26 Sep

Londres Moscou.

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D’abord Londres. Dix jours bien sûr c’est un peu court, mais ça en valait la peine. Dans “The little black gallery” de Chelsea à Londres, il s’agissait d’une exposition de mes photos des couturiers des années 90 pour le journal ELLE. Durant la journée du vernissage, je n’ai rien fait d’autre que boire et sourire. Les gens étaient vraiment très sympathiques et si ma petite Daffy ne m’avait pas attendu dans l’Aveyron je serais resté plus longtemps.

 

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Sur le chemin de l’aéroport, que fait cette fille ? Elle pleure ? Elle regarde son smartphone ? Elle s’allume une cigarette ? Tristesse ou bonheur moderne ? Je ne le saurai jamais.

Ensuite Moscou.

Que sont devenus les aéroports de ma jeunesse ? Pour aller en Russie, on vous passe aux rayons X, on vous déloque, on vous palpe, bientôt on aura droit au toucher rectal…

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Sur le chemin vers la galerie « Lumière Brothers » où a lieu mon exposition, j’ai juste le temps d’apercevoir quelques bribes de cette ville magnifique.

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L’expo est composée de tirages des années 60 et des couturiers des années 90. La galerie est dans le grand bâtiment en briques d’une ancienne usine transformée en lieux pour jeunes artistes, je fais un peu tache mais ça ne semble déranger personne. La gentillesse des gens qui m’accueillent est des plus touchante. On me traite comme un roi. Durant trois jours je donne dix interviews et trois conférences devant un nombre incroyable de femmes. Certaines, me dit-on, ont fait huit cents kms pour venir m’entendre. Et toutes ces femmes me sourient ou me prennent photo, j’en ai des crampes aux bras à force de selfies langoureux. Là je vous l’avoue, je regrette de ne pas avoir trente ans de moins, quelle misère d’être un « sénior », ce mot que j’ai en horreur. Il me faudrait au moins dix vies.

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Et pour finir, je ne pouvais manquer d’aller voir l’incroyable statue que les Russes ont érigé au regretté Mr Kalashnikov.

3 copie

À première vue c’est assez étrange, mais d’abord presque toutes les statues aperçues en ville sont à la gloire de généraux, de militaires ou de princes. Que voulez-vous, les Russes sont fiers de leur Russie.

Ne jugeons pas trop vite. Le dénommé Kalashnikov était un simple soldat qui voulait que son pays gagne la guerre. Alors il s’était appliqué à fabriquer l’arme à tir automatique la plus létale possible comme un bon ouvrier consciencieux. Bien qu’ayant réussi à inventer l’arme la plus vendue au monde, le flingue préféré de tous les enfoirés de la planète, il ne toucha jamais un rond de son invention, ne fit jamais fortune et finit sa vie dans son petit logement avec sa seule solde de militaire, ses dernières années bercées par le sens du devoir accompli. C’est à un patriote qu’ils ont érigé une statue. Finalement c’est assez normal. Après tout, il y a bien des rues Marcel Dassault un peu partout en France, lui était milliardaire et à ce que je sache il ne fabriquait pas des sucettes à la fraise…

 

11 Sep

Ce mois-ci je ne chôme pas !

Affiche Albi Mail

Si on m’avait dit il y a 50 ans que mes photos des sixties intéresseraient autant de gens aujourd’hui, je n’en n’aurais pas cru un mot. Dans les années 60 les photos n’avaient aucune valeur marchande, elles étaient destinées à être affichées sur les murs des chambres des adolescents et j’en étais ravi.Désormais, tant à la Maison de la photo de Villeneuve que partout ailleurs, mes expositions attirent un monde fou dont au moins 30% de la génération actuelle, ce qui m’étonne un peu. Que des gens de mon âge aiment à se souvenir de leur jeunesse, je comprends, mais rencontrer des jeunes gens qui ont la nostalgie d’une époque qu’ils n’ont pas connu est beaucoup plus surprenant. Lorsque j’avais 20 ans je ne rêvais pas de Mistinguett. C’est dire si ma génération des « baby-boomers » a été gâtée.

Moi, en plus, j’ai eu la chance de m’en rendre compte à l’époque, jamais je ne dirai: « Si j’avais su ! ». Je faisais partie des vernis, ce que je vivais était très exceptionnel et je m’en rendais compte. Mais s’il est vrai que les choses étaient plus légères pour certains, il y avaient quand même beaucoup de gens dont l’existence n’était pas rose. Alors qu’est-ce qui a changé ?

À mon avis, deux choses: D’abord, lorsque je suis né on était une milliard et demie d’humains sur la planète, aujourd’hui on est sept milliards. ( Merci les religions ) Et l’hégémonie des médias n’existait pas. Mis à part les évidents changements climatiques, il se passaient autant de choses dans le monde, mais on ne nous le rabâchait pas à longueur de journée et comme seules les mauvaises nouvelles font vendre du papier…

Et maintenant voilà que mes photos des couturiers des années 90 intéressent aussi le public. Donc j’expose aussi ces images-là un peu partout dans le monde.

Ce mois-ci j’ai trois expositions ( Albi, Londres et Moscou) et en plus je sors un livre dont je vous parlerai en octobre. Donc la retraite, ça attendra !

Jean-Marie Périer

Londres

 

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