30 Nov

PHOTOS reportage : Kimberose en concert à Toulouse

2 albums seulement à la clé, la chanteuse anglo-ghanéenne Kimberose fait une tournée qui passait par le Bikini proche de Toulouse. Elle a déjà une belle assurance sur scène, entourée de très bons musiciens et d’une excellente choriste.

Kimberose © Benoît Roux / FTV

Un show qui va crescendo, la voix qui assure dans différents styles soul-reggae-Rythm’n’blues. Kimberose voulait être « profiler », elle est devenue une artiste qui va marquer. Le Bikini de Toulouse est conquis.

Kimberose et son groupe au Bikini de Toulouse © Benoît Roux FTV

Premier constat dans la salle du Bikini plutôt bien remplie : un décalage entre la jeune artiste et sa musique très actuelle et un public plus âgé. Concert masqué (c’est désormais la règle), des personnes un peu distantes et du coup, la salle qui a un peu de mal à se chauffer.

Le Bikini presque complet pour Kimberose © Benoît Roux FTV

Pourtant, rien a dire sur la qualité des artistes. La voix atypiquement aigue de Kimberose est pleine de maîtrise, la section rythmique guitare-basse-batterie performante. Il manque juste les cuivres évidents dans ce type de musique et présents lors de certains concerts de l’artiste.

Kimberose au Bikini © Benoît Roux FTV

Rapidement, la jeune artiste née en France mais de parents anglais et ghanéen trouve le lien avec le public. Très à l’aise, elle prend le temps de remarquer : « vous êtes vraiment très nombreux dans la salle ! » et d’expliquer ses chansons. Car Kimberose compose et écrit la plupart de ses chansons.

Eliminée de la Nouvelle Star

Après un premier album « Chapter one » où elle était en groupe sous l’éteignoir de son ex-compagnon, Kimberly Rose Kitson-Mills a repris sa liberté  avec un deuxième album « Out » qui marque le début d’unecarrière solo où elle peut enfin exprimer sa personnalité. 

Progressivement, le show prend de l’épaisseur. Elle raconte et chante « I’m sorry », le titre qui l’a fait connaître et ouvert les portes des radios et télés. Enfin…pas toutes car elle a rapidement été éliminée par le jury de la Nouvelle Star.

Kimberose © Benoît Roux / FTV

Début de show personnel et intimiste

Sur la scène du Bikini, elle raconte ses blessures, ses félures. Ce père disparu alors qu’elle avait 20 ans et cette chanson « George » écrite pour lui. Un texte aussi pour sa mère, les gospels et léglise le dimanche. Au passage, dans ce début de concert plus personnel qu’énergique, elle démontre toutes les nuances de sa voix qui peut aller très haut comme dans le magnifique « We never said goodbye » ou encore « Thin air » extraits de son dernier album.

Puis vient la délicieuse chanson « L’envie de valser » composée par le fabuleux pianiste Sofiane Pamart qui n’était pas là ce soir mais remplacé par Paul Parizet dans une très belle et émouvante version guitare. L’unique chanson en français du show. Une langue qui lui va pourtant très bien.

Kimberose et son guitariste Paul Parizet sur le morceau « L’envie de valser » © Benoît Roux FTV

Bikini dance floor

Fini pour l’émotion, place à la danse. Le concert prend alors une autre tournure, tantôt soul, rythm’n blues, reggae aussi sur une rythmique implacable. Il faut dire que sa mère Ghanéenne en écoutait beaucoup. A plusieurs reprises, elle incite le public à bouger et danser. Charité bien ordonnée commence par soi-même. Elle va alors dans le public pour danser avec lui. De vrais moments de partage. De retour sur scène, c’est le feu total avec le morceau « Fire » qu’elle a une fois de plus signé. « I’m on fire » et le public n’est pas en reste. Jusqu’au tube imparable qu’elle a écrit et qui est rentré dans les têtes comme un bon vieu morceau de reprise : « Back on my feet ».

L’occasion aussi d’admirer toutes les prouesses de sa choriste Prisca Solvana Vua. Electrique.

La fabuleuse choriste Prisca Solvana Vua © Benoît Roux FTV

Une petite reprise de Lauryn Hill au passage (« Ex-Factor ») qui a bercé son adolescence et montré la voie (voix).

Le show est monté crescendo pour finir en apothéose. Oui Kimberose a beaucoup de talent, une voix atypique qui pointe dans la direction des grandes divas soul-jazz comme Amy Winehsouse mais avec sa personnalité. Mention très bien aux musiciens plutôt sobres mais pertinents. Un petit regret qu’il n’y ait pas eu les cuivres comme pour le concert qu’elle a donné pour Arte.

Les musiciens et choriste de Kimberose au Bikini © Benoît Roux FTV

Une chose est sûre : beaucoup lors de ce concert (à commencer par moi) ont eu la certitude d’assister à l’éclosion d’un vrai talent qui n’est qu’à l’aube de sa carrière. Une étoile qui va monter au firmament.

SITE OFFICIEL

Benoît Roux

@Benoit1Roux

@ecoute_voir

 

04 Fév

« Good for you », le nouveau live session de RoSaWay qui donne le moral

Le duo RoSaWay prouve une fois de plus qu’il est fait pour le live. Extrait de son dernier EP, voici une version décoiffante de « Good for You », un morceau inspiré de la Nouvelle Orléans. Musicalement très riche et qui donne la pêche.

Photo : Facebook des Artistes

Rythmique de folie, voix lâchée avec de l’écho, le nouveau titre de RoSaWay dépote. Composé de Stéphane à la batterie et Rachel à la flûte traversière et à la voix, ce duo électro pop fait dans l’élégance et le bon gout artistique. 

Un live-session tourné à Lons-le-Saunier (Jura) dans de très bonnes conditions grâce à l’association Musik Ap’ Passionato.

Bouclé en 2 jours, installation comprise, ce live de « Good for you » est encore plus pêchu que sur l’EP. Le titre très inspiré de la Nouvelle Orléans où les cuivres rutilants sont remplacés par la flûte de Rachel, en boucle comme un brass band.

RoSaWay – Good For You en registré Live 

Un vrai plaisir « Good for us » qui fait encore plus regretter de ne pas pouvoir les voir sur scène. Eux qui ont sillonné à plusieurs reprises les Etats-Unis et la France sont vraiment faits pour le live. Si tout va bien, ils sont programmés pour le prochain Festival Vocal « Le Fruit des Voix » qui se tiendra du 12 au 30 octobre 2021 à Lons.

Bravo les artistes. Belle production, très bon son, belle inventivité et une indéniable et indestructible pêche à la fin.

ROSAWAY

FESTIVAL FRUIT DES VOIX

Benoît Roux

 

04 Déc

Le nouveau clip de Miegeville, le peintre des mots de Toulouse

Un univers pop teinté d’électro, la voix belle et prenante, le toulousain Miegeville revient avec le clip « La baleine bleue » réalisé par Mathieu Laciak. Un clip épuré, contemplatif, organique qui sert parfaitement cet artiste qui vient du hard-rock mais qui se pose désormais dans des univers plus feutrés. Pour la beauté des mots.

© Lionel Pesqué

L’album Est Ouest est sorti en novembre 2019. Miegeville vient de mettre en ligne un clip pour le troisième extrait « la baleine bleue ».

La baleine a des bleus à l’âme

A l’écoute de ce titre comme des autres, on a du mal à croire que cet artiste vient du rock tendance dure et de choses bien plus noires. Musicalement, ça sonne pop électro sophistiqué et travaillé. Il y a la force des mots, poétiques, sculptés, peints avec minutie et servis par cette voix tellement expressive et envoûtante. D’allitérations en assonances, son univers accroche et transporte.

Je ne voudrais redire ce que j’ai dit ce jour

Je voudrais l’empailler tel un beau cervidé

Sous verres dans un musée, voir mon cerveau vidé

Des souvenirs, de tout, vidé des mots d’amour

« Je suis au Muséum d’Histoires Naturelles. Au moment de l’écriture de ce texte, je suis isolé. Seul et sans armure. Je traîne parmi les animaux empaillés et tente de donner le change pour ne pas ternir le sourire de l’enfant à qui je tiens la main. Je vois tous ces animaux avec leur carapace, leur fourrure, leurs plumes… Un seul n’a plus rien. C’est le squelette de la baleine bleue. C’est ma sœur adoptive Candice Pellmont qui a voulu mettre ce texte en musique, c’est pour cela que nous le chantons ensemble. »

Miegeville – La Baleine Bleue

« La Baleine bleue » est réalisé par Mathieu Laciak, un autre toulousain lui même pianiste/claviériste, ingénieur du son, compositeur et arrangeur. Un tableau de peintre en noir et blanc, des mains qui se mouvent et les couleurs en alerte : le rouge alarme et le bleu apaisé. Tel Picasso, l’homme a ses périodes. Un travail graphique et esthétique très intéressant. 

L’album Est Ouest

Au delà de ce titre, Miegeville baigne toujours dans un univers intéressant. Pour preuve l’album « Est Ouest » qui occupe bien l’espace musical. L’émotion est souvent là, les textes sont beau et la voix enveloppante. Matthieu Miegeville écrit aussi des livres. On sent la passion des mots, les résonances qu’ils peuvent avoir, l’émotion et le sens qu’ils dégagent. Sur ce disque, on ressent aussi le travail du son. La réalisation est signée Serge Faubert, lui même artiste et féru de son. Il a œuvré auprès de Kidwise ou encore After Marianne. Les musiciens sont de la même veine : Arnaud Barat (guitare piano), Stéphane Mourgues et Baptiste Bertrand (machines, Olivier Castellat (le guitariste de Shaken Soda) et Candice Pellmont la chanteuse du groupe Winnipeg qui partage 2 titres sur cet album.

La poésie, le doute, la déchirure, le temps qui fuit, les mots qui claquent. Les musiciens qui explorent l’espace. Les sons qui se fondent et la voix presque slamée sur ce très beau titre.

Miegeville – Longue nuit

Tout est parfaitement maîtrisé et en osmose. Un côté Nick Cave pour l’émotion, Gaëtan Roussel pour la diction et les mélodies imparables, Alain Bashung et Dominique A pour l’interprétation, Miegeville navigue dans des eaux porteuses. Le flot des mots, une vague d’univers sonores. Chaque morceau est une découverte.

SITE MIEGEVILLE

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Benoît Roux

28 Oct

Fatma Saïd la nouvelle diva du chant

Lorsqu’on écoute Fatma Saïd, on sent de suite la différence. Une voix lumineuse et prenante, une diction parfaite, de la conviction, la chanteuse égyptienne fait partie des révélations du moment. Elle vient de sortir un premier disque « El Nour » où l’on retrouve des morceaux classiques mais aussi des airs traditionnels arabes ou espagnols. Une nouvelle Maria Callas ? Oum Kalsoum? Peu importe, Fatma Saïd est atypique et envoûtante.

Photo : Felix Broede

Elle a tout à peine 30 ans, mais Fatma Saïd s’est déjà produite sur les scènes les plus prestigieuses. Formée à la Hanns Eisler School of Music de Berlin, elle a reçu une bourse pour étudier à l’Accademia del Teatro alla Scala de Milan. Voilà pour son CV. Mais ce qui compte c’est de l’écouter et mesurer tout ce qu’elle en a fait. Et là, la magie opère. Un timbre de soprano, une voix très limpide, une souplesse, un tenu de note exceptionnel, beaucoup voient en elle une future Maria Callas.

Sa diction rend chaque mot intelligible, notamment en français qu’elle parle parmi d’autres langues. De comprendre la langue que l’on chante rend évidemment l’expression du chant plus fine. On perçoit de suite qu’elle maîtrise ce qu’elle chante, sur un plan technique mais aussi et surtout par apport au sens qu’elle donne à chaque parole. Son chant est à la fois intelligent et sensible. Une particularité assez rare qui fait penser à la Libanaise Sœur Marie Keyrouz.

J’adore la musique classique car le chant classique est ma profession. Mais j’aime tellement de genres musicaux différents !

La deuxième chose qui frappe, c’est sa curiosité, sa volonté de ne pas se cantonner à un seul répertoire. Son nouveau et premier disque est dédié à tout le pourtour méditerranéen. Comme une passerelle entre les cultures, une connexion grâce à la qualité émotionnelle de sa voix.  Elle interprète des pièces de Bizet, Ravel et Berlioz, mais aussi des chansons andalouses de Manuel de Falla et les chansons traditionnelles répertoriées par Frederico Garcia-Lorca.

Fatma Saïd – Sévillane du XVIIIe siècle répertoriée par F. Garcia-Lorca

Elle n’a pas le duende d’une chanteuse de flamenco comme  Carmen Linares qui a enregistré aussi ce répertoire. Mais elle colore chaque mot, chaque intonation de sa sensibilité et de son ressenti. Elle personnalise un répertoire déjà entendu mais jamais comme ça. Sans oublier ses racines au travers des découvertes comme le compositeur Gamal Abdel-Rahim ou ce morceau magnifique qu’elle a elle même composé, sublimé dans le disque par sa voix et le Ney, une flûte en roseau au son magique. Dernièrement, elle s’est produite en live à la télé allemande, seule au piano. Magique. 

Dans une interview au journal 20 Minutes, elle déclare : « Je suis une personne, un caractère, une voix, un timbre. Et j’ai une culture. Je ne voulais pas d’un album d’airs de gala, comme c’est la tradition chez les sopranos. Je voulais faire quelque chose de différent. »

Son premier disque (« El Nour », la lumière en arabe) est une pure réussite artistique pétri d’intelligence et d’humanité. La diversité du répertoire démontre aussi son ouverture d’esprit.

Avant d’enregistrer ce disque, les spectateurs du Royal Albert Hall de Londres, du Concertgebouw d’Amsterdam ou tout récemment ceux du spectacle de la Tour Eiffel du 14 juillet dernier à Paris ont pu mesurer son talent et sa manière d’être avec une bonne humeur communicative. Fatma Saïd n’a pas fini d’envoûter et d’illuminer les plus grandes scènes. A écouter, les yeux fermés.   

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Benoît Roux

08 Sep

Céleste, une voix soul venue du ciel

Tout mélomane rêve de découvrir un jour des artistes qui font que tout s’arrête : les références, les comparaisons, le souffle. Reste juste le plaisir de la surprise et d’écouter, réécouter encore. Celeste Epiphany Waite est une chanteuse britannique à découvrir impérativement. On pourrait la comparer à Amy Winehouse, Adèle, Aretha Franklin, Ella Fitzgerald ou Mahalia, mais elle reste quand même Céleste. Une aisance vocale inouïe, un chant habité, une sensibilité qui pourrait la porter au firmament des artistes. 

Celeste Photo : Nathalie Guyon / FTV)

Celeste Epiphany Waite est né en Californie d’une mère d’origine londonienne et d’un père d’origine jamaïcaine. Dans sa voix, on sent qu’il y a beaucoup de vécu, beaucoup d’intelligence, de la technique, mais surtout de la sensibilité. Une voix chaude, qui sait être puissante ou fragile, écorchée ou affirmée. Pas de maniérisme, de posture, de copie d’un autre artiste. Juste du chant, simplement, naturellement, qui laisse place à l’émotion. 

Celeste – Strange (Live from The Brit Awards 2020)

Marquée par la mort de son père à l’âge de 16 ans, un temps tentée par la danse, cette jeune londonnienne se dirige vers la musique. Un premier EP en 2017, puis un second, elle est remarquée et signée par une major. En 2018, elle collabore avec le brillant Michael Kiwanuka et participera à sa tournée.

2019, c’est la reconnaissance au Royaume Uni avec le prix Rising Star aux Brit Awards 2020 et le prestigieux BBC Sound of 2020. Consacrée dans son pays, son talent devrait très rapidement franchir les frontières. Pas de doute, elle gravite dans le ciel des plus grandes.

Celeste – Stop this Flame

Son premier album est annoncé pour janvier 2021. Il contiendra le single « Stop this flame ». Ce matin sur France Inter, Mathilde Serrell lui a consacré sa chronique.  

Un grain de voix particulier, de la soul dans le timbre. Il faut juste lui souhaiter d’avoir des chansons à la hauteur, de ne pas rentrer dans les stéréotypes des productions mercantiles. Celeste mérite de s’envoler très loin.

Celeste – Little Runaway (dernier single)

 

 A ECOUTER AUSSI UNE BELLE DECOUVERTE : JS ONDARA

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