Si on m’avait dit il y a 50 ans que mes photos des sixties intéresseraient autant de gens aujourd’hui, je n’en n’aurais pas cru un mot. Dans les années 60 les photos n’avaient aucune valeur marchande, elles étaient destinées à être affichées sur les murs des chambres des adolescents et j’en étais ravi.Désormais, tant à la Maison de la photo de Villeneuve que partout ailleurs, mes expositions attirent un monde fou dont au moins 30% de la génération actuelle, ce qui m’étonne un peu. Que des gens de mon âge aiment à se souvenir de leur jeunesse, je comprends, mais rencontrer des jeunes gens qui ont la nostalgie d’une époque qu’ils n’ont pas connu est beaucoup plus surprenant. Lorsque j’avais 20 ans je ne rêvais pas de Mistinguett. C’est dire si ma génération des « baby-boomers » a été gâtée.
Moi, en plus, j’ai eu la chance de m’en rendre compte à l’époque, jamais je ne dirai: « Si j’avais su ! ». Je faisais partie des vernis, ce que je vivais était très exceptionnel et je m’en rendais compte. Mais s’il est vrai que les choses étaient plus légères pour certains, il y avaient quand même beaucoup de gens dont l’existence n’était pas rose. Alors qu’est-ce qui a changé ?
À mon avis, deux choses: D’abord, lorsque je suis né on était une milliard et demie d’humains sur la planète, aujourd’hui on est sept milliards. ( Merci les religions ) Et l’hégémonie des médias n’existait pas. Mis à part les évidents changements climatiques, il se passaient autant de choses dans le monde, mais on ne nous le rabâchait pas à longueur de journée et comme seules les mauvaises nouvelles font vendre du papier…
Et maintenant voilà que mes photos des couturiers des années 90 intéressent aussi le public. Donc j’expose aussi ces images-là un peu partout dans le monde.
Ce mois-ci j’ai trois expositions ( Albi, Londres et Moscou) et en plus je sors un livre dont je vous parlerai en octobre. Donc la retraite, ça attendra !
Jean-Marie Périer