En cette joyeuse semaine où les instances religieuses nous suggèrent de fêter en famille la naissance de Jésus de Nazareth, me voilà pris d’une générosité soudaine envers l’humanité toute entière. En effet, j’aimerais contribuer à la liesse générale en me penchant sur le destin héroïque d’une personne dont le courage et l’opiniâtreté méritent d’être soulignés. En effet à chaque fois que le calendrier nous pousse aux agapes, la même jeune femme apparait sur les écrans de nos téléviseurs pour se pencher affectueusement sur le sort de nos tripes. Gloire à la belle inconnue qui rythme nos plaisirs cathodiques en assénant ce diktat salvateur: « Dulcolax, le matin relax ! »
Je ne peux empêcher d’avoir une pensée émue pour son mari, sommé d’arborer pour toujours sa fierté au bras de celle à laquelle il a juré fidélité, ignorant, le bougre, qu’il liait son destin à une guerrière de la constipation.
J’espère que la belle est entre les mains d’un agent efficace, lequel aura au moins veillé à ce que sa prestation soit récompensée par une rémunération systématique à chacune de ses apparitions. Vous rendez-vous bien compte des conséquences ? À l’entrée d’un magasin, traversant un restaurant bondé ou pénétrant dans un commissariat, elle doit affronter les regards d’abord dubitatifs (sur quelle chaîne présente-t-elle donc la météo celle-là ?) puis narquois dès que la mémoire revient, le tout accompagné du geste pavlovien de la main sur le ventre synonyme de troubles intestinaux.
Cette femme est une héroïne.
Pourtant il me semble me souvenir que dans ma tendre enfance, ma grand-mère, du haut de sa sagesse, me recommandait souvent les bienfaits du pruneau. Loin de moi l’intention de nuire à la carrière de la Sainte Thérèse de nos entrailles, mais enfin l’usage de ce petit fruit laxatif peut rendre des services appréciables. Finis les regards au plafond de la pharmacie une fois le médicament commandé, adieu l’ingérence de la pilule gâchant par la pensée un magnifique coucher de soleil Bahamien, vive le retour au paradis des sphincters apaisés.
En ces temps de liesse obligée, c’est donc un sain retour à la nature auquel je vous engage et par la même occasion, chers Aveyronnais, je vous souhaite un Noel d’autant plus joyeux qu’il sera, grâce à ces lignes, suivi d’un transit magistral. Alléluia les pruneaux !
Jean-Marie Périer
Article publié dans « Le Villefranchois ».