07 Déc

Proposition de loi Le Houérou : un débat en absurdie

Voilà une semaine que la proposition de loi d’Annie le Houérou (Députée PS des Côtes d’Armor) a été discutée à l’Assemblée Nationale. 7 articles et seulement 4 de votés. Pas de date précise pour la suite… Une proposition de loi signée par la moitié des députés PS mais… un gouvernement qui ne la soutient et même, s’y oppose. Ce n’est pas demain que nous allons passer d’une TOLERANCE à une PROMOTION des langues régionales de France. Alors que la demande et l’intérêt qu’elles suscitent est de plus en plus forte. Voyage en absurdie.

  • Une obstruction du gouvernement … qui aurait dû souvenir le texte

Malgré des consultations, malgré certaines promesses, le texte de loi d’Annie le Houérou a tout d’abord eu du mal…à être inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale. Ceci nous a été confirmé par l’entourage de la députée des Côtes d’Armor. La Proposition de Loi était prête en juin; elle n’a été mise à la discussion que pour le 30 novembre.

Les 2 ministres concernées par le texte (Education et Culture) n’ont pas daigné se déplacer. C’est Estelle Grelier, simple secrétaire d’Etat aux collectivités locales qui représentait le gouvernement. Alors que le texte était passé en commission sans obstacle, le gouvernement a rendu 4 avis défavorables aux 4 articles votés ! A croire que le gouvernement et les députés PS ne sont pas du même parti !

Le gouvernement aurait pu reprendre ce texte et en faire un projet de loi. Il ne l’a pas fait et au vu des débats, on comprend pourquoi. Il pourrait aussi demander une procédure accélérée et c’est peu probable qu’il le fasse.

  • Une pluie d’amendements… d’un député LR… favorable aux langues régionales

Alors qu’encore une fois le texte était simple, l’opposition a déposé une bonne cinquantaine d’amendements (une centaine en tout avec ceux de la majorité), portés par l’un des députés du parti Les Républicains qui est sans doute l’un des plus favorables aux langues régionales ! Marc Le Fur a demandé un renvoi du texte devant la commission qu’il n’a pas obtenu. Il a dégainé ses amendements et multiplié les prises de paroles sur des sujets pas tous essentiels. Tant et si bien que la séance a été levée à 1H10 du matin. Ceci sans doute pour éviter que le texte arrive devant le sénat et que son rejet incombe aux sénateurs Les Républicains comme pour la ratification de la charte.

 

  • L’article 2 et des arguments IIIème république

Le débat certes très long (6H) n’a pas échappé aux bons vieux clichés. A plusieurs reprises, Estelle Grelier s’est abritée derrière l’article 2 et les décisions du Conseil d’Etat. Facile. L’unité Républicaine aussi, ça peut toujours servir. Comme si la République avait déjà été menacée par les langues régionales et ses défenseurs.

Nous avons eu droit également à un florilège de clichés et autres bêtises sur les langues régionales. Certains ne voient pas la nécessité de faire un texte, car tout va bien, elles existent, on les tolère…Mais ceci n’est rien par rapport à ceux qui les accusent directement ou indirectement de tous les maux, par exemple en faisant un lien avec illettrisme. Mention spéciale pour l’ensemble de son oeuvre à Jean-Luc Laurent président du Mouvement Républicain et Citoyen, l’auteur de la fameuse formule : « quand on parle de langues régionales, on vit chez les dingues! » Il a remis le couvert avec…

Quel projet politique portent les promoteurs des langues régionales ? Ils nous proposent non pas de les sauver, de les promouvoir, de les préserver, de les développer – ces objectifs, quoique discutables, sont légitimes, et, sans les partager, je les admets –, mais de les faire entrer à l’école et dans la sphère publique. Ils nous proposent de construire pour demain une France balkanisée et fragmentée, en commençant par ses marges géographiques et linguistiques, une France dans laquelle les étudiants, les écoliers, les fonctionnaires ne circuleront plus facilement au cours de leur vie, parce qu’ils se poseront la question de leur identité, de leur appartenance.

C’est du costaud. Idem pour Marie-Françoise Bechtel (PS) :

Je suis élue dans un département, l’Aisne, où il y a 16,7 % d’illettrés, contre 4 % en Île-de-France. Je pose simplement la question, mes chers collègues : dans quel monde vivez-vous si vous croyez que les gens demandent que leurs enfants apprennent le picard à l’école ?

Soutenue immédiatement par Annie Genevard (LR) : « C’est là le caractère un peu miraculeux de ce débat récurrent sur les langues régionales : on voit des alliances assez improbables. » Improbables politiquement mais prévisibles linguistiquement. Le plus surréaliste étant sans doute Jean Lassalle, ardent défenseur des langues, mais qui s’est trompé de tribune pour rappeler qu’il était candidat à la présidence de la République.

Les textes des interventions sont à retrouver à cette adresse.

http://www.assemblee-nationale.fr/14/cri/2016-2017/20170066.asp

Analyse très intéressante de Philippe Martel (Fédération des Enseignants de Langue et Culture d’Oc)

 

  • Maintenant c’est mort !

Si la porte était encore un peu entrouverte jusqu’à jeudi matin, elle s’est sans doute bien refermée. Le chemin de croix pour réinscrire les langues régionales à l’ordre du jour afin de voter les 3 articles restant  a repris. Pour l’instant, Annie le Houérou s’est vu proposer une date fin janvier. Comme ça, on est sûr que la proposition de loi n’a aucune chance de faire la navette Assemblée-Sénat. Si elle était adoptée finalement en première lecture à l’Assemblée, la nouvelle majorité issue des élections présidentielles et législatives aurait la possibilité de poursuivre les discussions au sénat. Ce qui ne s’est quasiment pas fait depuis la Vème République. Et vu les 2 candidats (e) actuellement en tête des sondages… Ce serait encore plus absurde d’attendre quelque chose de Marine Le Pen et François Fillon.

Lo Benaset @Benoit1Roux

 

05 Déc

Renée Bagelet, femme authentique

A bientôt 86 ans, Renée Bagelet ne perd pas le nord. Lucide, et très active, même si depuis 5 ans elle n’amène plus ses bœufs dans les champs pour labourer, charger du foin ou sortir du bois… Mais n’allez pas croire qu’elle reste assise sur sa chaise, al canton. Renée, c’est une vedette. Les visites se succèdent : des curieux qui l’ont vue dans un film, impatients de la découvrir… Des habitués qui ne peuvent pas se résoudre à ne plus prendre de nouvelles. Plusieurs films sont sortis sur elle dont celui d’Amic Bedel et Jack Levé « Las 4 sasons de la Renada » en V Òc. Jacques Laporte, un photographe qui la suit depuis 15 ans va sortir un livre d’ici quelques jours. Renée, sous les projecteurs mais nous ne sommes pas au spectacle. Une femme authentique qui se fiche pas mal du qu’en-dira-t-on.

Photo Jacques Laporte

Photo Jacques Laporte

Una mirgueta per las polas

Elle a le sens de la formule; des piques aussi. Mais elle sait également être dame de coeur. C’était ma première rencontre avec cette légende. J’en ai vu d’autres, mais me voilà un peu sur ma réserve. Jacques Laporte le photographe nous attend. Il l’a prévenue. Mais elle a déjà oublié. On ne va pas s’embarrasser avec les présentations. La Renada sap pas ont se virar. Oc-ben! Quitament a 85 ans ! Pas besoin de lui demander de faire quelque chose. Elle fera ce qu’elle voudra, comme elle entend, au moment choisi. Un brin résistant, un zeste cabot. Elle observe, écoute mon occitan : « es pas lo mème que lo meu mas parlas melhor que l’autre que venguèt ». Me damne, un compliment ! C’est Jacques qui va prendre : « Aquel li comprend pas res. Parla francés. Li vos cal explicar ». Elle « rondine » un peu mais se prête au jeu : « sabiái sachut, auriái metut un polit capèl. N’ai un trentenat! ». Mais pas de temps à perdre. Il faut aller nourrir les poules… avec une souris qu’elle a attrapée ! Dans la grange, Blanchette et surtout Pétassou ne sont plus là : « Es mòrta aquí, dabant ieu, de vielhum ». Depuis 5 ans, elle ne travaille plus les champs avec son parelh de buòus dondats. Fini les labours, les moissons, le foin, rentrer le bois, faire la vigne. Tot aquò ambe los buòus…e de bravas susadas ! Mais la grange n’est pas vide pour autant. Jacques Laporte lui demande de travailler. Elle fait la litière des 5 vaches. Jack Levé qui avait fait les images du film d’Amic Bedel est revenu pour s’y frotter. Mais c’est son manteau qui ressort, orné de paille. Prétexte ou pas, Renée a l’œil et se fait un plaisir de le brosser. Un tantinet séductrice.

Photo Jacques Laporte

Photo Jacques Laporte

Jacques lo pastissièr

Ca fait plus de 15 ans que Jacques laisse ses éclairs. Il a flashé sur la Renée. Pâtissier de métier, sortir des murs pour mettre en boîte la nature, les savoirs-faire qui se perdent, ceux qui les font encore. Une photographe humaniste tel qu’il se définit. Un ami lui a parlé de Renée. « Je suis des années 50 et j’ai connu ce monde paysan en pleine mutation. Aujourd’hui on veut refaire du folklore. Mais Renée c’est de l’authentique ». Renée, il faut savoir l’apprivoiser. Alors Jacques lui amène des gâteaux. « Les photos c’est joli. Mais les gâteaux c’est bien meilleur ! » Alors lo pastissièr comme elle l’appelle a gagné sa confiance. Mais pas totale : « Vous avez intérêt à me donner un livre quand il sortira ! » Jacques préfère en rire. Elle semble satisfaite des photos du livre. Mais sa coquetterie en pâtit. « J’ai les cheveux frisés comme une queue de rat. Et là, mais je suis grosse comme une barrique !  » Mais se rassure de suite : « Là j’étais plus jeune, j’aurais pu encore me remarier ». Son premier mari : « l’ai fotut a la pòrta » !

 

 

Photo Jacques Laporte

Photo Jacques Laporte

 

Lo regent que quirda

Vient le moment de l’interview. De cette vie riche faite d’authenticité de durs labeurs, tout lui semble normal. « Que volètz que vos digue? Era coma aquò. » Bien sûr, elle égraine ses histoires, son histoire, avec la même saveur, ce certificat d’études loupé pour un exercice de calcul mental. « I comprenguèri pas res, mè alèra res de tot ! E lo regent me fotèt una engulada, quirdava talament, entendi enquèra que quirda! » Un sens inné de la formule, magnifié par une théâtralité très probante. D’ailleurs elle a longtemps brûlé les planches. Sa vie de regenta aurait été plus calme mais certainement plus banale et moins médiatique. Car Renée n’en finit plus d’être connue et reconnue. « N’i a que son jaloses. Tè, enquèra la Renée que passa al cinema. Que vòl enquèra ? … M’en foti, los emmèrdi ! » Pas facile, sans concession mais attachante. Elle ne dit rien de ce qu’on attend mais se raconte à sa manière. Elle a l’allumage facile mais c’est sans doute une marque de gratitude. De toute façon c’est comme ça. E se siás pas content, vira te lo cuol al vent !

En quittant la Renada, je lui fait le poutou. Oui, vraiment, dans ce monde d’uniformité et de conventions, l’authenticité de La Renada détonne. Elle tonnera et trônera longtemps dans ma mémoire.

Lo Benaset @Benoit1Roux

Plus d’informations sur ce livre qui fait appel au financement participatif :

https://fr.ulule.com/femme-paysanne/description/
Renée Bagelet et ses bœufs Photo : Jacques Laporte

Photo : Jacques Laporte

01 Déc

Langues régionales : le chemin tortueux semé d’embûches pour un statut

Hier mercredi après-midi jusque tard dans la nuit, on discutait des langues régionales à l’Assemblée Nationale. Une proposition très tardive de certains députés socialistes et apparentés, portée par la député PS Annie Le Houérou. C’était la 6ème tentative lors de cette législature qui prendra fin dans 90 jours. Et C’est bien là le problème ! Mercredi, la Proposition de Loi d’Annie Le Houérou n’a pas pu être votée dans son intégralité mais seulement 4 des 7 articles. La séance à été levée à 1H du matin passé. Déjà que le timing était serré, cette proposition de loi a peu de chances d’entrer en vigueur faute de volonté gouvernementale et de majorité au Sénat.

Photo : site Assemblée Nationale

Photo : site Assemblée Nationale

Le débat du 30 novembre 2016

Les optimistes y verront une avancée au moins symbolique, les pessimistes un éternel bégaiement insupportable de l’Etat français incapable de faire une place à une autre langue que le français. Dans le premier camp, on relèvera un hémicycle plus rempli que d’habitude sur le sujet des langues régionales, de bonnes interventions documentées et pertinentes, à droite comme à gauche. Dans le second camp, on relèvera à juste titre que les 2 Ministres concernées (Culture et Education) ont brillé par leur absence, que cette proposition de loi n’a pas été déposée au nom du groupe socialiste mais seulement signée par 143 députés PS et apparentés. Sans oublier les éternels épouvantails brandis par les opposants : l’enseignement des langues régionales qui pénaliserait celui du français, contribuerait à l’illettrisme, etc… Sans oublier ceux qui pensent que les langues régionales sont suffisamment enseignées, utilisées et protégées sans avoir à leur donner un statut juridique.

Pour le reste, on aura vu la gauche reprocher de manière véhémente le rejet du texte permettant la ratification de la charte européenne par la droite sénatoriale en octobre 2015. Cette même droite se gaussant avec un certain talent dans la bouche de Marc Le Fur les tergiversations et manœuvres politiciennes de la gauche qui attend la fin de la législature pour proposer un texte qui n’aura pas le temps de terminer son parcours législatif.

Le texte examiné par l’Assemblée Nationale

La proposition d’Annie Le Houérou comprend 7 articles qui concernent 3 domaines : l’enseignement, la signalétique et la visibilité des langues régionales et enfin les médias. Sur l’enseignement, il s’agit de généraliser ce qui se passe en Corse, c’est à dire la proposition systématique d’un enseignement des langues régionales là où ces langues sont présentes, un enseignement facultatif évidemment. Il s’agit aussi d’officialiser cet enseignement à l’université. En revanche, rien n’est inscrit dans ce texte par rapport à l’enseignement immersif toujours sujet à débats.

Sur la signalétique, le texte insiste sur le rôle quasi exclusif que peuvent jouer les régions en la matière. Il s’agit d’encourager la signalétique bilingue et la place des langues régionales dans l’espace public.

Enfin le troisième secteur, celui des médias, avec 2 axes :

-que les publications en langues régionales puissent bénéficier des mêmes aides que celles en français

-attribuer un rôle majeur au CSA, notamment dans l’octroi des fréquences pour les radios en langues régionales.

Ce dernier point étant celui qui a soulevé le plus d’opposition.

A une heure du matin, la séance a été suspendue. Les 4 premiers articles ont bien été adoptés et la plupart des amendements (une bonne soixantaine) rejetés. Il reste encore 3 articles à voter, ce qui va rendre le parcours du texte encore plus sinueux. La date de l’examen du reste de la proposition de loi n’a pas encore été fixé.

Assemblée Na

1H10 du matin : la séance est suspendue !

Un texte voué à rester à quai

Soyons clairs : l’arrivée très tardive de ce texte rend son adoption quasi impossible. Le débat d’hier à donné quelques éclairages plutôt sombres. Non, le gouvernement ne reprendra pas le texte à son compte pour en faire un projet de loi. Ce qui permettrait de gagner du temps et d’imposer un tempo au sénat. On sait que la Ministre de l’Education et certainement celle de la Culture sont très frileuses sur ce texte. A défaut de le reprendre, le gouvernement pourrait aussi demander une procédure accélérée. Au vu du débat d’hier, rien n’indique que ce sera le cas.

Reste le Sénat. Plusieurs interventions de députés Les Républicains laissent entendre que ce texte n’est pas prioritaire pour le Sénat et que, même s’il était mis à l’ordre du jour, la droite n’aurait pas spécialement envie de faire un cadeau à la gauche.

Impasse sur la ratification des langues régionales, voie sans issue pour tout texte donnant un statut juridique aux langues régionales, une fois de plus certains politiques font la démonstration qu’ils sont à contre-courant des aspirations d’un nombre de citoyen de plus en plus important.

Lo Benaset @Benoit1Roux

Vous pouvez visionner les débats sur le site de l’assemblée

http://videos.assemblee-nationale.fr/

Reportage complet dans le JT OC de France 3 samedi

 

25 Nov

Primaires de droite : match perdu pour les langues régionales

Le match entre la team Fillon et la formation Juppé a bien duré 90 minutes. Mais à l’arrêt du chrono, le résultat est clair : 0 seconde pour les langues régionales ! Absentes du terrain, nada, que tchi, pas res! Vous me direz qu’il n’y a rien de surprenant à ça. Que le match était plié d’avance, que les 2 candidats sont toujours hors-jeu sur le sujet, que les trois arbitres journalistes (qui n’étaient pas en noir) ont depuis longtemps fait le deuil de ce type de question… Non vraiment, il ne fallait pas s’attendre à un miracle.

Tiens, à propos de miracle… François Fillon, chantre de la France catholique, aurait pu se souvenir que c’est bien en occitan que la Vierge s’est adressée à Bernadette Soubirou ! Et Jupppé à qui l’on prête quelques connaissances sur l’occitan , lui qui est si fier de sa ville, elle ne serait pas un peu occitane Bordeaux ?

LR Les républicains : le match

Et bien non. Pourtant la partie a été bien vendue. Toute la semaine, on a mangé des primaires, à outrance, à toutes les sauces. Les médias ont mis le paquet. Juste avant le match, on se serait cru sur Canal + : des caméras partout, l’échauffement, le vestiaire, le menu des sportifs, la fiche technique, les statistiques, des serrages de main… à la louche ! Ne manquait plus que la louma sur les points noirs des candidats. Après une bonne heure de préliminaires, forcément on était chaud. On allait voir ce qu’on allait voir, un classico façon combat de boxe Tyson / Frasier. Car rien à voir entre les 2 équipes. Un jeu en profondeur pour Fillon, jusqu’aux racines, traditionaliste; un conservatisme de balle à toute épreuve. Pour Juppé, un jeu au centre, plus prudent et emprunté, pas d’écarts sur le côté.

L’un va droit au but (aucun rapport avec l’OM) : suppression des fonctionnaires, retraites à 65 ans, augmentation du temps de travail. Il n’hésite pas à recruter à l’étranger. Oui, il faut faire une place à Poutine dans cette équipe. Et si seulement Margaret Thatcher pouvait encore jouer… L’autre n’en finit pas de dribbler, tergiverse, repasse au centre… Oui, il veut bien défendre la diversité, la différence, avec une certaine prudence. Dans son jeu, une maîtrise de la langue française qui le rend parfois abscons…mais pas gascon ! « L’identité heureuse » des langues régionales ne sortira pas de la surface de réparation française.

Décidément, le match est trop fermé, tactique, peu de fautes mais trop d’interventions des arbitres qui contrôlent trop le jeu, le hachent. Alors quand on s’embête, on ressort les bonnes vieilles archives.

LR Langues Régionales : avant match

  • 1999 tribune dans Libération : http://www.liberation.fr/tribune/1999/07/09/le-derisoire-debat-sur-les-langues-regionales-occulte-des-questions-bien-plus-importantes-pour-l-ave_278098

…la question des langues régionales, que nul ne menace en France est, pour notre pays, un sujet anodin. Elle est cependant révélatrice de la situation française. L’ampleur démesurée accordée à cette affaire mineure masque mal tout d’abord la pauvreté du débat politique sur les questions bien plus essentielles pour l’avenir du pays…

  • Il fut aussi l’auteur, en 2005, d’une loi sur l’éducation qui a dégradé les conditions d’enseignement des langues régionales. Avec l’instauration d’un « socle commun de connaissances« , qui n’a reconnu que les langues vivantes étrangères. Sur la question, on peut lire « L’école française et les langues régionales XIXe et XXe siècles » coordonné par Marie-Jeanne Verny et Hervé Lieutard  aux Presses Universitaires de la Méditerranée. http://books.openedition.org/pulm/910
  • 2012, François Fillon, candidat à la Présidence de l’UMP en campagne à Rennes…  Evoquant le « maintien de l’unité de la Nation», il se réjouit qu’au fil de l’Histoire, les spécificités des langues régionales ont été « gommées mais au bout du compte le résultat n’est pas si mal avec une langue et une culture française magnifique ». Et d’enfoncer le clou : « Il faut préserver notre unité en combattant les comportements communautaires de nature ethnique ou régionale », citant le cas de la Belgique et de l’Espagne dans Le Télégramme du 20 octobre 2012.

Chasse Pêche Nature et Traditions avait adressé aux 7 candidats une charte en 10 points dont un pour défendre « les activités culturelles et traditionnelles comme les arts, les langues régionales, la chasse, la pêche, la corrida » et la création d’un secrétariat d’Etat « . Ils appellent à voter pour François Fillon. Comprenne qui pourra.

Et Alain Juppé, plus « girondin » que jacobin ?

        • 29 mai 1996, Jacques Chirac se déplace en Bretagne. Devant des parlementaires du cru, le chef de l’Etat se lance dans un vibrant plaidoyer en faveur des identités régionales. Se pose la question de la ratification de la charte européenne des langues minoritaires. C’est Alain Juppé Premier Ministre qui saisira alors le Conseil d’Etat… qui rendra un avis défavorable. Et oui, c’était déjà comme ça il y a 20 ans!
        • Depuis? Rien, nada, que tchi, pas res ! Pas la moindre trace dans son programme, ses écrits…
        • 5 octobre 2016, on relève juste ce tweet.

Mais quelques mois en arrière, il twittait sur l’article 2 de la constitution, après le discours en langue corse de Jean-Guy Talamoni nouveau président de l’assemblée. Et Bayrou, son proche soutien, il ne lui a rien dit sur l’occitan et les langues régionales?

Finalement, ni le combat du jour, ni les archives ne vont venir au secours des langues régionales. Match nul sur toute la ligne. Je vais me coucher avec un seul enseignement : LR ça n’a vraiment rien à voir avec Langues Régionales.

Lo Benaset @Benoit1Roux

 

24 Nov

Nadal Rey, l’inalassable trabalhaire

Nadal Rey, 105 ans, nos ven de quitar dimenge passat. Foguèt sebelit ièr dins la vila ont demorava : La Ville Dieu du Temple dins Tarn e Garona. Passèt sa longa vida a trabalhar, caminar, obrar per la lenga mas pas sonque. Calguèt 9 volumes per contar sa vida e sa pensada dins « Troisième étape ».

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Una longa vida

Nadal Rey nasquèt en decembre de 1911 a Levinhac-sus-Save d’un paire lengadocian e d’una maira gascona.  Passèt l’Escòla Normala  de Tolosa, puèi la facultat de Letras de Madrid. Entamenèt sa carrièra de professor a Verdun-Saint Chamond. Maridat se’n anèt a Grenoble e quand arribèt la guèrra, partiguèt en 1939 en Africa. Conta tot aquò dins son libre que pareguèt en 1988 : « Le bataillon perdu ». Nadal Rey èra un escrivan e de primièr, un aparaire de la lenga d’òc. Son primièr libre publicat foguèt « Sòmis », un recuèlh de poèmas en 1984. Farguèt la seccion occitana dels retirats de l’Educacion Nacionala, trabalhèt de longa amb la seccion Antonin Perbosc (IEO de Garona-Nauta). I a quitament un prèmi que pòrta son nom que ven recompensar de libres cada dos ans. Passèt tanben 30 ans de sa vida al Maròc, de dabans de tornar en Tarn e Garona en 1972 ont acabèt sa vida.

Photo : Nadyne Vern-Frouillou

Photo : Nadyne Vern-Frouillou

Una vida a trabalhar

 Cercava pas los onors mas se ganhèt les Palmas academicas, la Legion d’Onor, lo Meriti militari, la Medalha de la Joinessa e dels Espòrts, la Medalha de la Croix-Rouge, la de l’Òrdre de Malte… L’escrivan s’acontentèt pas sonque d’escriure, mas voliá far, caminar, avançar, soscar. Farguèt tanben mantunas associacions, quitament «Los Ainats de Laviladieu», puèi la Federacion dels Ainats Rurals de Tarn-e-Garonne ambe un centenat de clubs e mai de 10 000 escotissaires ! E anatz pas pensar que tot aquò es sonque local. Ambe la Federacion Internacionala de las Associacions de Personas Ajadas va caminar de pertot dins un cinquantenat de paises amb un estatut consultatiu n°1 al prèp de l’UNESCO…

Una longa e rica vida. Quand l’encontrèrem pel darrèr còp en julhèt de 2012, nos diguèt : « cal pas demorar lo cuol sus la cadièira mas bolegar, trabalhar, totjorn trabalhar! »    Adieu-siatz Nadal e mercés per tot !. Podètz tanben legir l’article de Nadyne Vern-Frouillou sus Luchon Mag.

Lo Benaset @Benoit1Roux

23 Nov

« L’amor de luènh » s’en va au Metropolitan de New York

« L’amour de loin » une oeuvre inspirée du troubadour Jaufre Rudel sera jouée tout le mois de décembre au célèbre Metropolitan Opera de New-York. Une histoire de flux et reflux d’amour sur fond de Méditerranée entre Jaufre qui se morfond dans sa principauté de Blaye et Clémence, comtesse de Tripoli. Un opéra ambitieux composé par une Finlandaise (Kaija Saariaho) avec un livret de l’écrivain libanais Amin Maalouf. Oui, la culture occitane sera bien à l’affiche dans un lieu prestigieux de New-York !

 

La Fine histoire de l’Amour

Voilà plus de 8 siècles que la légende de Jaufre Rudel nous hante. Mais quel Jaufre Rudel ? Ils furent plusieurs, les princes de Blaye, à porter ce nom. Celui qui nous occupe est bien le troubadour, fin poète et chantre de l’amour absolu dans la tradition de la Fin’Amor.  Sa vida (la vie du troubadour) a été écrite au XIIIe siècle, et elle continue d’attirer mystères et fascination. Celle d’un amour profond entre un prince (Jaufre Rudel) tombé amoureux de la belle comtesse de Tripoli sur les simples déclarations d’un pèlerin venu d’Antioche. A partir de ce moment-là, il ne pensera plus qu’à elle. (Acte I de cet opéra en 5 actes). Une histoire à 3 avec le pèlerin qui sert de passeur et s’en va convaincre la belle qu’un poète amoureux transi la vénère. D’abord un peu offusquée, elle se met à rêver elle aussi à cet « amour de loin » (Acte II). Le même messager s’en revient à Blaye et informe Jaufre que la comtesse est désormais au courant. Il décide alors d’aller la rejoindre (Acte III). Mais sur le chemin, les doutes le prennent et ses angoisses devient plus prégnantes que la force de son cœur. Tellement bien que les forces l’abandonnent, presque mourant, quand il arrive enfin à Tripoli (Acte IV). Prévenue de son état, la Comtesse va le rejoindre. L’approche de la mort les fait sortir de cet amour inaccessible, platonique. Ils jurent alors de s’aimer et quand le prince s’éteint, le cœur de la belle décide de s’obscurcir en rentrant au couvent (Acte V final). Une oeuvre qui jette un pont entre 2 rives : géographiques (Orient et Occident) et amoureuses (absence et présence). 

Amin Maalouf, Kaija Saariaho et les autres

Plus besoin de présenter Amin Maalouf, écrivain libanais qui vit désormais en France. Le prix Goncourt 93 a écrit « les Croisades vues par les Arabes » et publie en 2001 « L’amour de loin » aux éditions Grasset. Il s’est servi pour son travail d’écriture d’une part de la biographie romancée de Rudel parue au XIIIème siècle, d’autre part de son célèbre poème Lanquan li jorn son lonc en mai. Outre des passages du poème de Rudel, l’opéra reprend la mélodie composée par le troubadour pour bercer ses vers. 

 

La musique a été composée par une Finlandaise, elle aussi « rapatriée » en France : Kaija Saariaho. Cet opéra est le premier de leur collaboration. Il y en aura un second : « Adriana Mater ». « L’amour de loin » opéra en 5 actes avec 3 personnages (Jaufre, Clémence et le pèlerin) a été créé en 2000 à Salzbourg, puis au Théâtre du Chatelet un an plus tard ou encore à Londres en 2009. Il arrive donc cette année au célèbre Metropolitan Opera de New-York. Avec une mise en scène qui s’annonce éblouissante et déjà produite l’an dernier au Québec. 

Elle est l’oeuvre du bouillonnant et fantasque québécois Robert Lepage qui a travaillé sur les scénographies des spectacles de Peter Gabriel. L’opéra a été un succès immense lors de sa création. Il va rester tout le mois de décembre à l’affiche du Metropolitan Opera de New-York. La poésie occitane voyage bien.

Lo Benaset @Benoit1Roux

L’opéra sera retransmismis en direct le samedi 10 décembre à 18H55 dans plusieurs cinémas Gaumont-Pathé. Pour voir lesquels : http://pathelive.com/lamour-de-loin

22 Nov

La proposition de loi sur les langues régionales examinée la semaine prochaine

Jusque là tout va bien. Comme nous vous l’annoncions dès le 11 octobre, la députée des Côtes-d’Armor Annie Le Houérou, a déposé à l’Assemblée Nationale une proposition de loi sur la promotion des langues régionales. Le timing est plus que serré si on veut que cette loi entre un jour en vigueur. Ce matin elle a franchi un premier cap : la commission des affaires culturelles.

Annie le Houérou à l'Assemblée Photo : site de la députée

Annie le Houérou à l’Assemblée
Photo : site de la députée

A l’Assemblée Nationale mercredi prochain

Ce matin, la Proposition de Loi était en discussion devant la commission des affaires culturelles. Ce texte a été signé par 143 députés socialistes ou apparentés. Il fait donc quasiment le consensus au sein du groupe PS. De ce fait, le texte a franchi sans obstacle ce passage, il n’a subit aucune modification si ce n’est quelques amendements rédactionnels. Annie Le Houérou en sera la rapporteure et Jacques Cresta (député PS des Pyrénées Orientales) le responsable. Son examen est prévu le mercredi 30 novembre lors des 4 jours réservés aux propositions de loi du groupe PS. Vous pouvez revivre les discussions de ce matin sur ce site :

http://videos.assemblee-nationale.fr/video.4440680_58340df50db7e.commission-des-affaires-culturelles–promotion-des-langues-regionales-22-novembre-2016

Nous avions interrogée la députée le 15 octobre sur le contenu de la Proposition de Loi. Elle se compose de 8 articles et concerne l’enseignement de la maternelle au secondaire, (mais pas l’enseignement immersif des calandretas, diwans, ikastola, bressolas etc…), jusqu’à l’université. Mais aussi la signalétique et les médias (sauf la télévision).
  1. L’enseignement. Le principe est simple : la reconnaissance de l’enseignement des langues régionales comme matière facultative. Autrement dit, que cet enseignement soit proposé dans les écoles de France, de la maternelle au secondaire, selon le modèle Corse de l’article L. 312-11-1 du code de l’éducation.« Que tous les enfants aient la possibilité d’avoir un enseignement, sans qu’il y ait un caractère obligatoire, car le texte n’aurait aucune chance de passer ». La proposition veut faire reconnaître également l’enseignement bilingue, à l’exception encore une fois de l’enseignement immersif. « Nous n’intervenons pas sur le financement de ces écoles comme c’était le cas pour la proposition de Paul Molac. » Nouveauté : la promotion de ces langues dans l’enseignement supérieur : «  on veut inscrire dans la loi que les universités doivent proposer cet enseignement, car jusqu’à présent, chaque université a son entière liberté en la matière. »
  2. La signalétique. Evidemment les panneaux bilingues d’entrées de villes, certains panneaux directionnels, certains lieux publics, laissent un peu d’espace pour les langues régionales. La loi « prévoit, à la demande de la région, la généralisation sur tout ou partie du territoire de la signalétique bilingue ou plurilingue dans les services publics et l’usage de traductions dans les principaux supports de communication institutionnelle (article 4).  » Histoire d’aller plus loin et de pousser davantage les collectivités territoriales.
  3. Les médias. Concernant la presse écrite, elle prévoit que  » les publications en langues régionales peuvent bénéficier des mêmes avantages que ceux réservés aux publications de presse et sites en ligne en langue française. »Ces aides sont souvent conditionnées à la reconnaissance de caractère d’Information Politique et Générale (IPG) chose quasiment jamais reconnue pour aucune publication en langue régionale malgré un assouplissement de la règle survenu en 2012. Autre élément, la loi octroie au CSA des compétences pour la promotion des langues et cultures régionales et de garantir leur expression dans les médias audiovisuels (article 6). Ce même CSA qui doit aussi veiller selon cette nouvelle proposition de loi à ce que « une ou plusieurs fréquences soient attribuées à des candidats proposant la diffusion de services de radios en langues régionales. Sans objectif précis pour l’instant ni quotas… « Nous n’en avons pas mis car il y a un autre texte en discussion à l’assemblée porté par Yves Durand qui touche ce secteur, la culture, le patrimoine et l’architecture ». 
    Et rien donc concernant la télévision.

Le timing encore une fois sera très serré pour que cette proposition soit adopté. Ce pourrait être le cas à l’Assemblée Nationale vu le nombre de signataires. Mais ce sera plus que difficile -voire quasi impossible- qu’il en soit de même au Sénat. Il est peu probable qu’en ces temps d’élections la droite majoritaire au Sénat ait envie de faire un quelconque cadeau à la gauche.

Lo Benaset @Benoit1Roux

15 Nov

Lo Barrut en concèrt

Mercredi 2 novembre et après 8 jours de travail intensif, Lo Barrut a proposé un concert gratuit de sortie de résidence dans la salle Victoire 2 de Saint-Jean-de-Védas. L’occasion pour les 9 musiciens afogats de polyphonies et de poésies occitanes de faire découvrir à leur public leurs toutes nouvelles compositions.

Reportage de Sirine Tijani, Jack Levé et Michel Blasco. Montage de Charlotte Willocq

Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani Sirine Tijani

14 Nov

Quand « France-Emploi » s’affiche en langues régionales

Ceux qui ont ouvert le quotidien gratuit « 20 minutes » tôt ce matin ont sans doute dû se dire qu’ils n’étaient pas tout à fait réveillés… Le site internet France-emploi.com qui appartient au groupe Ouest-France a décidé de promouvoir son nouveau site avec des publicités déclinés en langues régionales. Histoire de se démarquer.

Trabalhar aiçí !

Ce n’est pas un retour à « Volèm Viure al país » mais bel et bien une campagne nationale : une page de pub dans le quotidien 20 Minutes pour le site France-emploi, avec une phrase en langues régionales déclinée suivant le territoire. Côté Toulouse, il y a donc la croix occitane, la saucisse, le rugby et… « Trabalhar aicí » écrit correctement en occitan !

Ce qui à priori n’est pas le cas pour la même page décliné par le quotidien en breton. Certains ont fait remarquer sur les réseaux sociaux qu’il y avait des erreurs sur les 2 mots « Oberiañ amañ ». La campagne est déclinée dans le quotidien 20 minutes, dans plusieurs langues ou dialectes suivant les grandes villes : Paris, Bordeaux, Marseille, Toulouse, Lyon, Lille Strasbourg et la Bretagne. Par ailleurs un spot radio circule sur Europe 1 et RTL, pas en langues régionales mais avec de l’accent. On y entend ainsi l’accent du nord et celui d’Hossegor dans les Landes. Cette campagne presse écrite et radio va durer encore quelques semaines.

 

France-emploi, nouveau site du groupe Ouest-France

Le site appartient au groupe Ouest-France. Ce nouveau site a été lancé le 26 septembre dernier, il est aussi l’émanation de « ouestfrance-emploi.com » qui existe toujours. Le groupe entend se démarquer et faire valoir les spécificités qui prévalent en terre bretonne. D’où la déclinaison de cette campagne en langues régionales. Plus de 30 000 offres d’emploi sont proposées sur les régions Île-de-France, Occitanie (Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées), Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle Aquitaine (Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes). Toutes les annonces sont aussi diffusées par Pôle Emploi car une convention de partenariat existe depuis 2014. 

Lo Benaset @Benoit1Roux

Lille

Lille

 

11 Nov

La ballade de Jim Black en voix de Bigorre

C’est un peu comme si les 5 chanteurs de Vox Bigerri avaient décidé de recruter une 6 ème voix : celle du grand batteur américain Jim Black. Pas un batteur de jazz « classique », toujours à la recherche de sons, beaucoup de technique mais à l’écoute. Le groupe est en résidence depuis jeudi à l’espace Omnibus de Tarbes. Avec une présentation de leur travail déjà très abouti ce soir à 19H. Vox Bigerri comme jamais vous les avez entendus !

Photo : France 3

Photo : France 3

Jim se ballade…

Il est cool Jim Black, presque autant que son talent. Heureux d’être là avec ces 5 hommes qu’il ne connaît pas… Seulement une rencontre furtive avec Fabrice Lapeyrere, 2 ou 3 morceaux envoyés par le groupe. Il sent la musique et quant l’un des membres tente de lui donner des précisions, il se contente de dire : « Sing and I’ll play! ». Il joue, rejoue différemment et la 6ème voix est là ! Sa batterie est toute simple, avec quelques agréments comme une cymbale spéciale et quelques accessoires. Une baguette qui ressemble à une sucette pour frotter sur la caisse claire, des archets pour les cymbales, des coquillages, des petits sacs remplis…

Ce n’est pas pour amuser la galerie, même si son large sourire rayonne jusque dans sa mèche ! C’est juste pour agrémenter les voix, toujours à l’affût du moindre signe vocal ou harmonique qui pourrait lui faire changer un son, creuser un rythme.

chants traditionnels, de standards de jazz et de compositions

Au menu du concert de ce 11 novembre, une dizaine de morceaux. Comme ces  » 7 sauts » béarnais presque ancestraux qui retrouvent une vitalité incroyable. Le jeu de Jim Black mène les 5 chanteurs vers autre chose, sans dénaturer quoi que ce soit. Le chant n’est plus tout à le même, les rythmes se font élastiques et surtout, la complicité évidente. Pour les besoins du reportage, on leur demande de rejouer les « 7 sauts ». Et c’est presque un autre morceau. Jim Black change son jeu, crée de nouveaux sons sur lesquels Vox Bigerri se greffe sans problème. Quelques heures de répétition, des artistes avec la banane et des morceaux ponctués par des « GREAT ! » lâchés par le batteur et des applaudissements par les chanteurs.

Photo France 3

Photo France 3

Vient ensuite « Strange Fruit », un standard jazz immortalisé par Billie Holliday. Pas franchement joyeux comme truc… Le texte parle des arbres du Sud, du sang sur leurs feuilles, sur les racines…avec des fruits, pendus, en décrépitude, picorés par des oiseaux. Le traitement sonore opéré par Vox et Jim n’est pas plus réjouissant. Le musicien fait de l’archer sur ses cymbales, frotte sa baguette sucette sur la peau de sa caisse claire… Étonnant, très étonnant. Vox Bigerri sur un nouveau registre, le texte est en occitan, puis en anglais…Envoûtant, presque déstabilisant.

Photo : France 3

Photo : France 3

Les créations sont toutes aussi stupéfiantes. Comme ce morceau de Jim Black « Star rubbed », un instrumental devenu « Mon dernier tracteur », un poème très dadaïste d’un auteur contemporain. Vous entendrez aussi « A las aubas » musique de Fabrice Lapeyrere et texte de Pascal Caumont. Ou encore cette musique de Jean-Claude Coudouy (le fameux « Hilh de puta! ») avec des paroles de Vox Bigerri qui donne « Senders de tèrra negra ». Quand la répétition se termine, la bonne humeur est toujours là, la frustration aussi de ne pas pouvoir en découvrir davantage. En repartantant, me reviennent ces mots de Jim Black : « Une batterie avec des voix, c’est très primitif, comme une sorte de groupe originel ». Et ceux de Pascal Caumont « Jim Black nous permet d’aller plus loin, plus en profondeur dans les racines ».

Photo : France 3

Photo : France 3

Les artistes ne devraient pas s’arrêter là. Jim Black va retourner à Berlin où il réside et se produire sur les scènes internationales avec d’autres formations. Mais quand l’été 2017 viendra, on pourrait bien retrouver l’Américain et les Bigourdans sur scène pour partager d’autres vibrations.

Lo Benaset @Benoit1Roux

Photo France 3

Photo : France 3