26 Fév

Municipales : chronique d’une défaite annoncée pour la gauche ?

Municipales 2014 : chronique d'une défaite annoncée ?

Municipales 2014 : chronique d’une défaite annoncée ?

Dans moins de 4 semaines, on vote pour le premier tour des élections municipales. La gauche détient la grande majorité des villes : 24* des 41 villes de Franche-Comté de plus de 3500 habitants.

Elle devrait être la grande perdante de ces élections « intermédiaires ». Mais pas sûr que l’UMP sache rafler la mise. Quant au Front National, il sent venir son heure…

La gauche se « fait du souci » comme on dit chez moi et elle a bien raison.

Tous les indicateurs sont au rouge. Au national, le président Hollande bat des records d’impopularité, la courbe du chômage n’a pas été inversée, et le gouvernement est décrié pour son impuissance.

On sait que des élections « intermédiaires », c’est-à-dire entre deux scrutins nationaux, sont difficiles pour le pouvoir en place. Aux municipales de 2008 **, l’UMP l’a payé cash. La gauche a gagné de nombreuses communes (8 villes de plus de 3500 habitants en Franche-Comté, dont Montbéliard et Dole). Elle a donc beaucoup à perdre en mars 2014.

L’abstention : l’une des clés du scrutin

Sa première crainte : l’abstention de son électorat. Dégoûté par les maigres résultats de la politique nationale, le « peuple de gauche » pourrait ne pas se déplacer dans les bureaux de vote.

Seul point positif : la bonne image des élus … locaux. Si 75 % des Français rejettent les politiques, 70% d’entre eux font confiance à leur maire… Et comme de nombreux sortants sont de gauche, la casse pourrait être limitée par ce qui est appelé « la prime au sortant ».

Autre chiffre significatif : seulement 30 % des électeurs se détermineront par rapport aux questions nationales, 70 % aux problématiques locales. Si le « local » pèse plus lourd que le « natio », la gauche pourra peut-être amortir le choc.

Les critères de choix : l’emploi et le développement économique, la sécurité et la fiscalité.

Autre donnée importante : la gauche part divisée. A Besançon, Vesoul, Lons-le-Saunier, Belfort, on ne compte plus les listes de gauche… Pas sûr que cet éparpillement soit productif pour le deuxième tour.

A droite ?

Et l’UMP dans tout ça ? Certains maires de droite semblent bien installés comme Annie Genevard à Morteau, Patrick Genre à Pontarlier ou encore Alain Chrétien à Vesoul, maire sortant mais après seulement 2 ans d’exercice du pouvoir. Jacques Pélissard, lui, brique un 5e mandat. A l’heure où les électeurs veulent du renouvellement, ce cumul dans le temps est peut-être un handicap…

Mais l’UMP ne semble pas en mesure de capitaliser le rejet de ce gouvernement et du Président de la République. Trop de divisions là aussi, le conflit Copé-Fillon a laissé des traces. Trop tôt peut-être aussi après la défaite de Nicolas Sarkozy

Le Front National

Mais UMP et PS sont au moins d’accord sur un point : leur peur du Front National.

Le parti de Marine Le Pen compte beaucoup sur ces élections pour montrer son implantation locale, forte dans certains secteurs géographiques. Marine Le Pen a déclaré à Melun fin janvier : « Que le FN fasse des scores supérieurs à la présidentielle lors des élections locales, c’est une vraie nouveauté. » (Source AFP)

Le FN annonce 3 listes en bonne voie dans notre région (Besançon et Montbéliard sont déjà déposées, celle de Belfort est presque terminée, selon Sophie Montel, la responsable régionale).

En fait, notamment à cause de la parité homme-femme, le FN a quelques difficultés à constituer ses listes. Il y a deux mois, le parti de Marine Le Pen en espérait 6 dans notre région.

Il faut au moins 10% des suffrages exprimés pour se qualifier au second tour. Un seuil à la portée des candidats FN… et dans toutes les villes de Franche-Comté où il arrivera à présenter une liste.

La difficulté actuelle du FN n’est pas de franchir ces 10% fatidiques mais de constituer ses listes.

Le FN au secours de la gauche

Autre paradoxe : lors d’une triangulaire « traditionnelle », droite, gauche et FN, c’est généralement le candidat de gauche qui sort vainqueur du deuxième tour.

Le FN servira peut-être à minimiser la défaite de la gauche le 30 mars. En Franche-Comté et en France.

Dans ce cas, ce ne serait pas glorieux.

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*Villes détenues par la droite :

Dans le Doubs :

Etupes, Morteau, Ornans, Pontarlier, Saint-Vit, Seloncourt, Villers-le-Lac

Dans le Jura :

Champagnole, Lons-le-Saunier, Morez, Poligny, Tavaux

En Haute-Saône :

Gray, Luxeuil-les-Bains, Vesoul

Dans le Territoire de Belfort :

Beaucourt, Valdoie

*Villes détenues par la gauche :

Dans le Doubs :

Audincourt, Baume-les-Dames, Bavans, Besançon, Bethoncourt, Grand-Charmont, Hérimoncourt, Maîche, Mandeure, Montbéliard, Pont-de-Roide, Sochaux, Valdahon, Valentigney

Dans le Jura :

Dole, Saint-Claude

En Haute-Saône :

Fougerolles, Héricourt, Lure, Saint-Loup-sur-Semouse

Dans le Territoire de Belfort :

Bavilliers, Belfort, Delle, Offemont

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** Aux élections municipales de 2008,  9 communes de plus de 3500 habitants ont changé de couleur politique :

A basculé de gauche à droite : 1

En Haute-Saône : Luxeuil-les-Bains

Ont basculé de droite à gauche : 8

Dans le Doubs : Bavans, Bethoncourt, Sochaux, Valentigney, Montbéliard,

Dans le Jura : Saint-Claude et Dole

En Haute-Saône : Saint-Loup-sur-Semouse

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