EDITO. Augmentation des indemnités, retour des privilèges, affichage avec des lobbies, absentéisme parlementaire… C’est peu de dire que l’actualité des derniers jours n’a pas redoré le blason, pourtant déjà bien terne, de nos élus. Du Département du Doubs à la Région, de l’Assemblée au Sénat, ils se sont appliqués à fournir du grain à moudre aux adeptes, de plus en plus nombreux, du « tous pourris ». Le fossé entre les citoyens et leurs représentants est de plus en plus profond. En agissant comme ils le font, nos élus creusent encore, sans aucune conscience de l’ampleur du rejet croissant qu’ils inspirent. Un déni de réalité déconcertant. Et préoccupant.
Bien sûr, on nous accusera de populisme. Et pourtant, ici peut-être plus qu’ailleurs, on croit à la politique, au dévouement des élus, et à leur capacité de changer nos vies.
Seulement voilà, à un moment, ça commence à bien faire.
Il y a d’abord cette augmentation des indemnités au conseil régional de Bourgogne Franche-Comté (lire ici). Bien sûr, c’est légal. Bien entendu, nos conseillers régionaux à nous sont les moins payés de France, même avec cette augmentation de 20%, à cause de la « faible » population régionale. Mais dans un contexte de crise, quand les élus depuis des lustres n’ont que le mot « austérité » à la bouche, comment justifier un tel bonus ?
Il y a ensuite cette exonération de loyers, votée par le conseil départemental du Doubs, pour la présidente de l’assemblée et le directeur des services (lire ici). Bien sûr, la collectivité fait ce qu’elle veut de son patrimoine foncier. Mais alors même que la présidente agite le risque d’une « impasse budgétaire » pour son Département, comment peut-elle proposer de ne plus payer de loyer pour l’appartement qu’elle occupe, à rebours des pratiques de la majorité précédente ?
Il y a aussi cette émission de télévision, Cash Investigation, qui surprend en plein dîner deux de nos sénateurs, parmi d’autres parlementaires, au cours d’un repas de lobbying organisé et financé par un fabricant de pesticides (lire ici). Bien sûr, tous nos parlementaires, à Bruxelles ou à Paris, sont approchés par des groupes d’intérêts, dans tous les domaines. Bien entendu, les élus ne sont pas spécialistes en tout, et ils ont besoin d’être informés et conscients des enjeux de leur vote. Mais sont-ils obligés de se laisser inviter à dîner, et de dénoncer « l’agression » de « médias qui se croient tout permis » ?
Il y a enfin cette Assemblée nationale aux trois quarts vide, pour voter l’article 1er du projet de loi constitutionnelle de « protection de la Nation », celui-là même qui « constitutionnalise » l’état d’urgence. Pas une mince affaire. La classe politique s’écharpe là-dessus depuis des mois. Et pourtant, sur 577 députés, seulement 136 votants (lire ici). Des 12 élus de Franche-Comté, seulement deux se sont exprimés: oui pour Frédéric Barbier (PS), non pour Barbara Romagnan (PS). Les 10 autres, tous les autres, avaient sûrement mieux à faire. Un absentéisme redoutable…
Evidemment, chacun trouvera des justifications, de brillantes argumentations ou de bonnes excuses…
Reste que l’image donnée est désastreuse. Et qu’on a de plus en plus de mal à vous défendre. Car oui, dans la grande majorité des cas, on vous défend, on démonte le poujadisme ambiant, on met en avant votre engagement.
Mais désormais, il faudrait tirer la sonnette d’alarme, vraiment, pour enfin entendre la colère, l’incompréhension, la consternation…
Il faudrait réagir, et changer. Vite.
Avant qu’il ne soit trop tard.
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