15 Sep

Springsteen retrouve le E-Street Band pour un nouvel album

Bruce Springsteen vient de sortir un nouveau titre « Letter to You ». Un morceau enregistré avec sa formation mythique : The E Street Band. Le nouvel album composé de 12 titres sortira le 23 octobre. Le vingtième de sa carrière.

Nouveau single. Photo : site officiel Bruce Springsteen

Springsteen avait roulé sa bosse en solitaire sur son dernier album. Une chevauchée en aparté sans ses célèbres cavaliers. A la sortie de l’album (juin 2019) il avouait avoir écrit d’autres titres pour enregistrer avec son groupe.

Ré-entendre The E-Street Band procure toujours un grand plaisir. Voilà 6 ans qu’ils ne s’étaient plus retrouvés en studio. La magie du son est toujours là : profondeur des guitares, piano impeccable, basse efficace, orgue vivifiante, batterie imparable, des musiciens hors pair au service du boss. « J‘adore le son du E Street Band complètement live en studio, d’une façon que nous n’avions jamais tentée auparavant, et sans overdubs » avoue le Boss sur son site.

Même si la voix a forcément moins de puissance avec l’âge, la magie opère toujours. La composition de ce titre « Letter to you » n’est pas exceptionnelle mais la richesse des musiciens fait le reste. Un morceau enregistré dans un esprit « live », tout comme le futur album à paraître.

Bruce Springsteen – Letter to You


Springsteen a écrit ce morceau pendant le confinement. Sacré période tout de même qui paralyse la culture mais libère la création. Springsteen précise sur son site qu’il y aura 9 nouveaux titres et 3 enregistrements d’anciens morceaux composés dans les années 70 : « Janey Needs a Shooter » , « If I Was the Priest » et « Song for Orphans ».

Bruce Springsteen – Janey Needs a Shooter


On va donc assister aux retrouvailles studio pour un album complet d’ici quelques semaines. L’album a été enregistré en 5 jours, dans le même esprit que le titre éponyme « Letter to You ». En attendant la confirmation d’une tournée avec le E-Street Band. Ce n’était pas arrivé depuis « The River Tour » en 2016.

SITE BRUCE SPRINGSTEEN

Benoît Roux

14 Sep

Asaf Avidan : la voix dans tous ses éclats

Poursuivant sa carrière solo, Asaf Avidan sort un 7ème album toujours aussi singulier. « Anagnorisis » passe aisément d’un style musical à un autre, porté par la voix stratosphérique du chanteur israélien. Un disque produit sobrement et avec efficacité qui place Asaf Avidan parmi les valeurs sûres des artistes inventifs. Notamment par l’utilisation de la voix. Assurément le nouvel album de la semaine.

Quand on a une voix aussi particulière, c’est tout l’univers musical qui est influencé. Asaf Avidan continue d’explorer avec une certaine aisance différents genres avec une voix qui porte en elle beaucoup de fragilité mais aussi tellement de diversité et de puissance.

Les voix d’Asaf Avidan

Suspendue aux aigus comme dans « 900 days », elle sait aussi se faire grave avec un registre plus normal. Surtout, cet album est un festival de voix, et c’est l’artiste lui-même qui les faits toutes. Etonnant.

Asaf Avidan – Lost Horse – (live C à Vous – 10/09/2020)

S’aventurant dans une ballade (« Earth Odyssey »), Avidan joue sur les 2 niveaux, aigu et grave. Riffs de guitare, sonorités électro, chorale d’enfants façon « The wall » sur un refrain haut perché. Tout paraît simple, équilibré, avec des sons « classiques » et des ajouts de sons électroniques.

Avec « No Words », on touche l’intime avec légèreté sur quelques notes de piano feutré et chœurs éthérés. Joliment fait. Avec l’élégance d’un Jeff Buckley.

Asaf Avidan – No words

Un disque intimiste à la production impeccable

Mêmes composantes pour  « Anagnorisis » avec une voix encore plus écorchée. Sublimé par une trompette profonde et quelques éclairs de piano. Où l’on voit aussi tout le talent de compositeur d’Avidan.

« Rock of Lazarus » montre une autre facette de l’artiste, beaucoup plus contemporaine, avec un travail sur les sons intéressant. Et comme toujours, au-delà du chant lead, la voix est un instrument à part entière avec lequel Avidan s’amuse par petites touches à créer quelques surprises. « Wildfire » prend même quelques accents Bowien ou Reediens. Le tout, très bien mixé.

On passe d’un morceau à l’autre sans lassitude, toujours séduit par la variété des compositions et des arrangements. Mention spéciale aux voix en tous genres.

Petit bijou mélancolique

« Darkness song » porte bien son nom. Assez sombre beaucoup des titres d’Asaf Avidan. Le morceaux est vraiment superbe de maîtrise, avec des chœurs murmurés et un piano presque étouffé, voix écorchée du chanteur.

Asaf Avidan – Darkness song

Très belle ballade qui fait penser à Nick Cave aussi dans la sobriété de la production. Idem pour le morceau qui clôt l’album « I see her don’t be afraid ». Toujours Nick Cave toujours sur fond de bourdon et d’harmonium. Comme une embarcation à la dérive, lourde de mélancolie, qui finit par échouer sur un rivage plus paisible.

Ce n’est pas le disque de l’année mais c’est très agréable à écouter. Résolument à part, intimiste, fragile, équilibré, épuré. Un petit bijou.

Asaf Avidan Live à Paris (09/2020)

Benoît Roux

10 Sep

Öja, une nouvelle artiste qui bouge sur Toulouse

Même après le confinement, la scène toulousaine est toujours une pépinière d’artistes en devenir. C’est le cas d’Öja, 2 singles à la clé, d’autres sur le point de sortir, cette jeune artiste tente de se faire un nom et une place chez les jeunes en quête de sons et de découvertes. Dans sa musique, on sent beaucoup d’influences et le soucis de faire les choses de manière pro. Ça pourrait sonner années 80, mais c’est très actuel et bien produit. Une belle promesse.

Photo : Léa B-M

« T’es qui toi? »

C’est le titre de son premier single. Un titre qui fait référence à une expérience artistique qui a fait fausse route. Justine alias Öja a baigné dans un univers de musiques. Son père écoutait du hard-rock (ça s’entend dans la puissance de sa voix) et sa mère de la chanson française et du funk (là, c’est la rythmique qui parle). Auteur, compositeur, interprète, la musique a toujours été son univers. Elle a pris des cours de piano, de guitare acoustique. Côté études, fac d’Anglais au Mirail et école de journalisme. Mais c’est la musique qui l’attire. Elle rentre au conservatoire de Toulouse en musiques actuelles. De quoi lui donner un peu d’assurance pour revisiter ses compositions de jeunesse.

Öja : T’es qui toi ?

« Regarde »

Si aujourd’hui on commence un peu à l’entendre, c’est grâce à sa persévérance. Son premier titre « T’es qui toi? » a été écrit pendant le confinement. Elle a pris son single pour pousser les portes des radios, trouver un producteur arrangeur… Et très bonne pioche, il s’agit de l’artiste toulousain Tristan connu sous son nom d’artiste OZ« J’aime bien ce mélange de pop-electro comme d’autres artistes (Angèle ou Billie Eilish par exemple). Mais les chanteuses ont souvent une voix cristalline. Là, c’est une voix rock, puissante et c’est ça que j’aime. » Il l’a signe sur son label « Aureate records ».

A l’écoute de ses 2 titres, il y a effectivement comme un écho des années 80, notamment le duo Chagrin d’Amour. Un petit côté aussi Muriel la chanteuse de Niagara. Dans le phrasé, il y a Hoshi. Côté musique, c’est effectivement dansant, des flots de funk, des pointes electro-pop-rock, quelques effluves de piano jazz salsa sur « T’es qui toi? ». Plutôt bien fait. Le projet n’est qu’à son début. Il y a des bases posées et affirmées.

Öja : Regarde


Le second titre « Regarde » est un peu de la même veine dansante. Avec un son plus actuel et un travail plus poussé sur les voix, les clavierset les nappes. Un troisième titre sortira d’ici 15 jours. « Bouge de là » est pour le coup complètement Chagrin d’Amour et disco-funk. Très bien produit aussi par Tristan et Aureate records. Viendra plus tard une ballade (Nightcall), des concerts si tout va bien. Petit à petit, Öja est en train de se bouger pour occuper la place. Comme un début de promesse.

PAGE FACEBOOK ÖJA 

A LIRE AUSSI : TRISTAN LE MAGICIEN OZ

Benoît Roux

 

09 Sep

Les spectacles de la nouvelle saison d’Odyssud près de Toulouse sont en ligne

Depuis ce mercredi 9 septembre à 13H, il est possible de réserver un spectacle pour la nouvelle saison d’Odyssud à Blagnac (31). Pas d’abonnement cette année, une jauge réduite, des mesures de précautions sanitaires et une soixantaine de spectacles au programme. La programmation est toujours riche et variée. Une bonne nouvelle pour tous les toulousains en manque de culture.

La salle d’Odyssud attend son public Photo : Benoît Roux FTV

Ce  mardi matin, le forum de la salle de spectacles Odyssud est presque vide. Mais le personnel s’agite. Le site internet sera ouvert à 13H et la billetterie le lendemain. Depuis le 13 mars dernier, plus de concerts dans la salle de spectacle. Elle va rouvrir dans quelques jours pour une nouvelle saison que tout le monde espère normale. Même si la nouvelle saison s’ouvre le 22 septembre avec le spectacle d’Aurélien Bory « Plan B », on espère qu’il n’y aura pas besoin d’en appliquer un et que ce nouveau temps fort se déroulera normalement.

Derniers préparatifs

Il est à peine 10H et le standard d’Odyssud n’arrête pas de sonner. L’impatience des habitués se manifeste. Ils veulent en savoir plus sur ce qui les attend. Dans la salle de spectacle, les techniciens travaillent. Le sol de la scène a été repeint comme tous les ans. Depuis plusieurs jours le matériel est scrupuleusement vérifié sur des questions de sécurité. Les régies son et lumière sont à nouveau câblées, il faut monter les structures qui vont servir à installer tout le matériel nécessaire.

Les mille fauteuils de la salle sont nettoyés et désinfectés. Se pose évidemment la question de l’accueil. « Nous devons mettre de la distanciation physique entre les groupes de spectateurs, un siège vide entre chacun, dans la limite d’un groupe de 10 personnes. C’est notre logiciel qui gère ça directement quand les spectateurs réservent leur place. » Pour Emmanuel Gaillard, le directeur de la salle, il n’y a pas de problèmes. Avec cette nouvelle donne de « Zone Rouge » en Haute-Garonne, les capacités sont limitées. A Blagnac, la jauge habituelle de 1000 places assises sera ramenée à 650-700 personnes en fonction des réservations, suivant qu’il s’agisse de personnes individuelles ou de groupes.

Photo Benoît Roux FTV

Les gens seront accueillis à l’entrée, masqués bien sûr, avec du gel hydroalcoolique si besoin. « Nous devons juste faire attention qu’il n’y ait pas trop d’attente pour rentrer mais également pour sortir de la salle. C’est pourquoi nous avons rajouté 2 issues de secours pour évacuer plus vite les spectateurs. »

Une nouvelle saison pour oublier la Covid

Odyssud qui comprend une salle de spectacle mais aussi une médiathèque, une salle d’exposition et un auditorium est un complexe qui appartient à la mairie de Blagnac. Avec un budget de fonctionnement de 6 M €, ce service public de la culture achète directement les spectacles et compte sur la billetterie pour équilibrer les comptes. Pour le dernier exercice, tout s’est arrêté en mars. Certes, il y a eu moins de recettes, mais aussi moins de dépenses car les spectacles n’ont pas eu lieu. Les pertes sèches ont été évaluées à 300 000 € par l’équipe d’Odyssud. Il y a tout de même eu 106 000 entrées la dernière saison. « Nous avions 30 000 places à rembourser, confie Pascal Caïla responsable de la communication. Nous avons lancé un appel à dons. Les personnes pouvaient si elles le souhaitaient renoncer au remboursement des billets. Grâce à cette générosité, 37 000 € ont été préservés. Cette somme a servi à payer une partie des salaires dus aux nombreux intermittents qui devaient travailler pour Odyssud en avril et en mai. » »

Pour 2020/2021, la grande nouveauté c’est l’absence d’abonnement. Au vu des incertitudes, il était périlleux de proposer une saison complète. Les spectateurs devront donc réserver pour chaque spectacle, soit en ligne, soit physiquement au guichet à partir du 15 septembre mais sur rendez-vous. Les abonnements qui représentent environ 75% des places en temps normal sont donc exclus et l’achat de billet ne peut se faire que pour les spectacles ayant lieu de septembre à décembre.

La nouvelle carte Odyssud (10€) permet d’obtenir des réductions pour les spectacles. Elle est gratuite pour les abonnés 2019/2020.

Photo Benoît Roux FTV

Edouard Baer, Juliette, Philippe Torreton, Le Messie, les ballets jazz de Montréal en 2020

« Nous avons comme toujours une très belle programmation : du cirque, du théâtre, toutes sortes de musiques, de la danse, des spectacles pour la jeunesse… » Emmanuel Gaillard a le sourire. Il y aura une soixantaine de spectacles (dont 40 inédits et 20 qui sont reprogrammés), pour 200 représentations. La force et la pertinence de la programmation d’Odyssud n’est plus à démontrer. Les spectacles sont de qualité, aussi bien classiques que parfois audacieux. Cette salle était déjà conventionnée pour les musiques nouvelles et la musique ancienne. Elle vient d’obtenir un nouveau label « Art – Enfance -Jeunesse ». Une reconnaissance du travail accompli, notamment dans ces domaines.

Sur le programme, on peut lire qu’Odyssud est « la salle de spectacle publique la plus fréquentée de France hors Paris ». Cette nouvelle saison à de quoi continuer à séduire.

  • de l’humour avec Sophia Aram (les 3 et 4 octobre), Stéphane Guillon (du 4 au 6 mars 2021) ou Edouard Baer sous forme théâtrale (du 19 au 21 novembre)
  • du cirque avec l’Or Blanc un spectacle venu du Cambodge (11 au 14 novembre), le cirque d’Eloize (9 au 12 décembre)
  • du théâtre avec « La vie de Galilée » (Torreton du 1 au 3 décembre), Plan B d’Aurélien Bory (22 au 24 septembre)
  • de la musique avec Juliette (1 et 2 octobre), le « Messie » (5 décembre), Jacky Terrasson (12 octobre)
  • de la danse (ballets de Montréal, « Carmina Burana » ou le prodige Benjamin Millepied)

Si la situation sanitaire le permet, Odyssud a de quoi ravir les amoureux impatients et frustrés de la culture. Paroles de son directeur Emmanuel Gaillard :« Je crois que dans ces moments de crise, nous avons encore plus besoin de partager, de s’émouvoir, de se retrouver et de vivre des choses ensembles. Le spectacle vivant c’est une contribution déterminante sur l’éveil des sensibilités, sur l’émancipation, le développement des personnes. On a un rôle important à jouer dans cette crise. » 

Présentation de la nouvelle saison 2020/21

RENSEIGNEMENTS ET RESERVATIONS 

Service Billetterie
05 61 71 75 10

Benoît Roux

 

 

08 Sep

Céleste, une voix soul venue du ciel

Tout mélomane rêve de découvrir un jour des artistes qui font que tout s’arrête : les références, les comparaisons, le souffle. Reste juste le plaisir de la surprise et d’écouter, réécouter encore. Celeste Epiphany Waite est une chanteuse britannique à découvrir impérativement. On pourrait la comparer à Amy Winehouse, Adèle, Aretha Franklin, Ella Fitzgerald ou Mahalia, mais elle reste quand même Céleste. Une aisance vocale inouïe, un chant habité, une sensibilité qui pourrait la porter au firmament des artistes. 

Celeste Photo : Nathalie Guyon / FTV)

Celeste Epiphany Waite est né en Californie d’une mère d’origine londonienne et d’un père d’origine jamaïcaine. Dans sa voix, on sent qu’il y a beaucoup de vécu, beaucoup d’intelligence, de la technique, mais surtout de la sensibilité. Une voix chaude, qui sait être puissante ou fragile, écorchée ou affirmée. Pas de maniérisme, de posture, de copie d’un autre artiste. Juste du chant, simplement, naturellement, qui laisse place à l’émotion. 

Celeste – Strange (Live from The Brit Awards 2020)

Marquée par la mort de son père à l’âge de 16 ans, un temps tentée par la danse, cette jeune londonnienne se dirige vers la musique. Un premier EP en 2017, puis un second, elle est remarquée et signée par une major. En 2018, elle collabore avec le brillant Michael Kiwanuka et participera à sa tournée.

2019, c’est la reconnaissance au Royaume Uni avec le prix Rising Star aux Brit Awards 2020 et le prestigieux BBC Sound of 2020. Consacrée dans son pays, son talent devrait très rapidement franchir les frontières. Pas de doute, elle gravite dans le ciel des plus grandes.

Celeste – Stop this Flame

Son premier album est annoncé pour janvier 2021. Il contiendra le single « Stop this flame ». Ce matin sur France Inter, Mathilde Serrell lui a consacré sa chronique.  

Un grain de voix particulier, de la soul dans le timbre. Il faut juste lui souhaiter d’avoir des chansons à la hauteur, de ne pas rentrer dans les stéréotypes des productions mercantiles. Celeste mérite de s’envoler très loin.

Celeste – Little Runaway (dernier single)

 

 A ECOUTER AUSSI UNE BELLE DECOUVERTE : JS ONDARA

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Benoît Roux

07 Sep

La réouverture de l’Olympia avec Brigitte Fontaine

L’Olympia a 127 ans et Brigitte Fontaine 81. Le dimanche 6 septembre la célèbre salle de spectacle a rouvert ses portes après la fermeture intervenue en mars dernier. Il faut remonter à la première guerre mondiale pour retrouver un tel état de fait. C’est la grande prêtresse du Kékéland Brigitte Fontaine qui a eu le privilège historique de relancer la programmation de l’Olympia. Avec évidemment toutes les mesures sanitaires nécessaires. Un début de normalité pour une artiste hors normes.

©Sebastien Muylaert/MAXPPP – La façade de l’Olympia avant sa réouverture

Une première pour l’Olympia

Inauguré en 1893, la salle est inaugurée en présence de la danseuse La Goulue. Pour son premier concert post covid, c’est une autre artiste excentrique qui s’est retrouvée sur scène : Brigitte Fontaine. Une telle fermeture de plusieurs mois n’était pas arrivée souvent. Durant la première guerre mondiale, le lieu était en effet fermé. Devenu un cinéma dans les années 30, la salle reste ouverte durant la seconde guerre, occupée d’abord par les Allemands, puis par les Américains.

Le 11 mars 2020, suite à la pandémie, l’Olympia ferme ses portes, dans un premier temps jusqu’au 15 avril. Oxmo Puccino, Jeanne Mas (oui oui!) ou encore Deluxe devaient s’y produire. Le 29 mars 2020, Brigitte Fontaine devait y étrenner son nouveau disque. Après plus de 200 jours de fermeture, son concert est reprogrammé le 6 septembre.

L’Olympia publie  ce communiqué sur Linkedin : « Nous sommes plus que ravis et impatients de retrouver l’ambiance du live et de faire revivre la salle en compagnie des spectateurs et de toutes les personnes avec qui nous collaborons régulièrement. Pour rendre cela possible tout en respectant les conditions sanitaires, nous avons établi différents protocoles sanitaires pour l’accueil du public, de la production et de ses équipes, équipé la salle en conséquence, repensé le parcours client, etc… » 

Brigitte Fontaine en grande prêtresse

Sur les planches depuis 1966, la compagne d’Areski a toujours secoué le cocotier artistique avec quelques productions mythiques dont le fameux « Kékéland ». En janvier dernier, elle sort un nouvel album « Terre Neuve » (le 19ème). Son disque « le plus punk » selon elle, poussé par des vents de révoltes et d’insoumissions. Le concert prévu le 29 mars était presque complet.

Dimanche, 1300 fans distanciés et assis ont retrouvé le temple de la chanson française. Histoire de retrouver une normalité avec une artiste qui s’en est toujours éloigné. Même en jauge réduite (1300 places au lieu des 2800 debout), la fantasque chanteuse démasquée a secoué son monde assise elle aussi sur un grand fauteuil en cuir. « Pendant l’occupation nazie, ça n’a pas été fermé. Maintenant c’est rouvert pour la première. C’est historique! On se croirait sans doute au bal masqué ! Nous sommes des artistes et nous vivons des heures intenses! »

Plus poétesse et libre penseuse que chanteuse, elle a habité la scène avec Yan Péchin, excellent guitariste français qui a notamment joué avec Miossec et Alain Bashung. Des provocs, des moments surréalistes… et quelques surprises à la clé comme cet hommage très personnel à Annie Cordy.

Brigitte Fontaine Olympia – images Agnès Coudurier AFP TV

Dans une interview au Parisien, elle déclarait avant cet événement« Je ne prépare jamais rien. Je serai accompagnée par Yan Péchin, un extraordinaire guitariste et une cascade vénitienne (NDLR : ses cheveux…). Ce sera un plaisir mais aussi un effort énorme de ma part. L’été s’est très mal passé, merci. J’ai le squelette en miettes, j’ai eu une alerte d’AVC, c’est effrayant. Je pourrais continuer la liste longtemps… Mais il faut faire ce concert, alors je le fais. »

Pour ceux qui n’ont pu assister à ce concert, une nouvelle date est programmée le 23 mars 2021. Côté Olympia, beaucoup de concerts ont été reportés en 2021. Après cette réouverture tonitruante, un spectacle de danse « La marche bleue » est programmé les 15 et 16 septembre. Quant à la tournée d’adieu de Tri-Yann qui fête ses 50 ans de carrière, le concert est maintenu pour le 20 septembre mais il est déplacé de l’Olympia au Palais des Sports.

On le voit bien, rien n’est encore tout à fait normal. Sacré Brigitte !

SITE OLYMPIA

FACEBOOK BRIGITTE FONTAINE

 

 

04 Sep

Le nouveau disque jazz-world de Mino Cinelu et Nils Petter Molvær

Le percussionniste d’origine martiniquaise Mino Cinelu et le trompettiste norvégien Nils Petter Molvær signent la sortie de cette semaine : « SulaMadiana ». « Sula » c’est l’île où est né le norvégien et « Madiana » la Martinique de Cinelu. Un album aux influences riches entre jazz, fusion, afrobeat et des éléments de hip hop. L’oeuvre de 2 artistes multi-instrumentistes très doués et ouverts qui explorent les univers sonores. Le tout avec respect des cultures et une intelligence du son. Un disque qui fait voyager les yeux fermés.

Deux musiciens oreilles ouvertes

Mino Cinelu, avant de se lancer en solo, a d’abord été un musicien hors pair. Batteur, percussionniste, guitariste, il se fait remarquer dès son plus jeune âge (24 ans) par un certain Miles Davis :  » Mino Cinélu peut faire swinger n’importe quelle musique « .

3 ans plus tard, Joe Zawinul l’invite à rejoindre la formation mythique de Weather Report. En fait, il a joué avec les plus grands jazzmans du monde mais aussi des artistes de variété comme Lavilliers (dès 1976), Nougaro, Sting ou encore Peter Gabriel. Autant dire que la richesse et la finesse de son jeu ont tapé dans les oreilles de ceux qui ont un organe bien aiguisé.

Après avoir accompagné ces grands maîtres, il se lance en solo en 2000. Des disques plutôt convaincants où pour la première fois, on l’entend chanter.

Cet éclectisme, cette envie de découvrir d’autres univers, on la retrouve aussi chez le trompettiste Nils Petter Molvær. Comme Miles Davis, le norvégien est un adepte de la sourdine et des notes tenues. A l’écoute, le son de Miles Davis est  là mais le jeu est différent. Dans un premier temps, l’artiste est signé par le label ECM qu’il quitte en 2000. Le son « froid » assez caractéristique des productions de Manfred Eicher s’est un peu réchauffé. Lui aussi est devenu un maître de la fusion, un explorateur à succès de différents genres.

Sur l’album, leur complicité est évidente, même si leur rencontre remonte seulement à 2015.

Mino Cinelu et Nils Petter Molvær – SulaMadiana

Album fusion

A l’écoute de « SulaMadiana », c’est l’esprit du voyage qui l’emporte. Un côté fusion, un versant primitif dans certains rythmes et onomatopées, leur musique permet d’explorer l’Afrique, l’Europe bien sûr mais aussi les Amériques et l’Inde avec le très beau morceau « Indianala » composé par Cinelu. Un fond de tablas agrémentés de percussions et voix du musicien français, ponctué par les sonorités douces des cuivres.

Mino Cinelu et Nils Petter Molvær – Indianala

Une corne d’abondance sonore qui remplit les paysages, à faire oublier qu’il y a seulement 2 musiciens. On y retrouve aussi 3 hommages appuyés à 3 artistes disparus cette année qui les ont inspirés. « SulaMadiana » (Manu Dibango), « Song for Julle » (Tony Allen) et « Tambou Madiana » pour l’un des batteur de Miles Davis (Jimmy Cobb). Les percussions de Cinelu sont toujours aussi puissantes et précises et s’allient parfaitement avec les cuivres et les nappes planantes de Nils Petter Molvær.

Mino Cinelu et Nils Petter Molvær Photo : site Facebook

Les rythmes sont variés, les compositions originales et surtout, la fusion entre ces univers, totale. Un disque régénérant et inventif.

SITE FACEBOOK

Benoît Roux

02 Sep

Michel Jonasz, Manu Katché et Jean-Yves d’Angelo toujours unis vers l’uni

En 1985, Michel Jonasz accompagné de ses amis musiciens Manu Katché et Jean-Yves D’angélo étaient sur scène pour une tournée mémorable « Unis vers l’Uni ». Un artiste au sommet de son art, une complicité évidente avec ses musiciens. Ceux qui ont eu le bonheur de voir ce spectacle s’en rappellent encore. Il y a quelques mois, les mêmes artistes qui ne se sont jamais quittés ont repris le chemin du studio pour un nouvel album : « La Méouge, le Rhône la Durance ». Le groove de Mister Swing est toujours là. Comme une rivière vivifiante.

Nouvel album Michel Jonasz

A 73 ans, Michel Jonasz est assez discret. Le métier d’acteur a fini par prendre le dessus sur celui d’auteur-compositeur-interprète. Alors forcément, toute nouvelle chanson est un petit plaisir rare à savourer. Entendons-nous bien, l’univers de l’artiste n’est pas toujours d’une grande gaieté et parfois un peu déprimant. Avec le temps aussi, il faut se faire à sa voix un peu chevrotante et tremblante. Ceci étant précisé, l’album sorti en 2019 est intéressant à plus d’un titre. Tout d’abord parce que notre Al Jarreau français n’a rien perdu de son groove, de la qualité de ses compositions, de la beauté (parfois un peu triste) de ses textes.
Pour s’en convaincre, un titre emblématique à faire décoller des semelles de plomb, à laisser entendre que Jonasz est bien un artiste black américain.

Michel Jonasz – Traverser la mer à la nage (Live)

A renfort de cuivre bien affûtés et d’un harmonica enlevé, le morceau anodin au départ finit par swinger tel « La boîte de jazz » il y a plus de 30 ans. Et oui, 30 ans ! La poésie s’installe puis, comme à son habitude, le batteur Manu Katché pousse et installe son rythme. Les arrangements sont sobres, intelligents et efficaces, un vrai régal progressif.

Autre exemple flagrant du style intelligent du batteur français tout en subtilités : « La Planète bleue ». Ce morceau clôture le disque et Jonasz éco-responsable renoue avec l’album « Unis vers l’uni ». Dans une interview à la RTBE, il déclare« Même aujourd’hui, c’est fascinant de me dire qu’on est sur cette boule, cette planète bleue qui tourne dans l’espace, et puis que nous on est dessus comme ça, et qu’il y a des étoiles qui sont à des milliards d’années lumière …Nous sommes les hôtes d’une planète qu’il faut apprendre à préserver, c’est une conscience qui doit s’incarner avant qu’il ne soit trop tard. »

Le jeu de Manu Katché est fait tout en nuances avec un final où il amène sa personalité, sa patte et le son si particulier de ses toms et de sa caisse claire. Bien accompagné par une basse lourde, lles claviers légers de D’Angélo et les ponctuations de guitares.
Un album plutôt réussi avec le poignant, beau et triste « La maison de retraite ». Le naufrage de la vieillesse, de la dépendance, et l’amour, plus fort que tout.

Comme à son habitude, Jonasz surprend aussi avec des incartades orientales oud/derbouka sur le titre « Sombre est la nuit » ou encore le presque country « Le bonheur frappe à la porte ». Revient en mémoire cet album de 1985 « Unis vers l’Uni », avec des musiciens français dont Kamil Rustam qui n’est plus sur cette production. On pense aussi à un autre disque (live), meilleur à mon goût : « La Fabuleuse histoire de Mister Swing » avec des pointures américaines.
Enregistrement nouvel album « La Méouge, le Rhône la Durance » (2019)
« La Méouge, le Rhône la Durance », c’est le fruit d’artistes à la complicité extrême. Un bonheur qui devait se partager sur scène si la COVID n’était pas intervenue. Les concerts parisiens sont reportés en 2021. Quelques dates sont pour l’instant maintenues à l’automne, notamment au Casino Barrière de Toulouse le 15 novembre.
Benoît Roux

03 Août

Cette année encore, le Festival des Châteaux de Bruniquel est une réussite

Le « Festival des Châteaux » se déroule à Bruniquel (Tarn-et-Garonne). Dans un lieu magnifique, en plein air, la petite « Compagnie de la Tour Brunehault » monte chaque année un nouvel opéra de Jacques Offenbach. Petit mais très beau village, pas beaucoup de moyens mais de l’ingéniosité pour que le spectacle soit total.

Une fois encore, les représentations de « La Grande Duchesse de Gérolstein » sont d’un grand niveau. Les costumes sont somptueux, les artistes et les musiciens  à la hauteur. J’étais samedi soir dans la cour des châteaux et j’ai passé un excellent moment. Retour en photos.

Les artistes sur scène du Festival des Châteaux. © Benoît Roux

Un spectacle total

Une dizaine de musiciens, autant d’artistes lyriques, des danseurs, des figurants, cette production de l’opéra bouffe d’Offenbach a tout d’un grand spectacle. Comme évoqué dans un précédent article, les costumes arrangés par Guillaume Atwood sont tout simplement somptueux. Un travail de fourmis et de dentelle avec des couturières des alentours pour redesigner ces habits qui ont servis pour les plus grandsfilms. La reconstitution du second Empire avec des incartades plus contemporaines placent le spectacle dans le haut niveau. Il faut souligner aussi le travail de maquillage, les coiffures très réussies, les perruques embellies. Aucune faute, du grand art.

Les costumes © Benoît Roux

Mais s’il n’y avait que les costumes, la production ne serait pas aboutie. Les artistes qui les portent sont habités par une bonne humeur et un plaisir d’être sur scène très communicatif. Partout où l’on jette un œil, il se passe toujours quelque chose. Il y a certes l’intrigue principale, mais le metteur en scène Franck T’Hézan a fait en sorte que les scènes se multiplient, que chaque comédien ne soit pas passif.

© Benoît Roux

Grace aussi aux chorégraphies mises en place par Véronique Willig, la scène est parfaitement occupée, les tableaux où il y a beaucoup de comédiens sont de véritables ballets.

© Benoît Roux

La musique d’Offenbach est assez facile d’accès. En la théâtralisant, Franck T’Hézan la rend encore plus drôle et attachante. Beaucoup de passages sont à la limite d’une pièce de théâtre. La cour du château est utilisée avec une mise en scène qui ne se limite pas à la scène principale. Et comme l’œuvre est en 3 actes et plusieurs tableaux, tout le monde met la main à la pâte pour changer les décors, faire en sorte que le spectateur n’attende pas trop. Il y a même des petites scénettes pour le faire patienter.

Nuit de noce entre le soldat Fritz et Wanda © Benoît Roux

Des artistes à la hauteur

Encore une fois, ce n’est pas parce que la « Compagnie de la Tour Brunehault » est une petite troupe qu’elle lésine sur les moyens. Un mot sur l’orchestre dirigé par Jean-Christophe Keck. Cet éminent spécialiste d’Offenbach qui chante l’œuvre pendant qu’il la dirige, il réussit la prouesse de sélectionner une douzaine de musiciens de formations différentes (dont des Italiens), de n’avoir que quelques jours de répétitions, et que tout fonctionne au moment du spectacle.

Jean-Christophe Keck et son orchestre © Benoît Roux

Du côté des artistes lyriques, là-aussi le niveau est bon. La Grande Duchesse (Emmanuelle Zoldan) et sa rivale Wanda (Aurélie Fabre) ont toutes 2 de belles voix et des talents de comédiennes.

Une grande Duchesse canon © Benoît Roux

Xavier Mauconduit incarne un soldat Fritz parfaitement naïf, Michel Vaissières un grand Général Boum pour ne citer qu’eux. Quant à Thibaut T’Hézan à la crête punk et au kilt saillant, sa composition détonne et rythme le spectacle.

Thibaut T’Hézan © Benoît Roux

Un mot aussi sur son père Franck qui a mis en scène ce spectacle et qui joue également, il n’a rien perdu des ficelles du métier et de sa voix de ténor.

Finalement, le spectacle passe très vite. On se laisse prendre par le jeu et par la musique. Le rire est omniprésent et la bonne humeur contagieuse. A Bruniquel, on ne se prend pas la tête. Tout se passe à la bonne franquette, on se sent à l’aise. On a sous les yeux un spectacle digne des grandes scènes sans en avoir le côté guindé et convenu.

Un public nombreux dans les gradins © Benoît Roux

Allez à Bruniquel, vous passerez un excellent moment. Prochaines représentations mercredi 5 août, jeudi, vendredi, samedi et dimanche à 21H30.

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Benoît Roux

 

01 Août

Hommage à Alan Parker, le réalisateur qui a filmé la musique des Pink Floyd, Peter Gabriel et Madona

Le réalisateur britannique Alan Parker s’est éteint le 31 juillet 2020. On lui doit beaucoup de films où l’acteur principal, c’était la musique. L’occasion pour lui de bâtir des scénarios, des longs métrages où les images étaient portés par une bande son avec une importance capitale. On pense à « The Wall » avec les Pink Floyds, Birdy avec « Peter Gabriel », « The Commitments » magnifié par la musique irlandaise. De « Midnight express » avec une musique de Giorgio Moroder (1978) à Evita (1996) avec Madona, Alan Parker a souvent mit la musique au cœur de ses films.

EPA/ANDY RAIN via MaxPPP

L’homme qui filme en musique

Le réalisateur, metteur en scène et scénariste avait son propre regard cinématographique. Sa source d’inspiration était souvent la musique. Son premier long métrage « Bugsy Malone » est une parodie musicale des années 20 jouée par des enfants. La musique est déjà là, au centre du film. Après, viendra « Midnight express » (1976), un film très dur sur le milieu carcéral turc. La mise en scène se sert beaucoup de la musique de Giorgio Moroder. Le compositeur de « I feel love » et autres grands succès de Donna Summer signe une BO prenante qui lui vaudra l’Oscar de la meilleure musique, pendant qu’Alan Parker recevra celui du meilleur scénario. Une musique très hypnotique et synthétique notamment pour la scène finale.

Alan Parker & Giogio Moroder – Midnight Express

En 1980, Parker récidive et frappe un grand coup avec « Fame » qui deviendra deux ans plus tard une série à succès. Un cinéma spectacle aux musiques inoubliables avec Irène Cara (Flashdance). Oscars de la meilleure chanson et meilleure musique pour le pianiste américain Michael Gore.

Alan Parker & Michael Gore – Fame

 

1982, il se lance dans un grand chantier « The Wall ». Le héros (Pink), incarné par le musicien et acteur Bob Geldof souffre de schizophrénie. Il se fabrique un mur protecteur qui finit par l’étouffer. La psychiatrie est souvent un élément central d’étude des films de Parker. Quasiment aucune dialogue, le film alterne scènes classiques et dessins magnifiques signés Gerald Scarfe. Place donc à la musique des Floyds, certains titres repris tels quels, d’autre ré-enregistrés ou créés pour le film comme « When the Tigers Broke Free ».

Alan Parker & Pink Floyds – When the Tigers Broke Free


 

L’osmose entre les univers suffocants, très totalitaires du film et la musique tantôt dure, tantôt poétique des Floyds.

Alan Parker & Pink Floyds – Run like hell

En 1984, le cinéaste est récompensé à Cannes  (Grand prix spécial du Jury) avec « Birdy ». Suite à un traumatisme subit lors de la guerre du Vietnam, Matthew Modine se prend pour un oiseau sous l’œil de Nicolas Cage. Peter Gabriel signe sa première musique de film. L’ami de Scorcèse (le réalisateur fera plusieurs documentaires sur lui) fait appel à son guitariste David Rhodes et au musicien Daniel Lanois pour travailler.

Peter Gabriel ré-enregistre certains morceaux come « The rhythm of the heat » et en compose certains pour le film. Là-aussi, l’univers sonore un peu dur et parfois « bestial » de l’artiste colle parfaitement aux images de Parker.

Alan Parker & Peter Gabriel – The Heat 

Fervent humaniste, grand défenseur des droits civiques et des libertés, Alan Parker réalisera plusieurs film pour dénoncer ceux qui les entravent : « Midnight express », « Birdy », « The Wall » ainsi que le brillant « Mississipi Burning » sur le Ku Klux Klan. Les musiques y prennent évidemment une part prépondérante.

Mais pour ce qui est des films musicaux, Parker y revient avec l’excellent « The Commitments ». Sorti en 1991, le film raconte comment Jimmy Rabbitte, organise des castings plus ou moins sauvages pour monter son groupe dans les années 80. Un film magnifique et une ode à la musique irlandaise. Tourné à Dublin, les acteurs jouent et chantent vraiment dans le film. Des reprises d’Otis Redding, Aretha Franklin, Wilson Pickett tellement bien interprétées, que beaucoup de personnes ne l’ont pas cru tant le niveau était bon. 

Alan Parker & The Commitments – A  Little Tenderness

1996, Alan Parker concrétise son rêve : faire une comédie musicale sur les destin extraordinaire d’Evia Perón. Cette femme charismatique au destin tragique devait accéder à la vice-présidence de l’Argentine. Mais un cancer en décidera autrement. Le film « Evita » est une sorte d’opéra où Madona est plus que crédible. « Don’t cry for me Argentina » composée par  Andrew Lloyd Webber deviendra un énorme tube. 

Alan Parker &  Andrew Lloyd Webber – Don’t cry for me Argentina

Avec la mort d’Alan Parker, le monde artistique perd un cinéaste au regard singulier, un humaniste engagé. La musique, l’un de ses serviteurs les plus aiguisés et fidèles.

Benoît Roux