« Eclatement de l’union », « chape de plomb », « démobilisation »… le mail accusateur d’un cadre de l’UDI pour les régionales

Le courriel a été envoyé il y a quelques jours à plusieurs dizaines d’adhérents de l’UDI en Franche-Comté. Un courriel au vitriol, signe du malaise de certains membres de la formation de centre-droit, alors même que c’est un des leurs, le Bourguignon François Sauvadet, qui a été désigné tête de liste pour l’union Les Républicains-UDI. Six militants, parmi lesquels le vice-président de l’UDI dans le Doubs Philippe Gonon, dénoncent une stratégie qui « conduit à l’éclatement de l’union de la droite du centre, à la démobilisation des cadres de l’UDI, au désengagement de nos forces militantes UDI, à la présentation d’une liste mono parti qui ne représente aucun équilibre. » Rien de moins. Il nous explique les raisons de ce gros coup de gueule.

Philippe Gonon est aujourd’hui conseiller municipal d’opposition à Besançon, et vice-président du Département du Doubs. Deux mandats conquis dans le cadre d’alliances entre l’UMP (LR aujourd’hui), l’UDI et le MoDem.

Pour lui, « François Sauvadet a toujours été le meilleur candidat », mais les dynamiques d’union qui ont permis la conquête de plusieurs conseils départementaux au printemps « s’effondrent ». Lassé d’attendre, le MoDem de Christophe Grudler a déjà annoncé qu’il présenterait sa propre liste (lire ici).

« Silence radio » demandé par François Sauvadet

Dans le courriel, qu’il co-signe avec Pascal Bride, trésorier de l’UDI du Jura, Wilfrid Le Naour, Patrick Gesell, Gérard Garrigues et Denis Poignand, Philippe Gonon a des mots durs: « La chape de plomb qui règne depuis mai sur la constitution des listes comme sur la rédaction du projet régional n’arrive plus à occulter le mécontentement qui règne à la base au sein de l’UDI ».

Il s’étonne d’ « un mail de Francois Sauvadet qui demande à tous le silence radio » et vise sans détour Michel Zumkeller. Le numéro 3 du parti, député UDI du Territoire de Belfort, est traité ni plus ni moins de « fieffé hypocrite », accusé par les auteurs du courriel d’organiser une « OPA AGRESSIVE ET HEGEMONIQUE du parti radical sur l’UDI Franche Comté » (sic).

Les « outrances » d’un homme « qui ne cherche qu’une place » 

C’est ici qu’il faut rappeler que l’UDI est une fédération de partis de centre-droit: le Parti radical de Laurent Hénart, la Force européenne démocrate de Jean-Christophe Lagarde (l’actuel président de l’UDI), le Nouveau Centre d’Hervé Morin, la Gauche Moderne de Jean-Marie Bockel ou encore l’Alliance centriste de Jean Arthuis. Autant de chapelles qui revendiquent leur part de gâteau au moment de constituer des listes de candidats.

Du coup, ce courriel enflammé n’est autre qu’un coup de sang d’adhérents qui aimeraient une plus juste répartition des places. Philippe Gonon, qui ne cache pas qu’il a été candidat (et qu’il a été rapidement écarté), décrit les signataires comme des « pro-Jégo ». Yves Jégo, le vice-président de l’UDI et membre… du parti radical ! On espère que vous suivez.

Suite à ce courriel, Michel Zumkeller a lui aussi pris son clavier et adressé une belle missive aux dirigeants nationaux de l’UDI. Il dénonce « les outrances de Philippe GONON qui ne cherche qu’une place et qui ne prétend travailler que pour Besançon mais qui s’il était élu abandonnerait pour raison de non cumul de mandat sa place de Conseiller Municipal parce que non lucrative ».

Il défend par exemple avec force la 4e place sur la liste du Doubs de Nathalie Bertin, présidente départementale du parti radical.

Enfin, Michel Zumkeller reconnaît qu’il a récemment pris attache avec François Sauvadet pour lui rappeler les termes de l’accord: 25% de places pour les candidats UDI. « Des fois, on oublie deux ou trois trucs », se justifie-t-il. Bref, la confiance règne…

« C’est le bordel un peu partout »

Un fin connaisseur des tractations pour les listes le reconnaît: « C’est le bordel un peu partout », et notamment dans l’Yonne, où les relations entre Les Républicains et l’UDI sont loin d’être sereines et apaisées…

Autant de tergiversations sur lesquelles prospérera la liste « du centre » du MoDem Christophe Grudler, qui multiplie d’ailleurs les contacts avec les mécontents…

Et le projet régional dans tout ça ? « On l’attend », déplore les uns. « Il ne s’est rien passé », se lamentent les autres.

Nous revient alors ce bon mot de François Bayrou, en 2011: « Rassembler les centristes, c’est comme conduire une brouette pleine de grenouilles: elles sautent dans tous les sens. » Là, il s’agit de rassembler à la fois les centristes et les Républicains. Et on se demande qui conduit la brouette. 

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