Tatoué par incision, les oreilles percées, un zligau mélanésien à travers la cloison nasale… voilà la description de Narcisse Pelletier, mousse vendéen de retour en 1876 sur sa terre natale, après 17 ans de vie au sein d’une famille aborigène.
Celui que la presse australienne surnomma « le sauvage blanc », fait l’objet d’un documentaire « Narcisse Pierre Pelletier, naufragé, aborigène » de Serge Aillery présenté en avant-première, jeudi 13 septembre à 18h30 au Cinémarine de Saint-Gilles-Croix-de-Vie.
Son histoire est rocambolesque et son destin incroyable. C’est en juillet 1857 que le jeune marin de Saint-Gilles, embarque sur le « Saint Paul ». Suite à un naufrage, blessé, il est abandonné par ses camarades et son capitaine. Recueilli par une famille du peuple Uutaalnganu au Cap Flattery (Extrême Nord Australien), il s’intègre à leur mode de vie.
Au bout de 17 ans, confronté à des marins britanniques qui le pensent enlevé, Narcisse alors âgé de 31 ans, retrouve contre son gré, sa terre natale. Il redécouvre alors sa famille et fait face aux difficultés du retour à la vie vendéenne, apprivoisant un monde qui n’est plus vraiment le sien.
Serge Aillery, réalisateur, scénariste, s’empare de cette histoire dès 1976 par l’intermédiaire d’un oncle, qui fut co-auteur d’un livre sur Saint-Gilles dans lequel était évoqué ce vendéen aborigène.
Narcisse Pelletier rentre à Saint-Gilles-Croix-de-Vie le 2 janvier 1876. Je pense l’avoir rencontré pour la première fois un siècle plus tard
Serge nous confie – « Le point de départ pour raconter cette histoire a longtemps été très mince, une unique photographie, extraite d’un livre introuvable qui à l’époque de sa parution, 1876, ne fût même pas déposé à la B.N.F. La publication du roman de François Garde, « Ce qu’il advint du sauvage blanc » prix Goncourt du premier roman 2012, mit de nouveau en avant Narcisse Pelletier. »
L’année 2014 fut décisive pour le réalisateur. « J’apprends que Chanouga, auteur de BD, vient de publier le premier tome de son « Narcisse ». Je prends contact avec lui. En cherchant d’autres publications sur le sujet, je découvre « Pelletier, the forgotten cataway of cape York » de Stephanie Anderson ». Cet essai introductif et traduction du livre original « Dix-sept ans chez les sauvages: les aventures de Narcisse Pelletier » de Constant Merland est enrichi d’un commentaire ethnographique d’Athol Chase, spécialiste des aborigènes des plages du nord-est.
Ce récit prend alors une dimension scientifique, historique et surtout humaine. Selon Serge, « l’aventure de Narcisse Pelletier met en perspective l’histoire dramatique du traitement des Aborigènes au cours du XXème siècle. Ils ne furent reconnus citoyens Australiens qu’en 1967. »
Tourner en Australie et partir sur les traces de Narcisse est devenu possible grâce au soutien et au témoignage sur place de Stephanie Anderson et d’Athol Chase. « Le but était d’aller à Brisbane pour filmer les principales pièces attestant de la présence de Narcisse en Australie et à Lockhart-River sur les plages où il a vécu ».
Le film dévoile cette vie hors du commun, sous les regards croisés de Hubert « Chanouga » dessinateur basé à Marseille, Stephanie, universitaire australienne et des Aborigènes déplacés qui résident aujourd’hui à Lockhart-River.
Ces itinéraires donnent lieu à une réflexion sur notre civilisation et sur l’histoire des aborigènes, tout en soulignant l’inaptitude de notre société à considérer un homme déchristianisé ou une tribu aborigène sereine.
►« Narcisse Pierre Pelletier, naufragé, aborigène » de Serge Aillery, en avant-première au cinéma Cinémarine de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, le jeudi 13 septembre à 18h30. Une diffusion sur France 3 Pays de la Loire et France 3 Bretagne est prévue le lundi 24 septembre après le Grand Soir 3.