Manon Aubry, tête de liste pour la France Insoumise aux élections européennes du 26 mai, a été adoubée par le fondateur du mouvement, Jean-Luc Mélenchon, lors d’un meeting commun à Besançon ce mardi soir. Le député Alexis Corbière et les trois candidats comtois, Anne-Sophie Pelletier, Gabriel Amard et Laurence Lyonnais, tous en position éligible, étaient également sur scène. Un casting de premier plan qui a attiré près de 950 sympathisants au Kursaal.
« Ce sera toujours quelque chose de particulier pour moi de parler à Besac' ».
Jean-Luc Mélenchon connaît bien la capitale comtoise, et pour cause: il y a étudié et s’y est marié, comme il l’a rappelé d’emblée. La séquence nostalgie fut de courte durée, car le député des Bouches-du-Rhône est là pour parler politique, campagne oblige.
Et s’il n’est lui-même candidat, il se félicite d’avoir transmis le flambeau: « Lorsque je vois cette jeune femme en tout point admirable qu’est Manon Aubry, porter dorénavant notre drapeau dans cette bataille, je me dis, ‘le travail avec fait’, et je viens devant avec fierté pour dire: ‘J’ai fait le boulot’! »
« Vous m’avez complètement bluffée »
L’héritière n’a que 29 ans, a fait ses armes dans l’humanitaire, et se lance pour la première fois dans l’arène politique. A la tribune, elle salue d’abord l’engagement des militants de terrain: « Je ne connaissais pas le militantisme politique et je vais vous faire une vraie confession: je vous découvre et vous m’avez complètement bluffée ».
Son engagement à elle, c’est plutôt la lutte contre l’évasion fiscale (son domaine de compétence à l’ONG Oxfam). Un terrain sur lequel elle compte batailler à Strasbourg et Bruxelles. Car les Insoumis le clament haut et fort: ils veulent envoyer au Parlement européen des députés de combat, à même de résister aux lobbies qui « gangrènent, pourrissent, achètent ». Jean-Luc Mélenchon veut donc « des têtes dures, des têtes de lard, qui disent non ».
Derrière lui, trois candidats de la région, tous en position éligible: Anne-Sophie Pelletier, 5e sur la liste, figure de la grève de 117 jours à l’Ehpad de Foucherans; un autre Jurassien, Gabriel Amard, ancien élu local francilien, grand défenseur de la gestion publique de l’eau (n°8); Laurence Lyonnais, spécialiste de l’agriculture (n°11), « c’est elle qui sera la défenseuse du comté au Parlement européen », lance Manon Aubry.
« Gloire aux gilets jaunes »
Sur scène, les intervenants défendent la sortie des traités, les services publics et les fonctionnaires. Et aussi les gilets jaunes.
« Il faut que ce soit dit: gloire aux gilets jaunes, malgré tous leurs défauts, malgré tout ce qu’ils n’ont peut-être pas bien fait, et moi non plus je n’ai pas tout bien fait, et vous non plus… Mais nous avons fait l’essentiel: se dresser quand il faut se dresser ». Jean-Luc Mélenchon a aussi rendu hommage aux occupants des ronds-points, dont plusieurs étaient dans la salle…
« Non, ce qui est commun à toute l’Europe, ce ne sont pas ses racines religieuses. Ce qui est commun à toute l’Europe, c’est que dans tous les pays d’Europe, a déferlé la philosophie des Lumières, qui a tout fracassé, détruit les trônes, renversé les puissants, et établi des démocraties.Ce qui est commun à l’histoire de l’Europe, c’est la résistance acharnée contre les racistes, les nazis et leurs successeurs actuels dans l’extrême droite », harangue le tribun insoumis. Nous marchons droit, et plus vous en élirez, plus on fera marcher droit les autres aussi ».
Créditée de 8 à 10% des intentions de vote dans les sondages, la France insoumise est au coude à coude avec Europe Ecologie-Les Verts pour la 4e place le 26 mai. Manon Aubry ne cesse de le rappeler, tout se jouera sur la mobilisation des électeurs de chaque camp. Et à Besançon, le réservoir de voix est important. Jean-Luc Mélenchon avait recueilli 25% des voix au premier tour de la présidentielle, en 2017.
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