Cette image un peu floue, je ne la connaissais pas. Elle évoque peut-être mon souvenir préféré des années 60. Qui a fait cette photo de moi avec Johnny Hallyday et Sylvie Vartan sur une plage des Canaries ?
En 1965, alors que je trainais à la terrasse de « La belle Ferronnière » près des Champs-Elysées, une Ferrari s’arrêta en double file, en ces temps-là ça ne dérangeait personne. Johnny en descendit et vint s’assoir à côté de moi. « Avec Sylvie on voudrait que tu sois témoin de notre mariage ! » me dit-il en s’allumant une cigarette. C’était le printemps et ce jour-là il faisait beau dans les rues de Paris. Ensuite il y eu la cérémonie infernale à l’église de Loconville, puis lorsqu’ils partirent pour les Canaries, ils m’emmenèrent avec eux pour faire des photos. Autrement dit on était tous les trois en voyage de noce et le plus insensé c’est que ça nous paraissait normal.
Comment voulez-vous qu’aujourd’hui je ne sois pas nostalgique devant les couvertures de journaux sur cette sinistre histoire d’héritage ? Voir Johnny avec des yeux de diable au-dessus d’un titre pathétique : « Son dernier dîner. ». Par pitié, que la presse arrête de salir les souvenirs. Faisons comme Sylvie Vartan l’autre soir au grand Rex. Elle a chanté les chansons de Johnny pour lui rendre hommage. Voilà. C’est tout. Ça suffit.
Pendant que des inconnus dorment sur les trottoirs des villes, des parents virent leur môme parce qu’il est homosexuel, on laisse assassiner les Kurdes pendant que des migrants se noient, des filles sont excisées au moyen Orient, les femmes n’ont pas droit à la contraception en Afrique et on transforme les océans en poubelles. En France : « L’album posthume de Johnny sortira-t-il ? » Ça vire au grotesque.
Décidément je ne crois pas en un quelconque Dieu. S’il existait, je suppose qu’il serait intelligent. Et dans ce cas bien sûr, il n’aurait sûrement pas inventé l’homme, les avocats, les juges, les critiques ou les journaux français…
Jean-Marie Perier
PS : Et voilà que tout à coup, une méchante actualité rend mes propos dérisoires. Un gendarme se hisse au plus haut niveau de l’humain en donnant sa vie pour sauver celle d’une inconnue. Courage insensé d’un homme admirable. Il s’appelait Arnaud Beltrame. Gloire à lui.