L’affaire est à peine croyable. Marie-Christine Dalloz, députée Les Républicains du Jura, a reçu mardi à Strasbourg une notification du procureur de Kiev, l’accusant d’avoir violé le code criminel ukrainien. Les autorités de Kiev lui reprochent sa visite en Crimée, un territoire occupé par la Russie, en juillet dernier. Un déplacement qui, selon la loi ukrainienne, pourrait lui valoir entre 5 et 7 ans de prison. « Je ne suis pas traumatisée », assure Marie-Christine Dalloz, qui rappelle qu’elle bénéficie d’une immunité parlementaire et qu’elle n’a, de toute façon, aucune intention de se rendre en Ukraine.
C’est une délégation ukrainienne, parmi lesquelles figuraient plusieurs députés, qui lui a remis le document mardi soir, à la sortie de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Marie-Christine Dalloz y représente la France.
La députée française a vu « une nuée » d’Ukrainiens s’approcher d’elle et lui remettre, via un interprète, une notification du procureur de Kiev. « Ils me reprochent d’avoir pris l’avion entre Moscou et Simferopol (la capitale de la Crimée, NDLR), une ligne interdite pour eux », nous explique aujourd’hui Marie-Christine Dalloz.
L’élue jurassienne faisait partie de la délégation de neuf parlementaires français qui a visité la Crimée en juillet dernier, suscitant une vive polémique (lire ici). L’ambassadeur d’Ukraine en France avait publiquement fait part de son indignation: « Cette visite est entièrement organisée et contrôlée par les autorités russes. Vous et vos collègues seront utilisés pour mettre en œuvre les tentatives du Kremlin de légitimer l’annexion de la Crimée ». Et le diplomate de considérer que cette visite constituait, déjà, « une violation directe de la législation ukrainienne et du droit international » et « un manque de respect à la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine ».
Entre 5 et 7 ans de prison
« On a été reçue par une fondation russe, pas par les autorités », se défend Marie-Christine Dalloz, qui ne regrette absolument pas ce voyage controversé: « Cela m’a permis de rencontrer des membres du gouvernement provisoire, certes, mais aussi de toucher du doigt la souffrance d’un peuple. Cela m’a profondément marqué. Les routes, par exemple, sont défoncées, et à cause du blocus, ils n’ont rien pour reconstruire ».
Reste maintenant cette procédure judiciaire, qui ressemble fort à une manœuvre d’intimidation diplomatique.« Il est précisé sur la notification que je risque entre 5 et 7 ans de prison mais je ne suis pas traumatisée, je ne vais pas demander un visa pour aller en Ukraine », assure Marie-Christine Dalloz, qui espère surtout « qu’on sorte de ce conflit entre l’Ukraine et la Russie, qui fait de gros dégâts collatéraux en Europe ».
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