Sur la photo twittée sur son compte, il est assis à son bureau avec son pot de crayons, un grand sourire aux lèvres. Pierre Perret vient de sortir une nouvelle chanson facétieuse : « Les confinis ». Derrière l’humour, les mots qui touchent et qui font mouche sur les atermoiements du confinement. Drôle et féroce, facétieux et irrévérencieux… mais tellement humain.
Les 10 et 11 octobre, il devrait être encore sur scène à la salle Pleyel de Paris. Il aura alors 86 ans. Le manieur de mots à l’âme d’enfant n’a rien perdu de sa verve. Au début du mouvement, il a soutenu les gilets jaunes et voulait leur dédier une chanson. Finalement, il voit rouge avec le confinement.
Bon, mes p'tits loups, les amours, moi aussi j'ai fait la mienne ! Et, avec un peu de bol je vous la chanterai à #Pleyel (les 10 et 11 octobre).
En attendant, vous l'avez en primeur, cadeau !! https://t.co/gGHdaioi7r pic.twitter.com/7NQyzRCSOu— Pierre Perret (@pierreperret) June 9, 2020
« Les Confinis » entre facéties et irrévérences
Ils nous ont tant confinés, puis reconfinés, puis déconfinés, qu’on redoutait d’être in fine, des cons finis!
Pendant l’isolement, il a passé son temps à écrire et répéter les chansons de son prochain récital. Et puis un jour, il a appelé Les Ogres de Barback pour leur proposer cette chanson. « Il avait écrit les paroles et une ligne mélodique. Nous l’avons jouée et nous nous sommes appelés plusieurs fois. Nous avons fait peu d’arrangements, pour préserver le texte et la spontanéité », déclare Sam Burguière des Ogres de Barback.
Toujours un peu à la marge, entre légèretés et lignes engagées, « Tonton Cristobal » n’est pas resté au repos pendant le confinement. L’octogénaire aurait pu faire le sourd ou l’ignorant. Mais ça ne lui ressemble pas. Alors il a repris sa plus belle plume tantôt vitriol tantôt alcôve, pour faire rire et grincer des dents. Perret ouvre « La Cage aux Zozos » pour mieux leur voler dans les plumes.
Sur Europe 1, Il dit avoir menacé de danser nu sur le rond point des Champs-Elysées en cas de prolongation du confinement. Il n’aura pas eu à le faire mais il aura affûté sa plume.
Y avait l’Raoult çui que les enquiquine, Qui les traitait tous comme des Diafoirus, D’après lui y a guère que sa chloroquine, Qui pourra fout’ les chocottes au virus.
Pas facile de faire rire sur des sujets graves, de dénoncer sans être calomnieux. Sur un rythme à 3 temps, ça valse grave. Et certains vont s’y prendre les pieds.
La porte-parole elle s’appelle Sibeth, Y’en a qui pensent quelle porte bien son nom, On sent bien qu’la moindre idée qui se pointe, Lui déclenche un ouragan dans l’citron
Le défilé des docteurs, les spécialistes dans le petit écran, la pénurie de masques pour en avoir détruit 600 millions, Donald Trump, les infirmières qui gagnent des clopinettes… tout y passe. Et l’humour finit par l’emporter avec le sourire de l’auteur-compositeur en guise de révérence irrévérencieuse.
A propos d’infirmières, on se rappelle l’hommage du personnel soignant de Saint-Amand-les-eaux (59) qui avait enregistré le « Zizi » un week-end de confinement.
Une nouvelle collaboration avec les Ogres de Barback
Les Ogres de Barback sont allés chez Pierre Perret dans la Seine-et-Marne pour enregistrer la chanson. Le hasard a voulu qu’ils aient Guillaume Lopez le même jour au téléphone. « On s’est dit que ce serait bien de travailler ensemble sur ce projet ». Les Ogres de Barback et Guillaume Lopez ont déjà collaboré ensemble. Autre hasard, Guillaume qui fait les flûtes sur ce morceau est confiné dans le Gers avec l’accordéoniste Thierry Roques. Très rapidement, ils enregistrent le morceau. « Quel bonheur quand j’ai reçu le texte et la voix de Pierre Perret comme ça, avant tout le monde! J’étais fier » déclare Guillaume Lopez. L’ingénieur du son Alfonso Bravo qui était avec eux assure le mixage.
Ce n’était pas la première collaboration entre les Ogres de Barback et le poète de Castelsarrasin. Dès 2002, ils signent les arrangements de l’album « Çui-là ». Pierre Perret les invite pour fêter ses 40 ans de carrière à l’Olympia. En 2017, ils signent l’album « La tribu de Pierre Perret ». 15 titres avec des artistes de tous horizons et de tous âges tels Magyd Cherfi, Massilia Sound System, Idir, Tryo, Didier Wampas, Lionel Suarez, OLivia Ruiz… qui reprennent du Perret.
La tribu de Pierre Perret – Au café du canal
Les Ogres et Pierre Perret chantent aussi ensemble « Lily » lors des 10 ans du groupe d’origine arménienne.
Les mêmes protagonistes préparent un deuxième titre qui sera joué sur scène lors de la tournée d’octobre. Le morceau s’appelle « Mes adieux provisoires » qui est aussi le titre du tour de chant. La chanson devrait sortir la semaine prochaine. L’actualité c’est encore son prochain livre « Aphorismes & blues » qui sortira fin juin.
L’occasion pour le Pierrot gourmand des mots et de la gastronomie de mettre encore les pieds dans le plat.
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Benoît Roux