Pour celui qui ne connaît pas cet univers si particulier des blasons, armoiries et autres écus, il y a de quoi être vite perdu pour ne pas dire largué. « D’or aux trois tourteaux, deux en chef de gueules, un en pointe de sinople ». Il est évident que ce blasonnement vous permet de visualiser instantanément l’armoirie en question. Non ? Eh bien essayons en occitan. « D’aur en tres tortèls, dos en cap de vermelh, un en poncha de sinòple ». Toujours pas ?
Alors je crois qu’il ne nous reste plus qu’à nous tourner vers Olivier Daillut : instituteur occitanophone, rouergat du vallon et passionné d’héraldique occitane. Cette science étudie le blason et donc la manière de composer une armoirie. Ce virus héraldique, Oliver l’a contracté pendant ses études d’Histoire médiévale et depuis, il n’est pas arrivé à s’en débarrasser. Cette science qui « touche à tout » comme le précise Olivier, permet d’élargir le champ de vision de l’historien et de rendre une source historique plutôt ludique. Lorsqu’on part à la « chasse » avec Olivier, la partie devient un jeu et la découverte d’une nouvelle armoirie ou écu provoque une intrigante euphorie. « Les armoiries occitanes ont la particularité d’être assez nombreuses par chez nous, car plus elles se trouvaient loin des centres de pouvoir et de décision, plus elles ont pu être épargnées à la révolution française. L’autre particularité, c’est que ces armoiries sont souvent parlantes ». En langage héraldique, cela signifie que les armoiries sont de véritables rébus. Pour Olivier, il y a donc autant de plaisir à chasser qu’à trouver la signification d’une armoirie. Tout ce travail de recherche et de documentation scientifique se trouve compilé dans son blog d’héraldique occitane. Un travail passionnant, menée en collaboration avec une historienne de l’art, un archéologue, et son complice Alban Bertero, auteur du premier « lexique occitan de l’héraldique », à paraître dans les semaines à venir. Mais d’ici là, Olivier continue ses recherches et peaufine sa prochaine intervention. Il présentera son travail sur l’héraldique occitane lors prochain congrès de l’Association Internationale d’Etudes Occitane, devant des dizaines de chercheurs du monde entier, à Lhèida à partir du 16 juin prochain.
Clément Alet