A force, on va finir par se demander si Les Républicains et l’UDI sont bien alliés pour les élections régionales en Bourgogne Franche-Comté. On vous a conté ici les divisions à droite dans le département du Doubs. Cette fois, c’est la Haute-Saône qui cristallise les tensions. Michel Zumkeller, secrétaire général de l’UDI et député du Territoire de Belfort, a pris la plume pour exiger d’Alain Joyandet, président départemental de LR, le respect de l’accord entre les deux partis. « Je pense que vous avez perdu mon numéro de téléphone », reproche le député UDI au sénateur LR. « Mon interlocuteur pour la constitution de nos équipes de candidats, c’est François Sauvadet », lui répond sèchement le chef de file régional de Les Républicains. Ambiance…
Michel Zumkeller ne s’en cache pas. Il se lance dans « une guérilla ».
Quelques jours seulement après avoir accusé Jean-Marie Binetruy, président départemental du parti Les Républicains dans le Doubs, d’écarter la candidature de sa protégée, Nathalie Bertin, pour « d’obscures rancœurs personnelles » (lire ici), voilà que le député UDI du Territoire de Belfort écrit cette fois à Alain Joyandet. Le sénateur de Haute-Saône est aussi le président départemental de LR.
« Si je me permets de vous contacter par courrier, c’est parce que je pense que vous avez perdu mon numéro de téléphone ou mon mail. En effet, depuis notre dernière réunion à Besançon courant juillet, je n’ai eu aucune nouvelle. Pourtant les choses sont simples, à ce jour, dans le cas où comme nous le souhaitons tous, notre liste viendrait à l’emporter, 25% d’UDI en Franche-Comté représenteraient 7 élus ».
Le secrétaire général de l’UDI, numéro 3 de son parti, s’adresse donc aux présidents départementaux de Les Républicains pour négocier des places éligibles pour ses adhérents. En Franche-Comté, l’UDI a obtenu ce qu’elle voulait avec de bonnes places pour la Belfortaine Laëtitia Guilbert et le Jurassien Simon Esteve. Reste donc la question du Doubs et de la Haute-Saône.
« L’expérience et les compétences de Nathalie Bertin en fait la personnalité incontournable en 4e position dans le Doubs. La situation de Loïc Cavagnac est plus claire encore. En effet, Loïc a non seulement été investi par notre CNI (commission nationale d’investiture, NDLR) mais c’est vous-même et votre collègue Michel Raison qui avez garanti par mail en date du 24 juin 2014, une place en position éligible à Loïc Cavagnac en échange du soutien de l’UDI aux sénatoriales ».
Et Michel Zumkeller de fournir la copie dudit courriel, intitulé « Demande d’investiture élections sénatoriales Haute-Saône » et adressé à Loïc Cavagnac. Alain Joyandet et Michel Raison y sollicitent le soutien de l’UDI « dès le premier tour ».
« En contrepartie, nous nous engageons à soutenir la candidature de Monsieur Loïc Cavagnac aux élections départementales de 2015 sur l’agglomération de Vesoul en binôme. En cas de liste commune UMP/UDI pour le premier tour des élections régionales, nous nous engageons également à soutenir la candidature de Monsieur Loïc Cavagnac en position éligible », écrivent alors les candidats, devenus sénateurs.
Michel Zumkeller précise par ailleurs que l’UDI prendra sur son quota de candidats Anne-Laure Fléty, 2e en Haute-Saône (derrière Alain Joyandet et devant Stéphane Kroemer), et « un membre de la société civile en 7e place dans le Doubs », très probablement Daniel Prieur, président de la chambre d’agriculture et syndicaliste FNSEA.
« Il ne m’appartient pas de régler les arbitrages au sein de votre famille politique »
Ce jeudi, Alain Joyandet a répondu à Michel Zumkeller. Pas par téléphone, ni par mail. Par courrier. Dans cette lettre (à consulter en intégralité plus bas), le chef de file de LR aux régionales signifie au n°3 de l’UDI… qu’il n’a rien à lui dire:
« Mon interlocuteur pour la constitution de nos équipes de candidats est par conséquent Monsieur François Sauvadet avec lequel nous travaillons depuis plusieurs mois, en confiance, pour l’efficacité de notre liste commune. En tant que chef de file régional des Républicains, il ne m’appartient pas de régler les arbitrages au sein de votre famille politique. »
Fermez le ban.
A quoi joue Michel Zumkeller ?
En étalant sur la place publique ces négociations d’arrière-boutique, Michel Zumkeller met clairement les pieds dans le plat et entend forcer la main à ses alliés. Mais la méthode pose plusieurs questions:
- Les discussions sont-elles à ce point tendues, ou inexistantes, pour qu’un cadre national de l’UDI se braque ainsi face à son allié LR ?
- Le numéro 3 du parti centriste, Michel Zumkeller, monte-t-il au créneau pour défendre ses troupes parce que François Sauvadet ne le fait pas ?
- Pourquoi François Sauvadet ne tranche-t-il pas, et boucle enfin ces listes sans cesse renégociées et sujettes à de sempiternelles spéculations ?
Une chose, une seule, est au moins certaine: le dépôt des candidatures devra obligatoirement se faire entre le 2 et le 9 novembre. L’heure du verdict approche, et à droite il y aura apparemment des déçus. Beaucoup de déçus…
Courrier de Michel Zumkeller à Alain Joyandet
Réponse d’Alain Joyandet à Michel Zumkeller
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