C’est la chronique d’un mec qui trouvait les premiers Coldplay très intéressants (Parachutes et A Rush Of Blood To The Head) et qui s’est lassé depuis. Chris Martin son leader ayant mené le groupe vers une musique surproduite, boursouflée, une usine à tubes automatiques dimensionnée grands stades.
Alors pourquoi aujourd’hui chroniquer ce 8ème opus Everyday life ? Tout simplement parce que ce double disque renferme d’excellentes surprises. Un retour à la sobriété et à l’essentiel.
Tout commence par un instrumental assez inhabituel Sunrise. Un son dur, cordes tendues, une atmosphère orientale plutôt prenante qui rappelle l’univers de Goran Bregovic. Ça donne envie de poursuivre. Vient ensuite Church, plus dans la lignée pop-rock planante dansante des précédents albums.
Caléidoscope musical plus épuré
Ce qui frappe dans cette production, c’est le côté éclectique des morceaux. On y retrouve bien sûr les ingrédients qui ont fait le succès du groupe, mais surtout des pièces plus intimistes et étonnantes. Comme le très gospel BrokEn où Chris Martin prend une voix de circonstance crédible qui marque une vraie rupture… Voici une version live.
ou encore Èkó aux sonorités africaines très intéressantes.
On pourrait aussi y ranger Old Friends. Surtout, il y a ce retour à une certaine épure, au dépouillement musical allant à l’essentiel après plusieurs années de grosses productions sonores qui tournaient un peu en rond. Et que dire de la petite ballade Daddy qui commence par des battements de cœur, un piano feutré, étouffé et une voix très intimiste ? Un piano-voix très réussi avec un final xylophone façon boite à musique.
Des tubes et une orientation musicale aléatoire
L’album a le défaut de ses qualités. Avec 16 morceaux hétérogènes, il n’y a pas de ligne musicale claire, on ne voit pas distinctement ce vers quoi le groupe souhaite aller. Surtout quand c’est plus concept que chanson avec les morceaux WOTW/POTP ou بنی آدم écrit en arabe.
Et les tubes alors ? Orphans premier single sorti par la maison de disques, sorte d’hymne grand public dans lequel le groupe anglais a beaucoup donné. Pas vraiment le plus intéressant et tellement déjà entendu. Plus complexe est le morceau Arabesque. Une rythmique surprenante, prenante et obsédante, une fanfare de cuivres rutilants d’où surgit….la voix de Stromae, en français ! Et ce n’est pas la seule star invitée : y figure aussi Femi Kuti dans un grand numéro de sax qui tourne à la transe dans un final qui emporte tout, même la voix de Chris Martin dans une basse assourdissante.
Version Live, avec Stromae. Live in Jordan (novembre 2019)
Vient alors la rédemption When I need a friend sous une pluie régénérante : 8 voix d’hommes magnifiquement enregistrées. Un moment humaniste des plus réussis. Pour moi, le moment le plus intéressant de l’album.
Un dernier tube ? Champion of the World lui aussi grand hymne qui pourrait soulever les stades comme We are the champions de Queen. Composition très efficace, voix de Chris Martin au sommet. Dans cette version live enregistrée en Jordanie, le final avec les violons est très beau.
Bien avant le confinement, on savait que le groupe ne voulait quasiment plus faire de concerts excepté celui-ci en Jordanie diffusé sur Youtube. Raison de plus pour écouter ce double album, même si vous étiez comme moi assez sceptique. Reste à souhaiter qu’il ne soit pas qu’une simple parenthèse avant un 9ème disque qui reprendrait les vieux travers.
Bonus track
Une petite vidéo intéressante et récente (mars 2020) avec des extraits de cet album, le retour de Viva la vida et… une petite surprise : une reprise de Prince plutôt réussie.