L’Etat peut-il tout ? Ce qui faut retenir du débat entre Alain Chrétien et Christophe Lime

L’Etat peut-il tout? Ne sommes-nous pas tous des assistés? Après l’affaire Alstom, Dimanche en Politique lance le débat avec deux élus de Franche-Comté: le député LR et maire de Vesoul Alain Chrétien, et l’adjoint communiste au maire de Besançon Christophe Lime. Jérémy Chevreuil leur a demandé si l’Etat pouvait tout à la fois sauver l’industrie et l’agriculture, tout en assurant ses missions régaliennes et en versant des allocations aux plus démunis. Les meilleurs moments du débat:

ALSTOM

Alain Chrétien:

« Alstom a un souci de compétitivité par rapport à ses concurrents européens et mondiaux, Alstom a un problème de positionnement, dans les productions qu’il peut mettre sur le marché. Donc il faut réfléchir à ça en amont et pas faire le pompier au dernier moment et demander des achats qui ne serviront pas à la SNCF et qui au contraire vont encore augmenter l’endettement de la SNCF (…) Je crains qu’au bout du compte ce soit perdant/perdant: perdant pour Alstom parce qu’au bout de deux ans, quid du site de Belfort? Et perdant pour la SNCF, l’Etat et le contribuable, parce que c’est 700 millions supplémentaires dans la dette de l’Etat ».

« Je pense que l’Etat est un mauvais actionnaire. Je pense que moins l’Etat s’occupe d’économie, plus l’Etat se retire sur ses missions régaliennes, mieux l’économie va. »

Christophe Lime:

« C’est l’Etat qui impose à une entreprise publique d’acheter un certain nombre de matériels dont elle n’a pas obligatoirement besoin. Le problème, c’est qu’aujourd’hui nous n’avons pas de stratégie de transport. Qui connaît la stratégie de transports en France et en Europe? ».

« On nous a mis les bus Macron sur les lignes les plus rentables de la SNCF (…), et après on se dit: « on comprend pas, la SNCF perd des clients' »

LES MISSIONS REGALIENNES

Christophe Lime:

« Quand j’entends aujourd’hui les programmes de droite qui nous annoncent entre 80 et 150 milliards d’économies , il y a une surenchère, sur le budget de l’Etat, il va falloir aussi taper dans les budgets régaliens. On ne peut pas dire ‘on a besoin de policiers, on a besoin de justice, on a besoin de sécurité, on a besoin d’hospitalier, on a besoin d’éducation’… On a besoin de tout, mais quand on fait la péréquation entre ce qu’on doit payer et ce qu’on doit faire, ça pose tout de suite un souci. »

Alain Chrétien:

« Non, l’Etat ne peut pas tout. Ces trente dernières années, l’augmentation des dépenses publiques a été parallèle à l’augmentation des inégalités et de la pauvreté. Nous sommes les champions du monde de la dépense publique. Jusqu’où cela va-t-il s’arrêter? Essayons de réfléchir à un Etat qui se recentre sur ses missions régaliennes. »

AIDE AUX ENTREPRISES

Christophe Lime:

« Le Cice, c’est 42 milliards donnés aux entreprises. La semaine dernière, une étude indique que c’est entre 300 000 et 600 000 euros l’emploi créé ou sauvegardé. Quand on dit qu’on a plus d’argent pour intervenir sur un certain nombre de points… »

« Je ne considère pas que les patrons sont des voyous. J’ai des amis qui sont patrons de petites entreprises. Il n’y a pas que les gens de droite qui côtoient les petits patrons. Je pense que oui, les aides doivent être ciblées sur un certain nombre de petites et moyennes entreprises, et qu’elles soient liées à l’emploi ou au maintien de l’activité. »

Alain Chrétien:

« On dépense en France 100 milliards d’aides aux entreprises. Je préfèrerais 100 fois qu’on supprime ces 100 milliards d’aides aux entreprises (exonérations de charges, Cice, aides directes des Régions notamment), et qu’on baisse d’autant les charges. Je peux vous dire que là, ça ferait un bon coup de compétitivité ».  

« Le premier bénéficiaire du Cice, c’est La Poste. Est-ce que vous croyez franchement que c’est utile de donner des milliards à La Poste? Alors que des milliers de chefs d’entreprise essaient de bosser 70h par semaine pour créer de l’emploi, et ils sont submergés de taxes, de charges, de complexités. »

« Les entreprises n’ont pas besoin d’aides, elles ont besoin de simplification et de baisses de charges ».

AGRICULTURE

Alain Chrétien:

« Les agriculteurs sont des fonctionnaires. Ils le disent: ‘on ne veut pas vivre de subventions, on veut vivre de notre travail’. C’est tout un modèle qui est à revoir (…) Comme n’importe quelle entreprise, elles ont besoin d’une baisse de charges considérable pour retrouver une bulle d’oxygène en terme de trésorerie, c’est aussi simple que ça. »

Christophe Lime

« L’agriculture n’est pas en difficulté qu’en France. Elle est en difficulté sur l’ensemble de l’Europe. Ce n’est pas un problème français de cotisations. Ce n’est pas vrai ».

« L’Allemagne est devenue le premier producteur de porcs, avec des salariés délocalisés qui viennent de Pologne dans certains abbatoirs. Si vous voulez dire aux agriculteurs français qu’ils vont être payés comme les salariés polonais qui viennent travailler en Allemagne, il faut leur dire. »

RETRAITES, ALLOCATIONS, COTISATIONS

Christophe Lime

« Quand vous dites que le coût du travail est important: en 2012 en France, le montant des cotisations de tous les salaires: 159 milliards d’euros (chiffres du BIT, bureau international du travail). Montant des dividendes et des intérêts versés aux banques: 298 milliards. De l’argent il en existe. Les 6 derniers mois, l’augmentation des profits des entreprises du Cac 40 : +17% »

« Quand on est assisté, c’est une situation de difficulté. C’est pas une joie d’être au chômage. Il y a un chômeur sur deux qui n’est pas indemnisé ».

Alain Chrétien:

« Il faut que l’on fasse une révolution copernicienne, pardon de l’expression. Il y a deux choses qu’il faut que l’on mette en cause: l’Etat providence et l’homme providentiel, le chef d’Etat. L’Etat-providence qu’on a connu après la guerre, c’est terminé. Et l’homme providentiel, le chef d’Etat qui va tout résoudre, qu’on élit avec beaucoup d’espérance et qu’on rejette avec beaucoup de désespoir, c’est terminé. Il faut remplacer cet Etat providence et cet homme providentiel par une société de responsabilité et de confiance. »

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#DimPolFC L’Etat peut-il tout ?

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