A l’aide d’une épuisette, des enfants attrapent des larves dans le petit ruisseau du parc thermal d’Argelès-Gazost, d’autres réalisent un moule de desman ou une sculpture de la bestiole réalisée en papier journal, ainsi les bambins parcourent une quinzaine d’atelier. Point commun de chaque halte : le desman.
Ce petit mammifère semi-aquatique fait l’objet d’un plan national d’action à l’égal de l’ours, du gypaète barbu, des espèces protégées et véritables symboles des Pyrénées. Peu connu, plutôt disgracieux mais atout aussi emblématique des Pyrénées, le desman bénéficie d’un programme life+ et de fonds européens pour son étude mais aussi sa protection. Appelé aussi rat-trompette en raison de son appendice nasal, le desman est un animal discret par ses mensurations : 25 cm de long et 60 g tout mouillé. « Il y a davantage d’observations d’ours que de desman » s’amuse Yannick Bielle du Parc National des Pyrénées.
C’est un excellent bio-indicateur, poursuit le garde moniteur, quand l’eau est de bonne qualité, que des larves sont présentes dans l’eau pour son alimentation, le desman est présent. Si le milieu est pollué ou dégradé, le desman disparaît
« Les effectifs sont en régression, indique de son côté Mélanie Némoz, du conservatoire d’espaces naturels midi Pyrénées. Impossible d’établir un recensement des desmans mais son aire de répartition diminue en particulier à l’ouest de la chaîne des Pyrénées ; à l’est : Pyrénées orientales, Ariège, Aude, le desman est davantage présent. L’animal peut se rencontrer dès 300 m d’altitude, il n’est pas spécifiquement lié à un environnement de montagne mais on le trouve surtout entre 500 et 1.500 m d’altitude et dans des zones préservées».
Pour une meilleure connaissance et la préservation de ce drôle d’animal, moins photogénique que d’autres espèces protégées, Galemys Pyrenaicus (le nom savant du desman) profite d’une vaste opération de découverte : la caravane du desman. La roulotte tirée par un cheval invite les habitants des vallées autour d’Argelès-Gazost à participer gratuitement à des animations avec comme vedette le desman. Une trentaine d’animations avec du théâtre, des contes, des ateliers d’écriture et bien sûr des sorties sur le terrain, composent le programme cette caravane jusqu’au 5 juin.
« Si on fait que du naturalisme, de l’approche environnementale pour ne pas dire écolo du desman, on touche ceux qui s’y intéressent déjà. » indique Gwenaelle Plet, du réseau Education Pyrénées vivantes, autre partenaire de la caravane. « Cette initiative a également une approche culturelle, artistique. On utilise la convivialité avec des spectacles et un aspect festif pour que tout le monde puisse connaître le desman et aider à sa protection. » Une sculpture géante du desman sera ainsi inaugurée samedi 4 juin à 20 h 30 à la maison du Parc National de Luz Saint Sauveur.
Régis Cothias