Accident rarissime mais grave, un pisteur de la station de Cauterets a été sérieusement blessé la semaine dernière par l’explosion d’une charge destinée à provoquer des avalanches. Les circonstances de cet accident restent encore floues et imprécises mais cet accident rappelle que la manipulation de ces charges explosives n’est jamais sans risque.
A Piau-Engaly, 6 pisteurs-artificiers se relaient tout au long de la saison pour réaliser le PIDA de la station : le Plan d’Intervention et de Déclenchement des Avalanches à chaque chute de neige notable.
Pour Piau Engaly, 90 points de tir sont recensés dans ce document et selon l’importance des chutes mais aussi la surface à sécuriser, les pisteurs décident du nombre de tirs à réaliser. En fin de saison, par mesure d’économie certaines remontées sont inutilisées, plus de skieurs sur ces secteurs.
Vidéo // le reportage de Régis Cothias et Jean-Yves Bascands
La manipulation des explosifs en station nécessite calme et concentration
Différentes techniques pour déclencher les avalanches sont possibles, plus ou moins délicates et périlleuses. Le principe général est d’éviter le déplacement des pisteurs sur des pentes chargées de neige. Ainsi, lors de fortes précipitations, les avalanches peuvent être déclenchées par des charges explosives jetées depuis un hélicoptère. Rapide mais onéreux.
Autre procédé, le lancer manuel : les pisteurs se déplacent à ski avec des charges qu’ils jettent dans un couloir à purger. Une technique similaire mais beaucoup plus sûre consiste à placer ces charges sur un câble. Un téléski mais sans perche, le câble transportant uniquement une charge explosive accrochée à une corde. Le temps du déplacement de la charge est connu et les pisteurs « fabriquent » une mèche suffisamment longue pour que l’explosion se déroule à un endroit précis.
De toutes façons, les pisteurs manipulent des détonateurs pyrotechniques, des mèches qui lorsqu’elles se consument- dégagent une odeur semblable à celle de pétards après leur détonation.
La charge explosive est contenue dans des espèces de boudins d’une trentaine de cm de long. Avant toute manipulation, les pisteurs doivent recenser et inscrire les explosifs utilisés… une façon d’assurer la traçabilité de ces matières potentiellement dangereuses.
La préparation des charges consiste à fabriquer une mèche munie à un bout d’un « inflammateur » et à l’autre bout un détonateur. La longueur de la mèche varie selon le temps nécessaire pour que la charge explose à l’endroit précis du point de tir.
Calme, méthode, division des tâches permettent aux pisteurs d’effectuer ce travail régulier mais surtout pas routinier. Principal ennemi, la précipitation. Et pourtant ce travail doit être réalisé avant l’ouverture des pistes… sauf à maintenir fermées des remontées mécaniques donnant accès à des secteurs non sécurisés.
Après une formation initiale de 2 semaines, les pisteurs doivent suivre chaque année en début de saison un « recyclage », en clair une révision des méthodes et pratiques dans l’usage des explosifs.
Régis Cothias