C’est un conte de fée qu’est en train de vivre Yves Piat avec son court-métrage « Nefta Football Club ».
Il vient d’être nominé pour les Oscars et les Césars dans la catégorie du meilleur court-métrage de fiction, rien que ça !
Rencontre avec Yves Piat, un réalisateur avec des étoiles pleins les yeux. Surpris par ce succès, il revient sur son parcours et sur celui de son film « Nefta Football Club »
©Amike Nelson/EPA/Maxppp – Raynald Praud – Les Valseurs
Du dessin… à la réalisation
Installé à Nantes depuis une quinzaine d’années, Yves Piat a toujours été passionné par l’image et tout d’abord par le dessin animé.
Après un parcours qui l’entraîne vers l’animation, le graphisme, il se tourne vers les plateaux de cinéma en tant qu’assistant décorateur, et commence à réaliser des fausses publicités. En 2001, il co-écrit et réalise un premier court-métrage « Tempus Fugit » avec Maurice Garrel. Le film est sélectionné dans quelques festivals, mais pour Yves, « il n’était pas accompli, car j’étais jeune et je n’étais pas moi-même accompli… je ne l’ai pas fait pour de bonnes raisons. »
Dès lors, il s’attache à écrire un long-métrage, qui mettra « 5 ans à ne pas se faire« .
Après une expérience en tant que créateur d’entreprise, une parenthèse de quelques années, il retrouve l’envie et le souffle pour se lancer de nouveau dans la réalisation, en rappelant « je me suis nourri de ces différentes expériences« .
L’enfance au cœur de l’histoire
« Nefta Football Club » est riche de toutes ces épreuves, il est le fruit de rencontre et de moment de vie.
L’histoire : Dans un village tunisien, des enfants jouent au foot sur un terrain vague. Pendant ce temps, Abdallah et Mohammed tombent sur un âne avec un casque aux oreilles et accrochés aux flancs, des sacs pleins d’une poudre blanche. Les deux jeunes frères décident de ramener les sacs au village.
« Nefta Football Club ©Les valseurs
Le scénario lui est inspiré par un souvenir d’enfance et par sa rencontre avec le désert marocain.
Ensuite, c’est l’observation et l’écoute qui le guide. L’idée de l’âne passeur de drogue est un fait qui lui est raconté. Et le thème du foot, lui vient d’une constatation « les enfants jouent tout le temps au foot là-bas, avec tout ce qui leur tombe sous les pieds. Ce film est un mélange joyeux que j’ai décomposé et recomposé pour en faire une histoire. Je suis fan des films chorales« .
Le sujet est sérieux, le trafic de drogue, mais ici le réalisateur y apporte un point de vue décalé. Le film traite ce sujet avec humour et tendresse pour les deux enfants que l’on suit face à cette découverte.
Pour Yves, ces deux frères symbolisent l’écart entre l’enfance et l’adolescence, avec le grand qui se comporte déjà comme un adulte et le plus petit qui reste dans son monde d’innocence.
Un film né sous une bonne étoile
Mettre en scène un tel projet n’a pas été simple, mais pour le réalisateur nantais, « Nefta Football Club » est vraiment placé sous une bonne étoile.
Durant le tournage, le film connaît beaucoup de déconvenues.
Tout d’abord, la production lui annonce que tourner dans le désert marocain est trop cher, il faut donc se replier sur la Tunisie. Et heureusement, car pendant le tournage, il a neigé au Maroc !
De même, pour des raisons économiques et pour gagner des journées de tournage, certaines scènes sont réécrites pour être filmées le soir. C’est un mal pour un bien, car ces scènes donnent un ton et traduisent l’ambiance très particulière d’une ville du Maghreb.
Des mouvements de contestation sont annoncés en Tunisie quelques semaines avant le tournage, et là encore tout se finit bien, au moment du tournage le calme est revenu dans le pays.
Nefta Football Club ©Les valseurs
Le casting est aussi le fruit d’un heureux hasard.
Lors des castings organisés par la production, j’ai rencontré plus d’une centaine d’enfants, mais ils sortaient des beaux quartiers, ils avaient l’habitude de la caméra pour des pubs, clips ou autres… moi je voulais de l’innocence, un vrai regard. Je suis donc parti dans les quartiers, dans les rues pour rencontrer des jeunes.
« Finalement, j’ai rencontré Eltayef pour interpréter le grand frère, il y a eu tout de suite une grande complicité entre nous. Et pour le petit, j’ai trouvé Mohammed seulement 2 jours avant le tournage dans une école de danse. »
Quand on dit une bonne étoile … et ce n’est pas fini !
Des prix, des prix…
« Nefta Football Club » a rencontré son public.
Et tout commence dès 2017, où il reçoit le prix du public pour un scénario court-métrage au Festival Premiers Plans d’Angers. Voilà de quoi lancer la belle aventure de ce film.
Dès lors, les prix s’enchaînent. Ça commence en 2018, avec un premier prix au Cinemed, festival cinéma méditerranéen de Montpellier.
Et depuis les sélections et les récompenses ne s’arrêtent plus. En quelques mois, le film obtient une centaine de sélections en France et à l’étranger, et reçoit plus de 60 de prix, à Clermont-Ferrand, au Mexique ou à Aspen. Le film devient alors éligible pour les Oscars 2020.
Prix du public Festival du court-métrage de Clermont-Ferrand ©Juan-Alonso
Une nouvelle histoire commence.
Un Oscar, un César… on croise les doigts
Yves Piat n’en revient toujours pas, mais oui, il est nominé pour les Oscars et pour les César !
C’est une consécration, après plusieurs étapes de qualification, « Nefta Football Club » sera donc présent aux deux cérémonies. Réponse, dimanche 9 février à Los Angeles pour les Oscars et vendredi 28 février à Paris pour les César.
La belle aventure de « Nefta Football Club » se poursuit, il ne reste plus qu’à croiser les doigts !
Affaire à suivre…