Sazrah, un peu d’exotisme et de douceur venus d’Ariège. Cette jeune artiste de 23 ans sort un premier EP après plusieurs singles et des collaborations avec le toulousain Félix. Un univers assez feutré qui fait appel à plusieurs influences. On se laisse surprendre et prendre par sa voix et sa fraîcheur.
Sazrah Photo extraite du clip « Fragile »
Un mail arrive parmi beaucoup d’autres pour signaler une nouvelle sortie d’album : Sazrah, une inconnue. Petit clip sur les liens, les premières impressions sont bonnes… presque surprenantes. Car voilà : Sarah Zelmati a un beau grain de voix, chaleureux et empreint d’humanité. Un timbre qui fait un peu penser à Adèle en moins forcé, à Amy Winehouse pour la diction et le côté soul jazzy. Elle chante dans un anglais nickel et quand le français surgit, l’atmosphère est encore différente.
Son EP « Caught by time » sort aujourd’hui sur le label Pluginrecords où l’on retrouve aussi son comparse toulousain Félix. Le nouveau clip « Fragile » a été réalisé près du Mont Valier (Ariège) en pleine nature pour cette écologiste dans la peau. Un morceau riche, porté par une voix détachée, agrémentée de sons environnants. On y découvre aussi son univers pictural.
Sazrah – Fragile
Une production agréable qui sait mettre en valeur son grain de voix. Ce nouveau titre fait suite à un autre extrait sorti il y a un mois « Just trying ». Un mélange de percussions, basse et guitalélé -instrument à corde qui se positionne entre la guitare et le yukulélé- une voix qui sait se faire douce ou puissante.
Sazrah – Just trying
Auteur-compositeur-interprète, Sazrah possède un univers qui va de la néo-soul, à la pop electro jusqu’au R’n’B’. Ce premier EP enregistré à Toulouse et Paris est plein de promesses. Dans sa vie ariégeoise, Sazrah fait du dessin, des tatouages. Sa musique et sa voix ont l’art de se graver en nous.
Dame Géraldine est toulousaine. Auteur-compositeur-interprète mais aussi réalisatrice de ses clips, cette artiste sait tout faire. Son dernier EP « I will go » est un univers feutré porté par une très belle voix. Des influences jazz, classique, soul. Sa musique très cinématographique s’écoute en douceur.
Son univers est douceur, ses textes parlent d’amour, des ruptures, des envols, des choses et des moments de la vie. Dame Géraldine s’est posée dans la musique depuis l’âge de 7 ans. Son instrument de prédilection : le piano. Elle fait aussi des percussions et bien sûr, elle chante.
Des émotions qui passent
D’une voix bien placée, claire, limpide, tissée de velours, elle vit et respire la musique avec comme obsession : la transmission des émotions. Exigeante, perfectionniste, à la recherche des sons. Pas d’effet, des nappes de clavier-piano, quelques riffs de guitare un peu déchirés, la basse en rondeur, un dialogue avec le saxophone. Où l’on peut entendre toute l’étendue de sa voix. Voici « Just a long ride ».
Dame Géraldine – Just a long ride
Pop cinématographique
Son nouvel EP « I will go » est sorti en décembre. Mais Dame Géraldine s’est fait connaître en faisant de la musique pour des images (des courts métrages mais aussi des pubs). Elle crée son Sound cloud en 2012. C’est là qu’elle se fait repérer par Frédéric Dubois et le label international BMG Production Music. Ce site où elle poste régulièrement des instrumentaux mais aussi des chansons fait qu’aujourd’hui elle comptabilise plus d’1M d’écoutes. C’est souvent elle qui auto-produit les morceaux avec ses claviers numériques.
En écoutant sa musique, on a envie effectivement d’y mettre spontanément des images. Un climat cinématographique qui fait penser à des artistes connues comme Agnes Obel ou London Grammar, les Françaises Zazie et Juliette Armanet et Véronique Sanson pour le timbre et la douceur. Des sons où l’on imagine aussi des grands espaces comme c’est le cas pour ces 2 artistes islandais qu’elle affectionne : Olafur Arnalds & Nils Frahm. Un petit côté musique minimaliste pour mieux mettre en valeur sa belle voix et une technique de chant bien maîtrisée.
Dame Géraldine – I love you
Sur scène pour la première partie de Thomas Dutronc ?
Dame Géraldine devait sortir cet EP depuis longtemps. Mais il y a eu évidemment le confinement. Il faut savoir que son nouvel EP est quasiment prêt. La perspective et l’impatience de retrouver son public se profile aussi. Elle participe d’ailleurs à un concours organisé par la ville de Fronton pour chanter en première partie de Thomas Dutronc le 26 juin. Si vous aimez cette artiste, vous pouvez voter pour elle jusqu’au 15 mai. C’est un peu l’usine à gaz mais il faut d’abord liker la page Facebook « Faites la Music » des organisateurs, liker la vidéo de Dame Géraldine et dire « Je vote pour elle » en commentaires.
Un nouveau clip bientôt
En attendant, elle continue de travailler, de réaliser elle-même ses propres clips. Le tout nouveau « Je flotte » fait pendant le confinement en home studio sortira dans les prochains jours. Dans cette chanson extraite du nouvel EP, on trouve des résonnances avec ce que nous vivons.
Images usées, ondes saturées, L’avant, l’après, ce curieux effet. Je crois, j’admets. Suis-je à côté? Latitude, longitude, Nord ou Sud d’incertitudes, J’avoue imaginer, La vérité.
Telle un peintre impressionniste, Dame Géraldine étend sa toile. Ses notes de piano ressemblent souvent à des gouttes d’eau qui se posent, aux bulles d’écume qui surnagent. Dans cette période un peu trouble, très compliquée pour tout le monde et notamment les artistes, Dame Géraldine arrive à flotter de ses notes légères, là où d’autres se noient. C’est déjà pas si mal.
Son premier disque, Suzanne Belaubre l’a fait toute seule, avec son ordinateur. « DIY » est un album atypique, minimaliste. Elle chante mais elle pourrait tout aussi bien peindre, danser ou lire ses mots. Une palette musicale avec plein de nuances.
Suzanne Belaubre aurait pu être pianiste classique. Mais à 16 ans sa passion pour l’ordinateur l’a conduite à faire de la production musicale avec la MAO et des pluggins. Elle avait sorti quelques titres sur un ancien label. En marge de ça, elle travaillait de manière plus spontanée sur des morceaux qui lui correspondent davantage. Lors d’un concert, elle rencontre l’un des dirigeants du label La Souterraine Benjamin Caschera. DIY (Do it Yoursel, fais le toi-même) est le résultat de tout ça.
L’osmose des mots et du son
Rarement à l’écoute d’un album on constate une telle prolongation des mots par les sons. Des mots introspectifs en prise avec l’environnement et la matière, des textes riches que la musique -ou plutôt des sons sortis de la MAO- vient souligner, comme on changerait une police de caractère, la couleur de l’encre ou mettre des choses en majuscule.
Suzanne Belaubre – Campagne
Ce n’est pas pour rien qu’elle a été lauréate du prix d’écriture Claude Nougaro, catégorie 15-18 ans. Des chansons piano-voix à texte, un flow de mots qui flirte avec le slam et le rap, elle les projette comme on met des couleurs sur une toile. Tout est à la fois très spontané et travaillé, un côté chanson classique mais aussi électronique et expérimentale. De la sagesse et des petits délires. Avec une certaine fulgurance dans l’alchimie des mots.
Contemplation et exploration des matières
Sans qu’il faille à tout prix trouver une explication, ces chansons assez courtes nous touchent. Comme des échos en prise avec les matières, proches de la nature et des sensations. On retrouve des répétitions, des collages comme en peinture où les mots et les sons sont mis en perspective. Avec beaucoup de samples, de bruitages organiques, de sons qui servent à la fois de mélodie et de rythme.
Elle joue avec ces matières sonores pour les sculpter et faire résonner les mots.
Suzanne Belaubre – Tout mélangé
Constellation d’art
Dans sa famille, l’art a été au centre de la vie. Elle s’est mise au piano dès l’âge de 6 ans, premier morceau composé à 10 ans. Puis vient l’American School of Paris, le studio des variétés où elle croise Arthur Teboul de Feu! Chatterton, comme elle avait partagé les bancs de classe de Bigflo et Oli. Télérama vient de tracer son parcours dans sa rubrique « Repérée ». Elle a partagé la scène en première partie de La Grande Sophie, Claudio Capéo, Mathieu Boogaerts, Magyd Cherfi, Art Mengo. En l’écoutant, on pense à Camille, Juliette Armanet ou Les Brigitte pour le grain de voix et les atmosphères.
Chaque chanson est une toile où le mélomane trouvera ce qu’il veut y chercher. Chacune a sa propre couleur et sa matière de sons.
Le webzine Opus Musique l’avait invitée en mars dernier pour une Session Opus à la salle des Illustres au Capitole de Toulouse. Au milieu des peintures.
Suzanne Belaubre – Les choses dorées (Opus Sessions)
Le Trio Delgrès sort aujourd’hui son second album. Une formation singulière au son unique, où se croisent rock, blues aux nuances antillaises, le tout chanté en créole. Un album engagé, comme l’indique le nom du groupe en référence à Louis Delgrès figure de la lutte contre l’esclavage. Le trio a sorti le blues de chauffe.
4:00 le nouvel album de Delgrès
Un trio de blues caribéen
Nous sommes en 2014. Le musicien Pascal Danaë qui n’est pas à son coup d’essai (il était membre d’un groupe afro brésilien qui remporta une Victoire de la Musique en 2015) rencontre un batteur groovy (Baptiste Brondy) et un joueur de sousaphone (Rafgee). C’est déjà une singularité. Le sousaphone ou soubassophone joue le rôle d’une basse contrebasse dans un trio classique. Le blues, c’est évidemment la guitare et celle de Pascal Danaë est souvent le dobro. Guitare emblématique du blues, inventée aux States par les Dopyera Brothers (d’où le nom dobro). Le leader de Delgrès est d’ailleurs devenu l’un des maîtres de l’instrument, lui le bluesman authentique que l’on définit souvent comme « le Robert Johnson de la Guadeloupe ».
Après plusieurs expériences, il lance le groupe avec son ancien batteur du groupe « Rivière noire ». Il est donc à la recherche d’une basse. Voici comment il présente cette quête sur le site officiel du groupe.« J’avais la vision d’une fanfare de carnaval, comme il y en a aux Antilles ou à La Nouvelle-Orléans, où le rôle est tenu par le sousaphone ». Après quelques recherches, il prend contact avec Rafgee, trompettiste diplômé du Conservatoire de Paris qui joue aussi de cet instrument apparenté au tuba-contrebasse. « Rafgee connaît mieux que moi la biguine et le quadrille, reconnaît Pascal. Il est le seul à pouvoir marier Moussorgski à la mazurka dans un orchestre mandingue. »
Le premier album « Mo Jodi » sort en 2018, le titre de cette chanson éponyme fait référence à Louis Delgrès, personnage central de la lutte contre l’esclavage aux Antilles. Ce colonel d’infanterie de l’armée française s’est appliqué la devise révolutionnaire « Vivre libre ou mourir ». Il préféra mourir plutôt que de se soumettre aux troupes napoléoniennes qui venaient rétablir l’esclavage.
Nouvel album « 4:00 » en hommage à ces héros invisibles
Après le succès du premier, le nouvel opus était attendu. Les ingrédients et la singularité sont les mêmes : un blues original, chanté la plupart du temps en créole, des sonorités et des rythmes métissés, des paroles engagées.
On ne peut pas dire que les groupes de blues balisent la musique des Antilles principalement zoukée. L’originalité est déjà là. A l’écoute de ce nouvel album, le pont entre les Antilles et la Nouvelle Orléans fonctionne très bien. Rock bien noir, blues rustique et soul primitive rencontrent les rythmes antillais et les cuivres New Orleans. Les guitares sont toujours énergiques et énervées, les rythmiques complexes.
Sur Francetvinfo, le leader parle aussi de son engagement : « On est toujours dans le thème du héros, quelque part. Sur le premier album c’était un héros oublié, et là moi je parle plus des héros invisibles par le prisme de mon père qui a émigré de Guadeloupe en 1958. Finalement, les valeurs qu’on défend sont toujours les mêmes« .
Premier titre « 4:00 AM » (formule anglaise), « 4H00 du matin » en français, « 4 ed maten » en créole, très enflammé où le groupe est en tenue de bleu de chauffe. L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt n’est ce pas?
4H, c’est l’heure à laquelle se levait le père du chanteur-guitariste, qui a quitté les Antilles pour venir travailler sur les docks du Havre. Delgrès est plus que jamais le porte voix et porte paroles de ceux que l’on n’entend pas : déracinés, classes laborieuses, minorités… Le dobro en gouvernail, les fûts bien agités et plein de pulsations du batteur, les cuivres improbables, ce second album vient confirmer l’originalité et le talent de Delgrès.
Le groupe organise une « release party digitale » ce vendredi 9 avril pour la sortie de notre nouvel Album 4:00 AM. Vous pouvez les suivre dès 19h30 pour échanger sur l’album et à 20h15 pour découvrir le tout nouveau clip « Aleas ».
2 albums et une planète musique conquise : le trio de Nottingham London Grammar est devenu un phénomène incontournable. En attendant la parution du petit nouveau « Californian Soil », plusieurs titres ont été dévoilés. Ils marquent une évolution plus électro, un son plus direct mais un résultat un peu décevant.
Photo : Facebook London Grammar
London Grammar c’est d’abord la voix interstellaire d’Hannah Reid, une atmosphère envoûtante, un gros son travaillé. « Pure emotion », ainsi débute le dernier single « How does it feel » sorti tout récemment. Un son plus moderne, moins ample et tournant, co-produit comme le reste de l’album avec Steve Mac, THE producteur de plus de 200 succès internationaux pour Ed Sheeran, Sam Smith, Pink, Bastille, One Direction…
London Grammar – How does it feel
Plus dansant, ce serait l’un des titres préférés de la chanteuse. Il marque en tous cas un virage confirmé par d’autres titres. Sans doute aussi le fruit de leur travail avec le célèbre DJ londonien George FitzGerald. Quelques semaines plus tôt, le groupe dévoilait le clip onirique « Lose your head » aux sons élégiaques et aux paroles assez sombres.
London Grammar – Lose your head
Des morceaux plus courts que les précédents, moins impressionnants dans le traitement du son, sans doute plus efficaces. Personnellement, ces singles me séduisent beaucoup moins que les 2 premiers albums « If you wait » (2013) et Truth is a beautiful thing » (2017). Leur troisième album sortira le 16 avril pour confirmer ou pas ces premières impressions.
Elle n’a que 13 ans. Zoé Morin est pourtant une artiste avec une personnalité artistique, engagée et mature. Elle écrit, elle compose et vient de sortir un nouvel album : « les flammes ». Un disque auto-produit qui dégage beaucoup de force.
Il faut laisser tomber les clichés. A 13 ans, Zoé Morin a déjà une vraie personnalité artistique, de l’assurance et du tempérament. Elle écrit, compose, interprète. On se dit alors que si elle fait de la musique, c’est certainement parce que ses parents en ont fait avant… Pas vraiment. Dynamique, surexcitée, « pour calmer le volcan mes parents m’ont inscrit dans une école de musique ». Elle a trouvé son domaine et un certain refuge.
L’album « Les flammes » qu’elle vient de sortir est le fruit de tout ça. Avec sa voix un peu nasale, elle balance ses textes avec une force assez incroyable. Une écriture pointu et directe et l’art de scander les mots qui fait beaucoup penser à Eddy de Pretto. La mort (« La dame en noir »), l’écologie, le féminisme (« les flammes »), ses textes parlent de l’air du temps, des convictions d’une adolescente avec l’aplomb et le culot d’une Greta Thunberg. Des mots lucides, teintés de noirceur ou d’optimisme où la poésie pointe son nez.
« Le but de mes chansons c’est de donner du plaisir à écouter, tout en prenant position ».
La vraie force de cet album et de Zoé Morin ce sont les textes et sa personnalité. Son disque auto-produit devrait rapidement lui permettre de trouver des personnes qui vont l’aider et l’accompagner dans son cheminement musical. En tous cas les bases sont là. A découvrir dans la nouvelle émission de France 3 Occitanie « C’est pas en Playback ».
Zoé Morin – « Les flammes » & « Je repense à lui » #C’est pas en playback sur France 3 Occitanie