Le Front National est très bien implanté en Franche-Comté et depuis longtemps. De la présidentielle de 2002 où Jean-Marie Le Pen arrivait en tête dans les 4 départements francs-comtois jusqu’aux dernières européennes de mai 2014, en passant par le conseil régional depuis 30 ans, le FN s’est installé dans notre région. Chiffres et résultats à l’appui, voici pourquoi le FN pourrait être le premier parti de Franche-Comté au soir du premier tour. Pour la plus grande joie de sa responsable régionale, Sophie Montel, députée européenne depuis mai 2014.
1986 : premiers élus FN au conseil régional
En 1986, le Front National fait une entrée fracassante dans la vie politique de Franche-Comté au conseil régional avec 4 élus. Le parti d’extrême droite ne quittera plus l’assemblée régionale.
En 1992 : 5 élus en 1992 dont Roland Goguillot-Gaucher ancien collaborationniste et directeur de National Hebdo. Son élection suscite de grandes manifestations hostiles.
En 1998 : 9 élus en 1998, le FN joue les arbitres entre la droite et la gauche, à égalité de sièges. Jean-François Humbert, UDF, élu avec des voix FN comme président démissionne aussitôt. C’est le premier homme politique dans ce cas en France à adopter cette attitude, contre l’avis d’ailleurs de certains de ses amis politiques. Un accord est passé entre droite et gauche justement pour que le Front National ne joue pas l’arbitre.
En 2004 : 5 élus
En 2010 : 4 élus
1989 : Le FN fait son entrée dans les conseils municipaux
C’est à Belfort que le Front National fait son entrée dans un conseil municipal avec 2 élus. Aux municipales suivantes, en 1995, le FN compte 9 élus en Franche-Comté : à Belfort (3 élus), à Audincourt (3), à Besançon (2) et à Dole (1)
Après la scission avec le MNR (Mouvement National et Républicain) de Bruno Mégret, le FN connaît un passage à vide.
En 2001, aux municipales, il ne compte plus que 5 élus municipaux en Franche-Comté à Dole (1 élu), à Vesoul (1), à Audincourt (2) et à Montbéliard (1).
Lors des municipales suivantes, en 2008, aucun candidat FN n’est élu.
En 2014, pour les dernières municipales, on voit des élus municipaux FN élus à Besançon (2 élus), Montbéliard (2) et Belfort (2). A noter que dans deux départements, le Jura et la Haute-Saône, le Front National n’a pas été capable de présenter des listes pour ce scrutin.
2002 : la présidentielle avec Le Pen au second tour
C’est coup de tonnerre en France et en Franche-Comté, la présidentielle de 2002. Non seulement Lionel Jospin, le socialiste, est éliminé mais c’est Jean-Marie Le Pen, qui est qualifié pour le second tour face à Jacques Chirac, UMP.
En Franche-Comté, Jean-Marie Le Pen est en tête dans les 4 départements. Il totalise 20 % des voix dans la région.
Doubs : 19 %
Jura : 18,3 %
Haute-Saône : 22,3 %
Territoire de Belfort : 22,5 %
Des manifestations anti-Le Pen se déroulent dans plusieurs villes en Franche-Comté le dimanche 1er mai. La plus importante à Besançon réunit plusieurs dizaines de milliers de personnes.
S’il est battu par Jacques Chirac, Jean-Marie Le Pen gagne malgré tout 6000 voix en Franche-Comté entre les deux tours.
En 2007, lors de la présidentielle suivante, Jean-Marie Le Pen ne réitère pas les mêmes scores : il obtient moins de 14 % sur l’ensemble de la région.
En 2012, c’est sa fille, Marine Le Pen, qui se présente à son tour. C’est dans le Doubs et le Jura qu’elle réalise ses moins bons résultats avec respectivement 19 % et 20,40 % des suffrages. Comme habituellement, dans le Territoire de Belfort et en Haute-Saône, elle obtient ses meilleurs scores avec 23,7 % et 25,1 % des voix.
Aux législatives suivantes, une seule circonscription voit un candidat FN se maintenir au second tour. Il s’agit de la 4ème du Doubs : Sophie Montel récolte 24 % et peut se maintenir au second tour face à Charles Demouge, UMP, et Frédéric Barbier, PS, qui sera finalement élu. Suite à la nomination de Pierre Moscovici à Bruxelles, en début de cette année, une élection législative partielle a lieu. Elle oppose ces mêmes trois candidats, entre autres, mais Charles Demouge est éliminé dès le premier tour. Frédéric Barbier, PS, l’emporte d’extrême justesse avec 863 voix seulement d’avance face à Sophie Montel.
2014 : Les européennes réussies pour le FN
Dernières élections générales en date : les européennes de mai dernier qui ont vu le FN en tête dans nos 4 départements de Franche-Comté :
Doubs : 26,77 %
Jura : 26,7 %
Haute-Saône : 34,2 %
Territoire de Belfort : 30,2 %
Total en Franche-Comté : 29 %
Pour notre zone européenne « Est », le FN obtient 4 élus, (dont la Franc-comtoise Sophie Montel) ; l’UMP 3 élus ; le PS 1 et le MoDem 1 également.
2015 : pour les départementales, le FN encore en tête ?
Oui, le FN devrait être en tête dans des élections qui, habituellement, ne lui conviennent pas.
Les ex-cantonales étaient des élections de notables. C’était souvent le maire du chef-lieu du canton qui était élu conseiller général. Le Front National étant peu implanté, et n’arrivant que difficilement à fidèliser ses militants, ses scores n’étaient pas bons. De plus, le parti d’extrême droite peinait à trouver des candidats pour tous les cantons. La preuve : souvent les candidates étaient inscrites sous leurs noms de jeune fille, par souci de discrétion.
Petit retour en arrière sur les dernières cantonales :
En 2008, sur 57 cantons renouvelables, le Front National présente des candidats dans 22 d’entre eux. (Les résultats s’échelonnent de 5 à 15 % sur les 4 départements.)
Un seul candidat se qualifie pour le second tour avec 15 % : Claude Thiébaud sur Lure-Sud.
En 2011, pour le dernier scrutin cantonal, Le FN est présent dans 39 sur 59 cantons renouvelables. Le FN améliore considérablement ses résultats.
Cette année-là, 11 candidats FN se retrouvent au second tour, dans des duels ou des triangulaires.
Doubs : des scores de 11 % à 31 %
25 % pour Montbéliard Est qui donne un duel FN-UMP
25 % pour Pont-de-Roide dans laquelle Sophie Montel, FN, se retrouve dans une triangulaire avec Louis Cuenin, UMP, et Frédéric Barbier, PS.
31 % à Montbéliard-Est et Etupes où les candidats FN se retrouvent face à des candidats PS
Jura : de 12 % à 23 % mais sans qualification pour le second tour
Haute-Saône : des scores de 13 % à 29 %
23 % à Fresnes-Saint-Mames pour une triangulaire
26 % à Héricourt-Ouest et Lure-Nord pour des duels avec le PS
29 % à Champagney pour un duel avec le candidat de gauche
Territoire de Belfort : des scores de 18 % à 27 %
23 % à Offemont et Belfort-Ouest pour un duel avec la gauche
27 % à Belfort Nord pour un duel avec le PS
Avec une première place pour les dernières Européennes et une législatives partielle manquée de peu, des sondages excellents, le parti de Marine Le Pen aborde ces élections départementales en position de favori.
Au soir du premier tour, le 22 mars, le FN devrait être en tête dans les 4 départements de Franche-Comté.