Pardon pour le silence, mais la France d’aujourd’hui me fout le cafard. Montrer Dutronc sur « les réseaux sociaux » entouré de filles à poil, et aussitôt, « Honte à vous, scandale, vulgarité, misogynie… » L’image est aussitôt honnie par de prudes pythies numériques.
Au secours Coluche, Jean Yanne, Pierre Desproges, l’humour se bride, l’heure n’est plus à la rigolade, aujourd’hui on juge, on sanctionne. La seule échappatoire des comiques reste le ricanement. Écoutez la radio, regardez la télé, vous verrez tout le monde ricane. C’est sinistre.
Cette photo était faite en 1968 pour le journal « LUI, le magazine de l’homme moderne ». Désormais la voilà bien tristouille la modernité. Non mesdames, il n’y avait aucun mépris dans cette photographie, ce n’était qu’une illustration un peu primaire de sa chanson « J’aime les filles ! ». Et celles qui posaient ce jour-là étaient très contentes, elles s’amusaient comme nous, avec nous, il n’y avait aucun geste salace et nous n’y touchions pas. D’ailleurs ce soir-là je m’en souviens très bien, nous avions fini par dîner Jacques et moi, seuls dans un restaurant indien. Hélas désormais une image comme celle-là ferait scandale.
Drôle d’époque où certains peuvent placarder « Mort au président ! » sur internet sans que ça n’ait l’air de choquer grand monde. Pauvre France dirigée par Facebook, ce déversoir de bêtise, de vulgarité, de haine. Paradis des délateurs planqués derrière l’anonymat des lâches. Pendant la dernière guerre on les appelait « corbeaux », ceux-là qui dénonçaient des enfants réfugiés dans des caves, un temps ou le jaune ornait les étoiles. Dieu merci, en 1940 internet n’existait pas, sans quoi vous pouviez compter sur eux, il n’y aurait plus aujourd’hui un seul juif de vivant sur terre.
Tout compte fait, je suis content d’être vieux. Et vive la nostalgie.
Quelle chance ce fut d’être jeune dans les années 60…
Jean-Marie Périer