31 Mai

Un disque inédit de Gainsbourg à paraître le 20 juin

Presque 30 ans après sa disparition, un album inédit de Serge Gainsbourg va sortir à l’occasion du Disquaire Day le 20 juin. Cette fête des disquaires indépendants permettra d’écouter 8 chansons du Poinçonneur des Lilas. L’artiste était venu à 2 reprises à la Maison de la Radio entre 1964 et 1966. Ce sont ces œuvres interprétées à cette évoque que l’on pourra bientôt écouter.

La Javanaise, Les Goémons, Ces Petits Riens, ces chansons de Gainsbourg sont bien connues des fans et du grand public. Le journal Le Figaro nous révèle que ces chansons interprétées à la maison de la radio vont sortir le 20 juin prochain. 

Sur les traces de Vian, côté Rive Gauche

Nous en sommes au tout début de sa carrière et Gainsbourg est à l’époque relativement peu connu. Mais il commence à se tailler une petite réputation d’artiste « rive gauche ». Il a la trentaine tout à peine, il a laissé tomber la peinture mais il essaie de poursuivre une autre voie artistique plus « mineure » selon lui : la musique. Lucien Ginsburg de son vrai nom a quand même choisi de s’appeler Gainsbourg en référence au peintre Gainsborough. Il est définitivement convaincu par la musique en voyant Boris Vian au cabaret Milord l’Arsouille où il se produira comme pianiste. On lui présente alors Jacques Canetti, l’agent de Boris Vian par ailleurs directeur artistique chez Philips qui deviendra la maison de disque de Gainsbourg.

En 1958, il est invité une première fois sur les ondes de ce qui s’appelait alors Paris-Inter. C’est l’année où sort Le Poinçonneur des Lilas avec son nouvel arrangeur Alain Goraguer. Mais l’album d’où est extrait ce premier succès est un échec commercial. 2 ans plus tard, il renoue avec le succès grâce au film « L’eau à la Bouche » dont il signe la musique. Les yéyés débarquent et Gainsbourg y va sur la pointe du crayon. Il rencontre alors Juliette Gréco, symbole de cette période Rive Gauche durant laquelle ce disque inédit est enregistré à la maison de la radio.

L’album inédit à paraître le 20 juin

L’intérêt de ce nouvel album n’est pas tant dans les chansons. Les fans ne feront aucune découverte : La Javanaise, Les Goémons, Ces Petits Riens, La Recette de l’Amou Fou, Le Rock de Nerval, Le Talkie Walkie, Intoxicated Man et le début des onomatopées avec Elaeudanla Téïtéïa (pour Lætitia). C’est plutôt le côté intimiste de ces morceaux en version piano-voix, parfois guitare ou contrebasse qui est intéressant. On notera une version très belle et très simple de La Javanaise. A l’époque, Gainsbourg était déjà pétri de talent mais aussi de trac. Ces enregistrements inédits et en public permettent de mieux percevoir le début de carrière de cet artiste incontournable. L’émission de radio s’appelait « Jam Sessions Chanson-Poésie » de Luc Bérimont. Le premier enregistrement date du 25 novembre 1964 et le second du 26 avril 1966. Ils sortiront sous la forme d’un bon vieux Maxi 45T des années 80 le 20 juin. On peut d’ores et déjà les écouter sur ce site. 

Benoît Roux

A Lire aussi : des amateurs chantent « La Javanaise » avec la Maîtrise de Radio France

Disquaire Day 

Site Facebook 

29 Mai

Artiste coup de coeur entre Dylan, Springsteen, Chapman et Young

Il s’appelle J.S. Ondara, c’est un artiste Kenyan. Ses parents musicaux pourraient être Bruce Springsteen, Tracy Chapman, Bob Dylan ou encore Neil Young. En l’occurrence, sa mère serait plutôt Bob Dylan car c’est sa matrice artistique. Un pop singer qui aurait la force et la puissance d’un Springsteen, la voix folk et typée de Tracy Chapman et l’écriture de Neil Young (dont il a récemment assuré les premières parties). Il sort aujourd’hui son nouvel album « Folk N’ Roll vol 1 : Tales of Isolation » enregistré en quelques jours pendant le confinement.

Nouvel album de J.S. Ondara

C’était le premier article, première chronique de ce blog. Un vrai coup de cœur pour un jeune artiste de 27 ans et son premier album. Et il y a souvent la malédiction du deuxième, car il n’est jamais évident de confirmer, passé l’effet découverte. Avec « Tales of Isolation », Ondara fait exception. Il surprend encore avec un disque spontané, fait en quelques jours où il décrit son confinement.

Le premier album confiné

Une guitare, sa voix, un harmonica et rien d’autre. Pas de musiciens additionnels comme sur le premier, confinement oblige. J.S. Ondara qui se fait désormais appeler Ondara tout court a tout fait : textes, musiques, instruments, arrangements. « Tales of Isolation » est donc encore plus « brut » que le précent, plus immédiat, moins produit. Juste sa voix -mais quelle voix!- et très peu d’instruments pour porter ses mots. L’album s’appelle « Tales of Isolation » après « Tales of America ». Toujours des histoires donc, tel un griot qui raconte ses légendes et son vécu. Un pop singer à la Bob Dylan.

On sait très peu de choses sur cet album qui n’était pas annoncé par sa maison de disque. Mais effectivement, il a été élaboré pendant le confinement. Une piqure de quarantaine que le jeune artiste a eu du mal à vivre, avec la nécessité de l’exprimer.

J.S. Ondara : « Lockdown On Date Night Tuesday » album « Tales of Isolation »

« J’ai eu environ deux semaines où j’étais dans une ornière mentale complète et je n’ai rien fait. Puis un matin, je me suis juste réveillé et j’ai commencé à écrire ces chansons. Je n’essayais pas du tout de faire un disque. C’était une sorte de thérapie – j’essayais vraiment de m’en sortir. » C’est ce qu’il a déclaré au journal Minneapolis Star Tribune. 

L’album est un trip intérieur fait avec ses tripes. Il l’aurait enregistré en 3 jours avec des voix additionnelles qui sont les siennes, l’harmonica plus présent que sur le premier, peu d’effets mais des couleurs musicales et des grains de voix différents. Un florilège de chansons en apparence simples -mais la simplicité n’est pas chose facile- portées par un chant prenant et plaintif qui joue des registres et d’un côté androgyne. On écoute, on se laisser porter et prendre par ce minimaliste où rien ne manque.

Des tranches de vies puissantes

Comme un pop singer, J.S. Ondara étale sans se répandre des moments de vie. Dans ces chansons, il décline son confinement : « Isolation Ananymous », « Isolation Boredom Syndrome », « Isolation Depression », « Isolation Blues ». Des titres prétextes à installer des moments musicaux riches. Avec quelques bruitages domestiques pour se mettre dans l’ambiance. On retrouve la « Shower song » a capella et palmas, le très réussi « Six feets away » aux voix aériennes et à l’harmonica terrestre.

JS Ondara : « Six feets away » album « Tales of Isolation »

Des intempéries de la vie qui l’inspirent, un confinement qui écorne son rêve américain dans l’abîme. Dans ses morceaux, beaucoup de fragilité et de puissance, de simplicité et de force. Des instantanés sincères où pointe sa singularité.

Springsteen, Dylan, Young et Chapman en ligne de mire

Il se dit que les panneaux directionnels de son parcours musical sont The Freewheelin’ de Dylan et Nebraska de Springsteen. Ondara est arrivé dans la musique assez récemment. Le temps de sortir de son pays natal -le Kenya-, fuir la misère et tenter de devenir quelqu’un. Direction Minneapolis où il a pu acheter sa première guitare et suivre la voie de ses illustres indicateurs.

La filiation Dylan est de plus en plus évidente, notamment sur ce deuxième opus en solitaire. Il ressemble d’ailleurs à l’album que prépare Dylan dont certains morceaux ont été dévoilés pendant le confinement. Comme le troubadour américain, ses chansons sont des morceaux de poésie où se glissent des références historiques et artistiques. Il y a ce côté direct de sa musique, savante alchimie blues-folk-rock. Petite anecdote en passant : J.S. Ondara a toujours adoré la chanson « Knockin’ on Heaven’s door ». Mais il a découvert assez tardivement qu’elle n’était pas des Guns N’ Roses! Un comble pour un Dylanien.

J.S. Ondara est jeune mais il a déjà cette faculté à aller vers l’essentiel sans trop se poser de questions. Ce n’est pas un guitariste exceptionnel, pas encore à la hauteur de l’interprète. On le compare aussi à un autre artiste d’origine africaine : Michael Kiwanuka. Sa musique est moins complexe mais il a la même aisance et certaines fulgurances.

« Tales of Isolation » est un album touchant, sincère, d’un artiste qui sait déjà où il va. Il peut s’écouter sur les plateformes de streaming en attendant la sortie vinyle et CD. Ondara a la chance d’être signé par un grand label (Verve). Il faut juste souhaiter qu’on lui laisse le temps de s’épanouir, de rester ce diamant brut qui brille sans être poli.

Benoît Roux

A LIRE AUSSI : J.S. ONDARA « TALES OF AMERICA »

Pour écouter l’album  

Site officiel Ondara

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27 Mai

No Music No Life se mobilise à Toulouse pour proposer des concerts sur les réseaux sociaux

No Music No Life, tout est dit dans le titre. La vie n’étant pas possible sans musique, cette structure propose des concerts filmés dans de bonnes conditions, avec des artistes de la région toulousaine. Une première soirée a eu lieu au Connexion Live de Toulouse à la mi-mai. Une deuxième se prépare pour le lundi 1er juin. Ces concerts virtuels ont été vus par des milliers de personnes sur les réseaux sociaux.

@remysirieix / Opus Musiques

Le collectif No Music No Life s’est formé au début du confinement pour ne pas laisser les différents acteurs du secteur culturel en rade et maintenir un lien avec le public. Ils proposent des directs sur les réseaux sociaux avec des artistes de la région toulousaine qui sont filmés dans des lieux liés à la musique.

#Retour sur scène

C’est le nom choisi pour cette opération. Le collectif, en partenariat avec des lieux culturels ou des diffuseurs propose à des artistes de se produire dans de bonnes conditions sur scène. « Les portes des salles de concert étant toujours closes, nous voulons offrir au public des livestreams qui ont la saveur de vrais concerts », confie Céline Kaladjian. Alors ils proposent un concert d’une demi-heure filmé par des pros, avec une partie interview à la fin pour découvrir les artistes. Le concert est diffusé en direct sur les réseaux sociaux et les internautes peuvent poser des questions pour la deuxième partie de soirée.

Pour la première les 13 et 14 mai, No Music No Life (NMNL) a posé ses racks au Connexion Live de Toulouse. C’est le webzine Opus Musiques qui a servi de partenaire. Et son principal animateur Rémy Sirieix est plus que satisfait. « Le projet d’Opus c’est de montrer que Toulouse est une ville riche et variée en terme d’artistes. Revenir dans une salle de concert, ça fait du bien. Les techniciens, les artistes avaient une patate incroyable. Le rendu a été très bon car NMNL est un collectif très compétent. J’espère qu’il y aura d’autres moments comme ça. »

@remysirieix / Opus Musiques

Partenaire ou pas des prochaines soirées, Opus va proposer de couvrir l’événement avec un photographe. C’est eux qui avaient programmé les rappeurs aveyronnais ANTES & MADZES pour le premier set.

Céline Kaladjian est elle aussi très satisfaite de cette première. « On a eu de très bons retours du public, des artistes et de l’équipe. Nous étions contents de pouvoir à nouveau exercer nos métiers. On a fait 4 000 vues pour chaque artiste sur Facebook et il y avait une centaine de personnes connectées pour chaque concert. Ce qui est plutôt bien pour un lancement. »

Car le but de cette opération est aussi de donner de la visibilité aux artistes. Comme pour ce duo EDGARD MAUER composé de Maëve et Alain. 

Prochain Live lundi 1er juin

La deuxième soirée ne se passera pas dans une salle de spectacle mais… chez un disquaire du centre ville de Toulouse : le Made In Café Disquaire . NMNL est un format itinérant qui pose son matériel pour une semaine  semaine dans un lieu avec un programmateur. La prochaine édition n’aura qu’une date car « Le disquaire a rouvert ses portes et nous ne voulons pas gêner son activité. On s’adapte aux contraintes. »

 

Lundi soir 1er juin, ce sera donc un autre duo talentueux HEEKA qui sera au Made In Café disquaire de Toulouse. Avec Heeka (Chant/Guitare électro-acoustique) et Daniel Quentin (Guitare électrique/Chœurs).

Heeka – Take It Easy (version duo)

A chaque fois, le dispositif est très pro. NMNL a un set de techniciens de 6 personnes avec réalisateurs, cadreurs et ingénieur du son qui se rend sur place. Ils ont débuté cette série dans des lieux habitués à accueillir des artistes car c’est plus simple en terme de logistique. D’autres surprises se préparent. « Mi-juin nous aurons 2 dates à l’American Cosmograph (ex-Utopia). Là on pourra aussi faire des projections car nous cherchons à donner une plus-value esthétique ». 

D’autres projets… avant de laisser la place

« On aimerait aller vers des lieux plus atypiques qui font partie du patrimoine toulousain. On souhaiterait mettre en lumière ces endroits en fonction des artistes. Nous sommes en discussion avec le Bureau des Tournages de Toulouse. On rêve de faire quelque chose dans des lieux encore confinés comme le Musée Georges Labit, le Quai des savoirs, ou encore la Halle au Grain. » Les discussions sont en cours aussi pour trouver des partenaires financiers aussi bien privés que publics. « Sur les 2 premières soirées, tout le monde (artistes et techniciens) était bénévole. Mais nous ne voulons pas continuer comme ça. Tout le monde doit pouvoir toucher un cachet en fonction de la convention collective. »

Photo Opus Musiques Rémy Sirieix

NMNL aimerait aussi reconduire le présentateur de ces live Matthias Orgeur qui travaille sur la radio FMR. Et après ? « Nous faisons ça ponctuellement tant que durent les restrictions pour que la musique reste accessible. Mais dès que les salles rouvriront, nous laisserons la place. Nous ne sommes pas là pour concurrencer qui que ce soit. On essaie de proposer une solution le temps que tout redevienne normal. » En tous cas, Céline peut compter sur Opus musiques. « On adore l’équipe et le projet. Beaucoup d’artistes nous ont écrit suite à la première soirée pour participer. On a hâte de refaire un truc », confie Rémy Sirieix. Les musiques toulousaines ont du répondant.

Le collectif No Music No Life

Opus Musiques

Benoît Roux

26 Mai

Youssou N’Dour et Chris Martin de Coldplay ensemble pour l’Afrique

Le WAN (Worldwide Afro Network) 2.0 African TV Show a réuni ce lundi 25 mai les plus grandes stars de la musique africaine sur les réseaux sociaux. Une centaine d’artiste pour un concert mondial virtuel pour se mobiliser contre le coronavirus qui touche l’Afrique actuellement. Avec un moment fort : Chris Martin de Coldplay qui fait un duo avec la star sénégalaise Youssou N’Dour.

Dernièrement, l’Afrique a perdu plusieurs artistes et non des moindres : Manu Dibango, Idir, Tony Allen et Mory Kante il y a quelques jours. Ce festival virtuel diffusé sur les réseaux sociaux et par plus de 200 chaînes africaines a permis de voir toute la diversité musicale de ce continent. Salif Keita, Angelique Kidjo,  Magic System, Tiken Jah Fakoly, Femi Kuti, mais aussi des Africains de la diaspora comme le Brésilien Carlinhos Brown, les Guadeloupéens de Kassav ou les Jamaïcains des Wailers ont participé à cet événement. 

Youssou N’Dour était le parrain de cette énorme soirée. il s’est offert un morceau de bravoure avec Chris Martin de Coldplay. Ils ont interprété A sky full of stars, l’un des tubes fameux du groupe et adapté à la circonstance.

Chris Martin & Youssou N’Dour « A sky full of stars » lors du Worldwide Afro Network

Une belle performance artistique et une force de frappe musicale pour rappeler aussi que le continent est touché par la pandémie, même si l’Afrique résiste mieux que prévu avec 3 500 décès.« Je suis optimiste, la culture est au début et à la fin de tout », a déclaré Youssou N’Dour, qui visait « d’abord à sensibiliser les populations à la lutte contre la pandémie, mais aussi à se dire que, dans beaucoup de domaines, rien ne sera plus jamais comme avant ».

Show 2.0 : New Africa,together as on,Together is WAN

Benoît Roux

25 Mai

The Wailers retrouvent la famille Marley et sortent un titre

« One World, One Prayer », c’est le single qui réunit des membres de la famille Marley avec Shaggy le Jamaïcain et Farruko le Portoricain. « Un monde, une prière », le titre prend forcément une résonnance particulière post confinement. Il signe le retour du célèbre groupe avec la famille Marley. C’est la première sortie sous son nom depuis 27 ans ! Le titre est sans surprise mais plutôt pas mal. Il annonce un nouvel album.

Nouveau single. Site nation pop

Le 11 mai 1981, Bob Marley n’était plus de ce monde. 39 ans plus tard, c’est la date qu’a choisi son groupe mythique The Wailers pour sortir un nouveau morceau. Ce n’était pas arrivé depuis 27 ans!

« One world, One prayer » assure le coup

Le clip qui accompagne la chanson commence par la tour Paramount Worldcenter de Miami où s’illumine tout en haut des 60 étages le titre « One world, One prayer ». C’est sur cette tour que s’affiche aussi les messages de soutien aux soignants. Jusqu’à la fin du mois, du coucher du soleil jusqu’à minuit, les Wailers seront aussi à l’honneur.

Il y a presque 40 ans que Bob Marley a disparu mais le reggae lui a survécu. Les héritiers du chanteur Jamaïcain sont là : Cedella Marley sa fille de 52 ans, et son petit-fils de 23 ans Skip Marley. En écoutant le morceau, le clin d’œil au tube « One love » sorti en 1977 est flagrant. La base est reggae, il ne pouvait en être autrement. C’est Shaggy, un autre chanteur Jamaïcain tout auréolée de son succès avec Sting qui débute le morceau. Pour donner un petit côté latino et rap, Farruko a été invité à rejoindre le groupe et chanter. Le son Jamaïcain est présent, les chœurs célèbres de Marley aussi. A la basse, on retrouve le seul membre historique du groupe : Aston « Family Man » Barrett , 73 ans.

Pour leur retour discographique, les Wailers n’ont pas pris de risque. Ils ont confié les manettes de la production à Emilio Estefan, le mari de Gloria Estefan. C’est lui qui a écrit ce morceau consensuel et un brin œcuménique. Dans une interview relatée par le site News 24, il dit l’avoir écrit il y a 2 ans : « Nous devons apprécier les choses simples de la vie et en particulier l’amour qui commence avec nos familles et s’étend à notre communauté et au-delà, parce qu’en fin de compte, nous sommes tous » un monde, un cœur « . Ancien agent et producteur de Shakira et de Célia Cruz, Emilio Estefan signe une production fidèle au son jamaïcain et efficace.

Après Bob Marley, The Wailers ne se sont pas arrêtés.

Du groupe mythique fondé par Bob Marley et Peter Tosh en 1963, il ne reste évidemment pas grand chose. Outre Cedella et Skip Marley (la mère et le fils), on retrouve aussi Aston Barrett Jr à la batterie et Aston « Familyman » Barrett à la basse, le seul membre historique des Wailers. Voilà pour la caution. Le groupe continue de se produire en concert, une tournée devait avoir lieu au printemps et cet été. En revanche, le groupe n’avait pas sorti de disque depuis 27 ans. C’est donc un événement et le nouveau disque qui devrait paraître d’ici peu est très attendu.

The Wailers – Three Little Birds / One Love (Live at Boomtown Fair 2014)

Benoît Roux

 

22 Mai

Avec Mory Kanté, l’Afrique perd encore un grand ambassadeur de la musique

Après Idir, Manu Dibango et Tony Allen, l’Afrique perd encore l’un de ses artistes qui a su dépasser les frontières du continent. Le Guinéen Mory Kanté est décédé ce vendredi matin à l’âge de 70 ans. A l’instar de ses confrères africains, son parcours musical alterne entre tradition et audaces occidentales, dont le fameux tube planétaire Yéké Yéké.

Pochette du 45T Yé Ké Yé Ké

Yéké Yéké à la conquête du monde en 1987

Les années 80, synonymes de l’apparition de la world music. Et comme dans toutes les vagues, il y a du bon et du moins bon, de l’opportunisme et de la singularité. Au tout début de ces années, Mory Kanté commence à lorgner sur d’autres musiques aux sonorités plus modernes. Il enregistre sur un label américain et songe à partir à la conquête de l’occident. Il a déjà enregistré Yéké Yéké une première fois. Pas vraiment satisfait du résultat, il songe à faire une version plus moderne.

Ces années 80, c’est aussi le moment où d’autres artistes africains commencent à se faire une place en France et ailleurs. Il y Salif Keita avec qui il a déjà joué, mais surtout Youssou N’Dour, Ismaël Lô ou encore Ray Lema. Avec des bases traditionnelles, ils ont fait l’apport d’autres instruments, d’autres sons pour conquérir l’Europe et les USA. 1984, il s’installe en France. Plusieurs producteurs montrent le bout de leurs oreilles, dont l’Anglais Nick Patrick. 1987, ils enregistrent l’album Akwaba Beach. 1988, ils partent à la conquête du Top 50 déjà squatté par les tubes world d’Ofra Haza et Johnny Clegg. Les cordes de la kora sur un rythme diabolique, une production efficace. Le chant des griots mandingues fait son entrée dans les boîtes de nuit.

Résultat : 5M d’exemplaires vendus dans le monde, disque d’or dans plusieurs pays dont la France et Victoire de la musique du meilleur album francophone en 1988. 2 ans plus tard, les mêmes -Mory Kanté, le producteur Nick Patrick et Philippe Constantin du label Barclay- tentent une récidive avec l’album « Touma ».

Un long parcours africain auparavant

Comme beaucoup d’artistes d’Afrique de l’ouest, Mory Kanté est issu d’une famille de griots. Une tradition orale qu’il perpétue en chantant, mais aussi en jouant de la guitare, du balafon puis de la kora que l’on entend sur Yéké Yéké. Il étudie les rites et les chants puis s’exile au Mali. Il est alors repéré par la célèbre formation du Rail Band de Bamako du saxophoniste Tidiani Koné. Dans ce même groupe se trouve un certain Salif Keita qui s’en va en 1973. C’est Mory Kanté qui le remplace comme chanteur, s’illustrant dans des morceaux de pur funk à la James Brown, comme « Moko Jolo » enregistré en 1974 avec le Rail Band ou sur un afrobeat façon Fela à la sauce mandingue.

Il fait ses armes et sa renommée s’amplifie en Afrique de l’ouest. Elle s’amplifie grâce à un ballet mandingue réunissant 75 artistes traditionnels et modernes qu’il dirige sur la scène du Centre culturel français d’Abidjan. C’est pour ce ballet que Jacques Higelin l’invité sur scène pour son spectacle à Bercy en 1985. A côté de lui, il y a aussi une autre étoile montante de la world invitée : Youssou N’Dour. Il fait aussi partie de la trentaine d’artistes africains qui participent à l’opération « Tam Tam pour l’Ethiopie » dirigée par Manu Dibango. C’est là que Philippe Constantin du label Barclay le repère. Plus tard, c’est le célèbre pianiste américain David Sancious (Bruce Springsteen, Eric Clapton, Peter Gabriel) qui le prend sous son aile et produira un album. 

Après ces visées internationales, Mory Kanté revient en Afrique. Il avait pour projet de monter à Conakry (Guinée) un grand centre de promotion de la culture mandingue avec studios d’enregistrements et salle de spectacle. Mais hélas ce projet ne verra pas le jour au vu des difficultés économiques de son pays. En 2012, il sort son dernier album « La Guinéenne ». Le président Guinéen Alpha Condé lui rend hommage sur son compte twitter.

La culture africaine est en deuil. Mes condoléances les plus attristées. Merci l’artiste. Un parcours exceptionnel. Exemplaire. Une fierté.

 

Benoît Roux

 

L’hymne de l’Espagne « Resistiré » contre le coronavirus gagne le monde entier.

« Resistiré », l’hymne officiel de l’Espagne qui résiste au coronavirus fait presque 33M de vues sur YouTube. Ce titre des années 80 qui ressemble au « I will survive » de Gloria Gaynor a conquis le monde entier. Avec des versions enregistrées dans un cinquantaine de langues et dans une centaine de pays. 40 après l’avoir écrit, le Dúo Dinámico signe un succès mondial.

Resistiré 2020 collectif d’artistes © capture d’écran youtube

A peine 4M de vues, l’hymne officiel des artistes français « Et demain? » contre le coronavirus ne pèse pas lourd face aux 33M de vues de « Resistiré ». Les Espagnols se sont emparés de cette chanson des années 80 et dans le monde entier, d’autres artistes l’ont reprise.

Un phénomène en Espagne

Les noms de Manuel de la Calva et Ramón Arcusa ne vous disent sans doute rien. Pourtant le Dúo Dinámico a toujours trouvé son public de l’autre côté des Pyrénées. Ecrite en 1988, la chanson Resistiré a eu son petit succès. Elle a traversé le temps, souvent jouée par le Dúo Dinámico en concert, mais aussi à l’occasion de fêtes caritatives. Elle a aussi servi de gri-gri porte bonheur pour les sportifs. 

Lorsque des artistes espagnols et le media Cadena100 décident de la reprendre au début de la pandémie pour en faire un hymne à la resistance, le phénomène s’amplifie.

Partout, l’hymne se chante : sur les balcons, dans les files d’attentes, devant les hôpitaux, les commissariats… un véritable phénomène. Dans une vidéo presque surréaliste, on voit des religieuses de Valladolid faire une chorégraphie digne d’un grand show!

Religiosas Misioneras de Santo Domingo_en Valladolid

Dans les couloirs des hôpitaux, les chorégraphies se multiplient. La banda de la police municipale de Madrid vient se produire devant l’hôpital La Paz pour soutenir les soignants.

C’est tout un pays qui résiste. La sœur du roi Felipe, l’Infante Elena a même prêté sa voix avec d’autres amis confinés pour entonner elle aussi ce chant de résistance. 

« Resistiré » fait le tour du monde

Le succès ne s’arrête pas là. Partout dans le monde d’autres artistes décident de se l’approprier. Et pour commencer -communauté linguistique oblige- l’Amérique Latine. IL existe une version qui regroupe des artistes de toute l’Amérique. Mais musicalement, ce n’est pas indispensable. Il faut plutôt écouter la version mexicaine qui a du coffre et des cuivres qui sonnent. Plus de 8M d’internautes l’ont vue.

Plus original, on peut lui préférer la version « mariachi » tout autant « cuivrée » et en costume. Authentique!

Un peu d’exotisme aussi avec « Resistiré » version République Dominicaine, plus enlevée et assez réussie.

Equateur, Argentine, chaque pays d’Amlérique Latine a eu sa version confinée. Idem en Europe avec la Roumanie, l’Angleterre, l’Italie, la France aussi avec Dani Garcia-Nieto qui fait une version plus anecdotique et sans prétention qui permet d’écouter les paroles en français.

Enfin petit clin d’œil aux joueurs de cornemuse, une version plus reposante, sans les paroles, mais avec 2 bandas de gaitas : « Avante Cuideiru » (Cudillero) et « El Carbayón » (Oviedo)

Lancé le premier avril par la Cadena100 en Espagne, tous les fonds recueillis en Espagne avec la vidéo de Resistiré seront reversés à l’association Cáritas Espagne.

Benoît Roux

19 Mai

Le confinement, comme un nouveau souffle pour ces artistes Toulousains

Pendant le confinement, ils ont composé une chanson sur le handicap et réalisé un clip. Ce couple d’artistes toulousains avait besoin de se libérer, de partager leur questionnement sur la maladie, tenter de savoir pourquoi c’est eux qu’elle touche. Johanna et Christophe ont enregistré « Why? » pour leur fille de 7 ans, Clélia, qui est polyhandicapée. Alors qu’ils avaient perdu leur créativité, le confinement forcé leur a donné un nouveau souffle.

Johanna et Christophe Dorso © Anadjoh

Ce n’est pas 2 mois qu’à duré le confinement pour ce couple d’artistes toulousains mais presque 7 ans. Autant de temps à rester auprès de leur fille, nuit et jour. 7 ans à tenter de comprendre ce qu’elle avait, 7 ans à passer des tests, à soulever des questions plombées par les réponses. Très tôt diagnostiquée sourde, les handicaps se sont ensuite multipliés pour Clélia. Le temps a suspendu son vol pour ses parents. 7 ans à ne pas savoir, à ne pas comprendre. « En février, nous avons su exactement ce qu’elle a. Une maladie auto-immune diagnostiquée un peu plus tôt mais qui s’est précisée avec un nom barbare : 10P15.14 » confie la maman Johanna. Une maladie très rare, quasi unique sur ce registre précis. Une pathologie qui génère pas mal de troubles et qui s’attaque ensuite aux reins. Voilà pour le contexte. Mais ce n’est pas un blog médecine, donc parlons musique.

Les compositions confinées

Le couple s’est rencontré grâce à la musique il y a 20 ans. Christophe cherchait une chanteuse pour ses compos. Et Johanna a montré sa voix. Depuis, ils ont écrit et composé 2 albums. Mais les maisons de disques sont restées sourdes. Le duo Anadjoh a dû se résoudre à faire des reprises de musique noire américaine des années 50 à nos jours lors de soirées privées pour vivre de leur passion. Christophe et Johanna Dorso donnent aussi des cours de musique et de chants. Et puis, Clélia a occupé beaucoup de place et son grand frère avait besoin de faire la sienne aussi. Les compositions se sont endormies, confinées durablement par le manque de temps et une espèce de fatalité.

Au mois de mars, l’autre confinement est apparu brutalement par surprise. « Au début, on a changé les carreaux de la terrasse. Mais ça tient pas la semaine! Alors Christophe s’est mis a composer un morceau et moi à écrire. Le confinement nous a remis dans la création » avoue Johanna. Il faut dire que leur petite fille a réussi aussi à gagner un peu d’autonomie en leur laissant un peu de temps. Février, le diagnostic médical est tombé. Et pour se relever, Johanna a posé des mots sur la compo de Christophe.

Anadjoh : « Why? »

« Why » pour exorciser les incompréhensions

Dans une interview accordée à Christine Ravier de France 3 Occitanie, la maman chanteuse le dit :

Oui. Il fallait que ça sorte après toutes ces années où on nous a annoncé, un à un, les troubles innombrables dont elle souffrait. A l’annonce de sa surdité, on a eu un choc. Il a fallu encaisser puis on a fait face.

Et faire face quand on est musicien, le plus court chemin reste la musique. Tout le monde s’est mis au travail; même le grand frère. Johanna a écrit le texte en français. « Mais c’était trop compliqué pour moi émotionnellement de le chanter. Et puis ça sonnait pas super bien. On a donc fait traduire les paroles en anglais pour que je puisse me détacher un peu de ces émotions ».

Et pour les traduire en musique Christophe qui a d’abord appris la guitare est aussi capable de jouer de plusieurs instruments : basse, batterie, claviers.

Home studio © Anadjoh

Dans leur home-studio, ils ont enregistré le soir, un exutoire aux nombreux troubles pendant que Clélia trouvait un peu de quiétude. Christophe voulait aller plus loin. « Ensuite c’est vrai que j’adore les images, les vidéos, les musiques de cinéma. Donc on s’est dit : pourquoi pas faire un clip ». Un clip familial où l’on retrouve les 2 enfants et les 2 parents artistes. Publié sur les réseaux sociaux, le clip a fait plus de 3200 vues et suscité pas mal de réactions.

Un album à paraître bientôt

En fait, d’autres compositions de Christophe, d’autres textes de Johanna étaient confinés et n’attendaient qu’un déclic pour surgir au grand jour. L’album moitié français, moitié anglais qui s’appellera aussi « Why » sortira prochainement sur les plateformes de téléchargement. On y retrouvera 2 versions de la chanson « Why? » : celle du clip et une inédite acoustique et voix. Avec l’aide du chef de chœur toulousain des « Petits ducs » et leur complice de toujours : Rachel Joseph.

Pour le reste, « Je n’ai pas envie d’écrire et de chanter n’importe quoi. Ce sont donc des sujets de société qui m’inspirent -les violences conjugales, la solitude, le dédoublement de personnalité- pour faire passer aussi des messages de tolérance. » Des mots signés Johanna souvent intimes, un peu sombres, qui effleurent la souffrance, les peurs, à la recherche d’un havre de paix.

Johanna Dorso et sa fille Clélia qui a inspiré la chanson « Why ? ». / © Anadjoh

Côté musique, le duo n’est pas facile à classer mais il se situe dans le pop-rock-fusion. Ca respire des influences assez variées: Prince, Pink Floyds, Craig Armstrong et Brel pour Christophe. Les voix du Jazz pour Johanna mais pas que : Sarah Vaughan, Ella Fitzgerald, Skunk Anansie…

L’album est en cours de mixage et les répétitions pour du live vont commencer. Le confinement aura eu du bon pour Johanna et Christophe Dorso. Après un souffle de désespérance, un vent de créativité a fini par l’emporter.

Facebook Johanna Dorso

Anadjoh Duo

Christophe Dorso

Benoît Roux

 

18 Mai

Le prodige du blues Lucky Peterson est mort

C’était une légende du blues. L’américain Lucky Peterson est décédé ce dimanche 17 mai à l’âge de 55 ans. Son instrument de prédilection, c’était la guitare. Mais avant de savoir parler, il avait appris l’orgue. Musicien multi-instrumentiste, chanteur à la voix rauque, showman incomparable, il avait un lien privilégié avec la France. C’est d’ailleurs sous le label français Jazz Village qu’est paru son ultime album.

Lucky Peterson – Photo site Jazz Radio

Il jouait de la guitare comme il respire : naturellement et sans se poser de questions. Mais c’était aussi un organiste hors pair qui faisait ce qu’il voulait sur ce bon vieux orgue Hammond. Tel Miles Davis à la trompette, il savait creuser le son, aller toujours en profondeur pour explorer toutes les sonorités. Il a été repéré dès l’âge de 5 ans par son grand maître Willie Dixon. C’est aussi à cet âge-là qu’il a enregistré… son premier disque!

Et comme tous les grands, il était resté simple, n’hésitant pas à venir jouer au milieu de la salle ou après un concert avec son public. J’ai eu le privilège de le voir au tout début de sa carrière en France. Pour tout grand amateur de blues, ce monsieur avait tout compris.

Every Day I Have The Blues, Jazz in Marciac 2016

Il respirait cette musique, savait précisément comment la jouer. Avec des sons extraordinaires sortis de sa guitare ou de son orgue Hammond. Un toucher fantastique quel que soit l’instrument et sa voix ardente pour l’accompagner.

Mais sa musique ne se limitait pas au blues : il y avait de la soul évidemment, une posture rock, du gospel (un disque hommage à Mahalia Jackson) et même des pointes de reggae come sur ce titre : « The blues is Driving me ».

Ce titre est un extrait de son ultime album 50 Just Warming Up! sorti sur le label français Jazz Village après avoir travaillé aussi avec le label de Francis Dreyfus. Un disque pour fêter ses 50 ans de carrière. Lucky Peterson avait parfaitement digéré l’héritage de ses aînés Robert Johnson, Buddy Guy, John Lee Hooker. Mais comme d’autres bluesman de sa génération (Robert Cray, Kevin Moore), il apportait une touche de modernité. Il laisse une trentaine de disques et des souvenirs inoubliables pour ceux qui l’ont vu en concert.

Benoît Roux

 

17 Mai

Le groupe Sparks : 24 albums et toujours étincelant

Les Sparks auraient dû être un groupe culte mais ils ne se prennent pas au sérieux. Ils auraient pu défier la chronique comme d’autres fratries célèbres (Oasis, Kinks). Mais autant les frères Mael sont extravagants ou inquiétants en public, autant leur vie privée est discrète. Créatifs et toujours inspirés, ils sortent un 24ème album qui brille entre rock loufoque, pop sophistiquée et électronique soignée.

Une panoplie très baroque

A l’image de leur personnalité plutôt exubérante, leur musique est tout autant colorée et variée. Sous couvert de délire, leur talent est sérieux. Qui peut se vanter d’avoir toujours la pêche et l’envie à 74 et 72 ans. Côté voix, le cadet Russell a toujours son falsetto mais ni ses capacités vocales, ni son humour n’ont été altérées. Un petit côté Beatles, un chouia de Freddy Mercury dans le délire et les aigus, des chœurs perchés, tout ceci sonne cabaret, mi lyrique mi mélodique dans un bric-à-brac sonore. A tel point qu’on prendrait ces Américains pour des Anglais !

Côté compositions, c’est toujours très riche et éclectique. Du rock soft, un sens mélodique évident, des espèces de refrains obsédants, proches des hymnes, leur pop électronique est attachante et leur créativité débordante. Leur musique est comme un tableau, composé de différentes couches où il faut s’y prendre à plusieurs reprises pour percevoir les profondeurs.

« A Steady Drip Drip Drip » : un éclectisme ennivrant

Ce 24ème opus pourrait être un album de jeunesse tant les 2 compères Mael osent, sans trop se poser de questions. Début cuivré pour le premier morceau « All That ». De la simplicité, un hymne en puissance, guitare batterie très simples, quelques nappes de claviers pour élargir. On se surprend à chanter dès le 2ème refrain. Un travail d’orfèvre, de la dentelle crochetée patiemment, sans jamais se prendre au sérieux, avec des textes très aiguisés à l’humour saignant. Et toujours des effets sur les voix qui donnent un petit côté théâtrafaçon Bowie ou Mercury.

Vient ensuite le déroutant « Lawnmower » au style très répétitif et obsédant mais très travaillé avec des claviers en contrepoints. Et comme souvent chez les Sparks, le morceau qui se barre tout d’un coup dans une autre galaxie au travers du temps. Le clip est aussi bien barré!

« Sainthood is not Your Future » lui aussi aux allures d’hymne, la guitare rythmique en avant, des bruitages élaborés. « Pacific Standard Time », plus posé, voix assurée et perchée, claviers cristallins, à chaque morceau, on peut mesurer la créativité du duo.

S’il fallait extraire un joyau : « Left Out in the Cold », morceau parfait à la rythmique peinarde, mélodie imparable et la voix de Russell qui s’amuse. Un titre très dansant, avec un pont musical, des ruptures et le rythme qui reprend de plus belle. De la haute-couture musicale très efficace qui fait penser aux Talking Heads.

Un album riche, à la pop éclairée et flamboyante. 14 titres, dont le dernier sous forme d’apothéose : « Please don’t fuck my world », le développement durable vu par ces Laurel et Hardi de la chanson, avec des chœurs d’enfants. Effet garanti.

The Sparks Don’t fuck my world

Des Américains amoureux de la France

Nos deux lascars sont en plus des amoureux de la France. Dans leur album précédent, une chanson sur Edith Piaf, ici un peu de Champs-Elysées. Ils citent aussi volontiers Serge Gainsbourg ou encore Johnny parmi leurs références. Mais c’est avec les Rita Mitsouko qu’on les a vu chanter sous la douche en 1988. Ils sont d’ailleurs toujours en relation avec Catherine Ringer.

Sparks – Rita Mitsouko « Singing in the Shower »

Et puis il y a ce film « Annette » qui devait être présenté en avant première à Cannes. Un film signé Leos Carax qui avait déjà utilisé leur musique. Une comédie musicale où l’on retrouve la chanteuse Angèle aux côté de Marion Cotillard. Les frères Mael qui sont à l’origine du projet assurent la BO.

Bref, on n’a pas fini d’entendre parler de ces 2 hurluberlus de la musique. Au cinema ou au travers de la musique, leur univers plein de malice, leur pop déjantée façon music-hall baroque fait du bien.

Benoît Roux

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