La ligue pour la protection des oiseaux organise, ce samedi 2 septembre, une journée pour la protection des vautours dont de nombreux spécimens vivent dans les Pyrénées. L’occasion de comprendre quel rôle joue le rapace dans la protection de l’environnement.
Un journée de sensibilisation le 2 septembre
Une journée pour mettre en lumière la situation très délicate des populations de vautours à travers le monde. Une journée pour s’émerveiller de la présence de ces magnifiques planeurs sur nos territoires.
En Inde et en Afrique, 90% des populations de Vautours ont disparu en moins de 30 ans. En Europe, la situation est toutefois meilleure grâce aux programmes de préservation et ou de réintroduction pour
les espèces les plus menacées.
La LPO France coordonne les actions de sensibilisation lors de cette journée autour des 4 espèces nécrophages présentes sur notre territoire. Cette journée mondiale des vautours est l’occasion de pouvoir répondre aux questions les plus fréquemment posées par le public à ce sujet.
Combien y-a-t-il de vautours dans les Pyrénées ?
Dans les Pyrénées, les 4 espèces de Vautours sont présentes. Les derniers comptages effectués cette année par les réseaux de suivi permettent d’avoir des chiffres très précis pour les espèces menacées :
- 44 couples de Gypaètes barbus (2.55 – 2.90 m d’envergure) pour le versant nord et environ 130 pour le versant sud
- 73 couples de vautour percnoptère (1.50 – 1.70 m d’envergure) pour le versant nord et environ 300 versant sud
- Quelques couples de Vautour moine (2.50 – 2.95 m d’envergure) uniquement présents sur le versant sud en Catalogne
- Enfin pour le Vautour fauve (2.40 – 2.80 m d’envergure), 826 couples ont été dénombrés lors du dernier comptage effectué en 2012 versant nord et la population est évaluée à 9000 couples entre la
Navarre, l’Aragon et la Catalogne
En Europe, l’Espagne abrite plus de 90% des effectifs de vautours européens. La France arrive en deuxième position avec des effectifs bien moindre.
Quel est leur rôle dans la nature ?
Les services écologiques rendus par les 4 espèces de vautours sont essentiellement l’équarrissage naturel et l’élimination des agents pathogènes des écosystèmes montagnards. Culs de sacs épidémiologiques, les virus et bactéries des carcasses sont éliminés par des sucs gastriques surpuissants évitant la propagation de maladies. Chacune des 4 espèces est spécialisée dans la consommation d’une partie de la carcasse : les tissus mous et viscères par le Vautour fauve, les parties plus coriaces (tendons, cartilages) par le Vautour moine, les fins morceaux par le Vautour percnoptère et enfin les os par le Gypaète barbu.
Quel rôle économique jouent-ils dans les Pyrénées ?
Les vautours sont les alliés des éleveurs : outre le rôle sanitaire difficilement quantifiable économiquement, leur régime alimentaire assure une élimination rapide et gratuite des bêtes mortes soit une économie substantielle pour les éleveurs. L’action des vautours évite le stockage, le transport et l’incinération des bêtes mortes dans des usines spécialisées coûteuses en investissement et en fonctionnement. Ces services écologiques sont reconnus par l’Etat qui dans les départements des Pyrénées-Atlantiques par exemple a mis en place des placettes d’équarrissage gérées par les éleveurs.
D’autre part les vautours font partie de l’image touristique des Pyrénées. Ce massif largement pourvu en diversité d’espèces attire nombre d’observateurs issus d’Europe du Nord, adeptes du tourisme
ornithologique. L’ensemble de ces services sera prochainement finement évalué par le CNRS et l’INRA dans le cadre du programme POCTEFA ECOGYP financé par les régions, l’Etat et l’Europe associant les structures environnementales catalanes, aragonaises, navarraises et françaises.
Les vautours trouvent-ils de quoi se nourrir en quantité suffisante ?
Un vautour fauve a besoin en moyenne de 300 à 350 kg de cadavres par an. Les Pyrénées accueillent près d’un million d’ovins en production laitière ou viande. Les pertes habituelles des éleveurs en estives sont en moyenne de 3%. Le cheptel présent sur la zone montagne et la population d’ongulés sauvages suffisent largement à nourrir l’ensemble de la cohorte des nécrophages à l’année.
Les vautours fauves ont-ils changé brusquement de comportement, sont-ils devenus prédateurs ?
Le vautour fauve est un rapace nécrophage dont le rôle écologique est de débarrasser la montagne des carcasses. Ses pattes sont incapables de préhension. La forme de son bec et son cou couvert de duvet sont adaptés pour entamer une carcasse par les orifices naturels puis s’en nourrir. C’est la vision d’une bête immobile et la présence de corvidés ou d’autres rapaces qui va déclencher l’approche d’un vautour. Un changement de comportement demanderait une évolution biologique de l’espèce qui ne peut qu’être étalée sur des millénaires et non sur un temps court d’une ou deux décennies.
Comment se fait-il que les vautours fauves soient rapidement très nombreux sur une carcasse ?
Les vautours fauves sont adeptes de la technique de prospection alimentaire en réseau. Alors que nos yeux humains ne sont pas assez performants pour détecter leur présence, les vautours fauves sont en contact visuel avec leurs congénères évoluant dans le ciel. Si l’un deux détecte une bête morte au sol, rapidement plusieurs dizaines de vautours peuvent s’approcher et se posent à proximité de la carcasse.
Les vautours sont-ils menacés ?
En Asie et en Afrique, c’est un déclin massif voire une extinction prochaine avec plus de 90% de perte exposant ces pays à de graves problèmes de santé publique. En Europe, les populations se portent mieux. Les espèces les plus fragiles en France sont le Gypaète barbu, le Vautour moine et le Vautour percnoptère, toutes bénéficiaires d’un plan national d’actions piloté par l’Etat et mis en oeuvre par la LPO et ses partenaires. Dans les Pyrénées, grâce aux actions de suivi et de soutien alimentaire, aux actions de conservation et de sensibilisation des usagers de la montagne, la population de Gypaète barbu est en accroissement constant depuis 20 ans.
Cette journée mondiale des Vautours est une occasion de découvrir ces espèces, de s’émerveiller en les regardant voler ou en écoutant des contes et des histoires fantastiques, d’en savoir plus sur les actions développées en leur faveur, les partenaires impliqués sur l’ensemble du massif. Toutes les animations à découvrir sur le site