Et si on osait la proportionnelle ? déjà fait ! C’était en 1986 et Mitterrand l’avait utilisée à des fins bien précises… Voici ce que ces législatives « Nouvelle formule » avaient donné dans notre région…
Le président-candidat, Nicolas Sarkozy, a annoncé dans son discours de dimanche à Marseille qu’il souhaitait un peu de proportionnelle pour les élections législatives…Celles de 2017, pas celles de juin prochain…Un petit retour en arrière s’impose sur cette proportionnelle, l’un des nombreux serpents de mer de notre 5ème république.
La proportionnelle faisait partie des propositions du candidat Mitterrand… en 81 ! Et le pire, c’est qu’il l’a vraiment mise en place pour les législatives de 1986 ! Ah, dîtes-vous, enfin un candidat qui tient sa promesse… Les choses sont à peine plus complexes….
La proportionnelle peut toujours servir…
En 86, les élections des députés se déroulent à la proportionnelle et aussi dans un scrutin par département. En fait, les électeurs votent pour une liste, département par département, et les sièges de députés sont répartis en fonction des pourcentages de votes. De plus, le nombre de députés a été revu à la hausse : dans le Doubs, on passe de 3 à 5 députés et de 2 à 3 dans le Jura et en Haute-Saône.
Alors pourquoi François Mitterrand a-t-il modifié le mode de scrutin ? Tout simplement pour limiter la casse dans ses rangs, en jetant le Front National dans les pattes de la droite, à l’époque composée de deux partis : le RPR et l’UDF.Résultat du scrutin : 35 députés frontistes font leur entrée à l’Assemblée Nationale… Sans la proportionnelle, tous les observateurs s’accordent à dire que la défaite aurait été encore plus cuisante pour la gauche. Mais, malgré ce bricolage électoral, la gauche perd la majorité à l’Assemblée Nationale et la première cohabitation commence…
Et chez nous ?
La gauche, au pouvoir depuis 5 ans, limite la casse également dans notre région. Elle détenait 7 sièges sur les 9 circonscriptions. Après la réforme du mode de scrutin et la création de nouvelles circonscriptions, elle ne possède plus que 5 circonscriptions sur 13.
Seul le département du Territoire de Belfort place la liste de gauche devant celle de droite. Sinon, ce sont les listes RPR-UDF qui arrivent en tête. Pour la première fois, le FN prend (déjà) la troisième place dans les 4 départements. Le parti de Jean-Marie Le Pen supplante le PC…. Il réalise même son double de voix dans le Territoire de Belfort. Mais la Franche-Comté n’envoie aucun député frontiste à l’Assemblée Nationale.
A noter :
Les écologistes font déjà parler d’eux. Dans le Doubs, est parachutée la ministre de l’environnement, Huguette Bouchardeau, du PSU, et les écolos rouspètent mais ne présentent personne contre elle…
Dans le Doubs, le PC est représenté par un certain Martial Bourquin… (Aujourd’hui, il est sénateur… et socialiste !)
Dans le Territoire, un alternatif fait son apparition : Etienne Butzbach. Aujourd’hui au MRC de Jean-Pierre Chevènement, il est maire de Belfort !
Des hommes et des femmes élus cette année-là, certains sont décédés, d’autres ont été battus ou ont abandonné la politique. Restent toujours en lice Gilbert Barbier sénateur UMP du Jura et Jean-Pierre Michel, sénateur PS de Haute-Saône…Voici les résultats :
*** Dans le Doubs :
RPR-UDF, 41%, trois élus : Roland Vuillaume, Gérard Kuster et Michel Jacquemin
PS, 35%, deux élus : Guy Bêche et Huguette Bouchardeau (PSU)
*** Dans le Jura :
RPR-UDF, 41%, deux élus : Gilbert Barbier et Jean Charroppin
PS, 35%, un élu, Alain Brune
*** En Haute-Saône :
RPR, 47%, deux élus, Christian Bergelin et Philippe Legras
PS, 37%, un élu, Jean-Pierre Michel
*** Dans le Territoire de Belfort :
PS, 42%, un élu, Jean-Pierre Chevènement
UDF-PR, 36%, un élu, Jacques Bichet