Lors de sa visite à Besançon il y a quelques jours, Emmanuel Macron a rencontré plusieurs de ses soutiens en Franche-Comté, lors d’un déjeuner privé à l’école de cuisine de Thierry Marx. Autour de la table, le maire PS de la capitale comtoise, Jean-Louis Fousseret, mais aussi plusieurs personnalités de la société civile et des figures de la droite et du centre. Parmi ces dernières, on trouve même un candidat aux élections régionales sur la liste de François Sauvadet (UDI) et Alain Joyandet (LR). Explications.
Quand on l’a vu arriver à Cuisine Mode d’emploi, l’école montée par Thierry Marx à Palente, on s’est étonné. « Vous en connaissez beaucoup, vous, des candidats qui peuvent rassembler la jeunesse? », nous avait alors répondu Daniel Prieur, président de la chambre d’agriculture du Doubs… Il venait déjeuner avec Emmanuel Macron, lui qui fut candidat en décembre aux régionales sur la liste de l’union de la droite menée par François Sauvadet (UDI) et Alain Joyandet (LR), deux anciens ministres qui soutiennent aujourd’hui Nicolas Sarkozy à la primaire de la droite (en 7e position sur la liste du Doubs, Daniel Prieur n’avait pas été élu).
Quelques jours après ce déjeuner, le syndicaliste FNSEA tempère son enthousiasme pour l’ancien ministre de l’Economie: « Il inspire un certain dynamisme, mais je ne pense pas qu’on résout des problèmes complexes avec des réponses toutes faites ». Daniel Prieur reste un « démocrate-chrétien », pas forcément prêt à suivre ou à voter Macron à la présidentielle. Il ne faut pas voir dans sa présence à ce déjeuner « un signe politique », nous assure-t-il. Mais encore une fois, il se réjouit qu’un « gaillard comme lui » puisse « attirer les jeunes ». Et puis, note le paysan, il peut y avoir « un effet de surprise »…
« Il pourrait être l’homme d’une VIe République »
Lui assure qu’il n’est « pas une groupie », mais il « aimerait » qu’Emmanuel Macron soit candidat. Randall Schwerdorffer est avocat au barreau de Besançon. Un temps encarté au MoDem de François Bayrou, il se définit comme « centriste », et fait partie de ces gens « qui ne savent pas pour qui voter ». « Le problème profond de la politique, c’est les politiques et les partis politiques. Je n’ai pas beaucoup d’affection pour cette monarchie politique créée par les partis, qui confisquent les postes en fonction des accointances et pas des compétences », assène l’avocat.
Pour Randall Schwerdorffer, Emmanuel Macron « n’est pas un politicien de métier, pas un apparatchik, il ne doit pas tout à la politique ». Mais il connaît assez le pouvoir pour le transformer. « Il pourrait être l’homme d’une VIe République. Il n’y a qu’un homme dans le système qui puisse le casser », juge-t-il.
« Il est ouvert à tout bousculer »
Si Randall Schwerdorffer salue la « gymnastique intellectuelle très rapide » de l’ancien ministre, Benoît Vuillemin le trouve lui tout simplement « stupéfiant ». Ce chef d’entreprise fut candidat indépendant aux élections législatives de 2012. Crédité de 2% des suffrages au 1er tour dans la 2e circonscription du Doubs, il avait sollicité, en vain, le soutien du MoDem. « Je suis progressiste, social-démocrate », affirme ce farouche partisan d’une plus forte représentation de la société civile au sein des instances dirigeantes.
Benoît Vuillemin croit d’abord à la réussite d’En Marche, mouvement dont il est donateur. « Emmanuel Macron tient un discours social-libéral qui plaît aux chefs d’entreprise, il est rassurant, affirme-t-il, remarquant que beaucoup d’UDI, de libéraux, sont séduits par ce (presque) candidat qui « est ouvert à tout bousculer ». Avec une réserve toutefois: « Il est très difficile d’incarner le progrès », avec le CV d’Emmanuel Macron: Ena, inspection des finances, banque d’affaires, cabinet de l’Elysée et enfin Bercy… Le parcours du populaire quadragénaire n’a pas forcément les contours du renouveau…
Et maintenant, un programme ?
Reste maintenant l’essentiel: « il faut passer aux propositions », estime Benoît Vuillemin. « Je suis prêt à m’engager, mais quel est son programme? » demande, comme en écho, Randall Schwerdorffer.
Des idées d’Emmanuel Macron, on ne connaît en effet pas grand-chose. A croire que le patron d’En Marche connaît ses classiques, notamment le Cardinal de Retz. En politique sûrement plus qu’ailleurs, on ne sort de l’ambiguïté, bien souvent, qu’à ses dépens.
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