16 Oct

Le laurier a bien reverdi à Montségur

Ce dimanche 16 octobre restera un jour historique. Ce n’est pas tous les jours que l’Eglise demande pardon pour des crimes commis et ça fait presque 800 ans que les Bonshommes dits « cathares » attendaient cette repentance. Les Occitans aussi. Retour sur cette journée pleine de symboles et d’émotions, marquée par l’évêque de Pamiers Jean-Marc Eychenne avec  des mots, des gestes, pleins d’humanité.

Prélude

Les nuages avaient du mal à se dissiper quand je suis arrivé à Montségur. Ce qui frappe d’entrée, c’est la beauté du site, ses maisons souvent ornées de croix occitanes et des « oustals » mis à toutes les orthographes.

Photo : Lo Benaset

Photo : Lo Benaset

Ce matin, non loin de l’église, les Occitans ont pris place. Des stands, de l’animation et déjà quelques personnes qui flânent. Dans les rues enchevêtrées de Montségur, on entend l’occitan mais beaucoup l’anglais, l’allemand, le néerlandais… Pour faire patienter, le groupe Fontanet de Monségur joue ses créations, revisite Moussu T, Lluis Llach, Los Pagalhós. Je croise beaucoup de caméras.

14H Les premiers rayons percent, timides, encore froids. L’évêque Jean-Marc Eychenne fait lui aussi son apparition, le geste avenant, sourire aux lèvres. Il se prête volontiers aux interview.

Jean-Marc Eychenne en interview Photo : Lo Benaset

Jean-Marc Eychenne en interview Photo : Lo Benaset

Parle de repentance, de ces crimes, ces souffrances intolérables, indéfendables commis par l’Eglise. De ces chrétiens pas tout à fait comme les autres, que l’Eglise a pourchassé, jusqu’à les faire mourir sur un bûcher… Parle de l’Histoire qui ne manquera pas de juger quelques siècles plus tard les faits commis aujourd’hui, ces migrants que l’on se doit d’accueillir.

15H La place de Monségur est désormais bien ensoleillée, noire de monde. On se presse pour rentrer dans l’église. Les forces de l’ordre sont omniprésentes, fouillent et refouillent, ont inspecté l’église dans les moindres recoins. Presque 200 personnes à l’intérieur, 400 à l’extérieur… Edouard de Laportalière et Monseigneur Eychenne donne des poignées de main, des signes de fraternité. A des fidèles, mais aussi des non-croyants, des politiques, des occitans, beaucoup d’étrangers. J’ai rencontré des personnes venues spécialement de Suisse, de New-York, d’Allemagne, de Catalogne, d’Espagne, d’Angleterre, dont un grand gaillard de deux mètres avec un écusson « catars ». Le silence commence à remplir l’église.

15H20 Edouard de Laportalière puis l’évêque formulent leur demande de pardon. Un tau du christ pendu autour du cou (signe cher aux disciples de Saint François d’Assise).

L'évêque qui porte le tau Photo : Lo Benaset

L’évêque qui porte la croix en tau Photo : Lo Benaset

Il y a cette image forte de Jean-Marc Eychenne et 2 prêtres, face au chœur, à genoux sous le regard d’un diacre venu avec sa fille…

Les mots de l’évêque sont forts : « Sous les cendres, les braises sont encore chaudes. Le feu de l’injustice brûle encore. » Ils savent être simples :  « nous avons le désir de tendresse et de paix », il cite Hannah Arendt qui a analysé « la banalité du mal ». « Nous demandons la capacité de pleurer, de briser la glace de nos indifférences.. Que la pluie de nos larmes éteignent le feu ». Une homélie empreinte d’humanité et de mots justes, faisant parfois référence aux troubadours, à leur poésie, à l’Occitanie et ses valeurs. A ces « rames de laurier qui pourraient reverdir ».

 

15H30 Muriel Batbie entonne a capella le « Jésus Christ » de Guiraut Riquier, tout en retenue et nuances. L’église en frisonne encore. Les portables s’agitent pour prendre des photos, une dizaine de caméras filment l’événement. Elle vient réciter le « Nòstre paire » qui date du XIIIème siècle.

L’émotion a gagné l’église. Après plusieurs gestes de fraternité, un « Boièr » plaintif et prenant chantée par Béatrice et Marie-Ange Lalanne vient clôturer la cérémonie.

 

16H, direction La Prada, pour une marche silencieuse, sur les hauteurs du village, en contrebas du château. Certainement le lieu où périrent les 225 Parfaits en mars 1244. Le maire de Montségur fait le comptage : plus de 600 personnes, sans compter ceux qui n’ont pas pu ou voulu monter de l’église.

Xavier Vidal, Claude Roméro, Nicolas Desvenain et d’autres jouent de la musique au pied du pog. Le Se Canta est repris par toute l’assistance, une branche de laurier à la main. Le recueillement et l’émotion sont grands. On voit plusieurs personnes, notamment des jeunes complètement pris par la cérémonie. L’évêque est encore là, toujours souriant. Surprise : Marti dégaine sa guitare et chante…Montségur !

17 H, la journée se termine au foyer pour le pot de la Convivencia. L’Eglise a mis du temps pour se faire pardonner mais la personnalité de Jean-Marc Eychenne ne laisse aucune ambiguïté sur la sincérité du geste.

Le dernier Parfait Guilhem Bélibaste l’avait prédit : « Al cap de 700 ans, verdejarà lo laurèl ». Au bout de 700 ans, le laurier a bien reverdi à Montségur. Et ses ramifications pourraient être nombreuses.

Lo Benaset @Benoit1Roux

Photo : Lo Benaset

Photo : Lo Benaset

15 Oct

La Proposition de Loi du groupe PS pour les langues régionales

Ça ressemble à un baroud d’honneur avant la fin de la mandature, mais la députée PS Annie Le Houérou veut y croire. Le groupe PS vient de déposer une proposition de loi qui veut donner un statut juridique à ses langues régionales et des obligations pour l’Etat et ses représentants dans les secteurs de l’enseignement, la signalétique et les médias. Une loi assez consensuelle pour ne pas trop se heurter aux traditionnelles oppositions. Mais ce sera sans doute très difficile que cette loi tant attendue soit votée avant la fin de l’activité parlementaire avant les présidentielles. La députée bretonne des Côtes d’Armor s’exprime sur le sujet.

Annie le Houérou à l'Assemblée Photo : site de la députée

Annie le Houérou à l’Assemblée
Photo : site de la députée

Le contenu de la Proposition de Loi

Elle se compose de 8 articles et concerne l’enseignement de la maternelle au secondaire, (mais pas l’enseignement immersif des calandretas, diwans, ikastola, bressolas etc…), jusqu’à l’université. Mais aussi la signalétique et les médias (sauf la télévision).

  1. L’enseignement. Le principe est simple : la reconnaissance de l’enseignement des langues régionales comme matière facultative. Autrement dit, que cet enseignement soit proposé dans les écoles de France, de la maternelle au secondaire, selon le modèle Corse de l’article L. 312-11-1 du code de l’éducation. « Que tous les enfants aient la possibilité d’avoir un enseignement, sans qu’il y ait un caractère obligatoire, car le texte n’aurait aucune chance de passer ». La proposition veut faire reconnaître également l’enseignement bilingue, à l’exception encore une fois de l’enseignement immersif. « Nous n’intervenons pas sur le financement de ces écoles comme c’était le cas pour la proposition de Paul Molac. » Nouveauté : la promotion de ces langues dans l’enseignement supérieur : «  on veut inscrire dans la loi que les universités doivent proposer cet enseignement, car jusqu’à présent, chaque université a son entière liberté en la matière. »
  2. La signalétique. Evidemment les panneaux bilingues d’entrées de villes, certains panneaux directionnels, certains lieux publics, laissent un peu d’espace pour les langues régionales. La loi « prévoit, à la demande de la région, la généralisation sur tout ou partie du territoire de la signalétique bilingue ou plurilingue dans les services publics et l’usage de traductions dans les principaux supports de communication institutionnelle (article 4).  » Histoire d’aller plus loin et de pousser davantage les collectivités territoriales.
  3. Les médias. Concernant la presse écrite, elle prévoit que  » les publications en langues régionales peuvent bénéficier des mêmes avantages que ceux réservés aux publications de presse et sites en ligne en langue française. » Ces aides sont souvent conditionnées à la reconnaissance de caractère d’Information Politique et Générale (IPG) chose quasiment jamais reconnue pour aucune publication en langue régionale malgré un assouplissement de la règle survenu en 2012. Autre élément, la loi octroie au CSA des compétences pour la promotion des langues et cultures régionales et de garantir leur expression dans les médias audiovisuels (article 6). Ce même CSA qui doit aussi veiller selon cette nouvelle proposition de loi à ce que « une ou plusieurs fréquences soient attribuées à des candidats proposant la diffusion de services de radios en langues régionales. Sans objectif précis pour l’instant ni quotas… « Nous n’en avons pas mis car il y a un autre texte en discussion à l’assemblée porté par Yves Durand qui touche ce secteur, la culture, le patrimoine et l’architecture ». 
    Et rien donc concernant la télévision.

La députée le reconnaît elle même, le texte résulte d’un consensus et évite les points qui pourraient poser problème afin qu’il ait des chances d’être adopté. La proposition n’est pas révolutionnaire mais elle est mesurée, intéressante, et elle pourrait donner enfin un statut à ces langues. « Souvent on nous répond que ce que nous demandons n’est pas dans la loi ! Là, on ne pourra plus nous répondre ça ! « 

 

Un travail de concertation auparavant

« Nous nous inscrivons dans la continuité, après l’échec de la ratification de la Charte Européenne des Langues Régionales. La stratégie, c’était d’abord la Charte puis une loi. La Charte n’a pas pu être ratifiée, donc nous avons repris le travail de plusieurs collègues comme Paul Molac. Il y aussi le texte sur lequel travaillait Pascal Deguilhem (député PS de Dordogne) au début de la mandature. » La députée assure avoir beaucoup concerté, avoir pris quelques assurances auprès de juristes afin que la loi ne soit pas défaite par le Conseil Constitutionnel. Mais pas de lien avec la proposition de loi déposée le 26 octobre dernier par les sénateurs LR, au moment du rejet de la Charte Européenne par leur groupe. L’intergroupe sur les langues régionales que préside Paul Molac a lui aussi porté sa contribution. Un point positif : le texte est signé par 140 députés PS et écologistes qui ainsi s’engagent.  « Ca prouve que nous voulons aller jusqu’au bout. Nous avons le feu vert du gouvernement et du chef de l’Etat. »  Un début de consensus qui ne sera pas de trop quand on repense aux échecs précédents, notamment au sabordage de la proposition de Paul Molac par les députés PS en janvier dernier. Notamment aussi vu le peu de temps qu’il reste pour qu’une proposition de loi aille enfin jusqu’au bout.

Photo : site Assemblée Nationale

Photo : site Assemblée Nationale

Le calendrier du texte

« Nous avons encore le temps » clame Annie Le Houérou. Le texte a été déposé et devrait être discuté mi novembre à l’assemblée nationale lors des discussions sur la loi de finances. Ensuite, ce sera le Sénat mais la députée avoue n’avoir aucune garantie de ce côté. « Nous allons travailler désormais avec les sénateurs. » Et rien ne dit que la majorité sénatoriale voudra laisser le champs libre au PS en la matière alors que la droite pourrait venir aux commandes de l’Etat.

On voudrait y croire mais ça ressemble quand même à une tentative de dernière minute, alors que les fenêtres de tirs étaient nombreuses et plus sûres quand le PS détenait la majorité à l’assemblée nationale et au sénat. « Je suis peut-être naïve et optimiste car c’est mon premier mandat mais je suis déterminée à porter le texte jusqu’au bout! »  Une chose est sûre : ce sera l’ultime possibilité de réparer des erreurs commises autant par la gauche (proposition Paul Molac, pas de tentatives lorsqu’elle était majoritaire dans les 2 chambres) que par la droite (refus de voter la loi portant ratification de la Charte) lors d’une mandature très chaotique pour les langues régionales, exceptée l’action de quelques parlementaires. 

Lo Benaset @Benoit1Roux

12 Oct

La repentance de Montségur

Dimanche 16 octobre, l’Eglise d’Ariège fera acte de repentance, c’est à dire une manifestation publique d’un sentiment personnel (le repentir) pour une faute commise et dont elle veut demander pardon. La faute, c’est bien évidemment le sort réservé aux Bonshommes (appelés cathares plus tard) par l’Inquisition lors de la croisade, et donc particulièrement à Montségur le 12 mars 1244 lorsque plus de 200 Parfaits ont été brûlés. Un acte symbolique, fort, de la part de l’évêque de Pamiers Jean-Marc Eychenne qui n’arrive pas par hasard.

La cérémonie du 16 octobre

Ce dimanche vers 15H, la petite église de Montségur risque de ne pas être assez grande. La cérémonie œcuménique ne sera pas une messe mais beaucoup de curés d’Ariège seront présents aux-côtés de Monseigneur Eychenne. Il lira un texte, écrit de manière collective, avec Edouard de Laportalière (curé de Lavelanet) mais aussi en étroite relation avec plusieurs membres de Convergéncia Occitàna. L’office ne sera donc pas que religieux, l’église pas seulement remplie de chrétiens.

Muriel Batbie Castell Photo : Georges Souche

Photo : Georges Souche

Muriel Batbie Castell  qui a contribué à ce que cette journée soit possible, interviendra à plusieurs reprises. Elle lira le « Nòstre Paire » du XIIIème siècle dont le manuscrit se trouve à Lyon et chantera le « Jesus Christ » de Guiraut Riquier considéré comme l’un des derniers troubadours. Lui qui a connu la Croisade et donc l’Inquisition, obligé de se réfugier en Espagne à la cour d’Alphonse X dit « Le sage ». Il nous a laissé ce texte, avec la musique. A la toute fin de l’office, Béatrice Lalanne interprétera « Lo Boièr ».

Ensuite une marche silencieuse se fera jusqu’à la Prada, au pied du pog, le lieu où les 225 bons crestians e bonas crestianas ont péri brûlés. Une procession avec des branches de laurier, au son du Graile e de la Bodèga de Xavier Vidal et Claude Roméro. Un pot de la fraternité se fera ensuite à la salle des fêtes du village.

Les antécédents

Pour le jubilé de l’an 2000, Jean-Paul II avait fait lui aussi acte de repentance pour des faits commis par l’Eglise, notamment par rapport aux Vaudois mais jamais les Bonshommes n’ont été évoqués. Un acte qui venait après le « Manifeste pour la réconciliation », une lettre ouverte adressée au pontife par plusieurs occitanistes.

Pendant 3 ans, le village de Roquefixade (09) a organisé un débat public sur le catharisme. En 2007 le prédécesseur de Jean-Marc Eychenne (Marcel Perrier) a participé à la « Disputatio », controverse publique et œcuménique sur le thème de la Croisade et les exactions commises par l’Eglise. Le maire de Roquefixade Yves Maris en était à l’origine et l’occitaniste Patrick Lasseube l’animateur. Une première pierre dans le jardin de l’évêché d’Ariège.

Il y a peu, la chanteuse Mauriel Batbie Castell qui réside non loin de l’église de Montgaillard a rencontré Edouard de Laportalière. « Vegèt de tira l’interes. Se parlèt de far quicòm per l’annada de la misericòrda e l’avesque acceptèt. Es un grand umanista, dins la dralha del papa François. » Une petite équipe s’est alors constituée, avec Convergéncia et la municipalité de Montségur. Un travail d’échanges sur plusieurs mois et au printemps 2016, la date du 16 octobre a été fixée.

2016 Année de la Miséricorde

Cette journée s’inscrit donc dans la démarche miséricordieuse du pape François qui s’est exprimé en plusieurs lieux ces derniers mois. Il a demandé que 2016 soit l’année de la miséricorde partout dans le monde. Dans un communiqué, l’Eglise d’Ariège indique que :

« elle veut simplement reconnaître les erreurs qui ont pu été commises. Dans une période où il ne pouvait y avoir d’autre religion que celle du roi par soucis d’unité du royaume, une nouvelle « Eglise » ne pouvait avoir sa place. ce pouvoir temporel de l’Eglise est un premier contre-témoignage. L’appel au bras séculier pour réprimer l’hérésie est un deuxième que nous devons regretter. Ce ne peut jamais être une option chrétienne que de proclamer la foi ou de la défendre par la contrainte.

En tous cas, la démarche -même limitée pour l’instant à l’Ariège- ne laisse pas insensible. Ce n’est sans doute pas un hasard si depuis l’annonce de cette journée, on a entendu parler des cathares sur France Culture, puis sur KTO le 2 octobre. Muriel Batbie se fait l’écho de ce que beaucoup de personnes qui seront là dimanche pensent :  « Per ieu, es una paraula importanta. Avèm besonh de paraulas quand se son passats de causas grèuas. De traumatisme tals coma Esclarmonda de Foish, sortida de tèrra per la cramar… La nafradura es granda e demòra. Cal de paraulas. » Une première étape sera franchie le 16 octobre, en espérant qu’elle en appelle d’autres, notamment du côté du Vatican.

Lo Benaset @Benoit1Roux

France culture : http://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/1966-les-cathares-reviennent

KTO : http://www.ktotv.com/video/00107323/les-cathares

11 Oct

Nouvelle proposition de loi pour les langues régionales

Ne serions-nous pas en période électorale ? Annie Le Houérou, députée des Côtes-d’Armor, vient de déposer à l’Assemblée nationale une proposition de loi sur la promotion des langues régionales. Rien de très nouveau. On attend simplement qu’elle aboutisse. Car les tentatives précédentes ont toutes échoué, du fait de la droite comme de la gauche. Et là, on se demande bien comment députés et sénateurs vont faire pour légiférer avant la fin de la mandature ?

Annie le Houérou à l'Assemblée Photo : site de la députée

Annie le Houérou à l’Assemblée
Photo : site de la députée

Nouvelle initiative bretonne

C’est devenu une habitude, c’est encore de la Bretagne que vient cette tentative. Elle émane cette fois du groupe socialiste, déposée par Annie Le Houérou qui l’annonce sur son blog. Cette proposition cosignée, par la moitié des députés du groupe socialiste,

« propose des mesures ambitieuses dans le domaine de l’éducation, de la signalétique et des médias. Il s’agit notamment de proposer systématiquement un enseignement facultatif en langue régionale aux élèves des territoires concernés, sur le modèle de ce qui se fait en Corse. De donner une reconnaissance juridique à l’enseignement bilingue français-langue régionale, quelle que soit la durée d’enseignement dans les deux langues. De promouvoir les langues régionales dans l’enseignement supérieur. Mais aussi de favoriser la signalétique bilingue, de soutenir la presse publiant en langue régionale et de donner au CSA de nouvelles missions pour la promotion des langues régionales et l’attribution de fréquences aux radios diffusant en langue régionale ». 

 

Pas moins que ça ! Dommage vraiment que les députés socialistes ne se soient pas réveillés plus tôt, notamment lorsqu’ils ont saboté l’une des propositions de Paul Molac en janvier dernier. Alors que ce discute cette semaine le projet de loi relatif à l’Egalité et à la citoyenneté, que l’article sur les quotas imposés de langues régionales aux radios a disparu, cette nouvelle proposition n’est pas une surprise mais son destin reste plus qu’incertain.

Quel avenir ?

Le Télégramme nous apprend que l’examen de cette proposition de loi serait envisagé après la période consacrée au budget… Soit. Mais jamais elle ne pourra être votée et validée avant la fin de cette mandature. Faudrait-il encore que le Sénat (de droite) la vote, à quelques semaines d’un changement politique annoncé… Ça ressemble donc à un baroud d’honneur, sans doute pour se donner bonne conscience faute de promesse 56 de François Hollande tenue. Ou alors un cadeau empoissonné laissé à la droite avant l’alternance ?

@Benoit1Roux

 

 

10 Oct

« Patz en la ciutat », création occitane de musique contemporaine

Ce n’est pas tous les jours qu’une création de musique contemporaine se fait en occitan ! Ce sera le cas demain à Toulouse, dans le cadre du Festival Occitània. Un travail de collaboration avec le studio éOle, le Conservatoire Régional de Toulouse, ses musiciens et 3 de ses anciens élèves qui ont composé « Patz en la ciutat », Paix dans la Cité. Les textes sont de Jean Jaurès, Thomas Woodrow Wilson et Pèire Godolin.

3 òmes de Patz : Jaurès, Wilson, Godolin

Au cœur de Toulouse, physiquement très proches, la place Wilson et la statue de Godolin, qui donne sur les allées Jean-Jaurès. 3 personnalités attachées à la paix, prétexte à cette oeuvre qui réunit plusieurs de leurs écrits, sélectionnés par Alem Surre-Garcia qui n’en est pas à son coup d’essai. Première partie, « Alegria en la ciutat », qui débute par un texte de Pèire Godolin qui rend hommage à Enric lo Grand (Henri IV).

La Terra en tremolant al brut de sas armadas

Li donava la votz per son prumièr senhor.

Tanben per le passar dins lo temple d’Aunor

Le Cèl l’aviá format a vertuts reportadas :

O florissa la Patz, o toquèssa l’alarma

La Justicia, la Fe, la Fòrça, la Bontat,

E tot çò que le Cèl dona per raretat

Coma l’aiga a la mar se rendían a son arma

La deuxième partie intitulée « Lo plaser d’estre e la patz en perilh » annonce les premiers nuages sur la paix… Même si Godolin profite encore :  » O quin plaser d’èstre a l’ombreta / E far cambadas sus l’erbeta / Mentre qu’a  còps de gargalhòls / S’engriman trenta Rossinhòls / Per nos estujar dins l’aurelha / Cent cançonetas de mervelha. » S’en suivent 2 textes de Jaurès qu’Alem Surre-Garcia a sélectionné, mis en prose, d’après une première lettre du 23 août 1880 , celle qu’il  lit dans le reportage.


Patz en la ciutat par france3midipyrenees B. Roux J. Levé M. Blasco K. Glöck C. Pelhate MP Fournier

On y trouve aussi un extrait d’article paru dans La Dépêche.

A la trumada s’ajusta la trumada

La bèstia rondina e bufa son asir

De qué val lo viure, lo soscar e l’aimar ?

Qu’anam far dels nòstres cervèls ?

Qu’anam far dels nòstres còrs ?

Qu’anam far dels nòstres vint ans ?

Partie III, « La mòrt, la barbariá e lo desir de patz ». On y retrouve Godolin, Jaurès et le président américain Wilson élu en 1913, fondateur de la Société Des Nations, ancêtre de l’ONU. Des textes reformés pour l’occasion, traduits, et qui laisse plein d’ouvertures pour la musique.

3 joves compausitors en musica contemporanèa

Cette création est une commande de l’Institut d’Etudes Occitanes de la Haute-Garonne et du Festival Occitània qui travaillent avec le conservatoire depuis plus de 10 ans. Mais c’est en 2009-2010 que l’a première oeuvre issue de cette collaboration sortira : CROSADA 2^3 (comprendre 2 au cube). Avec les mêmes ingrédients : des textes, 3 compositeurs, ensemble instrumental et dispositif électroacoustique. Cette année, ce sont donc 3 jeunes compositeurs issus du Conservatoire qui ont composé une des trois parties. 3 pièces variés puisqu’il s’agit d’une partie avec ensemble et voix, une partie électroacoustique et une troisième qui mélange tous les genres. C’est le cas de Maylis Raynal qui vit en terre basque et qui a beaucoup travaillé avec Beñat Achiary. Et ça s’entend dans « Alegria en la ciutat ». Lucie Borto a composé la partie 2, une partie exclusivement électroacoustique ou acousmatique. C’est à dire une musique composée en studio et que l’on projette sur un « orchestre » de hauts-parleurs lors du concert. Des sons, des voix, des bruits qui intriguent, d’autres qui sont familiers… Enfin la troisième partie plus « classique » dûe à Adrien Trybucki et qui comprend un orchestre (Flûte, violon, accordéon) et des voix ( une soprano et une basse). Le Conservatoire et le Festival ont donc voulu proposer un panorama complet des 3 domaines de compositions de la musique contemporaine. C’est Guy Ferla qui dirigera cette oeuvre.

Un travail très intéressant qui prouve que la musique contemporaine n’est pas du tout hermétique et fermée. La création s’est faite avec le soutien du studio éOle de Toulouse qui travaille sur d’autres projets occitans. « Patz en la ciutat », mardi 11 octobre 20H Saint-Pierre des cuisines (Toulouse). Et c’est GRATUIT !

@Benoit1Roux

L’Occitanie en 10 moments forts

Ce n’est pas l’Histoire de l’Occitanie, ce n’est pas celle de l’occitan. Simplement 10 repères subjectifs sur le cheminement de ce nom « Occitanie ». De son premier emploi par L’Etat impérialiste pour désigner des territoires conquis au Sud, jusqu’à ce nom officialisé par le gouvernement, sans doute validé par le Conseil d’Etat, pour l’ex région Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées. Un sacré chemin! Georges Passerat revient sur les primadiers (précurseurs) de l’Occitanie.

  • 842 : Les Serments de Strasbourg. On n’y parle pas encore d’Occitanie! Il s’agit d’un traité militaire entre les 3 fils de Charlemagne.Le texte est rédigé en gallo-roman mais certains y voient les premières formes écrites de l’occitan…. D’autres ne voient pas cette émergence.

Les premiers documents écrits tout en occitan apparaissent au Xème siècle. Au XIème, c’est la Cançon de Santa Fe, un poème sur la vie de Sainte Foy d’Agen… Selon certains c’est le plus ancien texte littéraire…catalan. Pour Robert Laffont et d’autres, c’est le plus ancien texte… Occitan ! Déjà une petite bataille.

Fresque de Jean-Paul Laurens sur la compagnie du Gay Savoir Photo : Lo Benaset

Fresque de Jean-Paul Laurens sur la compagnie du Gay Savoir
Photo : Lo Benaset

  • 1323-1324 : à l’initiative de sept troubadours, se forme le consistoire du « Gay savoir » pour maintenir le lyrisme de l’amour courtois et relever la langue d’oc. Premier concours de poésie, première académie d’Europe, la Compagnie du Gai Saber prendra le nom en 1515 de Compagnie des Jeux Floraux, placée sous le patronage de Clémence Isaure. En 1694, Louis XIV l’élève au grade d’académie royale. C’est aussi le moment où l’occitan disparaît de l’institution. C’est Mistral qui fera revenir la langue dans le concours.
  • « OCCITANIA » apparait au XIIIème. Ce terme créé en latin par l’administration royale désigne ces « pays » où l’on parle la langue d’oc. Auparavant on parlait d’Aquitaine » (Provence, Languedoc, Gascogne, Dauphiné…) puis « Provence » ou « Provincia ». Mais après l’annexion de tous les territoires occitans par la France, le terme Occitania sera réservé à la seule province du Languedoc.

L’historien occitan Georges Labouysse retrouve plusieurs mentions : mai 1308  (consistoire de Poitiers) d’où il ressort que le roi de France règne sur deux nations différentes : la lingua gallica et la lingua occitana. A partir de 1346, le roi Philippe VI convoque des assemblées de Languedoc à Toulouse. On parlera alors de la « Republica lingue Occitana » en avril 1357 et on relèvera en 1439 les expressions: « Status linguae Occitanae » ou « Statibus patrie Lingue Auxitane ». 1381: Le roi Charles VI considère que son royaume comprend deux parties : les pays de langue d’Oc ou Occitanie et les pays de langue d’oil ou Ouytanie ! En 1634, Richelieu convoque un « Conventus Occitaniae »: des « jetons de présence » porteront cette appellation, la date, et la croix occitane (emblème des Comtes de Toulouse).

  • 1788 Jean-Pierre Claris de Florian publie un drame pastoral « Estelle et Némorin ». Un texte en français dans lequel se trouvent des passages en occitan.

« Je te salue ô belle Occitanie Terre de tous les temps aimée des peuples qui t’ont connue ; toi qui les romains embellirent des chefs-d’œuvre de leurs arts… »

  • Début du XXème (1903) Antonin Perbosc publie Le Got Occitan (la coupe occitane). C’est le premier texte où l’on voit refleurir le terme Occitan et l’idée d’Occitanie. Il va contribuer à populariser ce terme d’Occitan et conceptualiser l’Occitanie. Elu maître ès Jeux Floraux de Toulouse en 1908, il participe à la fondation de l’Escòla Occitana à Avignonnet en 1919. Vient ensuite Lo Collègi d’Occitània en 1927. On voit fleurir l’enseignement, la première presse occitane avec Lo Gai Saber fondé par Prosper Estieu en 1919, la revue OC en 1923 par Ismaël Girard.

 

  • 1945 création de l’Institut d’Études Occitanes par René Soula (auteur occitan), Ismaël Girard (occitaniste), Jean Cassou (romancier), Max Rouquette (écrivain occitan), René Nelli (poète occitan), Pierre Bertaux (Commissaire de la République), et Tristan Tzara (écrivain). Ce nouvel organisme a pour but le maintien et le développement de la langue et de la culture occitanes dans leur ensemble. Félix Castan pour l’aspect culturel, Robert Lafont pour le politique contribueront eux aussi à faire avancer l’occitan et l’Occitanie. Lors de la réforme territoriale qui a donné lieu à un nouveau découpage des régions, l’IEO a rappelé que l’Occitanie c’est bien 4 régions et non seulement celle qui en a pris le nom.

Evidemment, on pourrait aussi parler de la loi Dexionne (1951) qui officialise l’enseignement des langues régionales, des premières calandretas en 1979, des premières classes bilingues. Mais il s’agit là de l’occitan comme langue et non de l’Occitanie comme concept.

  • 1995 : première manifestation pour la langue occitane. Le collectif « Anem Òc ! Per la lenga occitana ! » rassemble 10 000 personnes à Carcassonne en 2005, 20 000 en 2007 à Béziers, 25 000 à Carcassonne en 2009, 30 000 à Toulouse en 2012, beaucoup moins en 2015 à Montpellier. Des manifestations pan-occitanes ou tous les territoires sont présents, tous les dialectes et qui se passent toutes en région Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon.
  • 2014-2015 Avec la réforme territoriale et le redécoupage des régions, plusieurs sondages organisés par différents médias font émerger une volonté populaire pour le nom Occitanie. Une consultation organisée sur internet par La Dépêche du Midi, fin 2014, indique que les 17 881 votants penchaient à l’époque en faveur du nom « Occitanie-Pyrénées » (15 %). On retrouve aussi « Midi-Languedoc » et « Pyrénées-Languedoc » (13 % chacun), suivis par « Midi-Roussillon » (10 %) et « Midi-d’Oc » (8 %). Dans une enquête réalisée du 7 au 28 septembre 2015 par les quotidiens régionaux du groupe Baylet (La Dépêche, Midi-Libre, Centre Presse, L’Indépendant) 23 % des 202 357 personnes donnent leur préférence pour « Occitanie » comme nom de la future région. Même résultat pour d’autres médias comme France 3 ou France Bleue.
  • Du 9 mai au 10 juin 2016, la région LRMP organise une consultation pour choisir le nom de la région. Il y a 5 propositions. Plus de 200 000 personnes votent. Le nom Occitanie arrive en tête avec 44,90 % des suffrages, soit 91 598 votants. Le deuxième est loin derrière avec 17,81 % (Languedoc-Pyrénées). Le 24 juin 2016, le Conseil Régional réuni en assemblée plénière adopte la dénomination Occitanie. Gérard Onesta avait dit qu’il mettrait l’Occitanie sur la carte du monde. Au-delà du symbole, il y a eu les actes. 

 

  • Le 29 septembre 2016, par décret gouvernemental publié au Journal Officiel, le nom Occitanie est validé. Pour la première fois de l’Histoire, un territoire porte ce nom même s’il représente à peine 40% de l’Occitanie linguistique.

@Benoit1Roux

 

 

05 Oct

En France, l’égalité et la citoyenneté ne concernent pas les langues régionales !

Depuis hier, le projet de loi relatif à l’égalité et la citoyenneté est en discussion au Sénat. Lors de son passage à l’Assemblée Nationale, plusieurs députés dont Victorin Lurel et Paul Molac avaient réussi à introduire des articles et des amendements concernant les langues régionales. Dont les fameux quotas de 4% de musiques pour les radios. Sans surprise, il ne reste quasiment rien de ces bonnes intentions lors des discussions à la seconde chambre.

Photo : site Public sénat

Photo : site Public sénat

Les 4% n’ont pas passé la commission (article 45)

Il y a quelques jours, certaines radios et une certaine presse étaient vent debout contre des quotas de 4% réservés à la radio pour les chansons en langues régionales. Une déferlante qui frisait parfois la mauvaise caricature et dans tous les cas une mauvaise information. L’article 45 relatif au quota de langues régionales pour la diffusion des œuvres musicales a été supprimé par la commission spéciale du Sénat. La commission a estimé que : « Outre qu’il vienne sans vergogne ni consultation préalable modifier un équilibre difficilement atteint, la veille de son adoption, entre Sénat et Assemblée nationale sur la délicate question des quotas radiophoniques, le présent article pose une véritable difficulté d’application. » Et de poursuivre : « Par ailleurs, votre commission spéciale rappelle que, dès lors que les titres en langues régionales sont déjà inclus dans les quotas radiophoniques, rien n’empêche une station d’en diffuser une proportion élevée pour mettre en œuvre ses obligations de quotas. » La messe est dite. Beaucoup de bruit pour rien. On attendra le prochain CD de Patrick Fiori en langue corse.

http://www.senat.fr/rap/l15-827/l15-8274.html#toc225

La formation professionnelle non plus (article 35) !

Les dispositions introduites par les députés à ce sujet au sein de l’article 35 relatif à l’apprentissage de la langue française dans le cadre de la formation professionnelle ont été supprimées par la commission spéciale. A l’initiative de Paul Molac, les députés avaient adopté (contre l’avis du gouvernement là-aussi) un amendement « pour préciser que le fait d’organiser des actions de formation professionnelle en langue régionale ne peut être appréhendé comme une mesure de discrimination. En cohérence, un second amendement a été adopté pour inscrire les actions d’apprentissage et d’amélioration de la maîtrise des langues régionales dans le contenu de la formation professionnelle. » Amendement supprimé par la même commission. Elle considère que : « L’inscription des formations en langues régionales dans le contenu de la formation professionnelle se trouve en effet déjà satisfaite…(sic !) De même, la mention faite sur les discriminations pour les formations en langues régionales pose problème. Le risque soulevé serait de rendre éligible au financement de la formation professionnelle des formations exclusivement données en langues régionales, ce qui pour le coup constituerait une mesure discriminatoire en créant des filières de recrutement réservées aux seuls locuteurs de langues régionales. »

http://www.senat.fr/rap/l15-827/l15-8274.html#toc187

Des amendements ont été déposés et seront discutés en séance

Néanmoins, plusieurs amendements ont été déposés pour que les langues régionales de France figurent un tant soit peu dans ce projet de loi. Le 68 rect : « Tous les services publics, les collectivités territoriales et leurs groupements, les entreprises et leurs institutions sociales, les associations et les organisations syndicales et professionnelles concourent à l’élaboration et à la mise en œuvre de ces actions dans leurs domaines d’action respectif. Le fait d’organiser des actions de formation professionnelle en langues régionales de France ne peut être considéré comme une mesure de discrimination. » Idem pour le 283, le 534 et le 555 qui reprend en partie l’article 35 supprimé. Enfin un amendement a été déposé par le groupe écologiste. Il vise à introduire dans le code du travail un article prévoyant que « le fait pour une offre d’emploi de réclamer la connaissance d’une langue régionale ou étrangère ne saurait être interprété comme une mesure de discrimination ».

C’est bien maigre mais une élimination totale serait pour le coup discriminante. Le monde politique n’a sans doute pas les mêmes notions et définitions de « citoyenneté » et « d’égalité ».

@Benoit1Roux

 

Moi, Gaston Dominici, assassin par défaut (de mots) ?

Jeudi 29 octobre dans le cadre du Festival Occitània de Toulouse, le Centre Dramatique Occitan de Toulon est venu présenter au théâtre Jules Julien sa pièce « Moi, Gaston Dominici, assassin par défaut (de mots ?) » qui nous raconte cette célèbre affaire judiciaire sous une perspective linguistique puisque l’accusé, un paysan de 75 ans qui parlait surtout provençal, maîtrisait mal français :

Gaston Dominici interrogé par la police. Image de Jack Levé et Sirine Tijani

Gaston Dominici interrogé par la police. Image de Jack Levé Sirine Tijani

 » Dans la nuit du 4 août 1952 une famille anglaise est assassinée sur le bord d’une route des Alpes de Haute Provence où elle bivouaquait. Gaston Dominici propriétaire de la Grand Terre à quelques mètres du crime va être accusé par deux de ses fils d’en être l’auteur. Enfant de père inconnu, orphelin de mère immigrée, époux choisi par nécessité d’honneur et assassin par défaut (de mots ?), Gaston Dominici sera condamné à mort sans que sa culpabilité ait été prouvée (…)

La pièce dit le drame de ce paysan provençal façonné  par une langue et des codes étrangers au monde judiciaire à travers une confrontation dominée par l’incommunicabilité. Il ne s’agit pas ici de refaire le procès ni de prendre parti pour ou contre la culpabilité de l’accusé mais de porter un regard sur un homme et sur ce qui peut en faire un bouc émissaire : instrumentalisation de la parole, poids de l’incompréhension due aux décalages culturels et à ceux du langage qui orientent l’enquête sur un coupable idéal, celui dont on moquera le parler pour construire  plus aisément l’intime conviction. » www.cdoc.fr

Une équipe de l’Edicion occitana a pu assister à la pièce jouée ce jour-là devant une centaine de collégiens et lycéens toulousains.


Moi Gaston Dominici, Assassin par défaut (de mots?)

Reportage de Sirine Tijani, Jack Levé et Michel Lehoux. Montage de Charlotte Willocq

Prochaines dates de  « Moi, Gaston Dominici, assassin par défaut (de mots ?) »
– 14 Octobre à Degagnac (46) (Salle des fêtes)
– 18, 19, 20 Novembre 2016 à Marseille (13) (Théâtre des Chartreux)
– 9 Mars 2017 à Digne-les-bains (04)
– 30 mars 2017 (19h), 31 mars (20h) à Avignon (84) au Théâtre du Chêne Noir
– 1er avril 2017 à 20h à Orange (84) (Théâtre du Sablier)

Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine 

29 Sep

Le gouvernement dit « òc » à l’Occitanie !

Le Journal Officiel publie aujourd’hui le décret ministériel signé le 28 septembreadeu-siatz Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, planvenguts en Occitanie ! Le gouvernement a donc dit Oui à l’Occitanie comme nom de la nouvelle région, sans sous-titre. Mais la présidente Carole Delga a indiqué ce matin que les termes « Pyrénées » et « Méditerranée » seraient utilisés dans la communication institutionnelle. 

Bienvenue en Occitanie

« Je veux mettre l’Occitanie sur la carte du monde »,

les mots sont de Gérard Onesta. Depuis ce matin, c’est désormais acquis, suite au décret de Manuel Valls signé par Bernard Cazeneuve -Ministre de l’Intérieur- et Jean-Michel Baylet celui de l’Aménagement du Territoire, de la ruralité et des Collectivités territoriales. Une date historique donc que ce 29 septembre…On peut aussi y voir un clin d’œil ironique de par ses signataires : Valls (nom catalan), Cazeneuve (nom occitan qui veut dire « maison neuve ») et Baylet (nom occitan qui vient de « baile » régisseur, gouverneur et le diminutif « et » qui signifie petit).

Plus sérieusement, le principal acteur de cette histoire a sans aucun doute été Gérard Onesta. Depuis plusieurs années, il veut donc mettre l’Occitanie aux yeux du monde, c’est lui qui a réfléchit et mis en place le processus de la consultation populaire, qui a bataillé en interne pour que cette consultation ne soit pas vaine. Ce matin, il est forcément ravi :  « C’est fait et le signal est beau! Je sentais bien que montaient sur notre territoire les valeurs que ce mot incarnait, notamment chez les jeunes. Il y a le « Paratge », c’est à dire « je te reconnais comme mon égal » et la Convivéncia, le plaisir de vivre ensemble en toute fraternité. Occitanie, c’est un mot neuf qui n’est pas rattaché au passé. C’est aussi pour ça que les jeunes l’ont plébiscité dans les lycées lors de la consultation. » Le président du bureau de l’Assemblée Régionale d’Occitanie ne boude pas son plaisir : « Ce matin quand j’ai vu le compte twitter de la préfecture qui changeait de nom, c’était extraordinaire : voir « Préfet et « Occitanie » côte à côte, quel symbole ! »

Pour sortir du symbole et d’un nouveau nom qui ne serait que anecdotique, « il va falloir que tout ceci se traduise en actes politiques. Dans quelques semaines nous allons lancer l’Assemblée des territoires… ». Il y aura donc certainement matière à intégrer cette nouvelle donne dans plusieurs domaines : signalétique, culture, économie, éducation… Des actes concrets qui commencent à arriver pour les Catalans.

Photo : compte twitter @OnestaGerard

Photo : compte twitter @OnestaGerard

Et les Catalans ?

« Ils ont raison de vouloir se faire une place sur la carte. J’ai défendu depuis le départ le nom de  Occitanie-Pays Catalan. Une démocratie se mesure aussi à la manière dont on considère les minorités. » Pour le conseiller régional EELV, la Région vient de répondre avec des mesures effectives. Comme la création de l’Office Public pour la Langue catalane en place depuis le 23 septembre. Il y a aussi le reformatage de l’Eurorégion avec Perpignan comme nouvelle capitale. « La Région va payer des panneaux Pays Catalan bilingues qui seront disposés dans tout le département des Pyrénées-Orientales. C’était prévu dans la résolution de l’Assemblée régionale ». Un département qui pourrait changer de nom, s’il le souhaite, comme le processus est déjà lancé dans plusieurs départements. « Ils ont tous les éléments en main. En matière de culture, d’économie, de connexion avec la Catalogne-Sud, de symbolique, je crois que nous avons répondu à beaucoup de leurs demandes. »

Nom Occitanie : réaction de Carole Delga
Un contrat d’avenir a aussi été divulgué par Carole Delga pour le développement économique du Pays Catalan. Il concerne aussi bien le tourisme que l’agroalimentaire ou encore les énergies renouvelables. Au sud, ça bouge aussi. Le président de la Généralité de Catalogne Carles Puigdemont vient d’annoncer la tenue d’un référendum d’autodétermination en 2017. Une Catalogne où l’on va fêter les 10 ans de l’officialité de la langue occitane… Reste le recours citoyen déposé devant le Conseil d’Etat par un collectif catalan.  Ce jeudi matin, l’ancienne députée PS Renée Soum a mandaté un un avocat parisien spécialisé pour introduire une nouvelle action. 
Nom région Occitanie : les réactions

Hermeline Malherbe (présidente du Conseil Départemental 66) et Annabelle Brunet (avocate et adjointe à la mairie de Perpignan)

Mais on voit mal le Conseil d’Etat se déjuger en quelques mois. Quant à celui du FN, il vient d’être retoqué. Le tribunal administratif de Toulouse a estimé que la résolution votée par la Région n’était qu’un avis consultatif (le choix final revenant au gouvernement) et que cet avis n’était donc pas attaquable. La route semble donc presque dégagée pour que l’Occitanie perpétue ses valeurs et donne du sens à cette nouvelle région. En n’oubliant pas que l’Occitanie ne se limite pas à Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon.
@Benoit1Roux

28 Sep

La Dintrada fa sas classas

L’iniciativa es interessanta : organizar un eveniment per soscar a las accions politicas en general o a de causas particularas, permetre al monde occitan de s’encontrar e de se parlar. Un quicòm de puslèu rare e que fa mestièr. La segonda DINTRADA se passèt donc a Pòrt-Leucate la dimenjada passada. Es encara en mòde d’aprendissatge, fa sas classas mas l’escolan Dintrada s’amerita los encorajaments.

 

Drecha extrèma, centralisme dins los transpòrts e eleccions

Un centenat de personas venguèron donc los 24 e 25 de setembre per participar a la Dintrada. Un pauc mens que l’an passat, pas tant variat tanben dins lo public. L’afar es organizat pel Partit Occitan e l’Aligança Liura Europenca mas la manifestacion se vòl dubèrta e mai del tèrç dels participants èran pas ligats al POC. Per la segonda edicion, lo tempò èra un pauc pus viu, los debats cadrats e las intervencions mai cibladas. Se parlèt de la drecha-extrèma que fa flòri en país occitan coma de pertot. L’intervencion de Gerard Tautil permetèt de far una mena de bilanç de las vilas governadas pel FN e los dangièrs qu’aquò representa.

Debat sus la drecha extrèma. Fòto Thérèse de Boissezon

Debat sus la drecha extrèma. Fòto Thérèse de Boissezon

Venguèt puèi la question del centralisme dins los transpòrts amb Eric Boisseau que reprensatava un organisme (la FNAUT Federacion Nacionala de las Associacions dels Usatgièrs dels Transpòrts ) que vòl promòure los transpòrts regionals. Una alternativa als projèctes grandasses de linhas novèlas e que còstan un fum de moneda. Una autra via es possibla !

Costat eleccions, aprèp las regionalas de l’an passat, lo periòd es ara presidencial. Christian Troadec, candidat declarat a l’Elisèia, sostengut per Regions e Pòples Solidaris venguèt per parlar de son projèct e de sas idèias  e escambiar ambe lo Public.

Los sostens al Christian Troadec. Fòto : Thérèse de Boissezon

Los sostens al Christian Troadec. Fòto : Thérèse de Boissezon

Dins un esperit de dubertura e d’alargament, François Alfonsi per Corsèga e Ana Miranda per Galícia venguèron fa profitar de lors experienças sus d’autres territòris.

L’esperit e los enjòcs de la Dintrada

I bravament de personas que s’interèssan a la politica e que vòlon pas s’engajar dins un partit o un organisme. La Dintrada es donc una universitat dubèrta e pas reservada als militants. Aquest’an semblariá que la diversitat èra pas tant fòrta coma l’an passat. Benlèu mens de monde ligats a d’autres moviments d’esquèrra. Mas n’en demòra pas mens que cadun pòt venir, prene un pauc de temps per escambiar s’assabentar, trabalhar amassa. Per aquò far, i a de debats un pauc estructurats mas tanben de moments de partatge al moment de dinnar, pendent la serada del dissabte o la pausa cafè.

 

L’avenidor

Patric Roux, lo sol elegit occitan regional venguèt tanben per parlar de sa primièra annada coma conselhièr regional. Tornèt sus la creacion de L’Ofici Public per la Lenga Occitana e las avançadas que se podrián far ambe l’espandida de la novèla region.

Dimenge de matin, se parlèt coma l’an passat dels malhums socials. Lo Renaud Savy presentèt los utisses e los biaisses. Aprèp Facebook, plaça aqueste còp a Twitter. « Aquelses utisses son importants per nautres estant que avèm quasi jamai de plaça dins los medias tradicionals, fòra dels occitans. Fargar de gropes occitans un pauc activistas foguèt pron eficaç per las regionalas. Es un pauc l’orientacion del POC dempuèi dos o tres ans » , nos dís Guilhèm Latrubesse.

Fòto : Thérèse de Boissezon

Fòto : Thérèse de Boissezon

Per el, la formula de la Dintrada agrada, d’unes qu’èran aquí l’an passat son tornats, los intervenents son bons, los escambis rics, lo luòc agradiu… Voldriá pr’aquò « tocar mai de monde, dubrir encara mai, per de que pas a Catalonha… E que i aguèsse mai de mediatisacion ! » Un questionari de satisfaccion va virar per afustar un apuc l’analisi mas sembla solide : La Dintrada redoblarà… de fòrças en  2017 e se farà ben !

@Benoit1Roux