De nombreuses villes détenues par la gauche, donc beaucoup à perdre, un président socialiste arrivé à l’Elysée deux ans auparavant, des élections dites « intermédiaires » toujours difficiles pour le pouvoir en place : cette configuration vous dit quelque chose ? C’était celle de 1983. C’est aussi celle de ces élections de mars. A quelques nuances près…
1983
En Franche-Comté. De nombreuses villes ont basculé de droite à gauche, 6 ans auparavant en 1977 : 8 (pour une seule à droite, Arbois). La gauche est donc majoritaire : sur les 39 villes de plus de 3500 habitants, elle en détient 23, la droite seulement 16.
En France. François Mitterrand socialiste est arrivé à l’Elysée deux ans auparavant, le 10 mai 1981.
Fini de rire, les caisses sont vides. Et pour faire l’Europe, on serre les boulons. Le Président chute dans les sondages d’opinion. C’est le tournant de la rigueur, objet du courroux de la gauche de la gauche.
2014
En Franche-Comté. La gauche est très largement majoritaire en détenant 27 villes sur les 45 les plus importantes, la droite 18. En 2008, lors du dernier scrutin municipal, 2 villes ont basculé de gauche à droite (Luxeuil-les-Bains et Valdoie) et 8 ont suivi le chemin inverse, de droite à gauche : Montbéliard, Sochaux, Valentigney, Bethoncourt, Bavans, Saint-Claude, Dole, Saint-Loup-sur-Semouse.
En France. François Hollande socialiste est arrivé à l’Elysée deux ans auparavant. Il n’a pas réussi à « inverser la courbe du chômage ». Il est au plus bas et son Premier Ministre avec lui dans les sondages d’opinion. Le Président de la République vient d’annoncer un pacte de responsabilité. Objet du courroux de la gauche de la gauche.
Voilà pour les concordances entre 1983 et 2014.
La gauche avait perdu les élections municipales de 1983 mais une mobilisation forte pour le second tour avait permis d’éviter la débâcle annoncée.
Pour le 23 mars, l’abstention sera l’une des composantes du scrutin…
1983 – 2014 : des nuances
- La droite en général et l’UMP en particulier ne sont pas sur une bonne dynamique nationale. Nouveau frein : les dernières affaires concernant Nicolas Sarkozy, l’ancien Président de la République, et Jean-François Copé, le président du parti.
- Le Front National. Il n’existait pratiquement pas en 1983. (Il a fait son « apparition » sur la scène médiatique à Dreux mais lors de municipales partielles qui se sont déroulées en septembre de cette année-là). Aujourd’hui, troisième parti de France. Il compte. Même sans être au second tour, il est souvent l’arbitre dans des élections nationales et des scrutins locaux. Il pèse. Combien ? Difficile à dire. Dans le cas de triangulaires « traditionnelles » au second tour : droite, gauche et FN, le candidat de gauche en tire généralement profit. Le FN pourrait donc servir « d’amortisseur » à une défaite annoncée de la gauche. Uniquement dans les villes où le parti de Marine Le Pen est présent. Sur le site de francetv.info, une carte de France nous donne tous les sondages déjà sortis, ville par ville. Sur cette carte, le Front National présente des candidats dans 58 villes. Les candidats FN sont crédités de 10 % ou dépassent la barre des 10 %, synonyme de qualification pour le second tour, dans 34 villes. Il y aurait donc 34 villes sur 58 avec un candidat FN le dimanche 30 mars.
- La prime au sortant. Si la gauche a beaucoup à perdre, un élément est à prendre en considération : l’attachement des électeurs à leur maire. Si 70 % des Français ne font pas confiance aux politiques en général, 75 % d’entre eux font confiance à leur maire. En 1983, lors de la vague bleue, les mairies détenues par la gauche depuis plusieurs mandats avaient mieux résisté que celles conquises au scrutin précédent. Aujourd’hui, de nombreuses villes sont ancrées à gauche depuis plusieurs mandats. Un autre sondage dit que 80 % des électeurs s’appuieront sur des questions locales pour faire leur choix. Locales, donc et pas nationales. C’est peut-être la chance de la gauche…