29 Nov

Filiation

Copyright Jean-Marie Périer

Copyright Jean-Marie Périer

J’aimerais aujourd’hui m’insurger contre les hypocrites qui défilent dans les manifs «contre le mariage pour certains», ceux qui disent qu’ils sont POUR l’union entre homosexuels mais CONTRE leur droit à l’adoption, utilisant PMA et GPA pour cacher le fait qu’ils se bouchent le nez à l’idée d’enfants élevés par d’autres qu’eux.

Ceux-là même qui nous expliquent que pour élever un enfant il faut un papa et une maman parce que «c’est comme ça que ça marche !».

COMME ÇA QUE ÇA MARCHE ? Non, vous vous foutez de moi ?

Vous avez vu le bordel chez nous les hétéros ? Les divorces, les séparations, les familles recomposées, les mômes tiraillés d’un adulte à l’autre ?

Aujourd’hui dans les cours d’école, le mouton noir c’est celui dont les parents vivent ensemble. «Ils ne sont pas divorcés tes vieux ? Oh la vache !»

Le problème pour les homosexuels qui veulent adopter un enfant est exactement le même que celui des hétéros qui ne peuvent pas en avoir. Et de même que les couples infertiles, les homos quand ils veulent un enfant ils le veulent vraiment.

Alors que pour nous les hétéros, c’est facile. On s’allonge, on se mélange et boum neuf mois plus tard : bonjour le paquet-cadeau.

Je suis convaincu qu’une bonne partie des couples hétéros font des gosses sans même savoir pourquoi.

Alors que les «Boutin-Mariton-ex-Frigide Machin» qui défilent en Loden en poussant des landeaux arrêtent d’oser parler au nom des enfants, soi-disant pour prendre leur défense, ils feraient mieux de les écouter.

Parce qu’en réalité les enfants ont beaucoup plus d’imagination que les adultes.

Ce qu’ils veulent c’est qu’on les aime et l’amour ils le prennent là où il y en a. Et je suis bien placé pour vous dire que la famille ce n’est pas les gens qui vous ont fabriqué, c’est ceux qui vous ont choisi et que vous choisissez à votre tour.

En attendant, tout ce que je peux vous dire, c’est que moi, si j’étais un enfant je préfèrerais cent fois être élevé par un Laurent Ruquier sidéré d’être père que par un Hervé Mariton sûr de son bon droit.

Jean-Marie Périer

Chronique écrite pour l’émission «Il n’y en a pas deux comme elle» de Marion Ruggieri sur Europe 1.

11 Nov

Deux femmes

J’aimerais aujourd’hui vous parler de deux femmes. Deux femmes que je ne connais pas, deux femmes au parcours diamétralement opposé et qui n’ont rien en commun à part mon estime.

D’abord Florence Aubenas que j’ai croisé par hasard l’autre jour à Paris. Je ne vous parlerai pas de l’élégance de l’otage aperçue à la descente d’un avion, ni de la femme écrivain capable de s’immerger dans un univers qui n’est pas le sien pour donner la parole à d’autres femmes, celles à qui justement on ne la donne jamais (Je vous conseille néanmoins de lire ses livres, dont le dernier qui vient de sortir : «EN FRANCE»,  aux éditions de l’Olivier.)

Je ne vous parlerai pas non plus de la journaliste, une des rares de notre époque à ne pas se contenter de téter wikipedia pour raconter une histoire, mais qui à l’instar d’un Joseph Kessel peut travailler des semaines sur un sujet avant d’écrire une ligne.

Je ne peux guère vous en dire plus puisque je ne la connais pas.

Maintenant j’ai assez d’heures de vol pour savoir que connaître ne veut rien dire, et que ressentir suffit.

Tout est dans les yeux des gens. Par exemple je me souviens de ceux de Françoise Giroud, ils étaient clairs et perçants mais remplis d’humour. Ou bien ceux de Simone Veil. Ils sont extraordinaires, mais je ne sais pas, peut-être en ont-ils trop vu, ils m’ont toujours impressionnés. Alors que les yeux de Florence Aubenas sont tout simplement beaux, sans une once de cynisme parisien, ils me rassurent.

Si par chance vous la croisez un jour, regardez-là bien en face, et vous verrez. C’est un drôle de voyage…

 

Alors bien sûr, on change d’univers, mais j’aimerais rendre hommage à la femme de Bernard Tapie. Sur lui tout a été dit, néanmoins il m’a toujours étonné. Toujours en mouvement, les hauts, les bas, rien ne l’arrête…

En plus je vous l’avoue, quand il engueule les gens, moi ça m’enchante.

Seulement pour une épouse, vivre avec un tel homme ne doit pas ressembler à une cure en thalasso.

Or avez-vous remarqué la discrétion de la dame ?

Il chante ? Elle l’écoute.

Il achète, il revend ? Elle ne bouge pas.

Il est ministre ? Elle le seconde sans apparaître.

On met son mari en tôle ? Elle lui apporte des oranges.

Des huissiers se pointent et retirent tous les meubles ? Elle maintient le cap et elle élève les gosses.

Bien sûr, je sais, ce ne sont pas des SDF, mais vous savez, même dans les beaux quartiers, quand ça tangue, il faut la maintenir la barre. Je ne les ai jamais rencontrés ni l’un ni l’autre, mais j’ai la certitude que s’il tient le coup de cette façon depuis toujours, c’est beaucoup grâce à elle.

Et puis, ELLE on ne l’entend jamais, ce n’est pas le genre à publier un livre pour gémir, et s’il y a états d’âme, elle les garde pour elle.

Elle a de la tenue Madame Tapie !

Jean-Marie Périer

Chronique écrite pour l’émission «Il n’y en a pas deux comme elle» de Marion Ruggieri sur Europe 1.