23 Oct

Il était une fois… Massilia !

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Non, je ne résumerai pas un livre qui raconte 30 ans de la vie d’un groupe en quelques lignes.

Oui, « Massilia Sound System, la façon de Marseille » de Camille Martel, aux éditions « Le mot et le Reste » se dévore aussi bien que le dernier Massilia paru il y a deux jours s’écoute.

Bien évidemment, tout dépend de quel point de vue on se place en tant que lecteur. Mais que l’on soit un fan inconditionnel du Massilia, un amateur occasionnel qui a découvert le groupe dans les années 2000 ou un simple curieux du phénomène massiliesque, on en apprend forcément à la lecture du livre. On rit, on frissonne autant qu’on s’émerveille des petites anecdotes et autres tranches de vie délivrées à foison et mûrement racontées ici.

« Massilia Sound System, la façon de Marseille » est tout d’abord un ouvrage précis, extrêmement documenté, factuel et descriptif. Un véritable travail journalistique qui rassemble les faits importants du Massilia depuis 1984 jusqu’à nos jours tout en les mettant en perspective dans leur contexte de l’époque. Avec finesse et quelques pointes d’humour, le livre déroule un fil sans encombre et se lit presque comme un bon roman.

Camille Martel, journaliste auteur de "Massilia Sound System, la façon de Marseille"

Camille Martel, journaliste auteur de « Massilia Sound System, la façon de Marseille »

C’est une gamine du Gers, dans les années 60 qui va sans le savoir, trouver le nom de scène du petit « Fransou ». François Ridel deviendra Tatou, un des piliers historiques du groupe. Ce parisien à l’accent pointu, qui a donc entendu la langue d’oc tout petit avant de la redécouvrir en classe de  seconde grâce à un papier publié dans Libé, débarque à Marseille en 1978. Quelques années plus tard, il devient l’un des animateurs vedettes de Radio Service. La radio la plus écoutée à Marseille, devant RMC. Grâce à cette radio et aux titres de reggae de Tatou s’amuse à diffuser en douce au milieu d’une programmation musicale très « années 80 », un premier groupe de marseillais va se mettre en relation, se retrouver. Jo Corbeau, Cécile, Jagdish et Tatou chantent alors sur les faces instrumentales des tubes jamaïcains, Massilia Sound System est né et donnera son premier concert illégal sur le cours Julien, le 20 mai 1984.

Dans le courant de l’année 1985, un certains René Mazzarino, électricien à la Caisse Régionale d’Assurance Maladie s’ennuie ferme à Marseille. C’est donc tout naturellement, que ses oreilles frétillent à l’écoute des premiers mix sauvages du Massilia. A la fin d’un concert, il en profite pour donner ses conseils en matière d’éclairage. C’est ainsi que René Mazarino est baptisé Jah Light, l’éclairagiste officiel du Massila, avant de devenir un peu plus tard Jali, le second pilier du groupe.

Tatou et Jali sont réunis dans le Massilia et avec eux un noyau de 7 artistes, puis de tchatcheurs, MC, DJ, penseurs qui vont créer les solides bases du groupe. Pendant les toutes premières années, Massilia évolue sans cesse et l’on comprend mieux, à la lecture du livre, pourquoi et comment se fabrique le son du groupe, sur le fond comme sur la forme. Le livre de Camille Martel nous éclaire sur l’origine de ce raggamuffin marseillais complètement atypique sur la scène française, qui porte et revendique aussi une identité occitane.

Une virée à Toulouse crée une première connexion avec un certain Claude Sicre et les Fabulous Trobadors. Castan, Carlotti ne sont plus très loin. L’occitan taraude de plus en plus Jali et Tatou à tel point qu’on les retrouve dans les Assemblées Générales de l’IEO : « assis au fond de la salle, ils fument, parlent fort et s’attirent les foudres de la vieille garde du mouvement. Le groupe se trouve à la croisée de plusieurs chemins : d’abord inscrit dans la mouvance hip-hop encore balbutiante, il est également ancré, par ses amitiés avec Nuclear Device, Babylon Fighters et les punk français, dans le mouvement alternatif, il est enfin porte-étendard du mouvement occitaniste. Et apprend à se structurer via Ròker Promocion » nous explique Camille Martel.

C’est justement grâce à ce label, pensé et organisé par les membres du groupe eux-mêmes que la machine Massilia va petit à petit décoller… Et pour la petite histoire, faire décoller, grâce à Ròker Promocion, un autre groupe marseillais bien connu sous le nom d’IAM. C’est bien Tatou qui est « au contrôle, il assure l’enregistrement des morceaux et le mix  » du premier album d’IAM  baptisé Concept, rapporte Camille Martel.

« Massilia Sound System, la façon de Marseille » détaille ensuite chapitre après chapitre, l’histoire de chaque opus du Massilia. Qu’il s’agisse de son contexte de fabrication, de la tournée comme du contenu de chaque titre, décortiqué et analysé par l’auteur, depuis « Rude et Souple » en 1988, jusqu’au tout dernier « Massilia » paru cette semaine. Les grandes heures de fêtes et de création, les crises d’identités, financières ou artistiques, les joies et les peines avec la disparition de Lux B en 2008 y sont finement détaillées, avec distance mais avec une touchante justesse.

Depuis la création de la Chourmo, aux collaborations musicales très fructueuses avec La Talvera, des première virées en « Raggamobile » aux quatre coins de France jusqu’à la tournée aux Etats-Unis en passant par les moments partagés avec Mad Professor et The Robotiks dans « l’immense tour-bus à étage », l’aventure humaine du Massilia a emmené avec elle de nombreux artistes et de fans.

Concert anniversaire des 30 ans du Massilia à Marseille

Concert anniversaire des 30 ans du Massilia à Marseille

Goatari a trouvé un poste à Radio France après avoir quitté le Massilia. Janvier l’a remplacé puis les « ambianceurs de haut-niveau » Gari et Lux B sont arrivés. On assiste dans l’ouvrage, à leur métamorphose progressive derrière le micro sur scène ou en studio. Quelques temps plus tard, Kayalik et Blu prendront leur place à un moment clé du groupe : celui de la sortie de l’album de la deux chevaux : Blu e Blanc / 3968CR13.  50.000 exemplaires vendus pour le disque le plus abouti du Massilia. Une des plus belles anecdotes de création d’un titre est d’ailleurs détaillée par Camille Martel. Il s’agit de la chanson « Bouteille sur Bouteille » :  « un exemple typique de tradition et de modernité voulu par Massilia Sound System pour cet album. Une fois de plus, le morceau est parti d’un accident. »

Pour en savoir plus sur cette pépite d’accident créatif, il ne vous reste plus qu’à lire « Massilia Sound System, la façon de Marseille » aux éditions « Le mot et le Reste ». Une plongée quasi intime, sans cliché et sans véritable concession dans l’histoire du groupe. Une lecture joyeuse, festive et communicative… autant de plaisirs qu’un bon concert du Massilia.

Clément Alet

 

 

18 Oct

Massilia : 30 ans dins lo vent

Massilia, 3O ans de mar e de pastaga sens se negar, l’equipatge es de retorn amb un disc novèl qu’arribarà a bon pòrt lo 21 d’octobre.

99371223_oM’èri daissat dire que Massilia tornariá sortir una galeta. Me demandavi presque se l’afar ne valia la pena estant que lo darrier disc un pauc tròp experimental e produsit m’avia pas estrambordat. E que cadun avia trobat sa dralha de son costat.

Un d’aquestes jorns, lo disc es sul burèu, tot blu, simple, polit. Me cargui lo casque.

Guitarra escarraunhada, una mena de cabreta, quauquas panholadas : « Qui es-tu? Et vous, qui êtes –vous ? Nous, nous sommes de Marseille ! ». Totjorn las introduccions plan capitadas per enstallar quicòm.

E aqui que SI LÈVA MAI MA CANCON.

Sasit sul pic, prés de tira :

Ce qu’il nous faut

C’est tirer sur les rames

Vaincre le vague à l’âme

Contôler le bateau

Ce qu’il nous faut

C’est prendre les commandes

Ecouter les demandes …

Massilia es totjorn dins la plaça. Ritmica empeccabla, guitarras saturadas, son un pauc dur, voses plan enregistradas. Non, serà pas lo disc de tròp ! E granda novèltat : Massilia tòrna jogar collectiu. Gari, Moussu T, Papet J, son a cantar amassa sus cada tròç, a s’amusar, escambiar… TROIS MCs SUR LA VERSION, de que rescaufar totes los « congélos ». Un asagal de pastaga dins lo monde pissa-fret e fadassa.

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Photo Facebook Massilia

Moussu T pren las comandas sus ES TOT PAGAT. Massilia mai que jamai dins l’actualitat, en presa amb la societat :

Il paraît qu’on a trop dépensé

Il parait qu’il faut tout rembourser

Moi l’argent je l’ai pas vu passer… 

Moussu T de barrar la pòrta :

Goldman Sachs USB HSBC nous ont tous cassés.


Arriba alèra un tròç pas acostumat JE MARCHE AVEC. Massilia en prisa ambe l’opereta, una mena de fals charleston, puslèu original. Dins un monde que va a fum, tremoladís, Massilia brancat sus un corent d’alternativas :

Tout part en vrille tout le monde ment

Vas-y débranche la solution vient en marchant…

Lo son es bon, travalhat, cercat…Bon equilibri e bon encadenament entre de produccion pus gròssas e los bons vièlhs ragamuffins.

MA VILLE RÉVEILLE-TOI una tchatcha plan del biais dels Fabulos Troubadors, una òda a la vila dubèrta, mirgalhada…Vigorós e eficaç.

Tot se passa plan, soi pas desacrancat, contunhi lo vitage per l’escala venenta.

Es un afar complètament derasonat mas sovent dins un disc, es lo tròç N°7 que me tampa e qu’estimi lo mai. Aquí LA RESPÒNSA ES DINS LO VENT. Debuta blues negre, la votz que tremola e s’esperlonga e lo ridim que comença. Qu’una intrò e qu’una cançon !Un raga plan pesuc que te pren, que t’empòrta :

A ton entorn l’espèr s’encabana

A ton entorn lo chaple si debana

Lo còr es lord e la fèsta s’engana

Ti vaquí lo peis dins la consèrva

Ti vaquí lo peis dins la consèrva…

Una pura jòia de poesia, servida sus un ritme prenent, d’adobaments simples e intelligents. Mas ara viés l’estèla dins tot aquela crassa.

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Photo Facebook Massilia

Pas lo temps de lutrar e pantaiar. MASSILIA N°1. Un Massilia pus classic, las paraulas risolièras e plan trobadas e aquela envolada dansanta, enfachinanta :

Va ma cançoneta vòla

Lo viatge deis paraulas

Lo trin de Massilia

Mon trin s’arrestarà pas a l’estacion POURQUOI JE MORFLE. Pas francament convençut.

Estimi mai L’ELEGIT, un bon reggae negre que manda la salsa, esclairat d’un biais supèrbe per las guitarras de Blu.

Paure pòple l’annada si passa

Totjorn dins la nassa,

Crebat e e passit…

O bonne mère, e dire que lo Gaudin lor vòl remetre una medalha. Aquò farà la convèrsa ! Tant que li son, que li faguèsson escotar QUAND ON VIT CONNECTÉ. El que fricoteja ambe lo FN. Son numeric, un pauc rete, que t’obssèda e te fa passar de messatges.

 

couv_2973Alèra lo batèu Massilia pòt contunhar son periple. La baie de Rio, celle de Shangai…E son estaca, lo pòrt, A MARSEILLE. L’equipatge a trobat son ritme pas francament de crosièra. A l’imatge de son titol « Massilia », lo disc es simple e essencial, un bon retorn als fondamentals que son ragamuffin, engatjament, partatge. Òm sentís que lo grop a tornamai l’enveja de caminar amassa. Me farà pas doblidar lo vent de frescum e la creativitat que fasián s’envolar la famosa 2CV. Mas me dona l’envaja d’anar encara partajar quicòm plan mai que musical en concèrt lo 23 a Tornafuèlha (31), lo 8 de novembre a Narbona, lo 13 a Tarbas…

Me triga tanben de veire cossi Camille Martel Mossur Yellow aurà esclairat aquelses 30 ans de Massilia dins son libre que sortirà ambe lo disc. Ne tornarem parlar dins lo jornalet de dissabte que ven.

Lo Benaset

 

14 Oct

La davalada a Ràdio País

Suite à la réunion du 25 septembre dernier à Ràdio País, les procédures de licenciements ont bien été suspendues mais les salaires de ce mois de travail écoulé ont eu quelques difficultés à être versés. Non sans mal, le Conseil d’Administration a réussi à obtenir un prêt supplémentaire auprès de la banque pour payer les 6 salariés, vers le 8 octobre. Tout le monde attend à présent, avec impatience, le versement du Fonds de Soutien à l’Expression Radiophonique (F.S.E.R.), qui dépend du Ministère de la Culture et de la Communication. Une première tranche de 43.000 euros semble être acquise. Le dossier de Ràdio País doit passer en commission cette semaine.

Rasclat coma un patanon ?

Mais les difficultés financières de Ràdio País sont loin d’être réglées, d’autant que rien n’est encore établi pour 2015. Rien, pour l’instant, de la part des administrateurs puisque aucun projet éditorial ou financier, aucune programmation ou simple projet de grille des programmes et encore moins de demande de subvention n’est arrivé sur la table du principal financeur : le Conseil Régional d’Aquitaine.

L’élu en charge de la culture et la langue occitane David Grosclaude tient avant tout à nous préciser qu’en tant qu’élu, il n’a « absolument rien à dire à une association sur la nature du projet qu’elle souhaite porter, ni à entrer dans l’organisation de cette association.  Et encore moins en ce qui concerne les médias, où nous respectons et préservons l’indépendance ».

La seule précision que s’autorise à donner l’élu régional est la suivante. « Nous finançons aujourd’hui Ràdio País à hauteur de 60.000 euros, uniquement pour des raisons linguistiques. Aucune autre radio d’Aquitaine n’est soutenue financièrement de cette façon. Le critère unique d’attribution d’aides de notre part est basé sur le projet porté pour la langue occitane. L’objectif que nous avons, dans le cadre de la politique linguistique votée par une majorité élue démocratiquement, est triple en ce qui concerne l’occitan. Il s’agit du développement de la langue, de sa transmission auprès des jeunes générations et plus généralement de son attention auprès de la jeunesse. Si le projet d’une association qui nous sollicite ne porte pas ces trois éléments là, nous ne finançons pas ».

Ràdio País ne fera pas exception à la règle. Une nouvelle réunion de travail entre les administrateurs de la radio et les représentants des élus est prévue en novembre.

Clément Alet

 

09 Oct

Aubrac dins natura 2000

Lo malhum Natura 2000 es un ensemble de sitis naturals europeus identificats per la riquesa de la lor fauna e de la flòra. Ensaja de conciliar aparament de la natura e pensaments socioeconomics. En Franca, 1758 sites son concernits. En 2002, l’Estat a prepausat d’instaurar un site Natura 2000 en Aubrac de Losèra. La question èra alèra : consi aquel malhum pòt fonccionar ?

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Aubrac ©France 3

Aprèp un inventari faunistic e floristic de la region, mantuns airals d’Aubrac son estats retenguts en abitat flòra/fauna. La dinamic èra lançada. En Aubrac pas res se pòt far sens lo sosten del monde agricòl : lo projecte a recebut un accuèlh dels bons de la majoritat dels agricultors, força estacats a la lor tèrra e a l’elevatge extensiu tipic de la region. Las constrentas implicadas per Natura 2000 son minoras : en Aubrac demandan sonque una limitacion de la fertilisacion e una regulacion del nombre de vacas per ectara. La mejana en Aubrac es de 1,4 vaca  per ectara, çò qu’es relativament faible. Aital, los parçans protegits representan ara mai de 25 000 ectaras. Aubrac es un país de ròcas, d’aiga e de sanhas per la maja part, los paisatges son encara aparats. L’agricultua tradicionala a permés lo manteniment d’una aiga pas poirida : la loira e l’escaravissa a pata blanca i son encara comunas.

 

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La còla de Viure al País ambe Laure Andrieu ©France 3

L’operaitriz del malhum Natura 2000 en Aubrac de Losèra es la comunitat de comunas que recampa 16 comunas : Laure Andrieu n’es l’encargada de mission. Delà de son travalh de contact ambe los elevaires, Laure se tracha d’estudis scientifics sus las zonas naturalas del platèu coma, per exemple, las torbièras.

L’ensemble dels actors socials d’Aubrac son estacats a un biais tradicional de travalhar los espacis e lo malhum Natura 2000 permet tanben d’anticipar una arribada eventuala de l’agricultura intensiva. La creacion venenta d’un pargue natural regional permetrà d’afortir encara las mesuras de proteccion.

Aimeric Jonard

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Tornaretz trobar lo reportatge dins « Viure al País » lo 26 d’octobre a 11o25.

 

 

 

01 Oct

Besièrs : l’òc sens la fèsta.

E cric e crac, la Fèsta d’òc es acabada. Une information que Robert Ménard a tenu à nous préciser lui-même : « Les concerts au cloître Saint-Nazaire autour de l’occitan sont une réussite. Mais les 3 concerts sur les allées (et la place Jean Jaurès ndr) qui n’ont rien à voir avec l’occitan, comme par exemple Agnés Jaoui, non, ce n’est pas une bonne idée ». La XIVème Fèsta d’oc était donc la dernière sous cette forme.

 

Occitània convida lo monde

En 2001, la première édition se veut un festival pluridisciplinaire, où le monde occitan s’ouvre et convie des artistes de tous les Sud. Une Fèsta d’òc qui résulte d’une charte signée en 1999 par la ville de Béziers pour promouvoir la langue d’Oc, notamment par la valorisation et le soutien du monde associatif occitan. Tous les étés, l’Occitanie invite donc le monde à Béziers. En 2003, Dominique Lautré et des bénévoles créent le « Cabaret occitan » dans le cadre de cette fête. « C’est un peu l’auberge espagnole. Il y a un aspect patrimonial, la culture occitane, les calandretas qui n’étaient pas auparavant de la fête et des produits du terroir » selon Dominique Lautré. Le Cabaret débute au cloître Saint Aphrodise. Mais il est rapidement victime de son succès. Depuis deux ans, il se passe donc au cloître Saint-Nazaire où se rendent près de 2000 spectateurs pour l’occasion. En 2014, le budget global est de 211 000 euros, entièrement financé par la ville étant donné que les concerts sont gratuits. « Franchement, il y a mieux à faire. Les ¾ de l’argent vont sur ces 3 ou 4 concerts qui ne sont pas occitans ». Et Robert Ménard ne serait pas le seul à penser ça : « Mais tous les organisateurs disent la même chose. Quand Dominique Lautré m’écrit, c’est pour défendre les concerts au cloître. Pas le reste ».

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Fèsta d’òc 2014 Photos : ville de Béziers

 

La Fèsta d’òc plegada, e lo demai ?

On verra donc sous quelle forme réapparaîtra cette manifestation occitane amputée de sa partie « mondiale ». Quant à l’autre rendez-vous estival -la Feria- elle a déjà connu quelques changements (fête de la vierge, messe, lâcher de chevaux…). Mais le Village Occitan est toujours là. « C’est une vraie réussite, place du 14 juillet. Je m’y suis rendu le dimanche après le spectacle équestre, c’était très bien ». Le maire souhaite encore d’autres modifications pour 2015 avec, pourquoi pas, un grand défilé des animaux totémiques…Des évolutions qui seront suivies par Christophe Burte le tout nouveau « Monsieur Feria ». Le patron de la salle « Zinga Zanga » où passent certains artistes occitans faisait aussi la programmation de la Fèsta d’òc pour la grande scène, la partie qui est donc aujourd’hui remise en cause par le maire.

Autre nouveauté pour 2015 : une immense fête de la Saint-Jean avec des grands feux dans toute la ville. Bien que réfractaire au communautarisme, l’édile principal se dit favorable à l’occitan et entend l’introduire plus profondément. Car «  il ne faut jamais copier les autres mais insister sur ce que l’on est. Le carnaval occitan, c’est formidable. Il faut lui donner plus de dimension et donc plus de moyens ». Et faire aussi dans le symbolique en donnant le nom de Claude Molinier à une salle de la Maison de la vie associative…

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Zemmour invité de la ville (Photo : Karine Chevalier Députée PS)

Fèsta d’òc et Swing les pieds dans l’Orb supprimés, place à « Béziers libère la parole ». C’est le nom d’une série de conférences voulues par le maire et actées lors du conseil municipal du 18 septembre dernier, à grand renfort de panneaux publicitaires. Pour qui ? « Patriote ou anarchiste, peu importe, pourvu que le robinet d’eau gluante de trente années de pensée unique sur les questions d’identité, d’économie, de culture ou de social, soit définitivement fermé ». Premier distributeur d’eau (pure ?) invité par le maire : Eric Zemmour dont le portrait est actuellement placardé partout. L’argent d’une ville qui figure parmi les plus endettées doit-il servir à promouvoir ce type de manifestation et ce type d’individu ? « Ça ne me choque pas. La promotion, elle est partout. Quand on invite quelqu’un dans une émission, vous croyez que ce n’est pas de la promotion ? Et le coût c’est seulement 710 euros (frais d’impression des affiches)… ». Et une salle municipale mise à disposition dont l’utilisation n’est pas complètement sans frais… Reste à savoir en quoi Eric Zemmour et Philippe de Villiers (annoncé lui aussi) vont « libérer la parole » ? Est-il plus opportun et profitable pour les Bitterrois de faire venir ces personnages plutôt que des artistes de la Fèsta d’òc 2014 comme Agnés Jaoui ou Femi Kuti ?

Tiens, à propos de « libérer la parole »… Il fut un temps où il était « interdit de parler patois et de cracher par terre ». A Béziers, le maire vient de prohiber le crachat dans les rues mais on peut encore parler occitan.

Benoît Roux

28 Sep

Un jour à Ràdio País

7h30 : Ràdio País est déjà bien réveillée. Les matinaliers sont frais, autant que le café qui coule et embaume l’entrée de la station. C’est une journée un peu spéciale qui attend les six salariés de la radio ce jeudi 25 septembre. Après avoir reçu une lettre pour leur entretien préalable au licenciement en début de semaine, ils sont convoqués, pour ce fameux entretien, à 10h ce matin-là. La convocation collective les a surpris. Ils ont donc pris soin de se faire assister par un représentant syndical de l’inspection du travail. L’ambiance est assez insaisissable dans la station où tout fonctionne comme si de rien n’était. A 8h00, un nouveau journal, à deux voix. 12 minutes d’informations suivies d’un nouveau programme, issu de la nouvelle grille concoctée par la nouvelle équipe du C.A. (le Conseil d’Administration) de Ràdio País.

« Los tres sauts » ne sont jamais bien loin et la musique reprend le dessus. On reprend tous un café. Le président du nouveau C.A. arrive vers 8h50. Sourires crispés à travers la vitre du studio entre celui qui débarque et ceux qui devraient être débarqués. Il est plutôt méfiant, alors que je n’ai rien à défier. Juste besoin d’expliquer. La presse, occitane, semble lui être tombée sur la tête depuis le début de la crise à Ràdio País. C’est en tout cas ce qu’il me dit. Il aurait donc très bien pu nous dire de repartir et annuler l’interview prévue mais au final nous convenons de faire le point à l’issue de la fameuse réunion fixée à 14h.

10 heures approchent et les derniers convoqués arrivent les bras remplis de chocolatines et de croissants. L’entrée de la radio est presque trop petite pour que chacun trouve sa place. Derrière le comptoir, on refait du café. Juste au dessus, suspendu dans le vide, un vestige de la matinale de la saison dernière est toujours en vente. Il reste encore un tee-shirt de « Good Morning Occitania ». L’heure de l’appel est arrivée, nous quittons Ràdio País et ses salariés, inquiets.

« Licenciement pour faute grave pour un des deux CDD, procédures suspendues pour les CDI ».  Voilà le SMS reçu à la mi-journée. Nous repartons donc pour 14h sur place. La banquière est arrivée mais ne veut pas être filmée. On ne filme pas. Le commissaire aux comptes est là, lui aussi. Il ne veut pas qu’on filme la réunion. (Nous n’en demandions pas tant). Puis arrivent des représentants d’élus des collectivités territoriales qui financent, grâce à l’argent public, Ràdio País. Certains ne voudront pas être filmés, en entrant dans les locaux de la radio. Motif : on ne veut pas être associés à la situation actuelle. Ah bon ? Mais vous êtes là pourquoi au juste ? C’est donc à ce moment-là que le niveau de parano commence à monter. La porte de la salle de rédaction dans laquelle se tient la réunion se referme, il est 14h10. L’attente commence.

15 heures, paisiblement installés dans les fauteuils du hall d’entrée de la radio, alternant entre sieste approximative et consultation de téléphone portable pour passer le temps, nous vîmes revenir le président du C.A. vers nous, un peu… gêné. La chaleur accablante de cette fin septembre a transformé la salle de réunion en véritable sauna béarnais. Contraint d’ouvrir la porte pour pouvoir respirer et ainsi provoquer un courant d’air entre la seule fenêtre de la salle et l’entrée,  le président nous demande de quitter les lieux sur le champ. Les « experts » présents dans la salle veulent vraiment s’assurer que nous n’entendrons rien de ce qui se dit dans cette réunion. C’est trop confidentiel.

L’idée d’aller poser mes oreilles à l’extérieur de la radio juste devant la fenêtre ouverte de la salle de réunion m’a traversé l’esprit mais je me suis dit qu’ils allaient refermer la fenêtre tout de suite et suffoquer à nouveau. Je ne voulais pas être responsable d’une asphyxie collective.

15h50, le commissaire aux comptes est délivré. La banquière aussi.

16h10, un des salariés sort enfin et me précise qu’il s’attendait à pire. La réunion est terminée.

Les procédures de licenciements sont suspendues dans l’attente du versement de Fond de Soutien à l’Expression Radiophonique qui devrait permettre de payer les salaires jusqu’à la fin de l’année. Un des deux salariés CDD est lui licencié pour faute grave. Il lui est notamment reproché d’avoir signé la pétition de soutien initiée par l’ancienne équipe dirigeante de Ràdio País. L’autre salarié en CDD ne verra pas son contrat renouvelé en novembre prochain.

En repartant, un des représentants des élus me précise juste une chose :  « les associations sont libres de faire ce qu’elles veulent comme projet. Ràdio País est donc libre de composer sa grille de programme, sa ligne éditoriale comme elle l’entend. Mais les élus sont tout aussi libres de financer ou non. On va attendre de voir le dossier qui nous sera déposé pour l’année prochaine et s’il correspond à ce que nous avons l’habitude de soutenir dans le cadre de notre politique linguistique ».

Rien n’est donc réglé.

Clément Alet


 

22 Sep

Ràdio País en plena crisi

Nascuda en 1983, Ràdio País -radio associativa occitana- coneis duèi de dificultats de las grandas. Los 6 emplegats an recebut fa dos jorns un corrièr que significa la procedura de licenciament. Una crisi financièra e identitària. Lo blòg occitan tòrna suls eveniments per ensajar de comprene.

 

30 000 euròs de deficit

Los problèmas de moneda son pas novèls. Mas aqueste còp, semblariá que la subrevida d’aquesta  ràdio mai que trentenària siasque menaçada.

En 2013, Ràdio País acaba l’exercici amb un trauc d’aperaquí 30 000 euròs, alèra que tot anava plan en 2012. Duèi seriá  de 42 000…

Lo budgèt de la ràdio es de 260 000 euròs, mai que mai de subvencions de las colectivitats localas (229 000) e mai que mai per la part biarnesa de la ràdio (gaireben 200 000 euròs). Ràdio País es una federacion (fargada en 1996) d’associacions : Ràdio País Bearn, Ràdio País Bigòrra e Ràdio País Gèrs. Las doas associacions de Bigòrra e de Gèrs son un pauc descantidas. « Totes los mejans de la federacion son concentrats sus l’estudiò situat en Bearn », nos ditz Fabrici Bernissan. « Cò de qui priva la radiò de finançaments deus Conselhs Generaus deu Gers e de las Hautas-Pireneas ». Per cambiar las causas, se va far elegir al Conselh d’Administracion lo 24 de mai.

L’amassada generala del 24 de mai

Aquel jorn, los 9 membres del CA (3 per associacions) son a se renovelar. Fabrici Bernissan (Bigòrra) fa sa dintrada. Vòl modificar l’equilibri entre las associacions e reviscolar un pauc Ràdio País Gèrs e Ràdio País Bigòrra qu’a pas mai d’estudiò dempuèi qu’es partida de la Plaça Mercadiu de Tarba e que l’estudiò novèl a calandreta s’es tampat tanben. Met sustot lo nas dins las chifras e lo deficit li fa pensament. Lo tribunal de comèrci de Pau es en alèrta. La banca tanben. Las criticas e las acusacions contra la còla qu’es als afars son violentas. Lo 24 de mai, aquò s’embufa d’un biais grèu. Lo 2 d’agost, Joan-Francés Tisner demissiona del CA. Lo president François Lassabe fa de mème quauques jorns pus tard. Lo burèu novèl de la Federacion es : Christian Villeneuve (president), Miqueu Dantin (vici-president), Pierre Cames (secretari) e donc Fabrice Bernissan lo dinerèr.

Lo 22 d’agost, Domenja Lekuona (qu’es aquí dempuèi la debuta de la ràdio) tòrna metre sas delegacions (programas, subvencions, difusions…) e fa saupre que trabalharà pas pus. Las relacions entre anciana e novèla còla son violentas, las paraulas missantas. Los emplegats son preses dins lo conflicte. Al mes de junh, dos CDD foguèron pas renovelats : una jornalista e un cronicaire.

Un afar de chifras e d’identitat

Per Domenja Lekuona, lo deficit seriá pas lo problèma : aviá presentat un plan d’estalvias de 17 000 euros tre l’AG del mes de mai. D’aprèp ela, lo FSER -fond de sosten de l’estat per las ràdios- deu virar a l’entorn de 70 000 euros (per País Bearn e País Gèrs) d’aici la fin de l’annada. A l’espèra tanben,  un reliquat de subvencions de las regions Aquitània e Miègjorn-Pirenèus. Lo clavaire Fabrici Bernissan es mai pessamentós. Per el, la massa salariala a tròp conflat e la moneda esperada serà pas al nivèl. Tròp d’emplegats ? « Avèm 11 000 euròs per més de massa salariala. Es pas possible » çò ditz Fabrici Bernissan. Per el la matinala comuna ambe Ràdio Occitània « Goog Morning occtània » (GMO) a costat tròp d’argent e d’emplècs. Suspèctada encara, la FIMOC (federacion interregionala dels mèdias occitans) qu’emplèga doas personas e que ne vei pas l’interèst. Per Bernissan, cal tornar a çò qu’èra la ràdio a la debuta : de benevòls per fa d’emission e mai de gascon a l’antena. E de monde que pòdon far tot : l’antena, la tecnica, lo terren. Es a obrar per mutualizar los programas ambe d’autras ràdios coma Radio Galaxy, Radio Couserans, Radio Présence de Sent-Gaudens…

Dins lo dur

Lo 1èr de setembre, la dintrada es fòrça complicada a la ràdio. Los emplegats son en cauma e la situacion es subretenduda. L’emission matinala « Good Morning Occitània » qu’aviá donat de vam als emplegats e de joventut a l’antena es tampada. Los emplegats de Ràdió País an per ordre d’i participar pas. Aqueste jorn « GMO » se fa sonque a Tolosa per Ràdio Occitània… Es totun a l’antena de País lo 1er de setembre. Serà lo darrèr còp. « GMO » contunha sus Tolosa mas sens l’ajuda de País. Aquí la primièira victima.

Un manifèsta es escampilhat, una peticion es lançada per un colectiu de monde que son pas mai a Ràdio País : Domenja Lekuona, François Lassabe (president demissionari) e Joan-Francés Tisner (membre del CA demissionari). Al jorn de duèi 199 personas l’an signada. Anciana e novèla còla se fan la guèrra.

Qu’un avenidor ?

Un acamp es previst aquesta setmana lo 25 de setembre. Lo Credit Cooperatiu (banca de la ràdio) l’a demandat. Segond Bernissan, los fornidors serián pas mai pagats dempuèi un an. Los representants de las colectivitats teritorialas e financièrs son convidats a l’acamp. Darrièra victima : los 6 salariats. Los 3 jornalistas, 2 tecnicians e la comptabla an donc recebuda la letra que prefigura lo licenciament. Semblariá pas que lo novèl burèu volguèsse que siá per de rasons economicas… Los entretens son previstes dijòus de matin. Lo siti internet de la ràdio es tampat e tornarà pas dubrir.

Sèm en plen dins la crisi, e se la situacion contunha, las victimas futuras seràn ben los ausidors.

Benaset Roux

 

 

 

 

 

 

20 Sep

Escòcia ditz de non a l’indepéndencia, Occitània se dona a Groland!

Alèra qu’Escòcia ven de se refusar l’indepéndencia, Occitània a donc causit de metre fin a sa non-independencia en se faguent annexar pel Groland

Aquel país celèbre pas mai resconegut qu’Occitània a son president e tanben un festenal de film Fifigrot a Tolosa. Dins aquel encastre e pel primièr còp, se faguèt una seleccion occitana « Gardarem lo Groland » ambe La Seria d’Amic Bedel e Julien Campredon. Per de que ? « Tout ce qui est à la marge nous intéresse. Tout ce qui n’est pas aux normes européennes ». Vaquí çò que nos diguèt Benoît Delépine qu’a plan estudiat la situacion : « J’habite à Angoulême et j’ai vu sur une carte que je suis juste à la frontière, aux portes de l’Occitanie…En pointillé, comme Groland ». Lo cal pas prene per un con. Michael Kael es jornalista.

20140919_173756E donc, aquel divendres 19 de julhet de 2014, dabant tant de generositat grolandesa, Occitània a consentit a s’ofrir a Groland país sens estat de l’absurd e del folastre. Valent a dire qu’Occitània es pas perduda. Lo president Salengro es arribat dins sa Jeep, plan aparat per una garda femenina gaireben « castrista » mas plan pegada contra sa pèl. Lo president de l’Ostal d’Occitània Joan-Francés Laffont un pauc gelós a pas fat de resisténcia. E convivencia occitana s’es encara un còp verificada : tapis rotge, aubada, blanqueta e…la Catinou. Salengro quitava pas de dire « va plan, va plan ».  La Catinou al Groland, i caliá pensar. Carles Moly  ne diu èsser plan fièr ! Lo maridatge s’es donc plan passat. Consomat o pas, es de mal dire. Aprèp son present de maridatge (un panieròt de cebas), Salengro s’es acontentat de dire : « Au moins, j’aurais vu votre oignon ».

20140919_174545Aprèp la ceremonia, lo president es tornat partir dins sa veitura. Als aplaudiments, a respondut per un « Vai ten cagar ! ». Tant d’emocion fariá presque doblidar que lo ser i aviá un autre eveniment a se fa petar lo ventre : los dos primièrs episòdis de La Seria. La sala de l’ESAV de Tolosa èra confla e espetada de rire. Sabèm pas encara se s’es ganhada una « amphore », (trofèu del Groland) mas solide que s’en tornarà parlar !

 

Lo Benaset

Aquò d’Aquí : c’est d’ici et c’est comme ça !

Michel Neumuller, Rédacteur en Chef d'Aquò d'Aquí

Michel Neumuller, Rédacteur en Chef d’Aquò d’Aquí

C’est « estrambordant ! ». Michel Neumuller a beau être le seul journaliste professionel salarié de ce site d’info, il n’en demeure pas moins être un provençal passionné de tous les instants, un irréductible amoureux de la langue occitane faisant office de cap-redactor autant que de webmèstre.

Estrambordant, Aquò d’Aquí réussit depuis le mois de mai 2012 à proposer, chaque jour, en occitan ou en français, une information qui couvre un territoire depuis le Gard aux Vallées Occitanes d’Italie. « Aquò d’Aquí est un journal d’opinion, avec avant-tout, une vision humaniste et une attention particulière aux relations sociales ». C’est ainsi que Michel Neumuller définit sa ligne éditoriale. A l’origine, Aquò d’Aquí, est une association créée en 1987, en même temps que la version papier du journal, attirant très vite près de 500 abonnés. En 2003, face à un lectorat un peu vieillissant et sentant la vague internet les submerger, Michel a donc proposé de prendre le virage numérique… tout doucement, mais surement. « Aujourd’hui, nous avons 1300 abonnés qui reçoivent chaque semaine la lettre électronique, chaque mercredi. Pour l’année 2014, nous devrions atteindre 40.000 visiteurs uniques », précise le journaliste. Avec de telles statistiques, voilà qui devrait faire pâlir plus d’un webmaster occitan (nosautres los primièrs… me damne). « Ce qui est très étonnant, c’est que nous avons beaucoup de brésiliens qui viennent consulter le site, des japonais aussi, qui passent en moyenne près d’une demi-heure à lire en occitan. Mais notre force, ce sont les jeunes. Un tiers de notre public est composé des moins de 34 ans, notre rubrique musicale fonctionne très bien je crois ». Aquò d’Aquí cultive les deux langues, français et occitan dans ses variétés provençales ( Nissart, Aupenc, occitan de Valadas… ). Une nécessité pour Michel car l’objectif est d’amener ceux qui ne parlent pas forcément la lenga d’oc à comprendre que cette langue n’est pas si complexe et éloignée que cela de leur environnement. « Dans un article en occitan, j’utilise des termes et des expressions qui sont compréhensibles pour quelqu’un qui ne sait pas forcément lire le provençal. Je légende les photos en français dans ce cas précis. C’est une aide pour le lecteur qui passe ainsi du français à l’occitan, de l’occitan au français, naturellement ». Pédagogique et éthique, Aquò d’Aquí fonctionne principalement grâce à deux collectivités territoriales mais ne s’interdit pas des partenaires privés pour financer plus d’un quart des 20.000 euros de son budget. « Nos partenaires acceptent de ne rien nous demander sur le plan éditorial et nous laissent libres de traiter une info comme on le souhaite. Ils associent leur logo à la défense en pratique de notre langue régionale » précise Michel.

Michel Neumuller travaille en équipe avec la journaliste Amy Cros, le chroniqueur fondateur d’Aquò d’Aquí Andrieu Abbe, l’écrivain Reinat Toscano, le lexicographe Alan Barthelemy, le correcteur Laurenç Revest et le service de la langue occitane de l’IEO PACA.

Clamenç Alet

 

 

 

17 Sep

Crozada duèi : un Escossés fa sa crosada

Patrick Hutchinson est un Ecossais, docteur ès Lettres, poète, traducteur…Et lorsqu’il est tombé sur « la canso de la Crozada » : « C’est Game of Thrones et c’est pas loin de l’Atlantide. Une série riche et un univers totalement oublié ». Patrick Hutchinson s’est donc mis à écrire « Crozada duèi ».

patrick_hutchinsonSpécialiste des troubadours et de leur lyrique, Patrick Hutchinson s’est penché sur ce long texte fleuve (9000 vers) au début des années 90. « Quand j’ai commencé à traduire, j’ai de suite entendu des rythmes contemporains, du slam, du rap… » Son spectacle fait donc le lien, une rencontre, entre ce passé riche et ce présent moderne. Il se compose de 3 parties qui relatent les différents épisodes de la Crosada. « La deuxième partie se déroule au moment où Simon de Montfort a perdu contre les comtes Provençaux. » Le seigneur « postiche » comme le nommaient les Toulousains est alors fou furieux de découvrir que certains de ces derniers ont financé les Provençaux. S’en suit la venue sur Toulouse et la bataille de Muret que l’on sait. « La troisième partie, c’est cette extraordinaire naissance d’une commune insurrectionnelle. La ville de Toulouse était en plein développement démocratique, une république urbaine sur le modèle des villes italiennes. Et ça, la papauté et la féodalité du nord ne pouvait le supporter. »

 

De tous ces épisodes, Patrick Hutchinson en a donc fait une fresque moderne, entre théâtre et musique. Et évidemment pas n’importe quelle musique : Mauresca et 2 slameurs. Si vous voulez en savoir plus, un site internet est consacré à cette création. Le mieux c’est encore d’aller voir le spectacle dans sa troisième partie le vendredi 26 septembre à Saint-Pierre des cuisines de Toulouse. Notre Ecossais travaille à réunir les trois parties pour en faire un spectacle de 2H-2H30. Pourquoi pas pour le 800ème anniversaire de la mort de Montfort en 2018 ?

Benoît Roux