Mardi soir, France 2 diffusait une enquête détonnante du magazine Cash Investigation, consacrée au scandale sanitaire liée à l’utilisation des pesticides. Au cours de cette émission, la journaliste Elise Lucet s’est invitée à un dîner organisé par la multinationale suisse Syngenta, grand producteur de pesticides. Ce géant de l’agrochimie avait convié dans un « restaurant chic de la capitale » une poignée de parlementaires. Autour de la table, deux sénateurs franc-comtois, le Jurassien Gérard Bailly et le Haut-Saônois Michel Raison. Et les deux élus LR, anciens agriculteurs, n’ont guère apprécié que l’irruption des caméras interrompe leur tranquille séance de lobbying.
« Les médias se croient tout permis, arrêtez », s’offusque d’abord Gérard Bailly. Elise Lucet interroge pourtant le patron de Syngenta France sur une question majeure, la pollution liée à l’atrazine, fabriquée par le géant de l’agrochimie, et qui concerne plus de 420.000 personnes en France.
« Le jour où vous faites un repas de famille et que l’on vient vous interviewer comme ça, vous seriez contente vous? » lance de son côté Michel Raison.
« Parce que vous êtes en famille là », lui rétorque du tac au tac Elise Lucet. « On travaille en privé » répond alors le sénateur de Haute-Saône…
Une séquence, à revoir ci-dessous, jette une lumière crue sur les liens entre parlementaires et lobbyistes.
Suite à la diffusion de l’émission, les élus ont été interpellés sur les réseaux sociaux, souvent très durement, certains internautes n’hésitant pas à les accuser de « corruption ».
Belle brochette d’élus corrompus au dîner #Atrazine @bardyserge @HervePellois @pierre_jackie @michel_raison @renepaulsavary Gérard Bailly
— StopPropagande (@StopPropagande) 3 Février 2016
@HervePellois @pierre_jackie @michel_raison @renepaulsavary @bardyserge Vous n’avez pas honte de trahir votre mission? #CashInvestigation — Eden (@vrilous) 2 Février 2016
@cashinvestigati @Syngenta voila quelque élus présents au diner de la corruption @HervePellois @pierre_jackie @michel_raison @renepaulsavary
— Genç Osman (@GencOsmanBlog) 2 Février 2016
Sur son compte Facebook, Michel Raison s’explique. Il regrette « que l’on puisse céder aussi facilement à cette réaction du « tous pourris » et défend sa « probité ». « L’échange de vues autour d’un déjeuner de travail organisé par des professionnels de la filière des pesticides – ou tout autre lobby (économique, associatif etc) – n’engage en rien mes votes, assure le sénateur. L’information et la concertation font partie intégrante de la mission d’un parlementaire ».
Interrogé par L’Est Républicain, Michel Raison dénonce les méthodes « inadmissibles » de Cash Investigation, « une sorte d’agression ».
Dans le Progrès, Gérard Bailly assure de son côté qu’il « ignorait l’existence de Syngenta jusqu’à cette soirée-là ». « Sincèrement, je ne vois pas ce qu’il y a de choquant, poursuit l’élu, Ça ne m’empêche pas de me sentir libre de mes décisions ».