24 Nov

Festival des 3 Continents : rencontre avec Lucie Borleteau et Mahamat-Saleh Haroun, membres du jury

Les cinémas d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine sont à l’honneur jusqu’au 27 novembre à Nantes avec le Festival des 3 Continents.

Qui dit festival, dit compétition, dit jury… Rencontre avec deux membres du jury de la sélection internationale.

  • Lucie Borleteau, scénariste, metteur en scène, comédienne et réalisatrice. Cette ancienne élève de Ciné Sup’ Nantes a travaillé avec Claire Denis ou Arnaud Desplechin, et réalisé en 2014 un premier film très remarqué « Fidelio, l’odyssée d’Alice ».
  • Mahamat-Saleh Haroun, réalisateur tchadien. Son premier long-métrage « Bye bye Africa » a reçu en 1999 le prix du 1er film à la Mostra de Venise. Auteur de films engagés, le Festival des 3 Continents lui rend hommage avec la diffusion de son film « l’homme qui crie », prix du jury à Cannes en 2010.

   

– Votre rencontre avec le Festival des 3 Continents ?

Lucie Borleteau : C’est un festival que je connais bien. Je suis nantaise et j’y suis allée de nombreuses fois, notamment dans le cadre de mes études, au lycée Guist’hau, option cinéma et ensuite à Ciné Sup’. J’ai même fait partie du Jury Jeune en 1998, c’est un très bon souvenir et me voilà 20 ans plus tard dans le jury de la compétition internationale, c’est fou !

Mahamat-Saleh Haroun : Je connais Nantes pour y avoir présenté plusieurs fois mes films, mais en tant que spectateur et jury du Festival des 3 Continents, c’est une première. Je suis ravi d’être ici pour cette 40ème édition et d’accompagner la 41ème année, ce passage de l’âge de la passion à celui de la raison.

– Quelle est la particularité de ce festival ?

LB : Pour les jeunes cinéphiles, ce festival est une chance, pour moi c’est au même niveau que Cannes. Ici on peut rencontrer les auteurs, débattre, c’est rare les festivals qui font venir autant de réalisateurs. Les nantais sont des cinéphiles curieux, ce festival le prouve, ils ont de la chance et Nantes avec toutes ses salles est une ville unique en terme de programmation.

MSH : C’est un festival à l’écoute de la rumeur du monde, un festival de défricheur, sensible à ce qui ce passe ailleurs, il appelle à lui des cinématographies souvent invisibles. C’est un port d’œuvres singulières.

– Vous êtes sensible aux cinémas présentés ici ? 

LB : Je suis devenue cinéphile dans les années 90, j’ai été initiée au cinéma de Wong Kar Wai et de toute cette génération. J’ai donc grandi sans faire de différence avec ces cinémas.

MSH : Je remercie le festival de permettre de découvrir des regards, des cinémas que l’on ne voit pas souvent. Le cinéma africain a une particularité sur le plan culturel, social, économique, et l’on doit composer avec ces paramètres pour trouver une manière de raconter une histoire. Le cinéma d’Asie est ici bien représenté. Et ce qui importe avant tout au delà du genre ou de l’origine, c’est la justesse du regard.

– Quel jury serez-vous, avez-vous des attentes ?

LB : C’est une première expérience pour moi, et je trouve intéressant que les membres du jury soient réalisateurs. L’important ce sera donc de défendre une subjectivité de cinéaste, vierge de tout, juger simplement sur ce que l’on a aimé. Le choix est toujours injuste, mais le cinéma ça n’est pas du sport, on s’en fiche des médailles. Le prix c’est un encouragement, mais avant tout c’est une chance pour ces réalisateurs d’être programmés dans ce festival prestigieux.

MSH : Je ne suis pas dans l’attente. Un jury est un passager qui s’embarque sans connaître la destination. Je vais avoir un regard de spectateur, je veux que le film m’emporte et me bouscule dans mes certitudes. Ressentir un inconfort plaisant. Et puis un jury composé de réalisateurs c’est formidable.

La compétition internationale réunie cette année 9 longs-métrages. Résultat des délibérations de nos membres du jury, mardi 27 novembre lors de la soirée de clôture du festival pour la remise des prix.

– Quelques infos sur vos projets ?

Lucie Borleteau : Je suis actuellement en période de montage de mon 2ème long-métrage. C’est une adaptation du roman de Leïla Slimani « Chanson douce » avec Karine Viard.

Mahamat-Saleh Haroun : Je travaille sur le projet d’un film tourné au Tchad, une histoire de femmes et de solidarité dans un contexte difficile.

– Votre dernier coup de cœur cinématographique ?

LB : « Shéhérazade » de Jean-Bernard Marlin et « High life » de Claire Denis, un film très noir, très profond.

MSH : « Girl » de Lukas Dhont