Sa musique a la rondeur de sa bonhomie, la force de sa sincérité, le son de sa générosité. L’artiste aveyronnais Luc Aussibal sort un nouveau disque : « Animaux errants ». Au contraire du titre, Luc s’est bien trouvé musicalement. Les ingrédients sont là : belle voix rock, bons musiciens et textes originaux. La force tranquille.
Luc Aussibal est un homme attachant. Tout d’abord parce que c’est une belle personnalité, ensuite parce-que sa musique est toujours bonne comme aurait dit Jean-Jacques Goldman. Le rockeur occitan vieillit bien. Le fan des Beatles continue son « aveyron road » de belle facture.
Luc Aussibal e Mai
Pour ceux qui ne l’auraient pas encore écouté ou croisé, Luc Aussibal est un artiste dans la générosité. Ce professeur d’arts plastiques a toujours allié son activité pro et le plaisir perso de la musique. Une récréation mais toujours prise au sérieux. Ses disques sont toujours bien produits, aux arrangements riches et aux textes travaillés.
Pour ce nouvel opus paru en digital chez « Fiasco production », on y retrouve ses complices : Benoît Daynac aux guitares, Thierry « Higgins » Fabre à la basse avec Jérôme Krakowski. Côté batterie Julien Bresson assure aussi la « mise en son » et la production. L’album a été enregistré dans son moulin de la vallée du Viaur. La rythmique a toujours été un élément important de sa musique et les batteurs toujours excellents (Claude Gastaldin, Julien Bresson…). Aux claviers ont entend une « ptite nouvelle » : Claire Guinot aux sons multiples tantôt piano tantôt proches de l’orgue.
Julien Bresson n’est pas dédié qu’aux baguettes, il est aussi aux manettes de Fiasco Production qui réalise des prodcutions audiovisuelles. Le nom interpelle et les actions sont orginales. Pendant le confinement ils ont notamment proposé à un groupe local de se produire dans une stabulation agricole : « un boeuf pour les vaches » !
Revenons à nos « Animaux errants ». Le groupe « Luc Aussibal e Mai » est désormais en sommeil côté scène, « une parenthèse se ferme » déclare Luc. Reste le témoignage de ce 4e disque.
« Les Animaux errants » en numérique
Ce 4e opus n’est pas sorti dans le commerce mais il est disponible sur les p;lateforme numériques. Un album plus « chansons », et l’esprit rock toujours là. A l’exemple du très beau et poétique « Un peu à peine ».
Longtemps, Luc Aussibal a travaillé avec des auteurs comme Jaumes Privat qui écrit en occitan. Le morceau « Liuç per liuç » est d’ailleurs l’un de ses poèmes. Désormais, Luc Aussibal compose toujours mais il écrit ses textes. Exercice très réussi, souvent en petites touches comme un peintre qui dépeint une situation. « Dessous la porte, le vent qui porte, dehors le bruit de la rue ». Le tout début de la chanson »Dessous » tout en touches impressionnistes rappelant qu’il est aussi un vrai peintre au talent reconnu. Des titres comme « Oh », « Un peu à peine » ou « Dessous » révèlent les talents d’écriture dans des chansons toujours riches et plus mélodiques que dans les albums précédents.
« Je fais de la chanson rock dans la lignée de Jean-Paul Verdier (poète et chanteur occitan). Il continue de m’influencer », confesse le chanteur.
L’occitan donne une autre résonnace à sa belle voix guturale. Il y a cette reprise du fameux « Pont de Mirabèl », une chanson traditionnelle occitane qu’il emmène dans d’autres eaux. En occitan justement, il y a ce petit joyau fait en duo « Lo niu d’ironda » (le nid d’hirondelle) co-composé avec Claire Guinot. La voix est plus profonde que jamais sur des notes égrenées en résonnance avant qu’un flot d’orgue transporte le morceau.
A son écoute, on pense à tous ces gens qui l’ont influencé : Bertrand Belin, Dominique A, Souchon, Feu Chatterton. Un peu de Damon Albarn, « les Beatles ma source illimitée! Ils ont balayé tellement de registres avec tellement de talent! ».
De la belle ouvrage comme toujours. Une page va sans doute se tourner et Luc, aller vers d’autres horizons. « Je voudrais faire un groupe en invitant des gens comme Xavier Vidal, rajouter de la viole de gambe électrique… ». Des rencontres éphémères, au fil du temps et des envies, mais toujours avec cette force tranquille qui continue de l’habiter.
Benoît Roux