27 Mar

Doolin’ : la bonne musique en toute simplicité

C’est le groupe de musique irlandaise qui fait référence dans plusieurs pays et notamment aux USA. Doolin’ est pourtant une formation bien française, et même tarno-toulousaine. Alors que sort un nouveau single qui annonce un album pour la rentrée, Doolin’ vient de commencer une tournée internationale qui passe aussi en Occitanie. Rencontre avec Nicolas Besse.

Doolin sur scène au Bikini de Toulouse ©Tristan Camilleri

Doolin est une petite ville située en Irlande sur la côte Atlantique. C’est désormais le nom d’groupe qui fait référence en matière de musique irlandaise. Les Membres de cette formation ont joué dans les plus grands festivals américains et européens, ils ont partagé les studios des plus grands noms de la musique irlandaise. Pas mal pour des artistes tarnais et toulousains.

Le tout nouveau single qui annonce un 4e album.

Depuis quelques jours, le single « Circus Boy » tourne sur les plateformes et le clip dépasse les 20 000 vues. Un titre bien écrit, efficace, aux sonorités irlandaises mais surtout très pop. Il y a le son Doolin’, un phrasé anglais impeccable du chanteur, des musiciens dans le même élan sonore et à l’arrivée, un titre qui résonne plus « chanson » que musique traditionnelle.

On y retrouve les virtuoses de la musique instrumentale (flûte, tambour irlandais, accordéon…) avec des influences multiples. « Notre musique, c’est le fruit de nos parcours. La musique irlandaise est le fil conducteur avec les influences de chacun : musiques black américaine, folk, américana, jazz. A l’arrivée, l’album sera plus pop-folk, un peu moins funk », reconnaît Nicolas Besse le guitariste de Doolin’.

Photo officielle du groupe Doolin’. Photo : Yann Orhan

Une fois de plus Doolin’ ne fait pas dans la demi-mesure. Après avoir signé sur le prestigieux label américain, Compass records, enregistré dans les studios de Nashville avec des prestigieux musiciens irlandais mais aussi ceux de Johnny Cash, ils sont allés poser leurs chansons au célèbre studio Ferber de Paris. « Quand tu vois qu’ils ont refusé Radiohead à l’époque car ils réservent leur studio aux habitués, c’est flatteur! » L’album avec 11 titres sortira à la rentrée. Le groupe a travaillé avec 2 réalisateurs : Olivier Lude (Indochine, Calogéro, M, Johnny Hallyday…) et Patrice Renson (Vanessa Paradis, Véronique Sanson, Maxime Leforestier…). A l’écoute du premier morceau, on se dit que Doolin’ a été le bon élève appliqué et désormais reconnu de la musique irlandaise et qu’il souhaite désormais aller plus loin. « Au départ on rend hommage, on travaille avec les grands maîtres pour apprendre, on va en Irlande. Quand tu es adoubé, tu prends confiance. Maintenant, on apporte notre touche. » Avec une reprise déjà testé en concert : L’amour sorcier » de Claude Nougaro.

Le morceau semble écrit pour eux. « Quand Hélène Nougaro l’a écouté, elle était très contente du résultat. »

Doolin, le live partagé

En 2020, comme tous les copains, les musiciens de Doolin’ sont restés chez eux. La tournée prévue aux States et au Canada attendra. La scène, c’est pourtant leur éclate. « On aime la musique live. Ca permet de sortir du carcan induit par la création de l’album. Il faut une identité pour un disque, on ne peut pas partir dans tous les sens. Sur scène, on est plus libres! ».

Pour faire vibrer le public, les Doolin’ sont désormais 5 où un claviériste a pris place. « Sur scène comme pour ce nouvel album il y a une dimension pop. C’est un peu plus jazzy et électro », assure Nicolas Besse. Dans la foulée du titre « Circus Boy », le décor fait référence à l’univers du cirque mais surtout à l’itinérance, le fait de se retrouver ensemble. « Quel plaisir de revenir sur scène. Nous sommes tellement frustrés, c’était extrêmement douloureux. C’est une grande joie de retrouver le public. »

La formation se produira dans un premier temps en France comme jeudi dernier 24 mars au Bikini de Toulouse. Ils ont partagé la scène avec Julii Sharp et Lombre. Si la première artiste était bien prévue, le second fait partie des invités surprises. Le jeune Ruthénois au talent multiple a déjà fai l’objet d’une chronique dans ce blog.

Il a aussi participé à l’une des toutes premières émissions C’est pas en Play-Back de France 3 Occitanie.

Pour en revenir à nos Tarno-Toulousains, la soirée du 24 mars au Bikini fut festive et enchantée avec une énergie communicative et partagée comme souvent avec Doolin’. Après cette date, Doolin’ participera au festival « Guitare en Save » le 4 juin puis dans le Tarn à Puylaurens le 18 juin avant de se produire à la salle Altigone (Saint-Orens en Octobre), avant de repartir prochainement sur les routes européennes et américaines. La virtuosité et l’authenticité de ces musiciens font de leur musique un vrai bonheur, partagé en toute simplicité.

Benoît Roux

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06 Fév

Luc Aussibal, la force tranquille de la musique

Sa musique a la rondeur de sa bonhomie, la force de sa sincérité, le son de sa générosité. L’artiste aveyronnais Luc Aussibal sort un nouveau disque : « Animaux errants ». Au contraire du titre, Luc s’est bien trouvé musicalement. Les ingrédients sont là : belle voix rock, bons musiciens et textes originaux. La force tranquille.

Luc Aussibal et son groupe pour la sortie du nouvel album « Animaux errants »

Luc Aussibal est un homme attachant. Tout d’abord parce que c’est une belle personnalité, ensuite parce-que sa musique est toujours bonne comme aurait dit Jean-Jacques Goldman. Le rockeur occitan vieillit bien. Le fan des Beatles continue son « aveyron road » de belle facture.

Luc Aussibal e Mai

Pour ceux qui ne l’auraient pas encore écouté ou croisé, Luc Aussibal est un artiste dans la générosité. Ce professeur d’arts plastiques a toujours allié son activité pro et le plaisir perso de la musique. Une récréation mais toujours prise au sérieux. Ses disques sont toujours bien produits, aux arrangements riches et aux textes travaillés.

Pour ce nouvel opus paru en digital chez « Fiasco production », on y retrouve ses complices : Benoît Daynac aux guitares, Thierry « Higgins » Fabre à la basse avec Jérôme Krakowski. Côté batterie Julien Bresson assure aussi la « mise en son » et la production. L’album a été enregistré dans son moulin de la vallée du Viaur. La rythmique a toujours été un élément important de sa musique et les batteurs toujours excellents (Claude Gastaldin, Julien Bresson…). Aux claviers ont entend une « ptite nouvelle » : Claire Guinot aux sons multiples tantôt piano tantôt proches de l’orgue.

Julien Bresson n’est pas dédié qu’aux baguettes, il est aussi aux manettes de Fiasco Production qui réalise des prodcutions audiovisuelles. Le nom interpelle et les actions sont orginales. Pendant le confinement ils ont notamment proposé à un groupe local de se produire dans une stabulation agricole : « un boeuf pour les vaches » !

Revenons à nos « Animaux errants ». Le groupe « Luc Aussibal e Mai » est désormais en sommeil côté scène, « une parenthèse se ferme » déclare Luc. Reste le témoignage de ce 4e disque.

« Les Animaux errants » en numérique

Ce 4e opus n’est pas sorti dans le commerce mais il est disponible sur les p;lateforme numériques. Un album plus « chansons », et l’esprit rock toujours là. A l’exemple du très beau et poétique « Un peu à peine ».

Longtemps, Luc Aussibal a travaillé avec des auteurs comme Jaumes Privat qui écrit en occitan. Le morceau « Liuç per liuç » est d’ailleurs l’un de ses poèmes. Désormais, Luc Aussibal compose toujours mais il écrit ses textes. Exercice très réussi, souvent en petites touches comme un peintre qui dépeint une situation. « Dessous la porte, le vent qui porte, dehors le bruit de la rue ». Le tout début de la chanson »Dessous » tout en touches impressionnistes rappelant qu’il est aussi un vrai peintre au talent reconnu. Des titres comme « Oh », « Un peu à peine » ou « Dessous » révèlent les talents d’écriture dans des chansons toujours riches et plus mélodiques que dans les albums précédents.

« Je fais de la chanson rock dans la lignée de Jean-Paul Verdier (poète et chanteur occitan). Il continue de m’influencer », confesse le chanteur.

L’occitan donne une autre résonnace à sa belle voix guturale. Il y a cette reprise du fameux « Pont de Mirabèl », une chanson traditionnelle occitane qu’il emmène dans d’autres eaux. En occitan justement, il y a ce petit joyau fait en duo « Lo niu d’ironda » (le nid d’hirondelle) co-composé avec Claire Guinot. La voix est plus profonde que jamais sur des notes égrenées en résonnance avant qu’un flot d’orgue transporte le morceau.

A son écoute, on pense à tous ces gens qui l’ont influencé : Bertrand Belin, Dominique A, Souchon, Feu Chatterton. Un peu de Damon Albarn, « les Beatles ma source illimitée! Ils ont balayé tellement de registres avec tellement de talent! ».

La pochette d’Animaux errants qui vient de sortir chez Fiasco Production

De la belle ouvrage comme toujours. Une page va sans doute se tourner et Luc, aller vers d’autres horizons. « Je voudrais faire un groupe en invitant des gens comme Xavier Vidal, rajouter de la viole de gambe électrique… ». Des rencontres éphémères, au fil du temps et des envies, mais toujours avec cette force tranquille qui continue de l’habiter.

Benoît Roux

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18 Nov

Toulouse : le nouveau très beau titre de Dame Géraldine

« Au nom de quoi », le nouveau single de la Toulousaine Dame Géraldine est beau et puissant. Comme d’habitude, elle signe la compo, le texte, les arrangements et la réalisation du clip. Un nouveau single bien ancré, l’illustration juste et parfaite de l’attachement qui vous mène en bateau.

Visuel du single « Au nom de quoi » © Dame Géraldine

« Au nom de quoi ? »

Au nom de quoi au reste, au nom de qui on peste, voilà qui pourrait résumer le thème de la chanson.

Boucles de clavier qui rappellent un peu le générique de la série X-files , tremblements de violoncelles que vient apaiser la voix, le piano qui indique des lignes de fuite… Aux frontières du réel, un début de chanson en tension et en fausse légèreté. Dans le clip, on retrouve la Dame sur un bateau, la fuite pour exprimer l’impossibilité psychologique de partir, le regard qui fuit et espère. L’artiste alterne entre une très belle voix aigue, déchirante, compensée par des échos de graves presque apaisants. La guitare arrive et déchire le flot du piano.

Dis moi, Tu es resté là, À force de ses draps, À force de ses bras. Dis moi, Tu es resté là, À force d’y penser, À force de céder ».

L’amour qui mène en bateau

La voix est très belle, pure, déchirante, le rythme s’emballe sur le refrain. Le texte est travaillé direct, le mot qui vise juste et atteint sa cible. Le clip dont elle a assuré la réalisation est tout en surimpressions, en fondus image où alternent les grands espaces et l’enfermement, une danse inexorable vers l’indéfectible lâcheté humaine.

Les fausses cordes à la fin qui mettent des pointillés au temps interminable, cette bouteille jetée à la mer n’en finit plus de faire des ronds dans l’eau. Le lien s’enlise, se noie et a du mal à se défaire, la lâcheté pour parfaire.

Une artiste exigeante

Pour ceux qui suivent la Dame depuis quelques lunes, ce titre n’est pas complètement nouveau. La musique est celle d’un autre titre : « Sacha ». On y retrouve toutes les composantes qui font la singularité de l’artiste. Une musique pas franchement classable (et c’est tant mieux), une méticulosité dans la recherche de sons, d’images aussi car elle réalise la plupart de ses clips. « Au nom de quoi » est certainement le single le plus abouti à ce jour, un équilibre entre les mots, les sons, l’atmosphère pesante. La voix est parfaitement enregistrée, implacable dans l’énumération des sensations puis qui s’envole de manière déchirante.

Dans cette période encore moins évidente pour les artistes à la recherche de lumières, cette production éclairée devrait permettre à Dame Géraldine de sortir un peu de l’ombre (cf « Et tu vis dans le noir » dans le texte).

Elle a aussi beaucoup d’énergie et de convictions. Contrairement à son clip, il y a peu de chances qu’elle se laisse mener en bateau.

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28 Sep

Découverte : un nouvel artiste de Toulouse plein de promesses

Ca commence par un sigle : KWSk, un nom d’artiste où se glisse le prénom Kenny. Kenny West Side Kontroll. Premier single et clip en solo. Un artiste toulousain perfectionniste qui aime le détail. Influences multiples et une envie forte de porter ses morceaux en live. Découverte.

L’artiste toulousain Kenny alias KWSK © François Gustave

Les côteaux de Pech David à Toulouse, un clip tourné au smartphone, un clavier qui plante le décor. La voix claire de Kenny arrive. Une histoire en apparence banale. La voix bien posée qui tout d’un coup s’envole. Normal : le titre s’appelle « Elevation ». En anglais pour le titre, in french pour le texte.

« Elevation », un titre où se croisent les influences

Les sons sont modernes, travaillés et la musique riche : rock alternatif, des pointes de soul, du rap. Très belle voix qui se glisse dans différents styles. D’ailleurs c’est l’artiste lui même qui fait la partie rap, très à l’aise. Des influences venues aussi de par ses origines : un père Cap-Verdien/Sénégalais, une mère Guyanaise/Brésilienne.

Longtemps, il s’est glissé dans des groupes locaux comme Dez, Automate, The soul men (un groupe de reprises), Rudy… Batteur mais aussi choriste, Kenny a voulu chanter tout en jouant de la batterie en solo.

Fait pour le live

Avant de se lancer en solo, il a fait des reprises en y portant sa patte. « Au départ, je faisais que du live. C’est l’essence, faire ressentir la musique, la partager. C’est notre plus grande force à nous, les artistes.  » Du reggae, du rap de la soul, des chansons plus intimistes, pour se rendre compte du potentiel de l’artiste, il suffit d’écouter cette reprise qui me fait penser vocalement à JS Ondara.

Déjà en studio, ses productions dégagent de la force, de l’émotion, de l’interaction. Des débuts très prometteurs pour ce jeune artiste perfectionniste. Autre facette avec cette reprise de Chris Isaak à fleur de peau puis très colorée World-Music. On y retrouve Annela (Bella d’or) la chanteuse de The Soul men. La palette vocale et artistique est très large. Elle ne demande qu’a être entendue.

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15 Sep

La pop rock dansante et raffinée d’une jeune chanteuse de Toulouse

Dans la veine d’une production française désormais assez dansante, la jeune chanteuse toulousaine Öja vient de sortir son premier EP. Il marque déjà beaucoup d’assurance dans la voix et dans ses choix musicaux. Il y a tout juste un an, ce blog vous l’avait fait découvrir. 

Le premier EP de la chanteuse Ôja

A la première écoute, les influences se situent très clairement dans les années 80. On pense à Catherine Ringer, Chagrin d’Amour ou plus récemment Clara Luciani avec une basse funk-disco. Le premier morceau « J’ai comme un doute » est très efficace.

Justine alias Öja est une bosseuse et ça s’entend.  Elle a baigné dans un univers de musiques : son père écoutait du hard-rock -d’où la puissance de sa voix- et sa mère de la chanson française et du funk. Elle a aussi fait la « School of Rock de Blagnac ». Ne pas griller les étapes, ne pas s’adonner aux sirènes et aux facilités de la mode, cette auteur-compositrice-interprète soigne ses chansons. La jeune artiste de 22 ans vient de finir son cursus au département des Musiques Actuelles du Conservatoire de Toulouse avec Mention Très Bien à l’unanimité.

Limiter sa musique aux années 80 serait très réducteur. Les influences sont aussi rap, hip-hop, électro ce qui rend sa production assez riche. Les 5 titres sont assez différents, très bien produits et révèlent une vraie personnalité artistique. Que de chemin parcouru! Reste à monter sur scène pour franchir un nouveau cap et vivre pleinement sa passion pour la musique.

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10 Sep

« La grande folie », l’explosion des voix et des rythmes du groupe San Salvador

Sextette vocal épris de rythmes, le groupe San Salvador fait partie des très bonnes surprises du moment. Polyphonique, rythmique, le groupe corrézien vient de sortir un premier album très réussi après avoir emballé et mis le feu dans les festivals. « La grande folie » est une explosion de rythmes, de sons, de sensations, de transes très régénérants.

Le groupe limousin San Salvador – Affiche tournée 2021 Cholet-©-Sylvestre-Nonique-Desvergnes-

3 filles, 3 garçons qui se connaissent bien et qui partagent les mêmes valeurs artistiques, le même respect des traditions. Car voilà, ces trentenaires sont pour certains des « fils de », en l’occurrence des collecteurs et chercheurs dans le domaine des chants traditionnels limousins. Que ceux qui pensent encore que traditionnel sous entend « chiant » et « ringard » se rassurent : le groupe a sévi sur les plus belles scènes contemporaines : Vieilles Charrues, Transmusicales, Printemps de Bourges, Suds à Arles, sans oublier New-York et autres joyeusetés.

Chants vibrants et hypnotiques

Sans préjugé donc, il suffit de télécharger leur premier opus « La grande folie » ou de laisser un saphir traîner sur le vinyle. Difficile de ne pas se laisser emballer, hypnotiser par l’explosion qui s’en suit. Quelle énergie, quelle volonté de tout emporter, tout dépoussiérer, sans dénaturer les traditions. San Salvador compte 2 duos frère-sœur, dont les enfants d’Olivier Durif : Eva et Gabriel. Musicien et ethnologue, grand défenseur des chants traditionnels du massif central, Olivier Durif a dans un premier temps collecté ces chants dans les années 70 que l’on retrouve aujourd’hui sur la galette de San Salvador. Un véritable patrimoine revisité.

Claquements de mains, toms et autres percussions, voilà « La grande folie » qui démarre. Précision dans les chants, complémentarité et inventivité des voix. La force d’un collectif qui se connaît depuis le plus jeune âge. Là où certains trouvaient plus exotique de partir en quête du folk américain, d’autres ont préféré les campagnes françaises. Ils y ont trouvé un répertoire, un patrimoine tout aussi riche. Dans une interview donné à Francetvinfo, Gabriel Durif se confie : « On s’attache à être dans une fidélité à l’idée du chant des musiques populaires que l’on veut interpréter. Ce n’est pas un travail de technicité sur la voix. Nous n’avons appris à chanter nulle part. On chante comme ça vient, comme ça se présente à nous, les uns et les autres. Par contre, ce qu’on a appris, c’est que dans la musique qu’on découvrait, les sources de collectage des musiques populaires qu’on écoutait, on entendait que les gens ne trichaient pas. Ils ne trichaient pas avec ce qu’ils avaient à dire, à nommer. »

La Grande Folie

Vous les gens qui sont endormis, oh la grande folie…

8 morceaux composent ce premier album, dont le titre éponyme « La grande folie » qui a lui tout seul pourrait résumer ce premier opus. Une longue intro vocale et rythmique, le temps d’installer quelque chose pour mieux emporter le reste. Il n’est jamais facile de reproduire en studio la magie d’un concert, la puissance et la créativité d’un groupe fait pour le live. C’est pourtant le cas ici. Un véritable tourbillon qui vous donne envie de danser, de chanter, de se lever, crier, oublier, exister.

Un disque qui a d’abord existé lors des concerts et bals donnés par le groupe, travaillé rythmiquement, peaufiné dans les arrangements en gardant un maximum de spontanéité. Les morceaux sont protéiformes, presque sans fin, à la recherche du son, de la concordance, de cette grande folie qui surprend. C’est précis, virevoltant, volcanique, démesuré mais tellement prenant.

Les voix sont variées, tantôt dans les aigus pour les femmes façon « Voix bulgares » tantôt recherchant de la profondeur dans les graves. Tous les morceaux sont réussis. Mention spéciale à « San Josep », « La Liseta » et les somptueux « San Josep » et « Enfans de la campagna »

Et, au final, le groupe comme le disque respire la sincérité, l’honnêteté, la créativité à la fois punk et trad. Un chant vibrant, taillé dans le rock, emporté par les percussions. Unique et tellement beau. 

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06 Juin

Marseille : Gari Grèu, « Massilia c’est au delà de la musique »

Gari Grèu est le dernier des Maîtres de Cérémonie à avoir rejoint le groupe Massilia. Pour son plus grand bonheur. Sa vie a trouvé un sens et son engagement un écho profond et durable. A l’occasion du tout nouvel album, il nous parle de l’importance de Massilia.

Gari Grèu (à gauche) avec Papet J et Tatou Photo : Manivette records

Gari, c’est le minot du groupe. Avant d’y rentrer, son rappeur préféré c’était Papet J, son groupe, Massilia. En 1992, il réalise un rêve : partager le micro et ses idées avec le groupe.

« Massilia m’a sauvé la vie »

Chaque MC ayant ses projets solos, un disque de Massilia ne va pas de soi. Gari venait justement de sortir un album juste avant le confinement… « Ca nous a fait un bien fou psychologiquement de nous retrouver. On avait essayé de le faire il y a 2 ans mais finalement, là c’était la bonne occasion. A l’automne dernier Papet J avait un gros soucis personnel. Tout le monde a fait corps autour de lui pour le soutenir. Massilia c’est au-delà de la musique.

Papet J justement est arrivé avec le refrain de « Sale Caractère », premier single et titre de l’album. Moussu T valide et tout le monde se met au travail. Le disque prend forme très rapidement entre septembre et décembre 2020, des solos, des duos, des trios entre les MC. « On a posé des voix sur les rythmiques de KayaliK, en revenant au rub-a-dub primal. On écrit sur des instrumentaux comme les rappeurs. »

Avec Massilia, Gari a trouvé une raison d’être, l’envie toujours présente de prendre le micro avec un plaisir immense. « Massilia m’a sauvé la vie en lui donnant un sens culturel, intellectuel. Sans tout ça, je pense que j’aurais fait des conneries ».

Massilia au combat, l’aïoli en point d’équilibre

Depuis plus de 30 ans, Massilia ce n’est pas simplement des chansons mais un engagement permanent, des artistes acteurs du lieu où ils vivent. Le racisme, le capitalisme, la corruption, les conos, rien n’échappe à leur verve épique et leur verbe qui pique. Un combat et des idées qui ont parfois du mal à triompher.

« Ma ville tremble m’a ville est malade » chantait le Papet en 86. En 2021, Marseille est « A la rue » comme le décrit une chanson du dernier album très virulente. « Il pourrait y avoir un relent de fatalisme, mais on est des Maîtres de Cérémonie. On ne veut pas se forger une image, faire carrière. Nous sommes là pour apaiser la société. Tu vas chez Massilia pour regard aiguisé. Il n’y a rien de plus beau que de faire danser des gens différents, de faire monter l’aïoli pour qu’il y ait de l’osmose entre les personnes. On aurait plein de raisons de baisser les bras mais on ne le veut pas. « 

La mouche ne rate pas le coche

Le nouvel album « Sale caractère » est sorti le vendredi 4 juin 2021 et Massilia s’impatiente de retrouver la scène. « On va faire des micro-événements pour en parler, prendre du plaisir. Peut-être une déambulation dans Marseille avec un camion et une sono. Nous avions une vingtaine de festivals cet été; il n’en reste que 7. Je pense aussi à nos collègues DJ des discothèques qui sont au plus mal. Ca ne repart pas du tout. On sera là, va falloir reconstruire et comme d’habitude, le monde associatif sera en première ligne. » 

Dans cet album, Gari, interprète en solo « La mouche ». Un insecte qui met le oai,  « emmerde les milliardaires, qui fait la misère aux puissants« . Une métaphore de Massilia : « nous sommes là, face au capitalisme occidental. Il n’y a que la mouche qui puise nous sauver. »

La mouche Massilia pique régulièrement et rate rarement le coche. 

Massilia à part entière

Les exemples de groupes comme Massilia ne sont pas légion. « On n’est pas là pour se la raconter, pour subir le métier, faire carrière ou obtenir une Victoire de la Musique. Nous sommes conscients de la fonction que nous avons. On n’est pas là par piston mais par passion.  »

Tous les membres ont choisi d’adhérer, il y a eu ni casting ni calcul. Pas sûr que cette aventure artistique, humaine, sociale et politique soit possible maintenant. « J’espère que Massilia va durer longtemps. Au concert, toutes les générations se brassent. J’aurais rêvé d’aller à un concert comme ça avec mon père. »

Marseille traverse le temps et les épreuves. « Rien ne s’altère, nos valeurs restent les mêmes. Notre plus grande victoire est là. Les galères ont provoqué ça ». 

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01 Juin

Comment Massilia et Christian Philibert ont rendu hommage au Robin des Bois provençal

Entre le groupe Massilia et le réalisateur Christian Philibert, c’est un grand chemin parcouru depuis de longues années. Après avoir fait le film des 30 ans du célèbre groupe marseillais, il signe leur nouveau clip. Grand moment de cinéma et de rigolade.

©Manivette records

Le réalisateur des « 4 saisons d’Espigoule », « Travail d’arabe » et « Massilia Sound System le film » est repassé derrière les caméras, le temps d’un clip. Un court métrage en hommage à Gaspard de Besse, célèbre bandit provençal au grand cœur. Retour sur cet événement avec Christian Philibert

Massilia et Christian Philibert c’est une longue histoire …

CP : Oui, déjà ils ont joué un rôle dans mon engagement, dans le fait de rester en Provence, de vivre et de travailler ici, de ne pas «  monter » à Paris. Ils ont donné l’exemple. Au fil des années, on s’est rendu compte qu’Espigoule et Massilia, c’était le même combat. Contre le centralisme culturel notamment. Nous on s’adresse au monde entier, mais on parle d’ici. Et puis les chourmos, les concerts, mes films, tout ça c’est générateur de lien social. J’avais déjà utilisé une de leurs chansons dans Afrik’aïoli (Au marché du soleil), mais notre première véritable collaboration, c’est le long métrage que je leur ai consacré.

© Manivette records

C’est Massilia qui est revenu vers toi pour le clip ?

CP : Massilia n’a pas fait beaucoup de clips. Le dernier remontait à 1995 ! (« On Danse Le Parpanhàs »). J’avais déjà réalisé celui de la chanson « Angèle » pour le groupe Moussu T e lei jovents. Là, ils m’ont proposé de réaliser celui de « Sale Caractère ». On a mis quelques idées sur la table et finalement ils ont retenu l’hommage à Gaspard de Besse, le bandit qui prend aux riches pour donner aux pauvres, celui qu’on surnomme le Robin des bois provençal ! Une idée qui a séduit les membres du groupe car elle donnait à la chanson une connotation plus politique… une façon de défendre une meilleure répartition des richesses… 

Gaspard de Besse, ça fait longtemps que tu le suis…

CP : Oui il m’accompagne depuis longtemps. Cela fait plus de 30 ans que je travaille sur l’histoire de ce bandit avec mon ami Jacques Dussart. Livre, film, conférence, exposition, nous avons pas mal de projets le concernant. Ce personnage est absolument passionnant. C’est le plus beau héros de l’histoire de cette région. Il est mort à 24 ans, sur la roue, à Aix, huit ans avant la Révolution Française. C’était un bandit au grand cœur. Il ne tuait jamais et ne détroussait pas les gens modestes. Il était jeune, il était beau, il plaisait aux dames. Dès son exécution, il est entré dans la légende…

© Manivette records

Le tournage du clip, comment s’est-il passé ?

CP : Il a fallu faire vite car nous n’avions pas un gros budget. Nous l’avons tourné en 2 jours, à 2 caméras. A Cuges-les-Pins d’abord, près du parc d’OK Corral. Les propriétaires du parc nous ont fourni le carrosse et le cocher. Pour incarner l’aristocrate, j’ai fait appel à mon acteur fétiche Jean-Marc Ravera (4 saisons d’Espigoule, Travail d’arabe)… D’autres scènes ont été tournées à La Ciotat, dans un ancien relais de diligence. Nous y avons filmé les ripailles et les « playback » des 3 chanteurs.

Et les 6 de Massilia, ils s’en sortent bien pour des « novices » en cinéma?

CP : J’ai l’habitude de tourner avec des non pro. Mais les Massilia sont habitués aux objectifs et sont acteurs dans l‘âme. En plus, c’est un clip, donc on tourne sans son. Ça simplifie la tâche ! Comme à mon habitude, je les ai pas mal laissés improviser… Même si j’ai conçu le clip comme un court-métrage, cela reste assez différent d’un film traditionnel où c’est le réalisateur qui dirige tout. Le clip exige de se mettre au service des artistes, d’une chanson. Ils participent à l’élaboration du scénario et prennent les décisions finales. 

© Manivette records

Les costumes sont top aussi ?

CP : Oui, en fait, j’avais tourné en 2009 un court métrage intitulé « Rastègue le brigand ». L’histoire d’un bandit imaginaire qui prenait la relève de Gaspard, mais en plus maladroit. C’était inspiré d’un long métrage que j’avais failli faire avec Arte, une sorte d’Espigoule au XVIIIe siècle ! J’avais conservé les costumes dans plusieurs malles et cartons. Les Massilia les ont portés tels quels. On ne les a même pas lavés !! (rires)… Et puis il y a la Compagnie André Neyton qui nous a prêté aussi plusieurs costumes et de nombreux accessoires. Au final, ça rend bien !

D’autres projets?

CP : avec Massilia, pas encore, mais qui sait… Je reconnais que l’année 2020 m’a un peu déstabilisé. J’ai encore du mal à savoir ce que j’envie de raconter… En attendant, je continue de travailler sur Gaspard de Besse et bien d’autres personnages, comme le poète Germain Nouveau, ami de Rimbaud et de Verlaine, auquel je viens de consacrer un long métrage documentaire (Le poète illuminé, sortie prévue le 13 octobre 2021). Avec ces personnages, je tente de donner aux gens du sud l’envie de se ré-approprier leur histoire et à travers elle, de se recréer une identité.

Massilia – Sale caractère Réalisation Christian Philibert

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28 Mai

« Je flotte », le tout nouveau clip de Dame Géraldine

Un univers feutré, une voix bien placée, l’artiste toulousaine Dame Géraldine sort un nouveau clip extrait de son dernier EP. Tout en touches sensuelles, « Je Flotte » fait écho à des sensations que nous vivons.

Photo extrait du nouveau clip « Je flotte » ©Dame Géraldine

Son dernier EP « I will go » est un univers feutré porté par une très belle voix.

Le nouveau clip réalisé par Géraldine pendant le dernier confinement commence par un extrait d’un autre clip (Sacha) où elle jouait sur un piano porté par les eaux. Images sépia, tons doux et chaud, le clip se déroule sous un univers confiné propice aux interrogations et aux doutes. Des errances aquatiques qui feraient perdre toute notion du temps.

Dame Géraldine – Je flotte

Images superposées, en sous-couche, lavis déclinés, ses mots prennent une résonnance cinématographique comme souvent dans ses chansons. Regards qui fuient puis qui interrogent, en quête d’un échange, les notes de son clavier font des clapotis qui tentent de porter ces interrogations.

Des messages lancés comme des bouteilles à la mer, presque des cris de désespoir à la fin, cette version montre la palette de l’artiste.

Un univers clos qui donne envie de tout remettre à flots pour aller voir Dame Géraldine sur scène.

EN SAVOIR PLUS

ALBUM DAME GERALDINE

@Benoit1Roux

@ecoute_voir

18 Mai

Premier single « Sale caractère » de Massilia en attendant l’album

Aïoli, Massilia is back, les minots son aqui ! « Sale caractère », premier extrait de l’album du même nom à paraître le 4 juin. Tout ce qui fait monter l’aïoli et couler le pastaga est là. Quelques surprises aussi.

Pochette de l’album « Sale caractère »

Evidemment que cette période confinée, couvrefusée (!) était propice aux romegaires (rouspéteurs) de Massilia. Tant de privations de liberté, le « Stop the cono » mouvement ne pouvait pas rester en retrait. En cette année du 40ème anniversaire de la mort du king jamaïcain Bob Marley, le reggae marseillais est dans la place.

« Sale caractère » : faire danser et réfléchir

Pourquoi changer la recette de l’aïoli quand il monte toujours bien depuis 35 ans ? Les ingrédients de ce premier single sont les mêmes. On retrouve les 3 voix complémentaires de Jali, Tatou et Gari. Chacun son timbre, chacun son flow. Pas de surprises non plus côté textes. La plume est toujours éclairée et acerbe. Pas de concession ni d’emboucanage, les « sales minots » au sale caractère ciblent les dirigeants, ceux qui divisent et les « repapiaires », ceux qui répètent indéfiniment leurs litanies. Dédicace à certains occitanistes.

Massilia – « Sale caractère », live de l’Obs au Studio K (Port de Bouc)


Le son est bon, dansant, travaillé, direct, la surprise vient dès le début du morceau avec un refrain « autotuné ». Le vocoder n’était pas le compagnon de route des Marseillais. Fallait-il l’introduire ? Le débat s’est lancé sur les réseaux sociaux avec quelques cartons rouges pour Massilia. Clin d’œil indéniable à la musique populaire, celle qu’écoutent les jeunes aujourd’hui.

Massilia en studio pour le nouvel album © Manivette records

Nouvel album à paraître le 4 juin

La dernière livraison discographique « Massilia » (très bon cru d’ailleurs) remonte à 2014. Depuis, fidèles aux bonnes habitudes, les Massilia ont repris chacun leurs routes bartassières, avec toujours le plaisir de se retrouver ensemble en studio ou sur scène. Les confinements ont arrêté brutalement les carrières solos et les ont réunis. L’été 2020 a été propice aux réflexions. En trois mois les compos et les textes sont arrivés, toujours à plusieurs mains, chacun chantant sur un même titre. Kayalik comme d’hab a assuré le mix.

La pochette sang et or matinée de bleu marseillais est assez vintage et rappelle plusieurs albums, singles ou EP (« Jompa vo », « Violent »…) du groupe. « Sale caractère », le 9ème album studio du groupe sortira le 4 juin. Entre temps, le tout nouveau clip de « Sale Caractère » fera son apparition mardi prochain. Apparemment, un moment de franche rigolade avec Massilia en costume sur les traces de Gaspard de Besse. Vous en saurez plus dans un prochain article.

Reportage France 3

ALBUM

GROUPE

Benoît Roux