Le Front National, puis le Rassemblement National, ont toujours « réussi » les élections avec des scrutins de listes : les municipales et les régionales. Pour les autres élections, plus déterminées par la notoriété des candidats comme les municipales et les départementales, c’est beaucoup plus difficile. Cette année, le parti peine à trouver des candidats. Pourtant, la Franche-Comté a vu le FN ou RN en forte progression sur les derniers scrutins. Paradoxe ? Pas vraiment.
Historique du FN en Franche-Comté
Pour les régionales :
Le Front National de Jean-Marie Le Pen compte ses premiers élus en Franche-Comté dès les élections régionales de 1986, avec 4 élus. Depuis cette date, le parti d’extrême droite a toujours eu des représentants dans l’assemblée régionale : 5 en 1992, 9 en 1998 (il joue alors les arbitre entre la droite et la gauche à égalité de sièges), 5 en 2004, 4 en 2010. En 2015, lors de l’élection Bourgogne – Franche-Comté, le RN obtient 24 sièges sur les 100 que compte la nouvelle assemblée.
Pour les municipales :
En 1995, le FN fait son entrée dans les conseils municipaux de Belfort, Audincourt, Besançon et Dole avec 9 élus au total. Il confirme son implantation en Franche-Comté, en 2001, lors du scrutin suivant, avec 5 élus répartis à Montbéliard, Audincourt, Vesoul et Dole.
La dernière fois, en 2014, il réussit à faire élire 2 élus dans chaque assemblée de Besançon, Montbéliard et Belfort.
Municipales 2020
Comment expliquer la situation de cette année ? Seulement 3 listes estampillées « RN » en lice dans notre région : Stéphane Montrelay, sera candidat à sa succession à la mairie de Rans, petite commune du Jura ; Patrice Lombard est candidat à Fresse en Haute-Saône (il a déjà été maire dans cette commune mais pas lors du dernier mandat) et seule grande ville à voir s’aligner une liste RN sur la ligne de départ, Besançon, avec Jacques Ricciardetti.
Le RN n’a pas réussi à convaincre dans des villes où il a déjà présenté des candidats :
Pas de liste RN à Belfort, la candidate, Marie-Laure Duchanoy, n’a pas réussi à « boucler » sa liste
Pas de liste à à Vesoul, où le parti avait investi une jeune femme, Léonie Cuenot, sans savoir qu’elle avait quitté le RN
Pas de liste à Montbéliard, contrairement à 2014.(Le mari de Sophie Montel, Robert Sennerich, a été condamné pour abus de faiblesse : il avait inscrit comme candidate sur sa liste une personne âgée qui n’avait plus toutes ses capacités intellectuelles)
Les listes annoncées à Valentigney, Bart ou Bourguignon ne verront pas le jour…
Peu de listes pour un parti pourtant en tête dans tous les scrutins nationaux en Franche-Comté : le phénomène n’est pas nouveau mais il est très criant cette année. (le RN est en tête au premier tour de la présidentielle de 2017 et aux européennes de 2019 en Franche-Comté)
- Les citoyens ne s’engagent plus ou moins dans la vie publique.
- Les sympathisants FN hésitent toujours à s’afficher dans le camp de Marine Le Pen.
- Le parti n’arrive pas à « garder » ses responsables : Scission avec Bruno Mégret, départ de Florian Philippot ou encore, chez nous, départ de Sophie Montel qui a géré le FN durant plus de 20 ans dans la région.
- Les élus ne restent pas au parti (A lire sur le blog : 150 % des RN ont quitté leur parti en Franche-Comté, 28 % au niveau national)
Les explications officielles
« On manque d’implantation locale », reconnaît Julien Odoul, le patron du groupe RN à la région, qui demande du temps pour reconstruire après le départ de l’emblématique Sophie Montel. « On ne veut plus de parachutage comme cela se faisait avant » racontait Jacques Ricciardetti rencontré à Belfort début janvier « On veut des candidats qui vivent dans les communes où ils se présentent. Et les virages idéologiques des uns et des autres nous nuisent. »
C’est donc le score de Jacques Ricciardetti, candidat à Besançon, qui sera observé à la loupe le soir du premier tour, le 15 mars. Il y a 6 ans, la liste RN avait totalisé 12 % au premier tour et au second 8 % obtenant ainsi 2 élus, qui ont depuis, tous les deux, quitté le RN.