30 Juin

A Toulouse, l’Orchestre de Poche emballe sur des rythmes d’Argentine

Ils sont 11 musiciens à rentrer dans l’Orchestre de Poche. Cette formation toulousaine regroupe tous les instruments d’un orchestre classique. Mais leur registre est tout aussi bien trad, world music, que musique de cinéma, répétitive… avec un esprit punk-rock. L’Orchestre de Poche vient de sortir un nouvel album « Paraná ». Son leader et créateur Bruno Coffineau était parti en Argentine pour voir des amis. Il est revenu de ce voyage avec… la dengue ! Mais surtout 13 morceaux soufflés par les rythmes argentins.  Rafraîchissant. 

Orchestre de Poche album « Paraná »

Les sons et les rythmes du nord-est de l’Argentine

Paraná c’est une seule inspiration, un voyage unique. Un album homogène.

Il y a 5 ans, Bruno Coffineau part de l’autre côté de l’Atlantique pour retrouver des amis Argentins. Direction le nord-est du pays, la Plata et l’envie forte d’aller se ressourcer aux chutes d’Iguazú, à la frontière entre l’Argentine et le Brésil. Pendant plusieurs jours, il installe sa cabane en pleine jungle et se laisse bercer par les sons des oiseaux, de la nature, les rythmes des courants.

Les chutes d’Iguazú Photo Bruno Coffineau

Musicalement, l’Argentine ce n’est pas que le tango à 4 temps de Buenos Aires. Il y a aussi le chamamé de la province de Corrientes (les courants). Un style influencé par les Indiens Guaranis (tambour, flûtes), les Polonais, Allemands et Italiens (accordéon) et l’Espagne (guitare). Une musique de Gaucho qui se danse en couple.

Là-bas, Bruno Coffineau se passionne pour ce style et découvre l’un de ses maîtres Chango Spasiuk, un virtuose de l’accordéon. « Il y a des rythmes différents que l’on connaît très peu en France. Sur Paraná par exemple, c’est du 5 temps. L’Argentine, c’est le pays de la danse. C’est la chose la plus importante. On part souvent danser en milonga, le lieu où l’on danse. Dès que les premières notes résonnent, des personnes âgées aux enfants, tout le monde s’y met ».

L’inspiration de l’album vient donc d’Amérique latine. Mais il n’a pas été composé là-bas. Quand Bruno Coffineau rentre en France, la dengue le rattrape. Cloué au lit, la fièvre du tango et du chamamé prennent le dessus. Les 13 thèmes de cet album lui viennent d’un coup.

L’esprit de l’Orchestre de Poche

Notre musique n’est pas une musique de virtuose. C’est une mosaïque, un vitrail, avec plein de petites pièces que nous assemblons.

Bruno Coffineau connaît bien et apprécie la musique classique, « Mais pas tout ce qui va autour ». Diplômé du Conservatoire de Poitiers, ce clarinettiste-chanteur a aussi appris la guitare et l’accordéon. Il veut rendre la musique plus accessible. Voyageur dans l’âme, il a plus d’un son dans son étui. « J’ai découvert les Sex Pistols, puis la chanson française à Paris. Quand je suis arrivé à Barcelone, c’était Manu Chao. De retour en France, les musiques tziganes et Goran Bregovic… » Installé dans la ville rose, il crée le Chœur gay de Toulouse, (composé exclusivement de voix d’hommes) et une autre chorale : le Cri du Chœur.

Voilà 6 ans, il décide de mettre un orchestre classique dans sa poche. Une formation avec les mêmes composantes qu’un orchestre classique (cuivres, cordes, percussions, vents) mais avec un seul musicien pour chaque instrument. « Dans la musique classique, les cordes sonnent comme des nappes. Il n’y a pas le son du violon. Moi je veux le grain, le timbre de chaque instrument et qu’il ne soit pas noyé dans l’ensemble. Je veux l’énergie du rock, des musiques du monde et autres traditionnelles. »

L’Orchestre de Poche au centre Culturel Alban Minville. Photo : Hubert Remaury

Pour retrouver cette énergie, il rajoute à sa formation guitare, batterie, accordéon et sax. Depuis le début, les instruments restent mais les instrumentistes changent en fonction des projets. Un peu de musique baroque pour le second album « Concerto ma non grosso » et les rythmes argentins pour « Paraná ». Il ne recherche pas la virtuosité du musicien mais la maîtrise de l’instrument doublée de qualités humaines.

De la pédagogie sur YouTube en attendant une tournée des kiosques

J’ai mis 3 ans à façonner le son que je voulais pour cet album

Depuis les confinement et déconfinement, Bruno Coffineau a déjà sorti 9 titres de sa poche. Des teasers avec une explication des morceaux mais aussi une contextualisation où notre pédagogue caméléon varie les styles de présentation en fonction du morceau. Toujours agréable d’écouter tout en apprenant des choses. Tout tourne autour du fleuve Paraná qui a donné son titre à l’album. Ici, « Atardecer en Corrientes », un coucher de soleil sur le fleuve !

L’Orchestre de Poche – Atardecer en corrientes

Pour chaque composition, on sent que tout par d’un thème qui est ensuite développé comme dans le jazz et repris comme dans les musiques répétitives. « Je change aussi de timbre, de hauteur. Je passe d’un mode majeur à un mode mineur. » A l’arrivée, une musique directe, humaine, assez expressive sur laquelle on se fait un film. « J’aime beaucoup René Aubry, Pascal Comelade, Michaël Nyman, Goran Bregovic, beaucoup d’artistes qui composent pour le cinéma ou la danse. Ca donne une musique très imagée. »

On sent aussi la patte de Yan Tiersen comme dans cette ballade « Esteros del Iberá ». « Oui, j’étais à Barcelone quand le film « Amélie Poulain » est sorti. »

Bruno Coffineau n’est pas peu fier de cet album. Avec L’Orchestre de Poche, il l’a enregistré chez chez Bruno Mylonas. Désormais installé dans les Pyrénées, cet ingénieur du son-réalisateur a entendu sur sa console beaucoup de vedettes de la variété française (Lavilliers, Vanessa Paradis, Jean-Michel Jarre, Michel Polnareff…) lorsqu’il était à Paris. Le mastering du son est signé par un autre grand nom : Michel Geiss.

Le studio de Bruno Mylonas dans les Pyrénées

L’album est riche, bien équilibré, avec de très belles sonorités. Il n’est pas encore sorti sur les plateformes de streaming mais peut se commander sur le site et s’écouter sur le soundcloud du groupe. « Paraná » va aussi partir en tournée, même si le contexte de pandémie et la grandeur de cette formation n’aident pas. « A 11 musiciens, c’est très compliqué. Mais nous sommes une formation acoustique. Donc nous pouvons jouer partout. D’où cette idée des kiosques à musique où l’on pourrait jouer et faire danser comme à la Belle Epoque. » Première date le 19 septembre au kiosque de Villemur-sur-Tarn pour les journées du patrimoine. L’Orchestre de Poche travaille aussi sur un projet sur toute l’Occitanie pour jouer dans des lieux liés au patrimoine de la région. En attendant de revenir sentir les effluves des chutes d’Iguazú pour danser en milonga sur l’autre rive de l’Atlantique.

J’aimerait amener le projet Paraná en Argentine. Soit avec des musiciens sur place, soit avec ceux de l’Orchestre de Poche. C’est la finalité.

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Benoît Roux

 

26 Juin

Benjamin Biolay « Grand Prix » de la production

Il agace autant qu’on l’admire, il sait être original autant que maniéré, Benjamin Biolay revient avec son neuvième album intitulé « Grand Prix ». Résolument plus rock, voix plus affirmée et moins susurrée, l’artiste renoue avec ses capacités d’arrangeur et de créateur. Après 2 albums tournés vers l’Amérique Latine, il revient avec cette création autour de l’univers de la F1. Tout n’est pas réussi mais on peut lui décerner le Grand prix de la production.

« Grand Prix » nouvel album de Benjamin Biolay

Sur les chapeaux de roues

Biolay a du talent, c’est indéniable. C’est même un arrangeur hors-pair comme la France n’en a pas beaucoup. Mais il peut aussi être très énervant en copie pas toujours réussie de Gainsbourg, et très pénible dans un maniérisme à la Vincent Delerm. Là, il a décidé de tout mettre au grand air, de lâcher les chevaux, faire vrombir les moteurs et tracer la route.

J’avais envie de faire l’album que j’aurais aimé faire à 17-20 ans

Tout commence par le très réussi « Comment est ta peine? » qui, contrairement à ce que laisse penser le titre, n’est pas triste mais avec une fièvre dansante. Son complice Pierre Jaconelli est revenu à la guitare et ça s’entend. Le morceau est énergique, plaisant et les cordes du final sont -comme très souvent chez lui- très belles. Des arrangements qui font penser à ce qui reste pour moi un chef d’œuvre : le morceau « La Superbe ». Une référence à How Deep is Your Love de The Rapture. Le côté noir et dépressif de Biolay qui côtoie les profondeurs et les abysses mais fini par remonter. Un peu comme dans une course, on passe par tous les états, des moments enfiévrés au ballades plus reposantes.

Benjamin Biolay – Comment est ta peine? en LIVE

Le morceau « Grand Prix » résume a lui seul l’album. Une tension au départ, un brin d’orgue nostalgique, un texte triste mais paradoxalement rythmé. Il fait référence à 2014 et l’accident mortel de Jules Bianchi à Suzuka. De l’intimité, la vie de ces héros qui finalement ne sont pas grand chose au volant d’un bolide. Le tout, bien produit en mélange équilibré entre côté dansant et cordes sophistiquées.

« Vendredi 12 » marque une rupture. Plus calme, plus romantique. On retrouve Biolay un brin crooner, l’ironie sous les cordes aux sonorités dures et tragiques. Le texte est aussi prenant, écrit de manière cinématographique.

Benjamin Biolay – Vendredi 12

On passera quelques épisodes un peu « tubesques » et pas toujours du meilleur goût comme « Papillon noir » ou « Comme une voiture volée » qui respirent un peu trop le morceau facile. Même si les musiciens et les arrangements sauvent les morceaux. C’est d’ailleurs le reproche que l’on peut faire à ce disque : des rythmiques un peu trop boîte à rythme manquant de nuances et subtilités. Mais d’autres titres emportent la mise comme le très beau et délicieusement produit « Ma route ». Où l’on entend que Biolay a écouté beaucoup de musique anglo-saxonne. On pense notamment à The Strokes, à Arctic Monkeys. Morceau impeccable dans l’écriture. Le chanteur y assure les claviers, piano et trombone.

Benjamin Biolay – Ma route

Les belles filles aux stands

La course ne serait pas la course sans les belles femmes en bord de circuit et dans les paddocks. Et Biolay ne serait pas Biolay sans cette touche féminine.

On retrouve donc la très en vue Anaïs Demoustier sur le titre « Comment est ta peine? » mais aussi sur « Papillon noir ». Autre moment un peu noir mais très beau « La Roue tourne ». Et c’est Chiara Mastroianni qui fait des chœurs légers lorsque les cordes portent le flux de Biolay. Toujours complice, la bretonne Keren Ann très à son aise sur le refrain aux guitares rythmiques « Souviens-toi l’été dernier ». UN morceau très groovie et dansant, basse en avant de l’excellent guitariste-bassiste belge Nicolas Fiszman (Bashung, Zazie, Sting…).

Et c’est un garçon qui ferme la marche : Melvil Poupaud. Le comédien réalisateur pose sa voix sur « Interlagos(Saudade) » où domine tout de même les voix féminines sur le refrain.

« Grand prix » est le 9ème album de Biolay en 20 ans de carrière. C’est dire si l’artiste est prolifique. Tout n’est pas bon mais on retrouve un Biolay plus vigoureux, moins ennuyeux. Un bon disque de Variétés qui porterait bien son nom tant les titres sont variés et plutôt richement produits et écrits.

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Site Officiel

Benoît Roux

23 Juin

Disparition de Joan-Pau Verdier : l’hommage de Jean Bonnefon, Francis Cabrel et Eric Fraj

Grande voix rauque, artiste libre et engagé, Joan-Pau Verdier vient de nous quitter à l’âge de 73 ans. Dans les années 70, il a été l’un des premiers à moderniser la chanson occitane, à signer également dans une grande maison de disques. Poète d’une grande richesse aussi bien en français qu’en occitan, homme généreux et toujours à l’écoute, il aura marqué tous ceux qui l’ont rencontré lors de ses concerts et avec ses émissions de radio. Ses amis Francis Cabrel, Jean Bonnefon et Eric Fraj lui rendent hommage.

Joan-Pau Verdier dessiné par Yves Poyet Site Joan-Pau Verdier

Retour sur le parcours de cet artiste poète, musicien, chanteur et humaniste en 10 moments forts au travers des témoignages de ses amis Francis Cabrel, Jean Bonnefon et Eric Fraj. Ce dernier rappelle que Joan-Pau Verdier est parti pour la fête de la musique, petit clin d’œil.

1/ Les débuts en 1973

Joan-Pau Verdier a 26  ans. Il chante dans les cabarets musicaux à Bordeaux et à Paris. « Il a introduit du rock, du folk des notes qu’on n’avait jamais entendues », déclare Jean Bonnefon. Il signe alors son premier 33T L’Exil, où se trouve la très belle chanson dédié à l’artiste qui l’a toujours inspiré : Léo Ferré.

Joan-Pau Verdier – Maledetto, Léo !

En 1972, un autre artiste occitan émergeant le rencontre : Eric Fraj. C’était pour la Félibrée de Villamblard (24). Beaucoup de groupes folkloriques et des jeunes artistes plus modernes sont là, dont Joan-pau Verdier et Eric Fraj. « Je me souviens, tout le monde n’était pas d’accord pour que ces jeunes aient leur place. Le public était scindé en 2 et certains criaient : « les peluts (chevelus) dehors ! Je n’ai pas pu chanter très longtemps. Les gendarmes ont dû nous accompagner pour sortir. Joan-Pau a été très amical et chaleureux. Depuis, il a toujours été un ami fidèle qui m’a toujours accompagné ».  

2/ Les années Philips

J’étais Franchimant chez les Occitans et Occitan chez les Franchimants !

Joan-Pau Verdier a toujours marché sur ses 2 jambes : une française et l’autre occitane. Etudiant en Lettres, il a commencé par écrire en français. Puis il découvre les poèmes de son ami de lycée Michèu Chapduèlh. Il lui écrira ensuite des textes spécifiques. Dès le début de sa carrière, pour son premier disque, il est signé par une grande major : Philips. Un reniement pour certains occitanistes qui n’ont pas accepté qu’il parte de la maison de disques occitane Ventadorn. « Il a toujours gardé son esprit libertaire. Ce n’était pas un reniement mais l’occasion d’avoir les moyens de produire la musique qu’il voulait faire. Il a eu raison. C’était le bon moment car dans les années 80, avec la crise, ce n’était plus possible. » Eric Fraj sait de quoi il parle car à plusieurs reprises, il a failli signer chez Pathé Marconi ou d’autres maisons prestigieuses. Il avait raison : début des années 80, Jean-Paul Verdier n’est plus chez Philips.

3/ Pas un dieu, ni complètement un maître, mais son artiste : Léo Ferré

En 1975 sort le 33T « Faits divers » avec la célèbre chanson de Ferré traduite en oc : « Ni diu, ni mèstre ». Libertaire, anarchiste, le Limousin vouait une admiration sans fins à Ferré. Les 2 artistes se sont rencontrés à plusieurs reprises. En 92, Ferré lui donne carte blanche pour un album de reprises. Il décède un an plus tard. L’album est enregistré en 96 mais ne trouve pas de diffuseur. Léo domani sortira finalement en 2001 avec 17 chansons dont 2 inédits.

Joan-Pau Verdier – La mélancolie (2001)

4/ 1976-77 : les premières télés

« Signer chez Philips lui a ouvert les portes des médias nationaux et donné de l’envergure à l’occitan. » Eric Fraj se souvient de cette télé sur TF1 avec Danièle Gilbert à un moment de grande écoute. Nous étions le premier avril 1977.

Joan-Pau est invité par Léo Ferré qui dit de lui : « C’est un artiste vertébré qui écrit des choses vertébrées. » Il y chante « La ballade pour un paumé » qui figure sur l’album « Tabou-le-chat ». Plus tard, on le verra dans d’autres émissions en « prime-time ». Par exemple chez Maritie et Gilbert Carpentier.

Ou encore un dimanche de septembre 1973 dans l’émission Sport Eté présentér par Pierre Cangioni. Le championnat du monde cycliste se déroule en Espagne et Joan Pau parle de l’Occitanie. Il interprète « Chanti per tu ».

 

5/ 1977 : sortie de l’album-concept « Tabou-le-chat »

Toujours chez Philips, en français, un peu en oc, Verdier sort en 1977 un album concept comme il s’en faisait beaucoup à l’époque. La production est résolument moderne où fleurent bon les guitares électriques. Verdier poly instrumentiste. Il joue des guitares (électrique et acoustique), parfois de la basse, des percussions…

Joan-Pau Verdier – Tabou-le-chat (1977)

6/ 1980 : la BO du film de Jean-Pierre Denis

C’est là qu’intervient un autre ami du lycée Bertran-de-Born de Périgueux : le réalisateur Jean-Pierre Denis. Il obtient la caméra d’or à Cannes en 1980 pour son film « Histoire d’Adrien ». Il demande à son copain de faire la bande originale. Avec cette belle « Balade d’Adrien ». Au journal Sud-Ouest, le cinéaste confie : « Il chantait Brel, Brassens, Ferré en français. Sa voix était là. L’occitan est venu après. »

Joan-Pau Verdier -La balade d’Adrien

7/ 1991-1995 : Bigaroc, Francis Cabrel…

1990, Francis Cabrel vient de terminer l’album Sarbacane. A Astaffort, l’artiste propose à ses amis qui viennent de monter un nouveau groupe d’enregistrer dans ses studios avec Ludovic Lanen, réalisateur du disque de Cabrel. « Bigaroc est né. Un groupe volontairement éphémère (1 album et 5 ans d’existence) où l’on retrouve le groupe Peiraguda (Jean Bonnefon, Patrick Salinié entr’autres, séparés en 1988 et reformés en 2003), Joan-Pau Verdier et Blue Jean Rebels.

Joan-Pau Verdier et Jean Bonnefon Site Facebook Jean Bonnefon DR

Francis Cabrel donnera toujours un coup de main à ses amis. Il rend hommage à Joan-Pau : « Quelle tristesse, le grand Joan-Pau qui disparaît. Sa marque est immense en faveur du renouveau occitan ». 

Peiraguda, Francis Cabrel et Jan de Nadau – 2017

8/ 1998 Meitat-chen, meitat-pòrc sur les antennes de Radio-France

Jean Bonnefon prend les rênes de Radio-France Périgord. L’idée d’une émission occitane d’une heure et hebdomadaire est pour lui une évidence. « Je l’ai immédiatement proposée à Joan-Pau. Elle devait s’appeler « 100% occitan ». Mais Joan-Pau m’a dit que ça ne sonnait pas bien. Il a donc choisi « Meitat-chen, meitat-porc » (moitié chien, moitié porc). Nous avons 2 dialectes dans le Périgord : le languedocien au sud, le limousin au nord. Ces variantes étaient présentes à l’antenne. Un vrai succès! »

Il y avait Joan-Pau, les chroniques de Daniel Chavaroche et Martial Peyrouny qui a cédé sa place il y a une paire d’année à Nicolas Peuch.

Joan-Pau était encore à l’antenne de France Bleu Périgord juste avant le confinement.

 

9/ 2001 : Verdier, Salinié, Bonnefon chantent Brassens

Pour les 20 ans de la mort du Sétois, les 3 copains Salinié-Verdier-Bonnefon s’offrent Brassens. 5 ans plus tard, ils récidivent, toujours avec autant de précision et de gourmandise. 2 disques mais aussi de nombreux concerts qui se poursuivent.

Verdier, Salinié, Bonnefon… Site Facebook Jean Bonnefon DR

 

10/ 2010, l’ultime album « Les rêves gigognes »

Entre chansons françaises et rock d’Occitanie, Verdier poursuit son chemin poétique. 16 chansons originales où Joan-Pau revient à l’écriture et la composition, entouré de bons musiciens. Le bilan d’une vie, des moments gigognes, qu’il retrace en chanson dans une belle richesse musicale. Par ailleurs, « Tabou-le-chat » et « Chantepleure » sortent enfin en CD.

PUNT de VISTA présenté par Denis Salles à l’occasion de ces parutions

Les obsèques de Joan-Pau Verdier auront lieu mercredi 24 juin, au cimetière de Chancelade (Dordogne), près de Périgueux, à 16 heures. Adiu Joan-Pau !

Rosina de Peira, Joan-Pau Verdier, Claude Marti, Jean Bonnefon et Martial Peyrouny derrière Photo site Facebook DR

SITE JOAN-PAU VERDIER

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21 Juin

L’Orchestre National du Capitole de Toulouse rend hommage à Mady Mesplé

L’Orchestre National du Capitole du Toulouse a retrouvé la Halle aux Grains vendredi soir pour un concert de retrouvailles avec Renaud Capuçon. Jeudi 25 juin, c’est au Théâtre du Capitole que l’orchestre donnera un concert exceptionnel en hommage à Mady Mesplé, une fidèle du lieu. La grande soprano s’est éteinte le 30 mai 2020. L’ONCT n’a pas voulu attendre la nouvelle saison pour lui rendre hommage.

©FREDERIC CHARMEUX/AU THEATRE DU CAPITOLE, REMISE DE LA MEDAILLE DE L’ ORDRE NATIONAL DU MERITE A MADY MESPLE via MaxPPP]

Un concert avec les airs qu’elle aimait

La toulousaine Mady Mesplé était l’une des plus grand soprano colorature de l’après-guerre. Comme l’ONCT elle affectionnait la musique française et elle l’a faite résonner sur les plus grandes scènes.

Jeudi soir au Théâtre du Capitole où elle ne manquait pas une représentation même à la retraite, on pourra entendre du Francis Poulenc : Nocturne n°4 en ut mineur « Bal fantôme », « Montparnasse » et « Métamorphoses ». Des airs moins célèbres que l’« Air des clochettes de Lakmé » de Léo Delibes qui l’a révélée au grand public mais qu’elle a enregistré de nombreuses fois notamment avec son chef de prédilection Georges Prêtre.

Autre compositeur français, Gabriel Fauré avec au programme « L’horizon chimérique  » et le Requiem. Pour compléter la soirée, un extrait de Tristan und Isolde (« Mort d’Isolde ») de Wagner et des passages d’Ariadne auf Naxos de Richard Strauss dont voici son interprétation en 1966.



4 cantatrices et un baryton

Sur la scène du Capitole, tout d’abord une cantatrice bien connue des Toulousains : Anaïs Constans. Elle sera l’un des 3 sopranos qui chanteront sur le même registre que Mady Mesplé. La révélation des Victoires de la Musique 2015 sera épaulée par Catherine Hunold et Céline Laborie. Sophie Koch qui comme Mady a beaucoup chanté les musiques française et allemande assurera le répertoire côté mezzo. 

Anaïs Constans au concours international de chant de Montréal (2015)

Le baryton Stéphane Degout programmé pour la prochaine saison du Capitole sera sur scène. Les artistes seront accompagnés par les pianistes Nino Pavlenichvili, Miles Cléry-Fox et Robert Gonnella, Christophe Larrieu. c’est Alfonso Caiani qui dirigera l’orchestre. 

Une soirée qui s’annonce émouvante. Comme pour les 3 concerts exceptionnels prévus, celui-ci est destiné aux abonnés historiques du Théâtre du Capitole, aux donateurs ayant renoncé au remboursement de leurs billets, ainsi qu’à quelques associations.

Mady Mesplé et Jeanine Reiss décédée juste après la grande cantatrice. Elles interprétaient en 1982 « Le rossignol et la rose » de Camille Saint-Saëns

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Benoît Roux

19 Juin

Chronique du dernier Bob Dylan « Rough and Rowdy Ways »

Il avait surpris tout son monde en sortant 3 nouveaux titres pendant le confinement. Ce vendredi 19 juin, Bob Dylan crée l’événement avec son nouvel album « Rough and Rowdy Ways ». 8 ans que les fans attendaient, un peu dans l’expectative. Qu’ils soient rassurés : entre exploration et introspection, le phénix musical a toujours le feu ardent. A l’écoute, une heure de plaisirs et de sensations. Le testament d’un artiste intemporel.

Photo : DOMENECH CASTELLO ©MaxPPP

Trop entrer dans les détails n’a pas d’importance. Cette chanson est comme une peinture, vous ne pouvez pas tout voir en même temps si vous vous tenez trop près. Toutes ces pièces individuelles ne sont qu’une partie d’un tout.

C’est ce qu’il confiait au New York Times à propos de la chanson « Murder most foul » lors d’un entretien tout récent. Dans ce 39ème album, les Dylanophiles trouveront matière à interprétation, beaucoup d’interrogations aussi. Mais en tant que musicophile, pas d’exégèse dans cette chronique. Juste le plaisir et l’émotion ressentis à l’écoute.

Comme un parfum d’immortalité

Les premières notes, les premiers mots, il se passe déjà quelque chose. « Aujourd’hui, demain, et hier aussi /Les fleurs meurent comme toutes les choses ». Le titre « I countain multitudes » ouvre l’album. Il fait partie des 3 morceaux déjà dévoilés par Bob Dylan. Une litanie toute simple, l’occasion déjà de passer en revue les personnages qui ont compté dans sa vie (Anne Franck, Edgar Allan Poe, les Stones, William Blake, Beethoven, Chopin). Tout l’album multiplie les références et traverse ainsi le temps. Avec le deuxième titre « False Prophet » teinté de blues électrique, Dylan en profite pour dire qu’il n’est pas un faux prophète. Il ne se souvient pas quand il est né… il a oublié quand il est mort.

Photo : site officiel Bob Dylan

C’est bien ce qui ressort en premier à l’écoute de ce nouvel album : un voyage hors du temps, dans un univers musical singulier. Folk, blues, jazz country, rock, c’est un peu tout ça Bob Dylan. A l’aube des 80 printemps, sa musique défie les écorchures du temps. Non seulement les compositions sont bonnes, mais en plus on peut dire que sa voix a retrouvé de la vigueur. Moins nasillarde, plus grave, parfois tremblante pour laisser passer l’humanité. Quant aux textes, le prix Nobel de littérature n’usurpe pas son titre.

Blues nostalgiques, ballades intimes et valses sépias

S’l fallait définir les couleurs musicales de cet album, ce serait certainement le noir de certaines chansons comme « Black River » et la lumière brune ocrée des nombreuses valses lentes de l’album. La plus belle : « I’ve made up my mind to give myself to you ». Une chanson poignante qui ressemble beaucoup dans l’intro sous forme de refrain aux « Contes d’Hoffman » d’Offenbach : « Douce nuit, ô belle nuit d’amour ». Un tempo parfait, imperturbable, et la voix de Dylan qui se joue des fragilités sur des chœurs éthérés.

L’album est aussi rythmé par les blues. Il a d’abord « False Prophet », un bonne vielle chanson de derrière les fagots comme cet amoureux de Robert Johnson (qu’il cite dans ses nombreux hommages) sait les faire. Plus électrique et enlevé « Goodbye Jimmie Reed » ou Bob ressort son harmonica.


Jimmie Reed, bluesman du Mississipi parti trop tôt, emporté par l’épilepsie et l’alcool. Je ne peux pas chanter une chanson que je ne comprends pas […] je ne peux pas jouer mon disque parce que mon aiguille est bloquée, chante Dylan. Autre blues de la même trempe : « Crossing the Rubicon ». Un blues classique, interprété magistralement d’une voix rauque très assurée.

Bob Dylan -Mother of muses

Mention spéciale aussi pour « Mother of muses » ballade onirique aux incantations poétiques et touches très personnelles.

Sur des guitares presque hawaïennes, une magnifique élégie colorée : « Key West (Philosopher Pirate) ». Une ode à cette ville de Floride, à l’extrémité ouest de l’archipel des Keys, célèbre pour ses coraux. Une musique chaude, soufflée par l’accordéon, voix impeccable du maître, l’une des nombreuses réussites de l’album. Dylan prétend que c’est l’endroit pour ceux et celles qui sont en quête d’immortalité, un paradis divin.

Le lyrisme éblouissant de « Murder most foul »

Déjà parue il y a quelques semaines, « Murder most foul » est un véritable choc qui clôture le chapitre. L’univers sonore change et s’étend avec la présence du piano. Une longue mais jouissive litanie de 17 minutes, le révérent Bob qui va à confesse pour délivrer une psalmodie soutenue et ardente.

Tout commence au moment de l’assassinat de JFK, jour où l’Amérique toute entière vacille. Un épisode sombre de l’innocence perdue. L’ultime hommage qui sonne comme un testament, l’apocalypse selon Dylan. Un morceau éblouissant, empreint de lyrisme qui ne faillit jamais. A l’écoute, on sent quelque chose de définitif, une maîtrise absolue.

Bob Dylan – Murder most foul

Lorsque les ultimes notes de piano et de violons s’éteignent, l’émotion gagne. On se sent désemparé. Reverra-t-on un jour Bob Dylan? Ce disque n’est-il pas l’ultime révérence d’une référence artistique ? Au loin, une petite barque fragile s’en va et se fond dans les brumes crépusculaires. Un artiste et une œuvre au firmament.

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SITE OFFICIEL BOB DYLAN

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Benoît Roux

 

16 Juin

GoGo Penguin, une fusion parfaite qui décolle les étiquettes

Gogo Penguin vient de sortir un nouvel album. Une musique à son apogée, inventive riche et accessible. Impossible de lui coller une étiquette tant le trio de Manchester possède un univers très personnel qui nécessiterait l’invention d’une appellation. Pas complètement  jazz, ni rock, ou encore trip-hop électro, il est urgent de découvrir si ce n’est déjà fait la maîtrise instrumentale de 3 musiciens en osmose. Impressionnant à écouter, bluffant à regarder.

Gogo Penguin site officiel ©Jon_Shard

Une musique totale et des musiciens en osmose

Ecouter la musique de Gogo Penguin c’est se préparer à un long voyage sans les repères habituels. Leur musique est riche, complexe, mais elle reste toujours accessible et humaine. Elle garde un côté spontané, tout en ayant beaucoup de travail, de recherches en amont. Ils sont 3 jeunes musiciens : le pianiste Chris Illingworth à l’origine du groupe, la batteur Rob Turner et le bassiste Nick Blacka. Une formation « classique » pour le jazz, sauf que ce n’est pas vraiment du jazz. On pourrait aussi les ranger dans la musique répétitive mais leurs lignes mélodiques sont affirmées. En fait, ils travaillent tous leurs sons en amont, prévoient les effets à l’avance comme pour de la musique répétitive mais à l’arrivée, tout ceci est adapté à des sonorités acoustiques d’un bon vieux piano, contrebasse batterie.

« Nous avons trouvé notre place, nous avons aujourd’hui pleinement confiance en nous, suffisamment pour affirmer : voilà comment je veux jouer de mon instrument, et voilà comment nous voulons jouer en tant que groupe. Un but que nous avons cherché à atteindre depuis nos débuts. »

GoGo Penguin – F Maj Pixie (live)

Une affirmation de Chris Illingworth qui pourrait paraître prétentieuse si elle n’était pas tout à fait juste. Le groupe qui était alors un quartet s’est formé en 2012. Ceux que l’on a qualifiés de « Radiohead du jazz britannique », ont très vite trouvé leur marque de fabrique dans l’innovation. Une trajectoire singulière qui va les amener à utiliser les technologies numériques en phase de composition pour enregistrer le fruit de leur travail sur des instruments acoustiques avec des pédales à effets et de delay intelligemment dosées. Car attention, leur musique n’est pas artificielle ou pré-fabriquée; elle est au contraire très humaine et prenante.

GoGo Penguin, une formation à part

En 2015, ils sont signés par le prestigieux label Blue Note mais là-aussi, ils dénotent encore. Ils n’ont pas complètement la rondeur et le son piano des productions du label américain. Ils ne sont pas dans la froideur de l’écurie ECM spécialisée dans certaines musiques jazz répétitives. Il faut bien reconnaître que le trio est dans un univers à part, qu’ils ont exploré longuement pour atteindre la plénitude que l’on peut entendre aujourd’hui.

GoGo Penguin – Atomised

L’usage des bruitages très discret mais efficace rend encore plus abordable leur musique comme sur l’intro du disque (1_#) avec le sac et ressac de l’eau, les bruits des oiseaux et les cris des enfants lavés par la pluie qui tombe. Tout est fait volontairement ou pas pour garder l’auditeur, pour le transporter sans jamais le perdre.

Il n’y a pas non plus -et c’est fort appréciable- de démonstration dans leur jeu comme on en entend souvent dans le milieu du jazz. Pas de recherche de performance, de prime à la technique aux dépens de l’émotion. « Ça joue » comme on dit vulgairement, mais sans jamais vous larguer.

Nouvel album GoGo Penguin

L’album de la plénitude et de la consécration

Des mélodies riches, des rythmes imprévisibles, des son travaillés, l’expérience Gogo Penguin est passionnante. « Signal in the Noise » par exemple scandé par les roulements de caisse claire et les résonances hypnotiques de la basse. Un morceaux très ambitieux où coulent les effets sans jamais noyer quoi que ce soit.

GoGo Penguin – Signal in the Noise

L’album porte le même titre que le nom du groupe, signe de consécration et de confiance. Sur les 10 titres, pas de défaillance, pas de « déjà entendu ». L’un de mes titres favori : « F Maj Pixie » qui débute par une belle sonorité claire de piano. Avec un très gros travail de batterie, de ruptures, de percussions aux sonorités des 3 instruments obsédantes. Une combinaison de piano acoustique et rythmique trio-hop des plus séduisantes.

Plus surprenant encore, le titre « Kora » avec un timbre de piano modifié par des caches posés sur les cordes à faire pâlir un synthétiseur. L’univers et l’imagination de Chris Illingworth sont sans limite. « Kora » rappelle un peu évidemment l’Afrique et son instrument emblématique. Le pianiste l’a composé après avoir entendu un homme jouer de cet instrument dans un parc anglais. Il le confie au magazine des InrocksEcouter ce gars et d’autres grands joueurs de kora comme Toumani Diabaté m’a incité à traduire des motifs de kora au piano… devenant ainsi le point de départ de ce morceau.”

GoGo Penguin – Kora (live)

Il y a presque 3-4 morceaux dans ce titre très impressionnant à entendre et encore plus bluffant lorsque l’on voit les 3 artistes le jouer. Ce groupe instrumental a bien un leader (Chris Illingworth), un instrument chef de file (le piano) mais il garde une cohérence, une osmose dans le son avec la contrebasse qui s’affirme et une batterie qui accompagne, dans la nuance avec une rythmique accrocheuse et un jeu subtil de cymbales comme dans « Embers ». Dernière destination « To the Nth » aux atmosphères crées par le piano avec une double basse qui cogne fort, tels des énormes rochers où rejaillissent les écumes cristallines du piano. Très beau morceau prenant et hypnotique. Le disque s’achève sur « Don’t Go » où le piano sonne encore plus « kora », la basse enveloppante et la batterie presque oubliée. 

GoGo Penguin – Don’t go (live)

L’alchimie est presque parfaite et l’on souhaiterait poursuivre la découverte indéfiniment. Il y a encore quelques jours, je ne connaissais pas ce groupe. Maintenant, il me tarde d’aller le découvrir sur scène, de voir aussi comment leur musique va évoluer. Car c’est une évidence : les GoGo Penguin sont tout sauf des manchots.

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Benoît Roux

 

15 Juin

L’Orchestre National du Capitole de Toulouse retrouve son public

Depuis plus de 3 mois, ils attendent de retrouver enfin leur pupitre et leur public. Le 19 juin, les musiciens de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse vont rejouer à la Halle Aux Grains pour 3 concerts exceptionnels avec 3 invités prestigieux. Des événements réservés aux abonnés qui ont renoncé au remboursement de leurs billets et au personnel soignant de la métropole toulousaine. En attendant la nouvelle saison qui débutera le 10 septembre.

L’Orchestre National du Capitole de Toulouse dirigé par Tugan Sokhiev © Marco Borggreve

Leur dernier concert, c’était le 6 mars. Depuis, le confinement est passé par là. Des moments d’incertitude, de doute sur le tempo et ce que serait le temps d’après. Les musiciens de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse (ONCT) ont enfin une perspective. D’abord 3 concerts exceptionnels pour clôturer cette période délicate. Ensuite, viendra la pause estivale et une nouvelle saison qu’on leur souhaite moins perturbée.

3 concerts exceptionnels avec 3 invités prestigieux

Comment continuer à pratiquer son art lorsque l’on est confiné et que l’on ne sait pas quand et comment tout va reprendre? La culture a été laissé en jachère par le gouvernement durant la pandémie. Dans la tête de beaucoup de musiciens, les doutes se sont installés. Certes, il y a eu pour l’ONCT une petite récréation avec la vidéo de La Marche Hongroise version confinée. 

« Ca nous a permis de toucher un nouveau public, de maintenir du lien, reconnaît le violoniste Jean-Baptiste Jourdin. Mais c’est très compliqué de travailler chez soi sans la moindre visibilité, sans savoir ce que nous allons faire dans les prochains jours. Je suis soulagé et très content de reprendre. »

Renaud Capuçon ©Simon Fowler

Contrairement à d’autres secteur, le protocole sanitaire pour le domaine musical a tardé à venir et pénalisé la reprise des orchestres. L’horizon s’éclaircit un peu le 19 juin même si tous les doutes ne sont pas levés sur ce que sera la pratique musicale dans les semaines à venir. C’est un visage bien connu de la Halle Aux Grains qui incarnera ces retrouvailles : le violoniste Renaud Capuçon. Il a joué à plusieurs reprises avec l’ONCT qu’il dirigera pour l’occasion dans un programme consacré à Bach avec les Concertos pour Violon en La mineur et Mi majeur.

ONCT & RENAUD CAPUCON – Juin 2016

Une semaine plus tard (le 26 juin), le chef d’orchestre attitré Tugan Sokhiev signera son retour pour « Les Hébrides » de Mendelssohn et la Symphonie N°4, ainsi que le Concerto pour piano en Sol majeur de Ravel. L’occasion aussi de réentendre le grand pianiste toulousain Bertrand Chamayou. A retrouver aussi en différé sur la chaîne Mezzo.

Tugan Sokhiev ONCT & Bertrand Chamayou – 2012

Enfin le jeudi 2 juillet, c’est le pianiste David Fray qui reviendra un peu au pays. Le natif de Tarbes dirigera l’orchestre avec un programme consacré à Bach. C’est aussi un habitué de l’ONCT avec lequel il a donné plusieurs concerts de solidarité en faveur de la recherche contre le cancer. Les concerts des 19 juin et 2 juillet seront diffusés sur France 3 Occitanie le jeudi 23 juillet aux alentours de minuit.

Un public sélectionné et une capacité adaptée

L’ONCT et Toulouse Métropole qui le gère en régie directe ont donc décidé de programmer 3 concerts exceptionnels à la Halle Aux Grains. Ces événements s’adressent à tous les abonnés de la saison 2019-2020 qui ont renoncé au remboursement de leurs billets. Selon Marie Déqué, (Déléguée à l’orchestre, au Théâtre du Capitole et aux musiques), il y aurait entre 25 et 30% des abonnés qui n’auraient pas demandé de remboursement en signe de solidarité pour l’orchestre. « Ensuite, nous avons travaillé avec Laurent Lesgourgues (conseiller métropolitain et Docteur) pour proposer des places au personnel soignant qui s’est engagé dans cette crise. Nous avons convenu d’un quota de 300 places. »

Pour le premier concert, l’orchestre sera en formation réduite car le programme dédié à Bach ne demande pas beaucoup de musiciens. Pour le public, les normes sanitaires seront évidemment appliquées. La jauge de la Halle Aux Grains sera à minima, avec seulement 300 places. La capacité sera portée à 500 pour le 26 juin et 700 places pour le dernier concert du 2 juillet.

« Rêver, Ecouter, Se Retrouver », la saison 2020-2021 en perspective

Le 4 juin dernier, la nouvelle saison de l’ONCT a été officiellement dévoilée. « Rêver, Ecouter, Se Retrouver », le ton de cette nouvelle aventure est donné. Avec un leitmotiv : faire de la musique ensemble en partageant ses émotions; retrouver des sensations après de longs mois de séparation. Dans une dimension européenne, l’un des fil rouge de la saison sera la confiance accordée à de jeunes chefs d’orchestre. D’ailleurs, 2 master class, avec quatre apprentis chefs d’orchestre auront également lieu les 23 et 24 juin à la Halle aux grains, sous la direction de Tugan Sokhiev.

Côté programme, c’est la musique germanique qui se taille une place de choix. Nous sommes toujours dans le 250ème anniversaire de la naissance de Beethoven. Pour l’accompagner,  Haydn, Bruckner, mais aussi les symphonies de Mendelssohn, de Schumann ou encore de Brahms. L’orchestre est également connu pour son répertoire français qui ne sera pas oublié.

Photo : site Facebook ONCT

On notera la 3ème édition des Musicales franco-russes en mars 2021. Cet événement avait dû être annulé cette année. Ou encore des soirées exceptionnelles intitulées « Tugan Sokhiev fait son cinéma ». Au programme : les musiques d’Harry Potter, Dr Jivago et les compositeurs français Vladimir Kosma et Georges Delerue. Tugan Sokhiev assurera également 3 concerts pour le nouvel an hors abonnement.

De quoi refaire ses gammes et redonner du plaisir aux musiciens et aux mélomanes. Notamment avec les « Happy Hour » : une heure les samedi à 18H consacrée aux grands chef-d’œuvre et autres belles pages symphoniques.

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Benoît Roux

11 Juin

Avec « Les Confinis », Pierre Perret déconfine finement les esprits

Sur la photo twittée sur son compte, il est assis à son bureau avec son pot de crayons, un grand sourire aux lèvres. Pierre Perret vient de sortir une nouvelle chanson facétieuse : « Les confinis ». Derrière l’humour, les mots qui touchent et qui font mouche sur les atermoiements du confinement. Drôle et féroce, facétieux et irrévérencieux… mais tellement humain.

Photo site Pierre Perret

Les 10 et 11 octobre, il devrait être encore sur scène à la salle Pleyel de Paris. Il aura alors 86 ans. Le manieur de mots à l’âme d’enfant n’a rien perdu de sa verve. Au début du mouvement, il a soutenu les gilets jaunes et voulait leur dédier une chanson. Finalement, il voit rouge avec le confinement.

« Les Confinis » entre facéties et irrévérences

Ils nous ont tant confinés, puis reconfinés, puis déconfinés, qu’on redoutait d’être in fine, des cons finis!

Pendant l’isolement, il a passé son temps à écrire et répéter les chansons de son prochain récital. Et puis un jour, il a appelé Les Ogres de Barback pour leur proposer cette chanson. « Il avait écrit les paroles et une ligne mélodique. Nous l’avons jouée et nous nous sommes appelés plusieurs fois. Nous avons fait peu d’arrangements, pour préserver le texte et la spontanéité », déclare Sam Burguière des Ogres de Barback.

Toujours un peu à la marge, entre légèretés et lignes engagées, « Tonton Cristobal » n’est pas resté au repos pendant le confinement. L’octogénaire aurait pu faire le sourd ou l’ignorant. Mais ça ne lui ressemble pas. Alors il a repris sa plus belle plume tantôt vitriol tantôt alcôve, pour faire rire et grincer des dents. Perret ouvre « La Cage aux Zozos » pour mieux leur voler dans les plumes.

Sur Europe 1, Il dit avoir menacé de danser nu sur le rond point des Champs-Elysées en cas de prolongation du confinement. Il n’aura pas eu à le faire mais il aura affûté sa plume.

Y avait l’Raoult çui que les enquiquine, Qui les traitait tous comme des Diafoirus, D’après lui y a guère que sa chloroquine, Qui pourra fout’ les chocottes au virus.

Pas facile de faire rire sur des sujets graves, de dénoncer sans être calomnieux. Sur un rythme à 3 temps, ça valse grave. Et certains vont s’y prendre les pieds.

La porte-parole elle s’appelle Sibeth, Y’en a qui pensent quelle porte bien son nom, On sent bien qu’la moindre idée qui se pointe, Lui déclenche un ouragan dans l’citron

Le défilé des docteurs, les spécialistes dans le petit écran, la pénurie de masques pour en avoir détruit 600 millions, Donald Trump, les infirmières qui gagnent des clopinettes… tout y passe. Et l’humour finit par l’emporter avec le sourire de l’auteur-compositeur en guise de révérence irrévérencieuse.

A propos d’infirmières, on se rappelle l’hommage du personnel soignant de Saint-Amand-les-eaux (59) qui avait enregistré le « Zizi » un week-end de confinement. 

Une nouvelle collaboration avec les Ogres de Barback

Les Ogres de Barback sont allés chez Pierre Perret dans la Seine-et-Marne pour enregistrer la chanson. Le hasard a voulu qu’ils aient Guillaume Lopez le même jour au téléphone. « On s’est dit que ce serait bien de travailler ensemble sur ce projet ».  Les Ogres de Barback et Guillaume Lopez ont déjà collaboré ensemble. Autre hasard, Guillaume qui fait les flûtes sur ce morceau est confiné dans le Gers avec l’accordéoniste Thierry Roques. Très rapidement, ils enregistrent le morceau. « Quel bonheur quand j’ai reçu le texte et la voix de Pierre Perret comme ça, avant tout le monde! J’étais fier » déclare Guillaume Lopez. L’ingénieur du son Alfonso Bravo qui était avec eux assure le mixage.

Pierre Perret et Les Ogres de Barback @David Bakhoum

Ce n’était pas la première collaboration entre les Ogres de Barback et le poète de Castelsarrasin. Dès 2002, ils signent les arrangements de l’album « Çui-là ». Pierre Perret les invite pour fêter ses 40 ans de carrière à l’Olympia. En 2017, ils signent l’album « La tribu de Pierre Perret ». 15 titres avec des artistes de tous horizons et de tous âges tels Magyd Cherfi, Massilia Sound System, Idir, Tryo, Didier Wampas, Lionel Suarez, OLivia Ruiz… qui reprennent du Perret.

La tribu de Pierre Perret – Au café du canal

Les Ogres et Pierre Perret chantent aussi ensemble « Lily » lors des 10 ans du groupe d’origine arménienne.

Les mêmes protagonistes préparent un deuxième titre qui sera joué sur scène lors de la tournée d’octobre. Le morceau s’appelle « Mes adieux provisoires » qui est aussi le titre du tour de chant. La chanson devrait sortir la semaine prochaine. L’actualité c’est encore son prochain livre « Aphorismes & blues » qui sortira fin juin.

L’occasion pour le Pierrot gourmand des mots et de la gastronomie de mettre encore les pieds dans le plat.

Photo site Pierre Perret

A LIRE AUSSI « Anda-Lutz » de Guillaume Lopez : les cultures en lumière

Site Pierre Perret

Ogres de Barback

Benoît Roux

10 Juin

Heeka, une jeune artiste très prometteuse sort son premier single

Elle devait être artiste de cirque. Finalement, c’est la musique qui s’est insérée dans sa vie. Heeka, une jeune toulousaine d’origine flamande sort son premier single. Un projet très personnel, guidé par la sincérité et l’authenticité. Un mélange folk, rock blues et une voix qui accrochent.

Heeka © Sandra Thomas

Quand on l’écoute, il y a déjà de l’assurance et un univers assez personnel. Pourtant, Heeka n’était pas forcément destinée à la musique. Elle n’a pas appris d’instrument, pas écouté assidûment de la musique. Elle devait être circassienne, mais un accident en décidé autrement. La musique s’est alors insérée dans sa vie et elles se sont apprivoisés. La voix aujourd’hui est assurée et toute tracée. Elle vient de sortir un premier single, bientôt un EP et on devrait bientôt entendre parler d’elle.

D’abord une voix dans l’émotion et la sincérité

L’émotionnel, la sincérité, authenticité c’est ce qui me parle. La musique que j’aime, c’est celle qui me touche. Ce n’est pas la complexité qui m’intéresse. Plus je ressens des choses sans passer par la réflexion, plus ça me va.

Heeka – Take it easy

Il y a effectivement quelque chose de direct, de spontané et d’émotionnel dans ce qu’elle fait. En premier lieu la voix. Il a comme une urgence dans sa manière de chanter. « Il faut que ce soit au plus proche de ce que je ressens. L’urgence fait partie du côté émotionnel : il faut que ça sorte. Il faut dire que mes textes parlent souvent de choses lourdes : de la colère, de la tristesse, parfois du dégoût ». En tous cas le grain accroche et son expressivité vous garde.

Heeka, de son vrai prénom Hanneke, s’occupe de tout : textes, compositions, interprétation. « Je laisserai personne composer ou écrire pour moi. Je perdrais en sincérité. Le but c’est d’être le plus juste possible. »

© Ian Grandjean

Un premier single et bientôt un EP

Pour l’accompagner dans cette nouvelle aventure, 3 musiciens : Manu Panier à la basse (musicien aussi de Slim Paul), Joris Ragel à la guitare (ex-Agathe Da Rama) et Pablo Echarri à la batterie (musicien de Oré et Watusi). C’est elle qui les choisis, ensemble ils signent les arrangements. Peut-être l’avez vous découverte sur le site webzine toulousain Opus. Ou encore lors des concerts post déconfinement organisés par No Music No Life. Elle n’a fait qu’une dizaine de scène mais fait preuve déjà d’une vraie présence. Le premier single de sa jeune carrière s’appelle « Elsewhere ». « Il correspond vraiment à ce que j’avais envie de faire. Il y a plusieurs moments dans ce single qui sont révélateurs de différents styles. Je n’ai pas de limite stylistique. D’autres morceaux partent dans d’autres directions ». 

Heeka – Premier single Elsewhere

Car il y aura bientôt d’autres morceaux qui donneront un EP de 5 titres à sortir dans les prochains mois. Elle vient d’être signée par un jeune label toulousain Koala records qui assure la distribution numérique. Comme elle aime beaucoup les années 70, les couleurs musicales sont clairement blues, folk et une pointe de rock. « J’aime les sons ronds et chauds mais aussi les sons saturés, quand c’est lourd, avec des basses… Je ne veux pas de machine ou de l’électronique mais rester dans musique vivante. »

© Chris Rod

Quant au clip, elle l’a réalisé pendant le confinement, avec les moyens du bord. Des heures et surtout des nuits de travail, à prendre 6300 photos pour faire du stop motion. « Elsewhere » raconte l’histoire d’une rencontre avec une personne toxique sous l’emprise de l’alcool et d’autres substances. Au refrain, une âme protectrice l’avait prévenue et vient la protéger. Elle chante en anglais.  » Car cette langue est très belle chantée. Si je chantais dans ma langue maternelle le flamand, ce serait assez concept. Un jour j’essaierai! »

Heeka – Rainy Winter

Telle une circassienne, Heeka devrait bientôt prendre son envol. L’esthétique musicale est posée. Son univers est riche, personnel et affirmé.

Bonus Track : ce qu’elle écoute

All Them Witches – The mariage of Coyote Woman

PJ Harvey – To bring you my love Live 2016

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Benoît Roux

08 Juin

Premier drive-in concert à Albi : et après?

Après le confinement, certains artistes sont passés à des concerts drive-in. Ce qui leur permet de retrouver une scène et une partie du public. Le premier concert de ce type a eu lieu le samedi 6 juin à Albi (Tarn). Des centaines de fans ont pu voir Boulevard Des Airs depuis leur voiture. D’autres événements du même ordre se profilent en attendant un jour de retrouver les concerts d’avant. A moins que cette formule ne donne des idées à certains organisateurs.

© Christophe Harter

Des artistes face à 180 voitures avec des coups de klaxon en guise d’applaudissements. La scène est un brin surréaliste, en tous cas inhabituelle. La Radio 100% a défrayé la chronique en organisant le samedi 6 juin le premier concert drive-in de France.

Albi puis Tarbes pour un drive-in concert

Pendant le confinement, les artistes ont joué chez eux et partagé des morceaux, des concerts avec leur public. Certains artistes ont apprécié, d’autres ont critiqué cette orgie musicale qu’ils jugeaient indécente. Passé le confinement, faute de concerts et de festivals, il a fallu trouver autre chose. En Allemagne ou dans certains pays de l’est ayant fait le déconfinement avant la France, les concerts drive-in avec les artistes sur scène et le public en voiture ont fleuri. Le directeur général de la radio 100% Jacques Iribarren a tout de suite été séduit. « On a commencé à y réfléchir en avril pendant le confinement. L’idée de prendre des artistes locaux s’est tout de suite imposée car par question qu’ils puissent venir de loin. « 

© Christophe Harter

Très rapidement, des contacts se nouent avec Albi et son Parc des Expositions pour organiser le premier drive-in. La ville de Tarbes aussi voudrait marquer le coup faute de pouvoir organiser sa fête de la Musique. Il se trouve que le chef de cabinet du maire Gérard Trémège n’est autre que le père de Laurent Garnier, l’un des quatre fondateurs de Boulevard Des Airs. L’affiche tarbaise ressemblera fortement à celle d’Albi avec bien sûr la tête d’affiche Boulevard Des Airs.

BDA sur scène à Albi © Christophe Harter

On y retrouvera aussi les Aveyronnais de La Déryves qui ont signé un beau succès avec « Nos belles heures ». Un morceau dans la lignée musicale de ce que fait Boulevard Des Airs.

LA DERYVES – NOS BELLES HEURES

Pour compléter la programmation faite aussi de groupes locaux, les organisateurs ont fait venir un artiste d’Agen : Tibz. C’est lui qui a co-écrit la chanson des Enfoirés de cette année avec Boulevard des Airs. Il a signé également un gros succès il y a 3 ans avec le titre « Nation ».

TIBZ – NATION

A Tarbes le 21 juin, ce sera l’occasion de découvrir sur scène un jeune groupe qui fait un petit carton avec son premier single. Ils viennent du Mans, ils s’appellent « Sans prétention ». Ils ont dit oui aux organisateurs malgré le manque de répertoire. Ce sera leur première scène et on risque d’entendre souvent ce titre cet été. Le clip vient de sortir, enregistré pendant le confinement. Ca sonne un peu « 3 cafés gourmands » ou encore « Soldat Louis ».

SANS PRETENTION – SANS PRETENTION

Drive-in, comment ça marche?

La réservation pour ce nouveau type de concert se fait uniquement en ligne. Le coût d’un concert comme Albi ou Tarbes approche les 20 000 €. Les artistes se produisent bénévolement. Le prix des places est assez accessible : environ 10€ par personne. Même si l’on ajoute la possibilité de se restaurer comme à Albi avec la réservation de paniers gourmands, difficile de rentabiliser cette opération. L’événement est financé à 80% par des entreprises privées locales, assure Jacques Iribarren. « On le fait pour relancer la machine. Les techniciens qui sont rémunérés sont contents de retravailler. Et puis surtout ce qui me touche, c’est de voir des familles entières dans la même voiture. On voit des enfants avec doudous et sucette, des personnes un peu âgées. Jamais nous aurions vu ça auparavant. L’art c’est aussi la rupture. Nous sommes fiers d’avoir participé à ça. »

Reportage France 3 Occitanie Myriam Brisse Matthieu Chouvellon

Techniquement, le concert est diffusé via les enceintes de la voiture. Pour cela, une fréquence spécifique et un émetteur dédié sont nécessaires pour ne pas avoir de décalage entre la scène et le public. C’est une nouvelle manière d’écouter de la musique pas complètement satisfaisante mais assez innovante et qui répond à un besoin et une envie. « Sur les réseaux sociaux certains ont critiqué cette formule. 100% est une radio populaire et 99% du public qui était là nous ont fait des retours très positifs. Les artistes et les techniciens aussi. Je suis sûr que dans les rétrospectives futures, l’image du concert drive-in d’Albi restera. »

Et maintenant ?

Les maisons de disques sont un peu réticentes mais le succès rencontré par ce premier événement devrait les rassurer. La couverture médiatique a été forte avec la présence de France 3, France TV, M6, TF1, BFM… Un direct a eu lieu le soir même dans le journal de France Inter.  Les artistes sont toujours divisés mais ils,ont envie de jouer. Beaucoup de producteurs ou programmateurs commencent à réfléchir au drive-in. Le Parisien nous apprend qu’un festival Art Parking se tient en République Tchèque. En France, un spectacle sur Edith Piaf est en préparation et sera joué sur le parking du Marché d’Intérêt National ou le port de Nice. Peut-être en Corse…

Le public à Albi © Christophe Harter

Pour revenir à Tarbes, la Scène Nationale Le Parvis va proposer un drive-in cinéma les 18-19 et 20 juin prochains. Toujours en voiture, les cinéphiles seront invités à revoir « La fureur de vivre », « Le lauréat » mais aussi « La la land » en plein air, sur écran géant et le son via la bande FM. Il suffira de réserver sa place à l’avance au tarif de 5 ou 10€ suivant la soirée.

Dans un milieu culturel plus que sinistré, les drive-in ne sont sans doute pas la panacée. Mais ils ont le mérite d’exister, de maintenir une activité, en attendant des jours meilleurs.

Radio 100%

Benoît Roux