Quasiment muet depuis son dernier album de créations en 2012, tout honoré d’un prix nobel de littérature, Bob Dylan avais juste prêté sa voix pour des reprises. Hasard ou miracle du confinement, depuis sa demeure de Californie, le Révérent Bob revient avec une odyssée prenante de 17 minutes « Murder Most Foul » et une seconde nouveauté publiée il y a quelques jours : « I Contain Multitude ». 2 morceaux sous forme d’hommage à des disparus prestigieux qui laissent présager le retour du prophète troubadour.
« Murder Most Foul », une odyssée habitée d’illuminations poétiques
« Ce sombre jour à Dallas, en novembre 63 Un jour dont nous vivons à jamais l’infamie »
Sur une accroche grave de violoncelle à peine éclairée de quelques notes de piano, ainsi débute par ces mots la longue litanie du révérent Bob . Au moment de l’assassinat de JFK, jour où l’Amérique toute entière vacille. Un épisode sombre de l’innocence perdue. De sa voix nasale de canard grippé, il égraine façon « talking blues » pas moins de 164 vers sur les traumas d’une nation. L’occasion de saluer des héros disparus, l’apocalypse selon Saint Bob.
Sans couplet ni refrain, comme une homélie sombre limite sépulcrale, il salue les spectres des chers disparus, dans un paysage sonore délicatement tissé par un piano, un violoncelle et quelques percussions. Un flot de paroles et de poésie qui aurait pu s’avérer long (17 minutes) mais qui ne l’est pas car la tension tragique jamais ne retombe, servi par une voix sans fioriture et un accompagnement musical à la mesure.
Assurément du grand Bob Dylan comme rarement entendu récemment. Les Américains ne s’y sont pas trompés. A presque 79 ans et pour la première fois de sa carrière, Bob Dylan s’est classé N°1du Billboard américain. Le single est arrivé en tête du classement des ventes digitales rock avec 10.000 téléchargements.
« I Contain Multitudes »
« Je suis pétri de contradictions, je suis d’humeur changeante »
Moins long et moins prenant, « I contain multitudes », le second morceau que vient de publier Bob Dylan depuis le confinement. Toujours aussi mystérieux, l’artiste indique qu’il l’a écrite « il y a quelques temps »… on ne sait quand!
Le titre est tout aussi minimaliste, peu d’instruments, pas de véritable structure, place à la poésie. Là aussi, il digresse dans le passé aux références multiples en parlant de William Blake, Edgar Allan Poe, Chopin, Beethoven, mais aussi les Rolling Stones et Indiana Jones!
Perso, je trouve ce morceau moins intéressant dans l’intensité et la finesse des arrangements mais supérieur aux dernières productions de l’artiste.
Sur son site, Bob Dylan salue ses fans, exprime sa gratitude pour leur soutien et leur loyauté à travers les années. Après des temps de disette, l’attente n’aura pas été veine. Ces 2 titres annoncent des jours meilleurs.