30 Sep

Pour Pierre Moscovici, les réfugiés doivent être considérés comme « des investissements »

Pierre Moscovici (©AFP/Tobias Schwarz)

Pierre Moscovici (©AFP/Tobias Schwarz)

Le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici a estimé ce lundi à Berlin que les réfugiés arrivant actuellement en Europe devaient être perçus comme « un investissement » potentiellement bénéfique pour la croissance européenne plutôt que comme un fardeau. « La crise des réfugiés peut être perçue comme une menace, mais cette perception ne devrait pas effacer les bénéfices économiques qui pourraient être générés par un afflux soudain de population », a déclaré l’ancien député du Doubs.

« Ce serait voir à court-terme, dans ce contexte, que de considérer les réfugiés, et les migrants en général, exclusivement comme un fardeau à supporter et non comme une ressource » pour des pays européens à la population vieillissante, notamment l’Allemagne, a expliqué le commissaire européen lors d’une conférence organisée par le centre de réflexion Bruegel, au ministère allemand de l’Economie.

Mettant en avant par exemple le niveau d’éducation plus élevé que la moyenne des réfugiés syriens arrivés en Allemagne en 2013 et 2014, il a jugé que les pays européens ne devaient pas attendre passivement ces éventuels bénéfices économiques mais élaborer des politiques d’intégration « ciblant les réfugiés comme un investissement ».

« Un impact budgétaire à court terme »

Prenant l’exemple théorique d’un médecin syrien ne pouvant exercer sa profession faute de reconnaissance de sa formation mais qui aurait également du mal à faire chauffeur de taxi, car c’est « une profession régulée dans un certain nombre de pays », Pierre Moscovici a considéré que l’actuelle crise des réfugiés pouvait aussi servir « de catalyseur aux réformes dont le marché des biens et des services a grandement besoin ».

Le commissaire européen n’a pas caché qu’à court terme, la gestion de l’afflux d’un grand nombre de migrants aurait un « impact budgétaire » pour les pays d’accueil.

Certains, comme l’Autriche et l’Italie, ont d’ailleurs demandé que la gestion de l’afflux de réfugiés soit considérée comme une circonstance exceptionnelle, leur permettant de faire une entorse des règles budgétaires européennes. « Aucune décision n’a encore été prise » sur cette question par la Commission, a rappelé Pierre Moscovici.

Une « forme très mobile » de travailleurs

Mais « à moyen ou long terme, des effets économiques positifs peuvent être attendus, en fonction de l’accès rapide ou non au marché du travail », les migrants, « forme très mobile » de travailleurs, permettant d’accroître la population active d’un pays et étant une source potentielle de croissance supplémentaire, a considéré l’ancien ministre français de l’Economie et des Finances.

L’approche défendue par Pierre Moscovici est partagée par de nombreux économistes. (AFP)

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