dans les Pyrénées pourraient gagner entre 1,9 et 7,1 degrés d’ici la fin du siècle, selon deux scenarios envisagés par Climpy, un projet de recherche transfrontalier entre la France, l’Espagne et Andorre.

Deux scénarios possibles

Selon un premier scénario, le réchauffement se situerait à la fin du siècle entre +4,3°C et +7,1°C pour les maximales, et entre +3,6°C et +6,0°C pour les minimales,
Selon un second scénario, les fourchettes seraient de +1,9°C à +4,2°C pour les maximales, et de +1,6°C à +3,5°C pour les minimales.
Ces augmentations de température s’établissent par rapport à la moyenne des températures relevées entre 1961 et 1990, Jean-Michel Soubeyroux, climatologue à Météo-France, à Toulouse.
Des projections climatiques ont été réalisées sur la zone Pyrénées à partir des données d’un ensemble de modèles climatiques mondiaux et de combinaisons de modèles climatiques régionaux.

A l’horizon 2030, selon le premier scénario (1), le réchauffement serait compris entre 1°C et 2,7°C pour les maximales et entre 0,9ºC et 2,2ºC pour les températures minimales.
A l’horizon 2050, il s’établirait entre 2,0°C et 4,0°C pour les températures maximales et entre 1,7°C et 3,3°C pour les minimales.
Pour le second scénario (2), à cet horizon, les fourchettes sont de +1,4°C à +3,3°C pour les températures maximales, de +1,2°C à +2,8°C pour les températures minimales.

Moitié moins de neige à 1800 d’ici 2050

Conséquence de ce réchauffement dans les Pyrénées centrales, l’épaisseur moyenne de la neige, à une altitude de 1.800 m, « pourrait diminuer de moitié d’ici 2050 selon la référence actuelle, tandis que la période de neige continue au sol réduirait de plus d’un mois », selon l’étude menée par les scientifiques du projet Climpy.
Dans le passé, entre 1959 et 2010, « les températures moyennes dans les Pyrénées ont augmenté de 1,2°C, bien que le réchauffement n’ait été ni constant, ni régulier »,analyse Climpy.

Sur cette période, les cumuls annuels des précipitations ont baissé de 2,5%, « en raison surtout de la diminution des précipitations durant l’hiver et l’été. Le versant espagnol et méditerranéen a connu une baisse plus importante que le versant français », notent les scientifiques.

Le glacier de l’Aneto réduit après un été 2018 particulièrement chaud

Complément d’informations :

Le projet Climpy, lancé en 2016 pour une durée de 3 ans, Climpy vise à connaître l’évolution et les tendances du climat pyrénéen dans le contexte du changement global. Il réunit Météo-France, les services météorologiques espagnol et catalan ainsi que des organismes de recherche français, espagnols et andorrans.

(1)Le premier scénario cité par Climpy se base sur « le scénario tendanciel : on continue à faire ce que l’on fait aujourd’hui » dans le cadre de la lutte contre le réchauffement, a commenté M. Soubeyroux.
(2)Le second scénario, c’est celui plus volontariste « des accords de Paris que l’on applique », a-t-il ajouté, soulignant que « les mesures qu’on prend maintenant auront des conséquences seulement dans 30 ans ».

EG avec AFP

13 Sep

Dans les Pyrénées, le glacier de l’Aneto, le plus grand du massif, fond « à vue d’oeil »

Le glacier de l'Aneto au XIX siècle ©Météo Pyrénées

Le glacier de l’Aneto au XIX siècle
©Météo Pyrénées

La comparaison entre plusieurs photos est sans appel. En quelques dizaines d’années, le glacier de l’Aneto (le plus haut sommet des Pyrénées) a perdu des dizaines de mètres d’épaisseur. Le réchauffement climatique est l’une des composantes de cette fonte qui touche également le massif alpin.

Météo Pyrénées a retrouvé des photographies du glacier de l’Aneto (le plus grand des Pyrénées) qui se situe dans le massif de la Maladeta sur le versant espagnol de la chaine des Pyrénées. Entre la fin du XIXème siècle où le cliché montre une énorme crevasse profonde de plusieurs mètres, celle des années 80 où les crevasses existent encore mais sont moins profondes et la dernière en 2017 où le glacier apparaît sans relief, l’effet est saisissant.

Les spécialistes sont sans appel, les glaciers des Pyrénéens sont appelés à disparaître et cela dans un futur proche. Selon Pierre René, de l’Association pyrénéenne de glaciologie, qui les mesure chaque année depuis quinze ans, en 2050, il ne devrait plus y avoir aucun glacier dans le massif.

Dans les Pyrénées, subsistent encore quelques glaciers, derniers vestiges de l’ère glaciaire pendant laquelle les Pyrénées étaient sous d’immenses masses de glace.

Ces glaciers de montagne sont les plus méridionaux d’Europe. Ils sont tous situés entre le Balaïtous à l’ouest et le Mont Valier à l’est. Ceux situés en Espagne, sur le versant sud des Pyrénées, principalement dans les vallées de Tena, Ordesa et Bénasque.

La glace subit partout une fonte importante comme le confirme aussi ces deux clichés du glacier du Mont Perdu (2011/2017)

Glacier du Mont Perdu (2011 ©Pascale Bourget et 2017 ©Luz Ardiden Facebook)

Glacier du Mont Perdu (2011 ©Pascale Bourget et 2017 ©Luz Ardiden Facebook)

17 Nov

Réchauffement climatique : à ce rythme, les glaciers des Pyrénées auront disparu en 2050

Ici, le glacier des Oulettes de Gaube sous le Vignemale ©MaxPPP

Ici, le glacier des Oulettes de Gaube sous le Vignemale en 2007 ©MaxPPP

Si l’on ne réduit pas les émissions de gaz à effet de serre, la température sur Terre augmentera de 4° par rapport à l’ère pré-industrielle d’ici à la fin du siècle, entraînant des impacts « graves, étendus et irréversibles », selon le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat. Conséquence : les glaciers des Pyrénées pourraient avoir totalement disparu d’ici 35 ans.

Voici les principaux impacts du réchauffement climatique :

Élévation du niveau des océans

    • L’océan va encore se réchauffer et s’acidifier.
    • L’élévation du niveau des mers va se poursuivre à un rythme encore plus rapide: elle pourrait aller de 26 cm à 82 cm, en fonction des émissions, entre 1986-2005 et la fin du 21e siècle; la hausse ne sera pas uniforme sur le globe.
    •  Avec une hausse de 2 degrés de la température mondiale, des zones habitées par 280 millions de personnes seraient submergées, selon Climate Central, un centre de recherche basé aux Etats-Unis. Ces changements interviendraient dans un délai pouvant atteindre 2.000 ans.

Évènements météorologiques extrêmes

    •  Les vagues de chaleur seront plus fréquentes, les vagues de froid moins fréquentes sur la majeure partie de la planète.
    •  Les changements concernant les précipitations ne seront pas uniformes: précipitations annuelles en hausse dans le Pacifique équatorial, aux latitudes élevées et dans les régions humides aux latitudes moyennes, baisse dans les régions subtropicales sèches.
    • Les fortes pluies risquent de provoquer des inondations poussant les populations à fuir leur domicile, et détruisant habitations et récoltes.

Fonte des glaciers

Le volume global des glaciers, à l’exception de l’Antarctique, devrait baisser de 15 à 55% avec le scénario d’émissions le plus faible et de 35 à 85% avec la trajectoire la plus élevée. Les glaciers des Pyrénées pourraient avoir disparu en 2050. En septembre 2015, le glacier de l’Aneto ruisselait sous l’effet des températures étonnamment douces. Le glacier du Taillon en 2012 enregistrait un recul de plusieurs dizaines de mètres.

Météo France enregistre depuis le début des mesures en 1961 une érosion du manteau neigeux. Avec le réchauffement celui-ci va considérablement se renforcer dans les Pyrénées et les Alpes, en particulier en dessous de 2000 m. Les projections prévoient à 1 500 m une diminution de la saison enneigée qui passerait de trois à deux mois dans les Pyrénées. La hauteur de neige ne serait plus que d’une vingtaine de centimètres. Voir le rapport sur l’Observatoire Pyrénéen du changement climatique.

Fonte de la banquise

La banquise arctique d’été se réduit et il est de plus en plus probable, selon les climatologues, de voir l’océan Arctique libre de glace d’ici à 2050.

Biodiversité

Risques accrus d’extinction pour de nombreuses espèces (animales ou végétales) qui ne pourront pas se déplacer assez vite pour s’adapter. 20 à 30% des espèces animales et végétales sont menacées d’extinction en cas de hausse des températures de 1,5 à 2,4° par rapport aux 20 dernières années du XXe siècle.

Impacts socio-économiques

  • La sécurité alimentaire sera affectée notamment dans les régions dépendant de la pêche.
  • Baisse des rendements céréaliers (blé, riz, maïs) dans les régions tempérées et tropicales.
  • Baisse des ressources d’eau potable dans les régions subtropicales sèches.
  • Risques accrus dus aux inondations, glissements de terrain, tempêtes.
  • Hausse des déplacements de population.
  • Risques de conflits accrus pour l’accès aux ressources.

AFP